Je fais partie de la catégorie des adolescentes qui n'ont pas de chance. Ma vie est pourrie. Je n'ai jamais connu mon père, ma mère m'a eut par erreur et elle est toxicomane. Mais les débuts de mes pires ennuis ont aussi sonné avec ceux de mes plus belles joies. J'avais toujours vécut avec ma mère. Elle ne travaillait pas et moi... J'allais rarement à l'école, je préférais trainer dans les boutiques et dans les parcs de la ville ou je vivais avec ma mère: Seacrate. Nous subsistions plus que nous ne vivions. Mais avec le temps j'avais appris à apprécier les bonheurs simples de la vie. Ma mère n'était pas méchante avec moi mais elle me fatiguait. J'avais l'impression que c'était moi l'adulte et elle l'enfant. Quand les huissiers sonnaient à la porte, je nous barricadais ou prétextais que ma mère était de sortie. Nous vivions dans un petit immeuble à la façade terne et aux volets blancs cassés. Ce n'était pas une banlieue mais au premier abord on aurait facilement confondue. Le trafic de drogue se faisait en bas des quelques immeubles qui formaient notre résidence. Ma mère allait en chercher une fois par semaine. Si elle était trop faible, c'était les piqures qui la calmait. Je redoutais qu'elle finisse par avoir un problème. Les gars qui lui vendait ses produits n'étaient pas particulièrement fiables et ils auraient été capables de l'arnaquer. Mais la fin de mon monde ne vint pas par les revendeurs de drogue. C'est ma mère qui sonna le glas qui, encore aujourd'hui, me fait trembler au lever du soleil. C'était une matinée tout à fait banale, le ciel était gris mais quelques rayons de soleil perçait. Je rentrais chez moi après avoir fait les cours. Saluant au passage Max et Deven, mes deux meilleurs amis, je grimpais quatre à quatre les marches de l'escalier. Une fois à notre étage, le neuvième c'est à dire le plus haut de l'immeuble, je pénétrais dans notre appartement dont la porte était rarement fermé. En voyant la scène qui se déroulait sous mes yeux, j'en lâchais mon paquet de course qui s'écrasa violemment contre le carrelage poussiéreux. Ce bruit sonore fit tourner la tête au cinq urgentistes qui étaient penchés sur le corps de ma mère. Mais elle n'était pas mort. Elle aussi tourna la tête ce qui me rassura aussitôt. Elle me lança un sourire triste. Elle me faisait pitié, allongée sur ce malheureux brancard, attachée comme un chien à une laisse. Tendis que les urgentistes se levaient, ignorant ma présence, et emmenait ma mère, je restais immobile, figée par la surprise et l'incompréhension. Cependant, quand ma mère passa à coté de moi, elle me chuchota les explications à son geste:
« Leïla... J'ai appelé ces messieurs afin de me faire soigner... Je sais que je me suis mal comportée envers toi durant toutes ses années. Cela fait des mois que je réfléchis et j'ai pris ma décision. Je vais arrêter de me... droguer. En attendant, tu iras chez tante Amëlla et oncle Moris. Le billet de train est sur la table. Je les ai appelés et ils sont d'accord... Ils prendront soin de toi et quand j'irais mieux, je te rejoindrais là-bas... »
Je baissais la tête afin de la regarder une dernière fois. Nous échangismes un regard puis elle ferma les yeux et les urgentistes sortirent de notre appartement. Refermant doucement la porte. Ils auraient mis un scellé que cela m'aurait à peine étonnée. Sur la table basse du salon, à quelques pas de moi. Le billet me narguait, me mettant au défi. Je grinçais mes dents, l'attrapait entre mes doigts et me dirigeais vers ma chambre. Fourrant toutes mes affaires dans un grand sac de sport, je rajoutais les sandwichs, les pommes et la bouteille d'eau que j'avais acheté avant de sortir de l'appartement en claquant la porte. Le billet sembla pousser un sifflement admiratif. Je grognais.