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 [Reflets de Lune] Divers

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Modératrice & Journaliste
Reflets de Lune

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[Reflets de Lune] Divers - Page 2 _
MessageSujet: Re: [Reflets de Lune] Divers   [Reflets de Lune] Divers - Page 2 I_icon_minitimeJeu 27 Déc - 19:32:10

Le fantôme des Noël passés

Son souffle trace de petits sillons de buée blanche dans la noirceur de la nuit. Pourtant, la lumière de la lune, qui se reflète sur l’épaisse couche de neige, devrait éclairer un peu les alentours, mais c’est comme si elle avait été avalée par l’obscurité et le gel. Comme si toute lumière avait disparu. Comme si le monde s’enfonçait dans des profondeurs obscures dont jamais il ne ressortirait.
La plus longue nuit de l’année. Celle où l’on fête le retour des beaux jours, bien que l’on n’en soit finalement pas assuré. Car qui sait où part le soleil lorsque la nuit tombe? Quel étrange miracle fait qu’il revient tous les matins, bien à sa place, à l’est du pays?
La nuit où les amis imaginaires font leur apparition, dans les chambres solitaires des enfants perdus dans leurs cauchemars.
La nuit où les gens rentrent chez eux plus tôt, pressés qu’ils sont de retrouver leur famille et la chaleur du feu, où plutôt simplement la chaleur de leur famille autour d’un bon repas.
La nuit où les fées sortent, enivrées par le doux parfum de la neige qui brûle.
La nuit où tout est possible, même le miracle le plus improbable.
Abigail peut à peine distinguer les ombres plus foncées qui l’entourent ; les maisons bordant l’Impasse des Miracles semblent réfuter ce nom. Grandes, tordues comme dans l’attente de leur salut, torturées par le froid et les intempéries. Cependant, de l’extérieur, elle peut entendre les rires joyeux et les conversations enjouées qui viennent de l’intérieur.
Elle a voyagé des heures durant pour parvenir jusqu’ici. Des heures glaciales et solitaires, où seul l’espoir de l’arrivée l’a maintenue en route.
Et à présent cet espoir est déçu.
La maison qu’elle se rappelle comme grande, chaleureuse, aux volets bleutés, n’est désormais plus qu’une pauvre bicoque noircie par la fumée du charbon, aux vitres brisées et aux volets dépendus.
Elle s’en souvient pourtant si bien…

La maison aux pimpants volets bleus, la rue aux pavés disjoints, son père qui la prend dans ses bras et la fait tourner dans les airs, sa mère qui sourit en préparant le repas du soir, ses frères qui se poursuivent dans la neige, le conte du soir, la nuit passée à discuter et rire, le sommeil des petites heures du matin, le réveil aux aurores, l’impression de n’avoir dormi que quelques minutes mais l’impatience de découvrir son cadeau…

Abigail se cale dans l’embrasure de la porte et souffle sur ses mains réunies dans l’espoir de les réchauffer, tout en repensant aux jours heureux.

Autour d’elle, les volets décrépis se redressent, passent du verdâtre au bleu tendre. Les pavés se déplacent pour reprendre leur place d’origine. Les traces dans la neige s’effacent, elle est à nouveau immaculée et blanche dans toute sa pureté. Les pierres écroulées se reposent sur les murs. La porte s’ouvre, et l’air embaume la nourriture cuite à point. Les craquements du feu réchauffent l’atmosphère. Sa mère est là. Ses frères courent dans la neige, s’en envoyant des brassées en riant. Son père est là, il sourit, elle court vers lui, bondit vers ses bras…

Abigail, blottie contre la porte, ferme les yeux. Petit à petit, la neige la recouvre de ses flocons, et elle disparaît, telle une statue blanche ou un bonhomme de neige facétieux.

Son père s’efface lentement. Elle voit le feu au travers de sa mère. Il disparaît peu après elle. Ses frères disparaissent dans un dernier envol de neige. Les volets se dépendent à nouveau. Les pavés s’envolent, les pierres tombent, le bleu redevient verdâtre. Il ne reste que l’odeur des cendres froides, et la neige qui tombe.

Hiver.
Froid.
Blanc.
Noir.
Nuit.

Dans son cocon de neige, Abigail est bien. Tout est calme, tout est silencieux. La neige est si accueillante…

Il arrive en courant. Il se penche vers la porte et découvre la silhouette. Il ne s’est pas trompé lorsqu’il regardait à la fenêtre, la jeune femme est bien blottie contre la porte. Il balaye la neige. Les lèvres bleues, les yeux aux longs cils, le visage pâle, tout apparaît.
Il la dégage du reste de neige, la prend dans ses bras, et se dirige vers chez lui.

Au coin d’un feu craquant, Abigail se réveille. Un inconnu, assis à côté d’elle, la regarde d’un air immensément bienveillant.
« Joyeux Noël... » se risque-t-il à lui souhaiter.
Abigail reste songeuse quelques secondes, puis devant le visage de l’inconnu, si inquiet pour elle, si bienveillant, si seul dans sa maison où nul bruit ne vient troubler le silence, elle se décide.
« Joyeux Noël. »

Les choses existent-elles quand il ne reste plus personne pour les raconter ?


En effet, Ghost of the Christmas Past est bien un personnage d'un conte de C. Dickens, mais je trouvais que ça collait tellement bien à l'histoire (et puis j'adore ce titre) dont je l'ai recyclé. Donc merci à Charles Dickens pour ce titre !

Venez commenter les amis, au Pays des Lapinours Bleus à Pois Roses !
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