AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  Wiki  
Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €

Partagez | 
 

 ♣ Val Valaurys

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Nuage d'Océan

Nuage d'Océan
Administratrice ; Gagnante du Concours photo

Féminin
Nombre de messages : 1961
Date de naissance : 12/09/1995
Age : 28
Date d'inscription : 08/07/2009
Réputation : 96
Points : 6366


♣ Val Valaurys _
MessageSujet: ♣ Val Valaurys   ♣ Val Valaurys I_icon_minitimeMer 7 Sep - 20:32:17

CARTE


à venir


Dernière édition par Nuage d'Océan le Jeu 8 Sep - 17:48:23, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Nuage d'Océan

Nuage d'Océan
Administratrice ; Gagnante du Concours photo

Féminin
Nombre de messages : 1961
Date de naissance : 12/09/1995
Age : 28
Date d'inscription : 08/07/2009
Réputation : 96
Points : 6366


♣ Val Valaurys _
MessageSujet: Re: ♣ Val Valaurys   ♣ Val Valaurys I_icon_minitimeJeu 8 Sep - 17:47:55

VAL VALAURYS
♣ Val Valaurys 2q33syw

CHAPITRE 1;
« J’avais une vie, une vie normale, une vie parfaite, une vie dont des centaines de milliers de jeune fille rêvaient d’avoir. Et moi, moi je l’ai toujours eu, et ce, depuis ma naissance. Il ne m’a pourtant pas fallu plus de quelques jours pour détruire tout cela. Mon monde, mon foyer, tout s’est écroulé. Tout est fini. Mais personne n’oubliera jamais, parce que je suis toujours là moi.»

D’un geste sec, Alayne referma le livre qui claqua sinistrement dans sa chambre. Le feu crépita, installé dans la cheminée, et la jeune fille se contenta de frisonner encore plus en resserrant les pans de sa cape contre elle. Les pieds, nus, cheveux détachés, elle s’avança doucement vers la fenêtre, veillant à ce que le bois du sol ne craque pas, pour ne pas éveiller du monde qui l’aurait aussitôt soupçonnée de n’être pas encore endormie, et à une heure pareille, c’était inconvenant. Elle se mit sur la pointe des pieds et tenta tant bien que mal d’apercevoir l’extérieur, en vain, les vitres étaient trop épaisses, et il faisait si froid que la fenêtre était recouverte d’une couche de glace, et lorsque Alayne posa sa main dessus, elle l’en retira gelée. L’hiver était là. Et c’était le plus dur que le pays ai jamais vécu. Mais il s’achevait heureusement bientôt, car cela faisait des mois qu’il neigeait sans relâche. Et l’hiver, tout comme l’été, ne durait guère plus d’un an maximum.
La jeune fille se mit soudainement à trembler et le sol lui parut soudain très froid, et la chaleur de la cheminée, inexistante. En frissonnant elle s’approcha une nouvelle fois du foyer et prit une bûche posée sur une pile à côté de l’antique cheminée. Délicatement elle la posa dans les flammes, évitant de se brûler, elle n’avait pas l’habitude de faire cela, généralement, c’était les domestiques qui s’en occupaient, non pas elle. Mais elle n’était pas égoïste au point d’en faire réveiller un pour une simple bûche. En se relevant, Alayne ramassa le livre qu’elle avait laissé à terre, et le regarda de ses yeux sombres, songeuse. Qu’allait-elle en faire? Le remettre à sa mettre là où elle l’avait trouvé? C’était en fouillant dans la bibliothèque de la Citadelle du Val qu’elle l’avait trouvé, caché dans un rayon oublié, derrières des livres poussiéreux. Ce qui l’avait attiré était la couverture de velours qui l’entourait, ainsi qu’une sangle en cuir. Pourquoi prenait-on autant de soin à protéger un livre si on l’avait oublié dans ce coin perdu? La curiosité ayant été la plus forte, elle l’avait emporté avec elle et l’avait caché sous ses fourrures. Elle l’y avait oublié, jusqu’à cette nuit, où ne trouvant pas le sommeil, elle l’avait senti contre son corps. Le prenant, Alayne s’était confortablement installée en face du feu, pour pouvoir avoir la lumière suffisante pour le lire. Car si elle allumait sa bougie, ses servantes verraient le lendemain que la cire avait fondu et cela entraînerait des questions auxquels la jeune fille ne tenait pas à s’expliquer. Les femmes de basses extractions ne comprenaient jamais rien de toute façon. Avec un soupir, elle se glissa entre ses fourrures et laissa glisser sa cape au pied de son lit, elle enfouit la tête dans les oreillers et y mit en dessous le livre. Ses yeux lui piquaient trop pour qu’elle puisse continuer de lire ce soir. Et après tout, elle n’était finalement pas si intéressée que cela par ce livre qui ressemblait en tout point à un journal intime.


« - Velkan! Tu dois m’aider je t’en supplie! lançai-je, desespérée en retenant mon frère par le bras et en le serrant aussi fort que je le pouvais. Malheureusement, je n’étais qu’une femme, et lui était un homme, un soldat. Aussi m’écarta t-il sans pitié de lui. Les larmes me brûlèrent les yeux, bien contre moi d’ailleurs, dans ces moments-là je maudissais ma condition de femme. Mais je n’étais faible, je pouvais avoir ce que je voulais.
- Eleana je ne peux pas t’aider, répliqua t-il, l’air perdu, mes larmes ayant eu l’air d’avoir de l’effet sur lui.
- Tu dois m’aider! Je t’en prie! Tu es la seule personne en qui je peux faire confiance! répondit-je rapidement, retenant de moins en moins mes sanglots, et pour couronner le tout, ma voix était cassée. Il me tenait dans ses bras maintenant, et j’étais bien là, contre lui, je sentais sa chaleur à travers ses vêtements. Pour une fois qu’il n’avait pas revêtu sa lourde armure, j’en profitai. Mon frère, mon unique allié, ma seule famille. Le seul homme que j’aimais et j’aimerai jamais. Soudain, des pas et des cris retentirent dans le couloir, horrifiée, je m’écartais de lui, mon coeur se mit à battre si fort et si vite que je crus l’espace d’un instant que j’allais mourir là. Pourquoi ne l’étais-je pas d’ailleurs? Cela m’aurait évité bien des souffrances.
- Lady Eleana Valaurys! Avancez-vous s’il vous plaît, nous ne voudrions pas utiliser la force pour venir vous chercher, lança le chef de la garde, celui-là même qui m’avait appris quelques années plus tôt à me défendre contre les hommes, celui-là qui avait enseigné à Velkan les rudiments du combats. Je ne voulais pas le décevoir, je ne voulais pas mettre Velkan en danger non plus. Il fallait que je sois courageuse. Comme ma mère l’avait été avant moi. Lentement, je quittais l’ombre pour la lumière, les gardes m’encadrèrent et ne cherchèrent pas à me toucher, ce qui me rassura. Les hommes ne devaient pas me toucher, ils n’avaient pas le droit, si ils me touchaient, ils mouraient. C’était comme ça. C’était la Loi. Je me retournai soudain, Velkan, mon frère, j’allais être séparée de lui! On me saisit alors par le bras, et le regard de mon frère se transforma. Tout recommençait. Ce n’était pas fini. Sous mes hurlements et ceux des gardes, l’histoire se répéta.»



Elle hurla longtemps et se débattit de toute ses forces pour les empêcher de la toucher, elle savait qu’il ne fallait pas qu’il la touche, ils allaient en mourir. De ses yeux coulaient des larmes, un torrent de larme. Il ne fallait pas qu’il la touche, ils ne fallaient pas qu’ils meurent, elle n’avait pas envie que cela recommence. Non. Ce ne devait pas recommencer. Elle hurla encore et soudain, perdit connaissance. Un long moment plus tard elle émergea du noir. Elle se redressa sur son lit, tremblante, et elle balbutia:
« - Velkan... J’ai besoin de Velkan..
- Ma Lady? Vous sentez-vous bien?
- Velkan. Je veux Velkan,
répéta t-elle,
- Mais... Il n'y a pas de Velkan Ma Lady... Voulez-vous que j'aille chercher Dame Adenora?» Émergeant totalement du sommeil, Alayne répondit d’une voix ferme que non, tout allait très bien. D’un geste elle congédia sa servante. Lorsque la porte claqua derrière cette dernière, la jeune fille rejeta ses fourrures qui lui parurent soudain bien trop étouffante. Elle ramena ses genoux contre sa poitrine et les enserra de ses bras, serrant le plus fort possible. Elle posa également sa tête sur ses genoux, et resta prostrée longtemps. La fille du journal. Elle avait rêvé la fille du journal. Non. Pire que cela, elle avait été Eleana puisque c’était ainsi qu’elle s’appelait. Oui, elle l’avait été. Car n’était-ce pas son visage, son corps, qu’elle avait vu ses propres yeux lorsqu’Eleana s’était retournée vers son frère pour le voir une dernière fois? C’était elle. Et c’était une autre. Une autre avec qui elle n’avait de différent que son prénom. Alayne se força à respirer et à inspirer profondément. Enfin, lorsque les battements de son cœur se furent calmés, elle se leva et prit la robe qu’on avait posé sur son lit. Une robe bleu pâle, faite pour rehausser sa beauté naturelle, pour faire éclater la blancheur de sa peau et atténuer l’auburn de ses cheveux. Elle s’en vêtit rapidement, et enfila également une épaisse cape blanche. Ainsi, une fois dehors elle ne sentirait plus la morsure du froid de l’hiver sur sa peau, ni le vent vif et piquant, tout aussi gelé que le froid lui-même, voir pire. Avant de sortir, elle récupéra rapidement le journal, il lui fallait le cacher ailleurs qu’ici, pour ne pas que les servantes tombent dessus. Elle s’agenouilla sur le plancher et de ses doigts chercha une faille, une planche mal mise suffisait, enfin, au pied de la cheminée -comme par hasard- elle trouva une faille. Sortant de sa botte un long couteau elle l’inséra entre l’espace de deux planches et souleva. L’une des planches craqua avec bruit, dévoilant une cavité peu profonde... Mais suffisamment grande pour pouvoir contenir un journal! Avant de remettre la planche dessus, elle l’ouvrit là où elle l’avait laissé, et fit défiler les pages devant ses yeux. Le livre tomba de lui-même de ses mains et horrifiée, Alayne replaça la planche par dessus en sortant le plus vite possible de sa chambre. Ce n’était pas possible. C’était juste un rêve, un rêve et un vieux journal. Pourtant, les mains dansaient devant ses yeux, elle ne pouvait pas s’en détaché. Elle les revoyaient, encore et encore. « - Velkan! Tu dois m’aider je t’en supplie! lançai-je, desespérée en retenant mon frère par le bras et en le serrant aussi fort que je le pouvais.» Alayne s’efforça de se calmer, de penser à autre chose. Oublier, voilà ce qu’elle devait faire, oublier ce maudit journal et tout ce qu’il contenait, oublier cette Eleana. Elle était sûrement morte à l’heure qu’il était, car la jeune fille n’avait jamais entendu d’une Eleana Valaurys, en tout cas, c’était généalogiquement impossible, la lignée des Valaurys «pur» s’éteint étéinte avec la dernière de la lignée. Alayne s’arrêta brusquement dans le couloir de pierre, s’attirant les regards surpris d’un garde. La lignée s’était arrêtée à la mort de Lord Velkan Valaurys, Seigneur et Maître du Val Valaurys, la région la plus au nord du Royaume de Cathairfal, là où était réunit les Frontaliers, ces hommes qui vouaient leurs vies à leurs causes, protéger Cathairfal de toutes les créatures qu’il y a avait haut delà de la Citadetelle de Valaurys, qui était elle-même entourée de montagnes toutes plus hautes les une que les autres, d’où le nom de Val. C’était la région la plus dangereuse et la plus inconnue de toutes les terres. Où seuls les plus forts survivaient. Et la lignée Valaurys avait pourtant subsisté, grâce au mariage de la dernière Frontalière, Lady Eleana Valaurys, à un Braban. La lignée bâtarde des Braban-Valaurys était alors née. Sa lignée. Descendante des Valaurys, devenue à la mort de la Dernière Frontalière comme on l’appelait, Maîtresse du Val. Mais ce n’était tout bonnement pas possible, Eleana Valaurys n’avait jamais écrit de livre, surtout pas pour y raconter sa vie. A moins qu’elle n’ait une bonne raison de le faire?
« - Qui vois-je plantée là? Ne serait-ce pas la trop jolie Lady Alayne Braban-Valaurys? lança une voix qu’elle reconnut aussitôt. Folle de joie, elle sauta dans les bras du Chevalier, qui était accessoirement un Frontalier.
- Samael! Je suis tellement contente que tu sois là! cria t-elle en serrant son cousin dans ses bras et en l’entraînant vers les appartements seigneuriaux d’un pas rapide tout en parlant, alors quand est-ce que tu es arrivé là? Tu as prévenu au moins? Tu sais comment sont Père et Mère, ils n’aiment pas être surpris!
- Allons! Tu vas avoir seize ans cousine, je suis là pour ton anniversaire.»
Elle s’arrêta brusquement, le regarda droit dans les yeux, et répondit simplement «Tu mens. Père est dans la salle du Conseil. Je pense que tu as à faire avec lui Samael.» Et elle tourna les talons, pénétrant dans les appartements de ses parents. La Salle du Conseil était en bas de la Citadelle, et son cousin connaissait le chemin.
Sa mère, Adenora, se tenait sur le balcon, doucement sa fille l’y rejoignit. Il faisait affreusement froid dehors, surtout à la hauteur à laquelle elles étaient. Presque au sommet de la Tour de la Citadelle. Du balcon des appartements, on avait une vue plongeante sur les montagnes d’un blanc éclatant, dont les sommets étaient encore plus élevés que la Tour elle-même. Lorsqu’elle était enfant, on lui disait que si elle allait en haut, elle pourrait toucher les étoiles et la lune. Mais l’accès du sommet était réservé uniquement aux Frontaliers qui surveillaient les alentours grâce à un immense chemin de ronde. Alayne baissa les yeux, le vent était chargé de neige, et il lui piquait les joues et les oreilles, tâchant sa chevelure de flocons immaculés. Sa mère posa la main sur la sienne lorsqu’elle s’accouda à la balustrade. Quelque chose n’allait pas, Alayne le sentait, elle le savait. Sinon pourquoi Samael serait là? Son père était Lord Faynn, qui dirigeait lui, les Îles de Glaces, à l’ouest du Val, sur la Mer Oubliée. Mais les Îles dépendaient également du Val, donc, des Braban-Valaurys. Il se passait donc quelque chose de suffisamment grave pour qu’on envoie le fils cadet d’une grande Maison ici. La question était de savoir quoi. «Il va falloir que tu sois forte Alayne» souffla sa mère dans un murmure à peine audible. Le cœur d'Alayne s'accéléra rapidement, la peur lui nouant les entrailles, après tout ces derniers évènements, la jeune fille en aurait bien pleuré rien qu'à attendre cette phrase, qui ne laissait présager rien de bon. Et c'était lié à l'arrivée de Samael bien sûr, il ne pouvait pas être autrement. Elle resserra la main de sa mère encore plus lorsque celle-ci tourna son regard clair vers elle. «Cathairfal rentre en guerre Alayne, et le Roi a ordonné aux Frontaliers de se joindre à son armée.» Les Frontaliers étaient des combattants d'exception, des virtuoses de la lame, pas des soldats, leurs places étaient ici, à la Citadelle, pas à la guerre. La guerre pour eux, signifiaient la fin. La fin de leurs lignées tout simplement. Et la dernière fois qu'une guerre avait éclaté, la lignée s'était éteinte à moitié. La lignée des Valaurys, la lignée d'Eleana. La Frontalière qui avait réussi à gagner la Paix. Mais cette fois-ci, le Val Valaurys était perdu. Et Cathairfal aussi. Sans les Frontaliers, le Royaume serait envahi. Et sans les Frontaliers, le Roi perdrait sa guerre inutile. Trahir ou mourir? Qu'est-ce que les siens choisiraient?


Revenir en haut Aller en bas
Nuage d'Océan

Nuage d'Océan
Administratrice ; Gagnante du Concours photo

Féminin
Nombre de messages : 1961
Date de naissance : 12/09/1995
Age : 28
Date d'inscription : 08/07/2009
Réputation : 96
Points : 6366


♣ Val Valaurys _
MessageSujet: Re: ♣ Val Valaurys   ♣ Val Valaurys I_icon_minitimeDim 11 Sep - 18:31:40



CHAPITRE 2;

Ce fut le cliquetis des armes qui la réveilla, la tirant doucement et lentement de la torpeur du sommeil dans lequel elle s’était abandonnée entièrement. Lentement elle se redressa, sa vision floue mit des minutes qui lui parurent interminables à se clarifier et s’adapter à l’obscurité. Chancelante, elle fit quelques pas vers sa fenêtre, remarquant au passage qu’elle était habillée, ce qui était profondément inhabituel, ses servantes auraient du la déshabiller, même si elle s’était déjà endormie. Alayne ouvrit d’un geste sec les rideaux, dévoilant devant ses yeux le paysage nocturne endormis. La lune était haute et pleine, et les rayons illuminaient la neige qui scintillait doucement. Tout était blanc, blanc et noir. Neige et Nuit. Devant elle, les hauts sommets des montagnes montaient encore plus haut que la lune, bien plus haut que la Citadelle. Même lorsqu’elle regardait loin à l’horizon, elle les voyaient, plus grandes encore que les précédentes. Au pied de la Citadelle, elle voyait parfaitement la lune se refléter dans le lac, fin de l’Aury, une rivière traversant le Val de la Citadelle jusqu’à la Mer Oubliée. C’était de là qu’était venu Samael, mais pas par bâteau, car durant l’hiver, l’Aury gelait, et les bateaux qu’il y avait dessus avec. Aussi la Citadelle ne comptait pas de port, à part un en été, lorsque les beaux jours revenaient et que les montagnes reverdissaient, que la terre se couvraient de fleurs sauvages. Lentement le ciel s’éclaircissait, et les étoiles s’effacèrent peu à peu. Rapidement, elle referma les rideaux et alla se coucher encore une fois, ses yeux la piquaient, son corps tremblait. Elle avait besoin de dormir. De dormir et d’oublier. Surtout d’oublier.

« Lorsque j’étais enfant, mon père me racontait souvent des histoires pour m’endormir. Des histoires d’hommes, auxquels les oreilles innocentes d’une enfant auraient du échapper, mais moi, je voulais savoir, j’étais curieuse. Beaucoup de gens considéraient cela étrange qu’un père put autant s’attacher à sa fille alors qu’il avait déjà un héritier, mais moi, je me fichais de ce que pensais les autres. Nous étions des Valaurys, peu nous importait les autres du moment que notre honneur était sauf. J’étais son enfant préférée, peut-être parce que j’étais la plus rebelle ou alors la plus intelligente. Quoi qu’il en soit, j’aimais mon père, tout comme j’aimais Velkan, mon frère aîné. Et j’aimais chacun de ces Frontaliers que je croisais, jour après jour. Mais si il y en avait bien un que je détestais, et ce, depuis l’âge de douze ans, c’était bien Jorah Braban. Il était tout bonnement insupportable, pour lui, je n’étais qu’une fillette capricieuse et égoïste. Une sorte de petite princesse, mais j’avais toujours eu horreur des princesses, des filles parfaites. Je n’en étais pas une. Je voulais être une Frontalière. C’était mon rêve, mais je savais que c’était impossible, parce que tout d’abord, j’étais la Lady Valaurys depuis la mort de ma mère, peu après ma naissance, et qu’ensuite, très peu de femme le devenait. Actuellement la Citadelle n’en comptait que deux, Janei et Alexa. Elles étaient jeunes et belles, mais possédaient également cette férocité que seuls les fauves ont. Elles avaient été élevées parmi des hommes et avaient appris à penser comme eux, à agir comme eux. Avec plus de délicatesse et de finesse néanmoins. Mais je n’avais pas envie de devenir comme elles. Je voulais être différente. Et cette différence, je l’ai ressenti, lorsque, à quatorze ans, folle de rage, j’ai battu Jorah Braban qui venait tout juste de se faire nommer Frontalier, en même temps que mon frère, à dix-huit ans. Ensuite, et bien Jorah est parti. Je le détestai et m’en réjouissait. Mais je m'étais aperçu qu’il me manquait bien vite, bien trop vite. Sans lui, la vie semblait triste et morne, parce que le matin, je n’avais plus de raison de me lever, il n’était plus là pour que je le défie, que je le charrie et vice-versa. Plus personne ne se moquait de moi ou m’humiliait. Alors ma gouvernante décida brusquement que c’était pour moi le moment de devenir une vraie lady, une qui se vêtit parfaitement et qui se tient impeccablement à longueur de journée. Mon père ne protesta pas, fatigué de mes frasques, et cela me blessa. Il était temps que je commence à songer au mariage me dit-il. Au fond, je savais qu’il n’avait pas envie de se séparer de moi. Je trouvai tout le réconfort nécessaire dans les bras de mon frère, il était mon ami, mon confident, et il avait mon sang. Il devint tout pour moi, me faisant même oublier Jorah. Et je fus heureuse avec lui. Infiniment heureuse. Mais ce bonheur ne devait pas durer. Parce que la Guerre vint à nous comme vient l’hiver pour les paysans. Un désespoir profond envahi alors le Val. Partout le silence régnait, où que l’on alla, les rues étaient désertes, tout comme les couloirs, tout semblait figé, mort. L’attente était pesante, insupportable même. La Guerre arriva sur nous un beau matin d’été alors que tout semblait parfaitement normal. Un jour, à l’horizon, alors que le soleil brillait haut et clair dans le ciel, nous la vîmes arriver, fracassant les Portes Inviolables pour la première fois depuis la création de la Citadelle, quatre mille ans auparavant. L’Allyrion nous attaquait.»

Alayne fut réveillée en sursaut, et jeta un regard vers sa porte qui s’était ouverte brusquement, révelant la silhouette d’un Frontalier qu’elle n’identifia pas jusqu’à ce qu’il lui jete «Debout!». C’était Samael. Son cousin. Et il n’avait aucun droit d’être ici. Furieuse d’avoir été réveillée, et honteuse aussi, elle lui cria de s’en aller. Après l’avoir regarder quelques instants avec un sourire qu’elle n’aima pas sur le coin des lèvres, il ferma la porte, ravalant sans doute une remarque sarcastique. Elle avait hâte qu’il retourne s’enterrer sur les Îles de Glace. Elle aimait beaucoup son cousin, mais il était lourd et collant, comme tous les hommes qui cherchaient à la protéger. Un jour, elle leur ferait comprendre qu’elle n’avait pas besoin d’eux, qu’elle pouvait se débrouiller seule. Un jour, ils comprendraient tous de quoi elle était capable. L’une de ses servantes entra, et lorsqu’Alayne demanda où était passé l’autre, elle n’eut comme réponse qu’un regard craintif. Alors elle comprit. Elle s’était enfuie. Comme beaucoup de gens ici qui craignaient pour leurs vies. Sans doute étaient-ils en route pour les Îles de Glace, ou les Îles Imprenables comme on les surnommait. Seul les bateaux du Val, ou des Îles, pouvaient résister à la température de l’eau, et seul un marin du Val était capable d’y naviguer car le courant était fort, et les vents différents de ceux des autres mers et océans. Les habitants des Portes aussi devaient être parti, car les Portes Inviolables étaient le seul moyen de pénétrer dans le Val. Le seul moyen d’en sortir. Il y avait les montagnes, mais rares étaient ceux qui les traversaient, rares étaient ceux qui en revenaient aussi d’ailleurs. Le Val n’avait pas encore donné sa réponse au Piémont, au Falinn et au Sunga, tout comme l’Allyrion avec qui le Val était toujours allié. Il y avait eu une guerre autrefois, mais cette guerre avait rétabli la paix entre les deux régions, parce qu’ils avaient cellés la paix par un mariage. Le mariage d’Eleana Valaurys et de Daney Allyrion.

« Plus les jours passaient et plus les forces de l’Allyrion s’amenuisaient. C’était une bonne chose car notre victoire était proche. Mais comme le disait souvent mon père, il ne fallait jamais être trop sûr d’une chose, car d’un instant à l’autre tout pouvait changer. Nous allions gagner. Mais nous avions aussi perdu. Des centaines d’hommes étaient tombés, des centaines de courageux qui s’étaient battus jusqu’à la fin pour le Val, pour leurs familles, et leurs honneurs. Des centaines d’hommes, y compris mon père. Le pleurer ne servait à rien, je le savais parfaitement, il était mort, il ne reviendrait pas. Et quand bien même je me laissais aller à pleurer, anéantie, apeurée. Velkan était devenu le nouveau Lord Valaurys, et je le pressais de se marier le plus vite possible. Il lui fallait un héritier, comme nous étions en guerre, et si jamais Velkan n’avait pas d’héritier, alors notre lignée s’éteindra. Et cela ne devait pas arriver. Je devais être courageuse, pour mon père, pour mon frère, et pour tous les hommes et toutes les femmes du Val. Quand bien même aurai-je du le faire, je refusais de quitter la Cidatelle avec les autres qui s’enfuyaient vers Alviir, la ville des Îles de Glace, Lord Faynn combattait aux côtés de mon frère, parce qu’il était son serviteur, et qu’il n’avait pas le choix s’il voulait défendre sa terre. Au matin de la deuxième semaine, tout semblait perdu pour l’Allyrion et pourtant...»

Lord Valaurys se tenait dans la Salle du Conseil, également appelé Grande Salle, bref, la salle où tout le monde allait, assis sur son trône entièrement blanc, frappé du renard blanc des Braban-Valaurys. L’emblème du Val. Son père avait à peine quarante ans, et déjà, sa chevelure était argenté, mais cela ne faisait que renforcer la noirceur de ses yeux et sa peau bronzée par des années passées à l’extérieur. Sa mère, entièrement vêtue d’argentée, était aussi belle qu’au premier jour où Lord Braban-Valaurys avait posé les yeux sur la jeune Lady Faynn. Ses cheveux auburns descendait en vague jusqu’à ses hanches, à peine argentés aux tempes. Sa peau était toujours d’une parfaite blancheur, et seules quelques cernes légères marquaient son visage. Elle avait les yeux clairs des Faynn, et leurs cheveux, qu’elle avait transmis à sa fille. Mais pas à son fils. Son frère, Cerden, l’héritier, avait tout des Valaurys, à savoir les cheveux blonds et les yeux sombres ainsi qu’une peau mate. Son jeune frère, Trystan, semblait être la seule exception avec ses cheveux acajou et ses yeux noisettes. C’était également le seul qui refusât de participer à des joutes, et même de les regarder. C’était un garçon d’un dizaine d’années, intelligent mais renfermé, et très bavard lorsqu’on le connaissait. Il exaspérait parfois Alayne, mais il n’en restait pas moins son frère. Elle se tenait à ses côtés, en bas des marches menant au trône, vêtue d’une robe argentée, et d’une cape blanche de fourure. Blanc et gris. Les couleurs des Braban-Valaurys. Son coeur battait à tout rompre. D’une seule phrase, son père lierait tout à son Roi légitime, ou d’une phrase, il détruirait sa terre, et tout ceux pour qui il s’était battu, acharné à défendre depuis son plus jeune âge. Ou il était considéré comme un traître, ou sa lignée serait condamnée. C’était là un choix difficile, déchirant. Enfin, dans la salle, tout les murmures se turent lorsque son père leva la main. Regarder droit devant, être inexpressive. Alayne se répéta mentalement cela. Elle était une lady. Une lady du Val. Elle se devait d’être forte. Tout les regards convergeaient vers son père, qui lentement s’était levé, seigneurial. Elle sentit une main se poser sur son épaule. Samael. Ce n’était pas Cerden, elle aurait préféré, mais il était à la droite de son père, en haut des marches, là où l’héritier se devait d’être. « Frontaliers. Gens du Val. Le choix que l’on m’a forcé à faire a été déchirant, comme vous le savez tous. Durant deux semaines j’ai pesé le pour et le contre de la chose. Durant deux semaines, je n’ai pas dormi ni manger. Durant deux semaines, j’ai été déchiré. Et je le suis toujours. Le Piémont a ordonné à ses Lords de répondre à son appel, Lord Sunga, et Lord Falinn y ont répondu. Mais Lord Allyrion, comme moi-même, avons décidé de nous allier pour notre liberté! Pour nos terres! Pour le Val!» Pour le Val! Pour le Val! clama t-on partout. Et cette clameur enfla jusqu’à devenir un cri, des hurlements. Ils allaient se battre oui. Alayne sortit de la salle dès qu’elle put, grimpant à toute allure les escaliers. Des traîtres. Voilà ce qu’ils étaient! Des traîtres! Et ils allaient en payer le prix de leurs vies!


Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé



♣ Val Valaurys _
MessageSujet: Re: ♣ Val Valaurys   ♣ Val Valaurys I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

♣ Val Valaurys

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: Membres :: Bavardages :: Histoires personnelles-