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 D'arc et d'épée

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Poussière d'Etoiles

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D'arc et d'épée _
MessageSujet: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeLun 25 Avr - 7:51:00

Voilou, j'ai enfin trouvé le courage pour commencer une fic, et voici donc mon premier chapitre ! cheers

C'est une fic tirée du Seigneur des Anneaux. Le thème principal de l'histoire est de Tolkien, mais n'est pas représenté dans les films. Les personnages sont de moi, bien que les noms soient ceux d'elfes de Tolkien Wink

Nous sommes en 1974, au Troisième Âge de la Terre du Milieu, quelques siècles avant le temps de la Communauté. Elewë, jeune elfe de la Lothlórien, rêve d'aventure et de nouveaux horizons, et s'engage dans l'Armée Elfique chargée d'apporter de l'aide dans le Royaume du Nord, en Arnor.


Chapitre 1

La Flamme ... le Vide. Ne penser à rien d'autre, juste voir la Flamme, viser, et tirer. Elewë s'immergea dans cette torpeur apaisante, se laissant aller. Elle fit le vide en elle. Elle n'était que paix et harmonie. Avec fluidité, elle lâcha la corde de son arc, dans un \CLANG/ retentissant. Le trait fila, se rapprochant rapidement de sa cible, et s'y figea dans un bruit mat.
L'elfe n'eut pas besoin de regarder pour savoir que la flèche avait touché le centre de la cible, à cent pas de là. Elle relâcha la tension de son arc, et ouvrit les yeux. Elle avait vu juste. La flèche s'était effectivement fichée dans l'exact centre de sa cible, encore une fois. Elle détendit la corde de son arc, afin de ne pas l'abimer, retira ses flèches de la cible -toutes plus proches les unes que les autres- et rangea le tout soigneusement dans son carquois, qu'elle accrocha à son épaule.
Il se faisait tard, la nuit commençait à tomber, et on apercevait déjà une nuée d'étoiles scintillantes dans le ciel bleu marine tirant sur le noir. Elewë se mit en marche en direction de chez elle, d'un bon pas. Elle s'était encore attardée au terrain de tir à l'arc, plongée dans son entrainement, ne voyant pas les heures défiler, et était à présent en retard. Son père allait encore la sermonner
. Bien qu'ayant atteint l'âge adulte, et vivant seule dans une petite maison, elle aimait se rendre régulièrement chez son celui-ci, qu'elle aimait toujours autant, bien que ce sentiment soit peu réciproque. La forêt défila rapidement devant ses yeux, rideau de végétation et de plantes diverses, et elle vit bientôt apparaître les signes marquant la frontière de la cité : Caras Galadhon, la cité du Seigneur et de la Dame de la Lórien, le Pays aux Fleurs d'Or.
Elewë s'élança, ne prenant pas le temps de s'arrêter devant la beauté des lieux, qu'elle connaissait à présent depuis plus de 1600 ans : des arbres centenaires s'élançaient vers le ciel, chargés de verdure, tous plus grands et beaux les uns que les autres. Ces arbres avaient vu des générations entières d'elfes se succéder depuis leur arrivée en Terre du Milieu, presque aussi éternels qu'ils ne l'étaient.
Le ciel à présent quasiment noir, laissait le bas-sol dans la pénombre, et seule la vision elfique de la jeune fille lui permettait de réussir à se repérer parmi les branchages et racines couvrant le sol de la forêt. Elle entendit au loin le brame d'un cerf, et aperçut dans les bois de nombreux animaux s'apprêtant à se cacher pour la nuit, laissant les chouettes à leur chasse nocturne
. La forêt grouillait d'êtres vivant en harmonie dans les sous-bois de la Forêt d'Or : ici un écureuil sautait dans les branchages ; là une colombe prenait son envol ; plus loin une famille de lapins se pressait de rentrer dans son terrier, et bien d'autres encore. Ainsi était la vie en terre elfique, éternelle et immuable. Ce Cycle de la Vie durait depuis le commencement du monde, et durerait jusqu'à sa fin, jusqu'au jour où les elfes cesseraient de vivre en Terre du Milieu et de préserver cette harmonie ; désireux de retourner en Terres Immortelles, lassés d'avoir vécu tant d'années.
La jeune elfe échappa à sa pensée quand elle aperçut enfin les lumières de la cité, et son pas se fit plus pressant, désireuse de s'échapper de l'étreinte étouffante de la forêt. Elle déboucha dans une clairière plus libre et espacée, et put reprendre son souffle. La forêt de nuit lui faisait toujours cet effet-là, l'oppressant et la rendant mal à l'aise, même au bout de siècles d'existence.
Elewë se dirigea vers le centre de la ville, longeant les grand arbres soutenant les maisons de végétation et de fer blanc, et les escaliers éblouissants s'étendant jusqu'à leurs cimes. Les elfes avaient aménagés leurs demeures en harmonie avec la flore environnante, mais avaient apporté une touche d'élégance et de raffinement dans les arabesques de métal, formant des rampes et des toitures extravagantes, rappelant la forme végétale entourant la cité.
Les villes elfique étaient renommées pour leur architecture, travaillées au fil des millénaires par les elfes immortels désireux de passer le temps de leur très longue vie à travailler l'esthétique et la beauté des choses. Elle passa devant de nombreuses demeures simples mais raffinées, dont le toit de certaines croulaient sous la végétation dont on avait incité la croissance.
Une grande fontaine, d'où jaillissaient mille jets d'eau retombant avec grâce dans le bassin, au milieu d'une place circulaire lui indiqua quelle n'était plus très loin. En effet, l'elfe aperçut enfin le toit de verdure de la maison de son père. Celle-ci jouxtait la fabrique d'armes de la ville, son père occupant le poste prestigieux de maître d'armes de Caras Galadhon.
Elle toqua, puis rentra dans la petite demeure. Elle referma rapidement la porte, profitant de la chaleur ambiante de la pièce principale, laissant la moiteur de la nuit derrière elle. Un elfe aux longs cheveux bruns et de grande stature était assis dans un fauteuil près de la cheminée, dans laquelle crépitait vigoureusement un feu de bois, et où était suspendue une marmite contenant sûrement l'habituel ragoût de légumes de son père . La fumée se dégageait de la cheminée par un trou laissé manuellement dans le toit de branches.
La pièce était de dimensions moyennes, avec un plafond de près de sept pieds de haut, meublée sobrement : tous les meubles étaient dans le style elfique, taillés respectueusement dans le bois de la forêt ; une table entourée de quatre chaises se tenait au milieu de la pièce ; un second fauteuil était placé devant la cheminée, celui d'Elewë ; quelques plantes grimpaient jusqu'au plafond et sortaient par les interstices du toit, dégageant un doux parfum de fraicheur et de pollen de fleurs ; et enfin, quelques tableaux et sculptures étaient installés sur les deux commodes finissant de meubler la pièce. Des vieilles armes accrochées aux murs parfaisaient cette modeste décoration.
L'elfe posa son carquois sur la table, retira sa cape légère qu'elle accrocha à une plante grimpante et vint s'assoir à côté de son père, dans le second fauteuil.
« Tu es en retard Elewë » lui dit celui-ci d'une voix neutre lorsqu'elle fut assise
« Je sais père, je n'ai pas vu le temps passer, veuillez m'excuser »
« Le repas est prêt, mets le couvert et nous passons à table » lui répondit son père sans plus se préoccuper d'elle, en se penchant pour décrocher la marmite.
Elewë se leva, mit la table, et s'assit. Galweg les servit, et ils mangèrent en silence. Seuls les bruits de mastication meublèrent celui-ci. A la fin du repas, la jeune elfe se leva, embrassa son père, et agrippa les barreaux de l'échelle pour monter à l'étage de la petite maison.
Elle se dirigea vers la chambre qu'elle avait occupée tout le temps où elle vivait ici. La pièce jouxtait la chambre de son père, et une salle de bain modeste. Elle y entra, et se dirigea directement vers son hamac de lianes, sans prendre le temps de se changer, trop éreintée pour faire autre chose.
Sa chambre était à présent vidée de tous meubles qu'elle avait bougé dans sa nouvelle maison ; seul restait son hamac : les murs formés de branchages et de planches de bois étaient le seul ornement de la pièce, dégageant une impression de grandeur dans celle-ci.
Elle s'allongea dans son hamac, cala sa tête dans les coussins de plumes, et ses pensées dérivèrent vers son père. Le repas de ce soir avait été morne, sans conversation, comme à l'habitude. Elewë et Galweg avaient toujours eu du mal à créer un lien fort entre eux. Sa mère était morte lorsqu'elle était jeune, laissant son père seul et ravagé par le chagrin avec elle. Celui-ci avait toujours voulu un fils pour lui apprendre le maniement des armes, et lui faire reprendre le rôle de maitre d'armes.
Malheureusement, sa femme était morte avant d'avoir eu le temps de lui donner un fils. Son père avait porté ce regret un long moment, et avait apporté très peu d'amour à la jeune fille. Il n'avait pu se remarier, les coutumes elfiques étant de choisir son conjoint à vie. L'adultère et le remariage était interdits, et aucun elfe n'aurait violé celui-ci, respectant trop la vie et le lien du mariage pour le braver.
Galweg avait donc du continuer sa vie seule avec sa fille. Celle-ci avait alors tenté de devenir ce fils qu'il n'aurait jamais, s'entrainant plus dur que n'importe quel jeune elfe, apprenant le maniement complexe des armes, surpassant de loin de nombreux elfes, essayant de faire la fierté de son père et de gagner son amour. Celui-ci avait peu à peu compris que sa fille lui apporterait la même chose qu'un fils, mais leur relation avait toujours été un peu tendue et froide.
Elewë en avait gardé un comportement et un caractère fort, et s'était fait peu d'amis dans la cité. La solitude ne l'avait jamais gênée, au contraire, elle la trouvait parfois apaisante. Elle avait, depuis toute petite, toujours eu du mal à se faire des amis. Elle ne ressentait pas le besoin de s'ouvrir à quelqu'un, juste celui de s'entraîner toujours plus.
Une seule personne avait eu le courage d'approcher cette jeune elfe que beaucoup redoutaient, autant par son maniement des armes, son caractère et sa position dans la société de la cité et dont la solitude dérangeait et gênait : Lindir.
Le jeune elfe, intrigué par cette jeune elfe solitaire, avait voulu la connaître, et avait tenté une approche lente, pour lui laisser le temps de l'accepter ; et avait su attendre que la jeune fille se relâche et lui fasse confiance. Au fil des siècles, une véritable complicité s'étaient crée entre eux deux, et une forte amitié les unissait à présent. Elle devait le retrouver demain pour une longue chevauchée dans les bois de la Forêt d'Or.
Cette perspective la réjouissait, elle avait besoin de s'évader, de sortir de la routine de son entraînement, de rire et de sourire à nouveau. Elle avait passé dernièrement trop de temps seule, à ne voir personne. Demain serait un autre jour. Épuisée, c'est sur cette agréable pensée que Elewë s'endormit d'un sommeil profond


Voilà, n'hésitez pas à venir commenter Ici Very Happy


Dernière édition par Poussière d'Etoiles le Mar 6 Mar - 20:27:59, édité 1 fois
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeVen 29 Avr - 16:26:42

Voici mon tout nouveau chapitre, un peu plus long que le précédent (2600 mots contre 1600 ^^ ) le 3 est déjà en cours d'écriture ! Very Happy
J'ai pensé à vous faire des paragraphes, dans ma grande bonté Laughing
N'hésitez pas à faire part de vos commentaires dans le sujet spécial Wink

Je précise, les textes en itallique sont en elfique
Bonne lecture (:

Une journée dans la Lórien



Quand Elewë se réveilla, la lumière du jour filtrait à travers le toit de feuillage. Quelques rayons tombaient sur son visage, l'aveuglant tandis que ses yeux d'elfes s'habituaient à la nouvelle luminosité. L'elfe de redressa, tanguant dans son hamac, et réussit à s'en extirper. Ses vêtements étaient froissés et humides, et elle se souvint que, trop fatiguée pour faire quoi que ce soit, elle s'était directement couchée la veille.
Elle s'étira, tel un grand félin, et se dirigea lentement vers la petite salle de bain. Elle remplit un bac d'eau fraiche, et s'immergea. La sensation de fraicheur finit de la réveiller, et elle put enfin réfléchir normalement, les vapes de la nuit quittant son esprit : elle devait se dépêcher, elle avait rendez-vous avec Lindir aujourd'hui.
Elewë sortit du bac, enfila rapidement une tenue adaptée à l'équitation, coiffa tout aussi rapidement ses longs cheveux bruns, les attacha, sortit de la salle de bain et se dirigea vers l'échelle de bois menant à l'étage inférieur. Quand elle descendit, une douce odeur de galette de pain l'accueillit. Son père venait d'en faire une fournée toute chaude, et la déposa dans une grande assiette sur la table, à côté d'une corbeille de fruits frais.
« Bonjour ada , lui dit la jeune fille en l'embrassant, avez vous bien dormi ? »
« Bonjour Elewë » lui répondit celui-ci
La jeune elfe n'insista pas, s'assit à table, accompagnant le pain et les fruits d'eau. Quand elle fut rassasiée, elle se leva, récupéra sa cape et son carquois, ainsi que l'épée posée contre le mur, et se dirigea vers la porte.
« Que fais-tu aujourd'hui, ma fille ? »
« Je pars avec Lindir chevaucher dans la forêt. »
« Ne rentre pas trop tard. Lui conseilla-t-il
« Ne vous inquiétez pas ada, je ferais attention » lui répondit-elle en accrochant la cape sur ses épaules.
Elle sortit, puis referma la porte derrière elle. Elle accueillit avec plaisir la brise d'air frais lui soufflant au visage, le soleil dégageant une chaleur étouffante. C'était l'été en Lórien, et le soleil faisait subir sa présence chaque jour. Une fois qu'Elewë fut habituée à la chaleur ambiante, elle se dirigea d'un bon pas vers les zones déboisées de la cité, là où les elfes avaient installés de grandes prairies pour leurs chevaux, afin qu'ils puissent paitre en liberté durant les mois chauds de l'année. En hiver, ils les rentraient dans les grandes écuries situées à la limite de Caras Galadhon.
Elle sortit de la cité en passant par une des grandes portes creusées dans la roche de l'enceinte faisant tout le tour de la ville. Celles-ci étaient surveillées par les Gardes, et étaient ouvertes jusqu'à la tombée de la nuit. L'elfe avait eu de la chance de ne pas avoir trainé hier soir, sinon elle aurait dû passer la nuit dans la forêt. Rien qu'à cette idée un frisson lui parcourut le corps. Elle ne se souvint pas avoir passés les portes sur le chemin du retour. Elle se rendit compte qu'elle avait vraiment du être fatiguée.
Après quelques minutes de marche, elle approcha enfin de la prairie. L'herbe ondulait avec le vent, se parant de reflets d'or sous l'effet du le soleil. De nombreux chevaux paissaient tranquillement, d'autres jouaient et galopaient dans la grande étendue. Tout était calme et paisible. Des barrières de bois délimitaient la surface de la prairie. Elle grimpa dessus, puis émit un long sifflement, aux tonalités variées. Au bout de quelques secondes, un hennissement lui répondit au loin, et elle aperçut un cheval aux reflets argentés galopant dans sa direction.
Quelques instants plus tard, une jument grise s'arrêta devant la barrière, dans un soulèvement d'herbes. La robe de l'animal, assez rare chez les chevaux elfiques, était gris pommelé : un fond gris argenté, et des reflets gris clair et blanc, s'étalaient sur toute la surface de son corps, en particulier sur sa croupe. Une tache blanche en vague forme de fleur se dessinant sur son chanfrein lui avait valu le nom de Ninqueloté, Fleur Blanche en elfique. La jument, de petite corpulence, était faite pour la course, avec une croupe fine et des membres musclés. Son corps dégageait puissance, légèreté et grâce. Sa petite tête fine et ses grands yeux bleus doux la rendaient gentille et amicale. Elle dégageait une aura de douceur et de pureté. Elle balança son encolure de haut en bas en poussant un hennissement de joie à la vue de sa cavalière. Celle-ci lui avait manqué.
Elewë sourit. La jument était sa seule amie depuis des siècles – les chevaux elfiques ayant la particularité de vivre aussi longtemps que le cavalier auquel ils s'étaient attachés - bien avant qu'elle ne connut Lindir. Son père la lui avait offerte pour ses 100 ans, alors qu'elle refusait de monter et de tenter tout contact avec les chevaux de la ville. Elles ne s'étaient depuis jamais quittées. La jument lui avait appris l'amour de ces m magnifiques animaux, et elle faisait à présent parti des rares elfes à pouvoir nouer une relation avec tous les chevaux, en particulier elfiques, possédant un véritable don pour les comprendre et gagner leur amitié.
La jeune elfe lui demanda de se rapprocher de la barrière, et sauta d'un mouvement gracieux sur le dos de la petite jument. Dès que sa cavalière fut sur son dos, celle-ci poussa un petit hennissement d'impatience. Elewë lui flatta l'encolure, souriant de plus belle en sentant la jument trotter sur place.
« Tout doux ma belle, sois patiente, tu pourras courir plus tard »
Ninqueloté se calma au son de la voix de sa maitresse. Celle-ci la dirigea au petit trot vers l'extrémité de la plaine, vers la cabane faisant office de sellerie. Arrivée à la barrière, elle mit pied à terre, l'ouvrit pour laisser passer la jument, puis rentra dans la cabane. Elle en ressortit avec un tapis brun, une selle légère, un collier pour maintenir la selle, et un licou de corde. Elle l'harnacha rapidement, accrocha l'épée au collier de cuir, mit le pied à l'étrier, et prit la direction des bois.
Elle avait rendez-vous dans une clairière près de la cité. Elle dirigeait la jument les deux rênes dans une main, les laissant flottante, n'ayant nul besoin d'avoir un contact ferme avec la bouche pour le faire. L'animal avançait donc d'un bon pas, choisissant elle-même les chemins à emprunter. Au bout de quelques temps, elles atteignirent le point de rendez-vous.
La clairière était illuminée par les rayons du soleil, et un parterre de fleurs et de trèfles se répandait sur sa surface. L'elfe descendit de sa monture, la laissant brouter à son aise. Elle s'assit sur une souche, et se mit à observer les reflets du soleil jouant sur l'herbe.
Elle sortit de sa torpeur quand elle entendit un de roulement de sabots. Elle se redressa, et regarda dans la direction d'où venait le bruit. Telle un éclair, un étalon noir déboula dans la clairière. Il fit une glissade et s'arrêta d'un simple mouvement des rênes de son cavalier. Celui-ci le caressa, lâcha les rênes, et mit pied à terre. L'animal se dirigea tranquillement vers Ninqueloté, et se mit à brouter à ses côtés. Lindir marcha vers Elewë, et s'arrêta devant elle avec un grand sourire, l'air très fier de lui.
« Lindir, quand cesseras-tu de vouloir te faire remarquer ? Fit-elle mi-désespérée, mi-amusée.
« Quant tu cesseras de manier une arme. Répondit-il du tac au tac
Elle leva les yeux au ciel, et retourna s'assoir sur la souche. Son ami la suivit, et s'assit par terre en face d'elle. L'elfe le dévisagea. Il avait encore changé depuis qu'elle l'avait vu. Il avait à présent l'apparence d'un jeune elfe adulte. Bien qu'elle soit de grande taille, son ami la dépassait de près d'une bonne tête à présent. Elle se rassura en se disant qu'il avait cessé de grandir depuis longtemps.
Ses longs cheveux blonds coiffés à la manière elfique encadraient un visage beau et souriant. Ses yeux verts pétillaient de malice. Une mâchoire fine et un visage rond finissaient de compléter ce charmant portrait. Typé comme tous les elfes, il n'avait pas une très grande carrure, avec des épaules courtes, mais malgré sa tenue, on apercevait le renflement de ses muscles. Le jeune homme faisait parti d'une caserne de la cité, et s'entrainait donc très souvent. C'est ce trait de caractère qui avait en parti rapproché les deux elfes. Elewë s'extirpa de ses pensées, et lui adressa un sourire.
« Tu sais qu'un jour Nuruhuinë se blessera avec tous ce que tu lui fais faire
« Ne t'inquiète pas, il est aussi intrépide que moi, et réussit toujours à en sortit vivant, quoique … dit-il en plaisantant
La jeune elfe rit. Le fier étalon portait bien son nom. Ombre de la Mort. Dressé pour être un cheval de guerre, celui-ci n'avait peur de rien, sauf peut-être de lui-même. Son cavalier et lui formaient la paire, un véritable duo. Une paire de sacrés abrutis, qui accumulaient prouesses physiques et nombreuses gamelles les unes après les autres.
Elle sourit en repensant à la fois où Lindir avait voulu faire sauter une rivière à son étalon. Celui-ci avait pilé net en voyant son reflet dans l'eau. Son cavalier avait volé par dessus l'encolure, et avait fini la tête la première dans la rivière pendant que Nuruhuinë prenait la fuite. L'elfe dut penser à la même chose qu'elle, car il se mit lui aussi à rire.
Une fois calmés, les deux amis se relevèrent, montèrent sur leurs chevaux respectifs, et se mirent en marche. D'un même accord, ils mirent leurs montures au grand galop, et les laissèrent filer. Ceux-ci courraient à une allure folle, et l'ivresse de la course faisait rire la jeune fille.
Ninqueloté dépassa l'étalon noir, galopant à une allure vertigineuse. Elle esquivait les obstacles avec facilité, et sa cavalière se laissait porter, s'immergeant dans le plaisir de la chevauchée. Elles ne faisaient plus qu'un, chacune anticipant les désirs de l'autre, se complétant dans une harmonie parfaite.
Le vent décoiffait Elewë, faisant claquer ses cheveux, mais elle n'en avait cure. Tout ce qui comptait, c'était continuer cette course. La végétation de la forêt défilait sous ses yeux, et la jeune elfe reçut parfois des branches dans le visage. Prise dans l'ivresse de cette galopade, les deux amies parcoururent une grande distance, jusqu'à ce qu'en se retournant, l'elfe n'aperçut plus Lindir et son étalon derrière elles. A regret, elle demanda à la jument de ralentir, et elles marchèrent en les attendant.
Elles atteignirent rapidement un petit bassin d'eau, et Elewë mit pied à terre. Ninqueloté alla s'abreuver, fatiguée par l'effort qu'elle avait dû faire, et elle fit de même. Quand elle se redressa, une jeune elfe brune la contemplait en reflet.
Ses longs cheveux bruns cascadaient jusqu'au milieu de son dos. Quelques mèches étaient retenues à la hâte, et d'autres s'échappaient de la coiffure improvisée, encadrant son visage fin. Le reflet avait des yeux bleus couleur du ciel. Son regard, dû à cette étrange teinte de l'iris, perturbait la plupart des elfes qui le regardaient, provoquant un sorte de malaise, la personne ne sachant pas où fixer son regard quand il la contemplait. Elewë sourit. Elle n'était pas sublime, mais possédait un certain charme, et cela lui suffisait.
Le duo infernal finit par arriver au pas, l'air exténué et l'elfe remonta à cheval en riant devant la mine déconfite de son ami.
« Ninqueloté est vraiment rapide. Je crois bien qu'elle surpasse le plus rapide destrier de la cité.
« Sûrement, je n'ai jamais vérifié.
Ils continuèrent leur promenade, en parlant de tout et de rien, de leur entrainement, de ce qu'ils avaient fait depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Le soleil brillait au haut dans le ciel à présent, et sa chaleur faisait suer les deux elfes, bien qu'ils soient sous le couvert des arbres.
Au bout d'une heure de chevauchée, Lindir, comme tout jeune homme qui se respecte, raisonnait avec son estomac, et déclara à Elewë qu'il devraient peut-être commencer à se chercher à manger. Celle-ci acquiesça en souriant, et ils mirent pied à terre, guidant leurs chevaux près d'un grand tronc d'arbre tombé à terre. Ils les laissèrent là, tendirent la corde de leur arc, vérifièrent l'état de leurs flèches, et partirent en chasse.
Plus silencieux que le vent, les deux elfes se déplaçaient dans la forêt en quête d'un gibier. Elewë fit signe à son compagnon quand elle entendit des bruits. Ils virent apparaître un jeune lièvre dodu, sortant des fourrés. La jeune elfe décocha une flèche, et le trait fila en silence. Il fit mouche, et le lièvre s'étendit sur le sol, raide mort. Elle récupéra sa flèche, Lindir l'animal, et ils retournèrent là où ils avaient laissé leurs montures.
Pendant que ce dernier s'occupait de préparer la viande, l'elfe partit en quête de fruits ou autres végétaux à ajouter à leur frugal repas. Elle découvrit un pommier sauvage. Elle revint au camp les bras chargés de sa trouvaille et s'assit sur le tronc.
L'odeur qui montait du feu était alléchante, et son ventre émit un grondement. Le pain et les fruits étaient déjà loin. Elle attendit donc patiemment que le lièvre soit cuit, puis mordit
à pleine dent dans la chair.
En temps normal, les elfes respectaient toutes formes de vie. Mais ils ne pouvaient aller contre les besoins du corps, bien que plus résistant par leur sang elfique. Ils devaient donc se nourrir comme tous les autres de viande, bien qu'ils favorisaient les végétaux.
Durant leur repas, Lindir aborda un thème auquel il pensait depuis quelques temps.
« Elewë, tu es au courant pour le grand tournoi qui va avoir lieu à Imladris ?
« J'en ai vaguement entendu parler. Répondit-elle
« Sais-tu que les elfes les plus aguerris des trois Royaumes vont s'y retrouver ?
« Ah. Fit-elle en mâchant sa viande
« Allons, un peu d'enthousiasme. Comment réagirais-tu si tu savais que les 50 meilleurs seront sélectionnés s'ils le souhaitent pour faire partie de l'armée qui partira, d'ici quelques mois porter secours dans le Royaume d'Arnor ?
A ces mots, la jeune fille releva la tête.
« Ah, je savais bien que ça t'intéresserais, dit-il en souriant
« Comment sais-tu cela ?
« Si tu allais un peu plus en centre-ville tu remarquerais qu'il y a des affichettes placardées un peu partout.
« Donc tu ne me fais pas une mauvaise blague ? Demanda-t-elle, ayant déjà subi de nombreuses fois ces fameuses blagues dont il avait le secret
« Mais non, pour qui me prends-tu ! Fit-il en levant les yeux au ciel, avec un petit sourire
« Très bien, j'irais.
« Je me doutais que tu réagirais comme ça. Mais je me suis renseigné, seuls les hommes peuvent y participer.
« Ah ces hommes ! Toujours les mêmes ! Pourquoi les femmes n'auraient-elles pas le droit d'aller au combat ?! répondit-elle, désespérée devant tant de bêtise.
« Peut-être parce qu'elles sont plus faibles ?
Il n'eut pas le temps de sourire qu'il était déjà plaqué au sol.
« Eh, Elewë, tu n'as vraiment aucun humour ! Et puis regarde, tu as réussi à mettre du jus de viande sur mes vêtements ! Dit-il, tout sourire, en se relevant.
« Comme si tu en avais quelque chose à faire, lui répondit-elle malicieusement. Bien, maintenant que la question de ma faiblesse est réglée, passons aux détails de ce tournoi.
« Mais c'est que tu es plus têtue que Nuruhuinë quand il s'y met, et c'est pour dire ! Je te rappelle que c'est réservé à la gente masculine.
« Et bien je serais un homme. Lui répondit-elle fièrement;
« Tu n'as quand-même pas l'intention de …
« Si. Ce seul mot dégageait tant d'autorité qu'il n'osa rien dire. Il aperçut dans son regard une lueur de défi, et se dit que ce n'était même pas la peine de la d'essayer de la faire changer d'idée.
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MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeMer 4 Mai - 7:44:44

Voilà le nouveau chapitre ! Very Happy
J'ai essayé de le raccourcir au maximum, mais ça a été un peu dur vu le nombre d'éléments dont je devais parler.


Le départ


Après avoir fini leur repas, les deux amis remontèrent à cheval. Ils trottèrent dans la forêt encore quelques heures, prenant plaisir au simple fait de parler tous les deux. Quand la chaleur commença à décliner, ils prirent le chemin du retour. Ils s'arrêtèrent parfois pour laisser leurs montures brouter l'herbe tendre.
Après plus d'une heure, ils atteignirent enfin le champ des chevaux, mirent pied à terre, et dé-harnachèrent leurs montures. Un rapide pansage, une ration d'avoine bien méritée, et les montures elfiques retrouvèrent avec plaisir leur pâturage.
Après avoir rangé le matériel, et récupéré ses affaires, Elewë se tourna vers Lindir
« On se retrouve demain, au terrain d'entrainement ?
« D'accord, je suis libéré pendant une durée indéterminée à cause de l'entrainement de certains elfes pour le tournoi.
« Tant mieux, on aura donc tout notre temps nécessaire pour nous préparer au mieux.
« Comment ça "nous" ?!
« Et bien cela va sans dire que tu m'accompagnes à Imladris et que tu participes !
« Euh … tu aurais peut-être pu me demander mon avis avant de prendre ta décision, non ?
« Bah, fit-elle avec un sourire, je savais que de toute façon tu viendrais, tu aimes les défis et te surpasser, pas la peine de te demander.
Lindir soupira. Décidément, pas moyen de la contredire quand elle avait décidé quelque chose.
« Bon et bien à demain alors, dors bien ! » il lui adressa un signe de la main en partant, et prit la direction de Caras Galadhon.
Elewë resta encore quelques temps à regarder les chevaux galopant dans le pré, puis se dirigea elle aussi vers la cité. La lumière du soleil déclinait, et les ombres des arbres s'étalaient majestueusement sur le sol. Elle atteignit bientôt les murs d'enceinte de la cité, salua les Gardes, puis passa rapidement les portes. Il ne faisait pas encore nuit, et la jeune elfe n'avait pas envie de rentrer tout de suite chez elle.
Elle flâna donc dans les rues de la ville, redécouvrant des lieux qui lui semblaient vaguement familiers. Elle passa devant la place de la fontaine, et s'arrêta devant quelque chose qu'elle n'avait pas vu hier dans la pénombre de la nuit. Elle s'approcha, et se retrouva face à l'affichette dont lui avait parlé Lindir tout à l'heure : elle annonçait que le tournoi se déroulait à Imladris, et faisait part des différentes épreuves sur lesquelles s'affronteraient les participants : le tir à l'arc ; le maniement de l'épée ; la course à cheval ; et pour finir la lutte à main nue.
Elewë sourit. Le tournoi se déroulait dans trois semaines. En comptant le temps de trajet, elle avait deux semaines pour s'entraîner avec Lindir. C'était amplement suffisant, elle devrait juste perfectionner son combat sans arme. C'est sur cette agréable pensée qu'elle se dirigea vers sa maison, car l'obscurité était maintenant présente, et son angoisse commençait à faire surface.
Seul le bruit de ses pas résonnaient sur l'herbe, Caras Galadhon était complètement silencieuse. Elle aperçut au loin quelques elfes occupés à étudier les étoiles, et des couples profitant de la fraicheur de la nuit pour se promener.
Elle arriva bientôt à l'arbre culminant sur près de trente pieds dans lequel était perchée sa maison. La rampe du petit escalier tournant était éclairée par une douce lumière, et elle grimpa rapidement les marches, rassurée par cette touche de lumière dans la pénombre ambiante. Elle atteignit bientôt le sommet de l'arbre et l'entrée de sa petite maison.
La construction de celle-ci avait était longue et difficile, mais elle en valait la peine.
Les branches principales de l'arbre avaient été recourbées, formant les murs naturels de la maison, et un véritable toit de végétation. Quelques branches partaient sur le côté, et des branches fines poussaient à la verticale, formant un havre de verdure et de paix, isolé des bruits de la cité. Les oiseaux en avaient fait leur logis, et leur doux gazouillis la berçait pendant la journée. Elewë sourit et respira profondément. Cet endroit avait le don de l'apaiser. Elle franchit l'arche de branchage formant la porte, et rentra dans sa maison. Celle-ci était composée de deux pièces : la salle de bain, et la pièce à vivre. Cette dernière était meublée d'une commode ; d'un hamac semblable à celui qu'elle avait chez son père ; d'un petit âtre ; d'un fauteuil ; et d'un buffet lui servant aussi de bibliothèque.
Le sol, posé à même la base solide de l'arbre, était fait d'une sorte de parquet, et un grand tapis couvrait quasiment toute sa surface. Celui-ci représentait une troupe de soldats elfes sur leurs chevaux, partant en guerre. Les couleurs vives réchauffaient la pièce, et quelques plantes finissaient de la rendre chaude et accueillante.
Elewë se dirigea vers la commode, prit une tunique longue, se changea, prit une pomme dans une corbeille, et alluma un petit feu dans l'âtre. Elle s'assit dans son fauteuil devant celui-ci, et mangea sa pomme tout en se réchauffant. Elle se remémora la journée d'aujourd'hui, et ses pensées dérivèrent tout de suite vers l'importante nouvelle que lui avait appris Lindir.
Toute sa vie, elle avait été attirée par les armes, le combat, les chevauchées, et cette chance de faire partie de l'armée elfique était incroyable. Elle rêvait de grandes batailles, de victoires, des soirées auprès de ses frères d'armes devant un feu de camp, gagnant un repos bien mérité après une journée de combat. Elle devait la saisir, et embraser sa passion, commencer une nouvelle vie. Pour cela, elle devait s'entraîner encore et encore, inlassablement, jusqu'à ce qu'elle soit prête pour le grand événement. Elle tressaillit d'excitation à cette pensée, impatiente de se mesurer à ses adversaires, et de se qualifier . Elle rêvassa quelques heures encore, puis, quand elle se sursauta au crépitement d'une braise, décida d'aller se coucher. Elle sombra comme une souche dans un sommeil profond, et ses rêves furent remplis de batailles épiques et de combats héroïques.

Durant les deux semaines qui suivirent, les deux amis passèrent leur temps à s'entraîner en vue du tournoi. Les jours s'enchainaient, plus épuisants les uns que les autres, et Lindir et elle finissaient leur entrainement tard dans la nuit. L'elfe devait la ramener jusque chez elle tant elle était effrayée par l'atmosphère pesante de celle-ci. Elewë sombrait dès qu'elle s'allongeait dans son hamac, épuisée par les efforts qu'elles fournissait.
Mais cette entrainement portait ses fruits, et malgré les courbatures, la jeune elfe se sentait prête à affronter toutes les épreuves. Enfin, le jour tant attendu du départ arriva.
Ce matin-là, Elewë se leva à l'aurore, rassembla toutes ses affaires et fit un grand baluchon avec ses vêtements. Elle emportant aussi quelques couvertures, et les flèches supplémentaires qu'elle avait fabriqué à l'occasion. Elle remplit des sacoches de provisions et d'eau pour quelques jours. Son épée, son carquois, et sa cape complétèrent le tas d'affaire posé au milieu de la pièce.
Elle avait encore quelques minutes avant que Lindir n'arrive avec leurs montures. Elle en profita donc pour regarder à travers sa fenêtre le soleil levant, qui dardait le paysage de couleurs vives, donnant des reflets rouges et orangés à la nature environnante. La forêt s'éveillait, la végétation se paraît de rosée, et les toiles d'araignées ressemblaient à des fresques de perles brillantes. Bientôt la chaleur du soleil absorberait l'eau, et les petits animaux devraient attendre le lendemain avant de boire à nouveau dans les feuilles lourdement chargées. Bien qu'il fusse tôt, Elewë apercevait déjà quelques elfes matinaux qui sortaient se promener dans les rues, admirant eux-aussi ce magnifique spectacle.
Elle s'extirpa de sa contemplation, se chargea tant bien que mal de ses affaires, et fit des allers retours de la maison au sol pour les déposer. Une fois qu'elle eut finit de tout transporter, elle entendit un hennissement sonore, et Lindir arriva, portant ses affaires, avec Nuruhuinë et Ninqueloté marchant joyeusement derrière lui. Ils n'avaient pas pu beaucoup être montés ces derniers temps, les deux elfes étant occupés à s'entrainer, et ils étaient donc impatients de se défouler.
Elewë accrocha soigneusement les sacoches à l'arrière de sa selle, sur la croupe de la jument, attacha épée et carquois à son collier de cuir, et après avoir vérifié que tout était en ordre, monta en selle. Lindir fit de même, et les deux amis se dirigèrent avec entrain vers la sortie de Caras Galadhon. Ils franchirent rapidement les portes de la cité, et dirigèrent leurs chevaux en direction de la rivière Celebrant.
Ils avaient en effet décidé de la longer, puis de la traverser, pour atteindre le sentier Azanulbizar, menant directement dans les Monts Brumeux. Suivant le sentier, ils devaient traverser ensuite la Moria et la chaine de montagnes en passant par la Porte de Rubicorne, un des moyens les plus sûrs de passer le Col de Caradhras ; le passage par la grande Porte Est étant plus long et compliqué. De plus, les elfes n'avaient pas vraiment envie de croiser de nains, ni de traverser leur Royaume.
Une fois sortis des montagnes, ils avaient prévus de remonter directement vers le nord, pour rejoindre un des bras du fleuve Bruinen, remonter celui-ci, et le longer jusqu'à atteindre le Gué du Bruinen, puis enfin Imladris. Le trajet devrait durer une semaine s'ils chevauchaient d'un bon train, et ils ne perdirent donc pas de temps dans la forêt, poussant les chevaux à une allure assez rapide, mais qu'ils pourraient soutenir quelques heures avant de devoir faire une pause.
Ils atteignirent donc au bout de quelques heures le Celebrant, et décidèrent faire une petite halte. Ils laissèrent les chevaux s'abreuver, et mangèrent un morceau. Le soleil était désormais à la moitié de sa trajectoire dans le ciel, et les deux amis avaient prévus de parcourir encore une bonne distance avant de dresser un campement pour la nuit. Ils comptaient sortir de la forêt le lendemain en fin d'après-midi, et atteindre avant la tombée de la nuit la Porte de Rubicorne.
Après une vingtaine de minutes de pause, ils reprirent la route, traversant au préalable la rivière, alternant toutes les deux ou trois heures des petites pauses pour laisser les montures souffler, et reprendre quelques forces. Ils atteignirent rapidement l'Azanulbizar, et continuèrent leur chemin. Ils avaient ainsi parcouru près d'une lieue* depuis leur départ, et chevaux comme cavaliers étaient fourbus. Ils décidèrent de camper dans une sorte de grotte, et montèrent un camp. Après un bref repas et le bouchonnage des chevaux, ils s'endormirent rapidement.
Il se levèrent le lendemain à l'aube, et se remirent en route. Comme prévu, ils parcoururent une demi lieu avant de sortir du couvert des arbres en fin d'après-midi, et atteignirent les Monts Brumeux. Une immense chaine de montagnes plus hautes les une que les autres se dressait devant eux. De la neige recouvrait certains pics, démontrant de la forte altitude. La magnificence de l'endroit laissait les deux elfes sans voix devant tant de grandeur. Un vent froid leur parvint, et ils mirent sur leur dos des vêtements supplémentaires, les arrachant à leur contemplation. Il leur restait encore la même distance avant d'atteindre la Porte de Rubicorne, et ils décidèrent de ne pas perdre trop de temps en pauses inutiles, ne voulant pas être surpris par l'arrivée de la nuit.
Ils dirigèrent donc d'un bon pas les chevaux vers les montagnes, cheminant sur le sentier pour ne pas se perdre. Ils atteignirent bientôt le passage menant sous les montagnes, et s'y engagèrent, encourageant les chevaux de la voie pour qu'ils s'avancent. Dès qu'elle sentit le poids de l'immense voûte peser sur ses épaules, l'angoisse d'Elewë refit surface, et elle rapprocha Ninqueloté de l'étalon de Lindir.
Ils mirent encore quelques heures avant d'apercevoir la Porte. Avec la tombée de la nuit, l'obscurité s'était fait encore plus profonde, et la jeune elfe se sentait nerveuse. Pourquoi fallait-il qu'elle ait aussi peur du noir ?!!
Fatigués, les cavaliers mirent pied à terre, s'occupèrent de leurs montures, et montèrent leur camp. Après avoir rapidement mangé, les deux elfes décidèrent de dormirent de suite, et Elewë se blottit contre l'épaule de Lindir, cherchant du réconfort dans ce contact. Celui-ci passa son bras autour de ses épaules, et il s'endormirent rapidement.
Lorsqu'ils se réveillèrent, le jour s'était levé, et la pénombre ambiante était moins forte. Ils se mirent en marche, et passèrent les immenses portes de pierre. Celles-ci étaient ornées à l'identique des autres situées sous les Monts Brumeux, et des fresques lumineuses s'étendaient sur toute sa surface, formant des arabesques savantes, avec des écrits en langage nain et elfique.
Ils chevauchèrent environ une journée entière dans les profondeurs de la montagne, suivant toujours l'Azanulbizar, et lorsqu'ils aperçurent enfin la voûte formant la sortie, ils soupirèrent de soulagement, poussant leurs montures à rejoindre l'air frais de l'extérieur. Bien que le soleil commençait à se coucher, ils furent éblouis par la lumière, et durent attendre que leurs yeux s'habituent à la nouvelle luminosité.
Ils découvrirent une grande vallée, dont l'herbe ondulait sous la caresse du vent. Les derniers rayons du soleil se reflétaient un peu partout dans des teintes roses et orangées. Ils mirent leurs chevaux au petit trop, dévalant de flanc de la montagne, et une fois dans la vallée, ils cherchèrent un lieu pour camper. Ils choisirent un renflement d'une colline, sur laquelle poussaient quelques arbres. Ils s'installèrent, lâchèrent leurs chevaux qui partirent galoper dans la plaine, et préparèrent leur repas. Comme les deux jours précédents, ils étaient tellement fatigués qu'ils ne prirent pas le temps de parler ou quoi que ce soit d'autre, et s'endormirent soulagés d'avoir retrouvé un semblant de verdure et de luminosité.
Les rayons du soleil levant les réveillèrent à l'aube, et ils sourirent en voyant où ils étaient. Ils se préparèrent, grimpèrent sur leurs chevaux, et s'élancèrent au petit galop vers le nord, en direction du premier courant d'eau qu'ils rencontreraient. Heureuse de galoper, Ninqueloté accéléra, et courut ainsi une vingtaine de minutes avant de s'arrêter. Lindir et Nuruhuinë les rejoignirent, et ils continuèrent leur route. Ils atteignirent ainsi au bout d'une heure un affluent du Bruinen, et le remontèrent toute la journée, alternant comme à leur habitude des petites pauses. Ils rejoignirent enfin le bras principal du fleuve en fin de journée.
Ils prirent la décision d'arrêter leur avancée pour la journée, et profitèrent de la proximité du fleuve pour éliminer la crasse accumulée ces quatre derniers jours, et refaire leurs provisions d'eau. Pendant que Lindir chassait, Elewë partit en quête de végétaux, et revint quelques temps plus tard les bras chargés de légumes et fruits divers. Ils déjeunèrent avec appétit, ayant du restreindre leurs provisions lorsqu'ils étaient dans les montagnes.
Ils parlèrent quelques temps de façon animée du tournoi, puis se couchèrent, un bon feu crépitant devant eux.
Ils suivirent ainsi pendant deux jours le Bruinen, jusqu'à atteindre en fin d'après midi, après avoir parcouru plus de deux lieues, le Gué. Ils firent une dernière pause, pendant laquelle Elewë revêtit une grande cape sombre, des vêtements masculins, et s'attacha un foulard autour du visage. Ils peignirent en gris la tâche en forme de fleur de Ninqueloté. Même ici, n'importe qui pouvait reconnaître la petite jument à la robe et à la tache si particulière. Une fois leur déguisement parfait, ils s'avancèrent le cœur léger dans leur dernière étape vers Imladris. La ville était située dans la vallée de l'Eriador, creusée par le Bruinen, face aux Monts Brumeux. La vallée était très encaissée, et on ne pouvait la découvrir seulement si on savait où la chercher. Ils se dirigèrent donc vers le cœur de la gorge, heureux d'arriver enfin à destination.
Ils mirent quelques heures avant d'atteindre la cité. Ils aperçurent enfin les Tours de Garde situés aux extrémités des terres de la ville. Ils chevauchèrent encore une vingtaine de minutes avant d'apercevoir les murs de la cité. Imladris, aussi nommée Fondcombe, forteresse et refuge des elfes crée par le Seigneur Elrond lorsque les elfes, après la défaite de la dernière alliance des Hommes et des Elfes, durent se cacher. La ville était aujourd'hui un lieu de paix et de culture. On y venait pour contempler la beauté des lieux et se ressourcer. Mais un tout autre motif remplissait aujourd'hui les rues de la cité.
Ils virent aux portes nombre d'elfes venant spécialement pour l'occasion, et ils pressèrent leurs chevaux. Ils franchirent en vitesse les grandes portes et pénétrèrent dans la cour principale. Ils s'arrêtèrent, afin de profiter pleinement de ce qu'il s'offrait à leurs yeux.
On apercevait derrière la cité les pics enneigés des Monts Brumeux, et des cascades s'écoulaient jusque dans la ville, formant de nombreux ponts au sein même de celle-ci.
Imladris s'était formée autour du Palais principal abritant le Seigneur Elrond, et sa fille la Dame Arwen. Tous les autres bâtiments s'étendaient autour, formant un complexe aéré et sublime. Terrasses et cours se succédaient dans la ville, de grands escaliers reliant les différents étages, et quelques auberges étaient situées sur les grandes places. En ce temps elles étaient complètes, à l'annonce du tournoi du lendemain.
L'architecture des bâtiments était recherchée, formée d'arabesques en tout genre, mélange de grâce et de beauté. La végétation, bien que négligeable face à celle de la Lórien, était tout de même bien présente, et on apercevait au loin les grand bois entourant la cité. Des plantes grimpantes s'acheminaient sur les toits, et le doux parfum des fleurs emplissait les lieux. Le gazouillis des oiseaux donnait une tonalité joyeuse à l'atmosphère.
S'arrachant à leur béatitude, les deux elfes se dirigèrent vers le bureau d'inscription du tournoi. Elewë s'inscrivit sous le nom de Elurín, et une fois que Lindir eut fait de même, ils se dirigèrent à travers la foule vers l'aile du Palais réservée aux participants. Les elfes du bureau d'inscription leur avait indiqué leur chambre, et après avoir demandé leur chemin une ou deux fois, se perdant dans l'immensité du lieu, ils purent se changer et faire un brin de toilette. Ils se digèrent ensuite vers la salle commune où un repas était servi aux hôtes. Ils mangèrent rapidement, peu désireux d'attirer l'attention sur eux, ou surtout sur Elewë, et retournèrent se coucher dans leur chambre. Chacun dans un petit lit, ils s'endormirent en pensant aux événements du lendemain, à la fois excités et angoissés. Demain serait un autre jour.

* une lieue équivaut chez moi à 100 km

Je tiens à préciser que tous les noms de lieux,etc viennent de ma carte et d'internet, je n'ai rien inventé, même pas l'Azanulbizar Razz
Je couperais surement le prochain chapitre en deux voir trois morceaux tellement il est long, relatant les évènements du tournoi.

Voilà, au prochain chapitre ! cheers
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Poussière d'Etoiles

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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeVen 13 Mai - 18:37:50

Voil le chapitre 4, dsl si il est un peu long ^^
Les évènements du tournoi seront racontés en au moins 3 parties, je verrais Wink

Le tournoi – partie 1


Il ne faisait pas encore totalement jour lorsque Elewë se réveilla. Elle se redressa, et cligna des yeux, s'habituant à la lumière qui filtrait à travers les murs de la chambre. Elle aperçut Lindir qui dormait encore. L'elfe se releva péniblement, s'extirpa de son lit et se dirigea vers la bassine d'eau posée sur la petite commode.
Elle vérifia que son ami dormait toujours, et qu'aucun elfe ne passait dans les environs. En effet, les demeures elfiques avaient la particularité de ne pas posséder de murs à proprement parler : il y avait bien quelques cloisons délimitant les contours de la chambre, ainsi que un à deux murs contre lesquels étaient adossés les lits, mais à part ceux-ci, rien ne fermait la pièce aux regards indiscrets. Quelques arabesques de bois couvraient les hauts des cloisons, et tout était décoré selon la mode elfique, tout dans la grâce et la beauté. Une statue en tête de lit finissait de parfaire le décor. Ainsi, lorsque l'on marchait dans les grandes maisons, tout était ouvert, beau et aéré, on se sentais libre, mais aussi observé.
Une fois que la jeune elfe s'en fut assurée, elle s'habilla avec ses vêtements masculins, en prenant soin de ceinturer sa poitrine au moyen d'une longue et fine écharpe, indétectable sous les vêtements. Elle avait plus de mal à respirer, mais cet arrangement devrait faire l'affaire.
Elle attacha un foulard autour de son nez, s'attacha les cheveux comme un homme, rabattit la capuche de sa longue cape brune aux reflets verts, passa son carquois par dessus son épaule, et accrocha son épée à sa ceinture. Elle ne se séparait jamais de celle-ci. Lorsqu'un elfe passait l'âge adulte, une épée était forgée spécialement pour lui, s'adaptant à son bras, devenant une partie de lui-même. Elewë ne se sentait à l'aise que quand elle avait son arc et son épée à ses côtés. Une fois parée, elle se dirigea vers l'ouverture de la pièce. Alors qu'elle sortait, elle entendit Lindir se retourner dans son lit.
« Tu sors ? Lui demanda une voix quelque peu indistincte et ensommeillée.
« Oui, je vais prendre l'air
« Aurais-tu l'amabilité de m'attendre ?
Elewë sourit.
« Vu la façon dont tu m'as l'air réveillé, je suis encore là à t'attendre dans une heure.
Elle eut juste le temps de se décaler pour esquiver l'oreiller lancé dans sa direction.
« C'est ça moque-toi ! Fit-il en grognant
« On se rejoint dans la salle à manger tout à l'heure ! Lui répondit-elle en riant.
Elle sortit de la pièce, et arrivant sur une terrasse, le changement de température la fit frémir. A cette heure-ci, le soleil ne répandait pas encore sa chaleur, et le petit vent se faisait plus fort. Elewë descendit les escaliers menant à l'étage inférieur de l'aile du palais, et atteignit le grand hall.
Le plafond culminait à plus de douze pieds de haut, et des branches d'arbres sculptées s'étendaient sur le haut des murs, formant un sublime enchevêtrement. Les décorations étaient simples, mais immenses, donnant une impression de grandeur inégalée. Ses bruits de pas résonnaient sur le sol, la rendant plus seule qu'elle ne l'était. Elle se dépêcha de franchir l'arche menant à l'extérieur de l'aile, et se dirigea vers la grande place centrale. Elle passa sur plusieurs terrasses et petites places, retournant parfois sur ses pas, jusqu'à ce qu'elle retrouve parmi l'enchevêtrement de place celle qu'elle cherchait.
Des bancs étaient placés tout autour de la zone, et une sorte de belvédère de fer blanc se trouvait au centre. La grande place était vide à cette heure-ci de la journée, et Elewë profita de ce silence bienfaisant qui serait troublé d'ici quelques heures par la foule venant assister au grand tournoi.
L'elfe passa les immenses portes de la ville, traversa le pont reliant l'île de la cité ,construite sur une falaise, aux terres et bois environnants, et se dirigea vers le lieu où l'arène avait été construite à la sortie de la ville pour l'occasion.
Après avoir admiré la grandeur du bâtiment – qui mesurait pas moins de cent cinquante pas de long sur dix-huit pieds de haut – elle pénétra dans l'enceinte par l'entrée des concurrents, qu'ont venait de lui indiquer. Des elfes étaient en train de poser une épaisse couche de sable sur toute la surface de l'arène. Elle s'avança au centre, et une fois là, observa les gradins. Immenses, ils s'élevaient très haut, comme s'ils voulaient toucher le ciel, et s'étendaient sur plus de cinq étages de gradins.
La jeune elfe se sentit petite face à tant de grandeur, et c'est avec angoisse qu'elle se dit que d'ici quelques heures elle se tiendrait ici, et évoluerait devant plusieurs milliers d'elfes. Au fil des heures qui passaient, son stress prenait de plus en plus d'ampleur, mais le fait de se tenir ici n'avait fait qu'aggraver la situation. Elle se gifla mentalement. Il ne fallait pas qu'elle cède à la panique, qu'elle reste concentrée !
Elle se dirigea vers le bâtiment jouxtant l'arène, l'écurie. Ninqueloté et Nuruhuinë y avaient été déplacés pendant la nuit par les elfes chargés de l'organisation. Elle longea de nombreuses stalles avant d'atteindre celles de sa jument. A sa demande, elle était collée à celle du grand étalon noir, pour que Lindir et elle puisse se parler et être ensembles pendant les courses. Elle caressa la jument qui émit un petit hennissement quand elle aperçut sa maitresse, lui donna une pomme qu'elle avait trouvé à l'entrée du bâtiment, puis après une dernière caresse, sortit des écuries.
Elle franchissait la porte lorsqu'elle percuta de plein fouet un elfe. Elle faillit tomber sous le coup, mais une main puissante la retint. Elle se releva rapidement, et rajusta son capuchon, vérifiant que son foulard n'avait pas glissé.
Elle se retourna pour voir qui était l'imbécile qui lui était rentré dedans, et se retrouva face à un magnifique elfe au longs cheveux noirs. De grande stature, vêtu d'une tunique bleu et marron avec une grande cape lui couvrant les épaules, il possédait un maintien et un port altier démontrant une origine surement noble. Il possédait une certaine assurance, montrant qu'il avait l'habitude d'être écouté. La jeune elfe, déconcertée, se força à se ressaisir. Bien que apparemment pressé, l'elfe pris le temps de s'enquérir de son état.
« Vous allez bien ? Lui demanda-il J'étais dans mes pensées, je ne vous ait pas vu, veuillez m'excuser. Puis, ne prenant pas le temps d'entendre la réponse de la jeune fille, il continua son chemin en courant.
Curieux personnage, se dit Elewë en se dirigeant vers la cité.
Elle oublia bien vite le petit incident lorsqu'elle atteignit les portes de Fondcombe, et qu'elle rejoignit la salle commune. Elle y trouva Lindir attablé devant un bon petit déjeuner, et le rejoignit. Il lui avait gardé une place, et se poussa pour la laisser prendre place. Elle le remercia, s'assit, et commença à piocher dans les plats posés sur la table.
« Belle promenade ? Lui demanda-il, faisant mine d'être vexé d'avoir été laissé de côté.
« Agréable. Je suis allé faire un tour du côté de l'arène. Elle est immense ! Tu verras, ça te fera un drôle d'effet lorsque tu te retrouveras à l'intérieur.
« Es-tu passé voir les chevaux ? Lui demanda-t-il, oubliant sa fausse mauvaise-humeur
« Oui, ils sont bien installés, l'un à côté de l'autre comme on l'avait spécifié
Elle se resservit de salade de fruits, et lui demanda
« T'es-tu renseigné sur l'ordre des épreuves ? L'interrogea-t-elle
« Oui, aujourd'hui il y aura d'abord la course à cheval, puis le tir à l'arc. Les grandes épreuves sont réservées pour les jours qui suivent : demain la lutte à main nue, et après une bonne nuit de repos l'épreuve finale : le combat d'armes.
« Très bien, comme ça nous ménagerons nos forces pour la fin. A quelle heure passons-nous ?
« Ta première course est dans deux heures, moi peu de temps après. Une deuxième suivra, ensuite la demi-finale, et enfin la dernière course.
« Donc il nous reste encore plus d'une heure à tuer le temps … soupira-elle
Il lui fit un grand sourire.
« Ne t'inquiète pas, j'y avais pensé, et je te propose un petit échauffement d'une bonne heure pour te remettre les idées en place après notre voyage.
« Bonne idée, je me voyais mal ruminer mes pensées pendant tout ce temps, dit-elle d'un ton joyeux. M'entrainer me fera du bien.
Après avoir fini leurs repas, les deux amis se dirigèrent vers le petit terrain mis à leur disposition près de l'arène. Ils y retrouvèrent quelques elfes ayant eu la même idée qu'eux. Elewë retira sa grande cape lui donnant chaud et qui risquerait de la gêner, déposa son épée et son carquois, fit attention à ce que son foulard soit bien serré, et fit quelques tours de pistes en courant.
Ils s'échauffèrent ainsi près d'une heure et demi, puis ils se dirigèrent vers les écuries pour préparer leurs montures.
La jeune elfe pansa soigneusement sa jument, en prenant garde à ne pas enlever le maquillage du chanfrein, puis l'harnacha, posant la petite selle légère qu'elle avait emportée pour l'occasion sur le dos de l'animal. Une fois prête, elle s'assit dans la stalle, attendant que les longues minutes s'écoulent.
Elle entendait la foule qui se pressait dans les gradins, et les clameurs qui commençaient à monter au fur et à mesure du temps qui passait. Elle essaya de juguler l'angoisse qui croissait. Elle sortit de la stalle, et se dirigea vers la foule des concurrents massés devant l'ouverture. Elle vit le Seigneur Elrond s'avancer dans la loge d'honneur, accompagné de la jeune Dame Arwen, l'étoile du soir ; d'un jeune homme du même âge qu'elle aux cheveux bruns ; et deux elfes se ressemblant trait pour trait. Il devait s'agir des jumeaux princiers Elrohir et Elladan.
Elewë tiqua. L'un des deux jumeaux était vêtu de bleu et de marron, tout comme le magnifique elfe l'ayant bousculé le matin-même. Elle en fut abasourdie. Maintenant qu'elle y pensait, elle se rendait compte que c'était bien lui qu'elle avait croisé ce matin. Mais quelle idiote, elle avait bousculé un membre princier et lui avait manqué de respect ! Elle reprit ses esprits. De toute façon il y avait très peu de chances qu'elle lui reparle un jour, autant oublier l'incident et ne pas s'en préoccuper plus. Mais elle ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil régulier au prince. Enfin, le Seigneur Elrond ouvrit le tournoi par un discours, sa voix portant magiquement par dessus la foule. Les clameurs s'estompèrent, et chacun se tourna pour écouter le maitre d'Imladris.
« Amis venus de loin, de la Forêt Noire, de la Lothlórien, ou encore d'ici-même, vous avez été conviés à venir assister à ce grand tournoi rassemblant l'élite elfique. Durant les trois jours qui suivront, plus d'une centaine s'affronteront sous vos yeux pour votre plus grand plaisir à tous. S'ils le souhaitent, les cinquante premiers auront l'honneur de pouvoir intégrer l'armée qui partira d'ici quelques mois apporter aide et soutien en Arnor.
Il fit une pause, appréciant le grand silence planant sur l'assemblée, chaque elfe buvant ses paroles.
« Ainsi, en ma qualité de Seigneur d'Imladris, je déclare l'ouverture de ce tournoi. Que les meilleurs gagnent !
Une ovation répondit à ses paroles, les elfes criant leur approbation et leur enthousiasme.
On vérifia l'état du sol, et on installa une grande palissade au milieu de l'arène, délimitant la piste de course. Elewë se dirigea vers la stalle, sortit sa jument, monta en selle, et avec les dix-neuf autres elfes formant la première course, se dirigea vers l'arène.
La lumière l'éblouit, et dès qu'elle perçut la clameur de la foule, Ninqueloté se mit à piaffer et à danser sur elle-même, nerveuse.
« Tout doux ma belle, tout doux. La rassura la jeune elfe en lui flattant l'encolure.
Elle la dirigea, suivant les autres cavaliers, vers la ligne de départ. Pendant qu'ils se plaçaient, un elfe annonçait les candidats. Quand vint son tour, Elewë, d'une pression des mollets et d'un mouvement des rênes, fit cabrer sa jument, saluant le public. La foule lui répondit en applaudissant.
Enfin, quand chacun fut à sa place, l'elfe se concentra sur sa course, attendant le signal du départ. Elle avait prévu de finir dans les dix premiers, s'assurant ainsi sa qualification pour la prochaine course, et ménageant les forces de sa monture. Elle sentit sa monture prête à bondir à sa demande.
Enfin le signal fut lancé, et les vingt chevaux s'élancèrent dans un bruit assourdissant de roulements de sabots. Elewë força sa jument à ralentir, préférant prendre de la vitesse dans le dernier tour. Enfin, le signal annonçant celui-ci retentit, et d'une pression des jambes, elle indiqua à sa jument d'accélérer. Celle-ci le fit de bon cœur, heureuse de pouvoir courir à sa guise. Elles finirent cinquième, juste derrière un hongre gris moucheté.
Les concurrent firent rentrer leur montures, laissant place aux suivants. Elewë croisa Lindir menant Nuruhuinë, et lui fit un signe de la main, auquel celui-ci répondit de façon crispée. Pourvu qu'il se qualifie. Elle fit boire sa monture, s'assurant qu'elle ne s'était pas fait mal, et attendit le second tour. Quatre courses se succédèrent, et Lindir ressortit huitième de sa course. Il restait à présent cinquante concurrents en lice.
Enfin on annonça le deuxième tour, et les vingt-cinq cavaliers montèrent à cheval, et se dirigèrent vers la ligne de départ. A l'issue de cette course, quinze d'entre eux se qualifieraient pour les demi-finales. Comme pour la précédente, Elewë retint sa jument, la ménageant pour la finale, qu'elle savait pouvoir atteindre, vu le potentiel de sa monture. Cette-fois ci elle finit troisième, ayant décidé de faire monter la pression parmi ses adversaires, montrant qu'elle n'était pas une simple cavalière là par hasard.
A sa suite, Lindir fit dixième, qualifié lui aussi pour la suite, mais fatigué par les deux courses précédentes.
Les deux amis se retrouvèrent ainsi en demi-finale, et au prix d'un effort un peu plus consistant que durant les autres courses, et finirent respectivement deuxième et neuvième sur quinze. Son ami se qualifiait de justesse. Elewë finit derrière un grand étalon bai monté par un elfe à la chevelure blonde. C'étaient des adversaires puissants, il fallait qu'elle les surveille pendant la finale. Une pause d'une demi-heure fut accordée aux vingt derniers concurrents, puis après avoir ré-harnaché leurs montures, les cavaliers se dirigèrent vers la piste.
L'elfe présentateur redonna les noms des concurrents, et la jeune fille reçut une ovation à son nom. Le public avait repéré cet étrange elfe masqué monté sur cette petite jument apparemment faible, mais qui avait surpris tout le monde en faisant preuve d'endurance et vitesse.
Les chevaux piaffaient sur la ligne, sentant la tension placée dans cette course. Les cavaliers se dévisageaient, planifiant leur course à l'avance. Enfin le départ fut donné.
Elewë poussa Ninqueloté, suivant le chemin tracé par l'étalon bai, se plaçant ainsi en seconde position. Pendant les deux tours, la jeune elfe vit l'écart entre les deux premiers et le reste se creuser, et elle se concentra sur le duel qu'elle menait avec l'elfe blond. Quand arriva le dernier tour, elle encouragea au maximum de la voix sa jument, l'incitant à se détacher de l'étalon.
Mais celui-ci tenait bon. La foule s'était tue, subjuguée par le duel de titans qui se déroulait sous leurs yeux. On n'entendait que le roulement et le martèlement des sabots sur le sol, frappant celui-ci de plus en plus vite. Le reste avait été distancé depuis longtemps, seul comptait la petite jument grise et le grand bai qui s'affrontaient.
Il ne restait plus que trois-cent pas à parcourir, et les deux chevaux étaient toujours épaule contre épaule, leurs cavaliers penchés sur l'encolure afin de faciliter la course de leurs montures. Plus que deux-cent pas. L'étalon se détacha légèrement, prenant la tête de la course. La foule commença à se réveiller, invectivant les deux concurrents.
« Plus vite Ninqueloté, plus vite !
La petite jument était épuisée par les courses qu'elle avait du courir, et la fatigue se faisait ressentir. Mais la voix suppliante de sa maitresse la força à puiser dans ses dernières forces. A prix d'un immense effort, la petite jument remonta l'étalon sous les cris des spectateurs, revenant à son niveau. Elewë vit le regard étonné de l'elfe pensant avoir distancé son concurrent. Épuisées, les montures finirent la course épaule contre épaule, n'ayant plus la force de devancer l'autre.
Ils passèrent la ligne d'arrivée sous les vivats de la foule. La jeune elfe mit immédiatement pied à terre, laissant sa jument trempée et épuisée sur la piste, partit en courant vers les écuries, et revint tout aussi vite avec un seau d'eau, une couverture, un licol et un seau de pommes. Ignorant les concurrents passant autour d'elle et la foule qui hurlait, elle retira la selle et le licou de la jument, lui passa le licol de corde, attacha la légère petite couverture, laissa aux elfes de service le soin de ramener son matériel, et fit marcher la petite jument tout autour de la piste, s'arrêtant de temps en temps pour la faire boire et lui donner une pomme. Le public apprécia d'autant plus cet elfe mystérieux, voyant le soin qu'il apportait à sa monture.
Une fois que la jument eut un peu récupéré, Elewë la ramena dans sa stalle, vérifiant son seau d'eau et sa mangeoire, rajusta son foulard, et se dirigea avec les quatre premiers dans l'arène. Lindir avait fini neuvième sur vingt, résultat très honorable, son étalon n'étant pas typé pour la course. Les cinq meilleurs sortirent dans l'arène sous les vivats de la foule.
Ils se dirigèrent vers le milieu de l'arène, se plaçant face à la tribune princière.
Elrohir observa les cinq elfes lui faisant face. Il détailla les trois derniers concurrents, mais seuls les deux vainqueurs l'intéressaient. L'elfe masqué plus particulièrement. Il lui semblait l'avoir déjà aperçu, mais où … Soudain, cela lui revint : c'était l'elfe qu'il avait bousculé dans sa hâte de rejoindre son père ce matin. Il remarqua que celui-ci n'osait pas le regarder, craignant de l'avoir vexé. Il sourit. Ainsi cet elfe avait gagné la première épreuve. Et bien, il suivrait avec une attention toute particulière son parcours, ayant le pressentiment qu'il ne cesserait d'être surpris par ce concurrent.
La foule l'avait elle aussi compris, et quand l'elfe présentateur l'annonça sous le nom de « l'elfe mystérieux », une ovation couvrit sa voix.
Gênée d'être ainsi au centre de l'attention, Elewë baissa la tête, mais se ressaisit rapidement en pensant qu'un homme ne paraitrait pas aussi gêné en de telles circonstances. Elle se força donc à se redresser, et parcourut la foule en délire du regard. Celui-ci se posa sur le prince Elrohir, qui lui sourit, amusé.
Ainsi il l'avait reconnue. Il ne semblait pas lui en vouloir outre mesure, et se détendit.
Elle reçut la feuille d'or indiquant sa victoire ex-æquo, et l'épingla à la doublure de sa tenue. Elle regarda en souriant le ciel bleu dans lequel brillait avec fougue le soleil. Ce tournoi ne se déroulait pas si mal que ça pour l'instant, et elle attendait avec impatience de voir la suite de la journée, avec la seconde épreuve du tir à l'arc.









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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeJeu 5 Jan - 10:35:44

Vous l'attendiez tous, le voilà !!! J'ai enfin réussi à me remettre au travail What a Face
Dsl s'il est plus long que les précédents, j'avais beaucoup de choses à dire ^^
Enjoy ! cheers

Le tournoi – partie 2


Après la remise des récompenses, un buffet fut organisé pour les participants, de grandes tables ayant été dressées à la sortie de l'arène, couvertes par de grand chapiteaux pour les ombrager. En effet, le milieu de journée passé, le soleil se faisait à présent sentir et un peu d'ombre n'était pas déprécié. Se créant un chemin parmi les elfes tout en discutant avec entrain, Lindir conduisit son amie à une des tables, et s'y installa, ayant préalablement rempli son assiette des nombreuses victuailles mis à leur disposition.
Ils mangèrent en silence, appréciant ce réconfort après les épreuves, ne répondant que d'un sourire les félicitations adressées régulièrement à leur encontre. Une fois rassasiés, ils se rendirent aux écuries voir si leurs montures récupéraient bien de leurs efforts. Ils prirent ensuite leurs affaires qu'ils avaient déposés plus tôt contre leur stalle, puis se dirigèrent vers la zone de tir à l'arc installée non loin de la cité, discutant avec enthousiasme des événements de la matinée, et de ceux qui allaient suivre.
La zone de tir s'étendait sur plus de deux-cent pas de long, et une dizaine de cibles étaient positionnées à intervalles réguliers sur la longueur. La zone était déboisée, mais les arbres entouraient le fond et les deux côtés du terrain, laissant à découvert uniquement la face sud, seul endroit d'accès.
Galvanisée par sa prestation du matin, Elewë se sentait sereine, son angoisse disparue. Elle retrouva avec plaisir le maniement de son arc, son arme de loin la favorite. La jeune elfe tira quelques traits avec peu de distance, s'échauffant simplement les muscles des bras. Elle ne comptait pas révéler tout de suite son aisance dans ce domaine, préférant se réserver pour les dernières phases de la compétition.
Au bout de deux heures, les spectateurs commencèrent à affluer, se cherchant une place correcte -du moins essayant d'en atteindre une, la surface ne pouvant accueillir autant d'elfes que l'immense arène- afin de mieux profiter de l'épreuve, parfois grimpant dans les arbres environnants.
La famille royale prit place dans la petite tente dressée sur le côté sud, profitant pleinement du spectacle. Elewë aperçut les jumeaux princiers Elladan et Elrohir, et une fois de plus son attention fut retenue par le second. Il dégageait un fort charisme, et éclipsait son jumeau.
Les participants se retirèrent dans la grande tente placée à côté de l'espace de tir, dans laquelle était affichée le programme de la compétition. Chaque participant prendrait part à trois manches, par groupe de dix elfes, pendant lesquelles la hauteur, la distance et la difficulté seraient variables. A l'issue de ces trois manches, les organisateurs comptabiliseraient les résultats de chacun, et comme précédemment les cinq premiers se verraient récompenser. Ici, chacun était face à soi-même. On ne comparerait les scores qu'à la fin des séances de tirs.
Elewë s'approcha du programme une fois que la masse des elfes s'en fut allée, et nota que son groupe ne participait à la première manche que dans une heure. Elle avait le temps d'aller se trouver une place discrète, et d'observer ses adversaires. Elle souhaita bonne chance à Lindir, dont le groupe passait en premier, et se dirigea discrètement vers un des plus grands arbres de la face sud-est, ayant ainsi une bonne vue sur les cibles et les archers.
Agile comme un félin, personne ne la vit monter, et elle put s'installer à sa guise dans l'arbre afin de contempler les séances de tirs sans qu'aucun elfe ne se rende compte qu'elle était perchée au-dessus d'eux.
Elewë put donc se préparer aux différentes difficultés présentées durant la première manche, contrairement aux premiers concurrents qui découvraient ce qu'on attendait d'eux.
On plaça les cibles à environ soixante-quinze pas des archers, sans aucune autre difficulté que de devoir tirer droit. Les cibles furent ensuite reculées à quatre-vingt-dix pas, et là quelques flèches loupèrent leur centre. Elle furent à nouveau reculées, cette fois-ci à une distance d'environ cent pas. Peu de flèches atteignirent le centre des cibles, ou du moins les zones les plus proches. Elewë vit avec fierté Lindir planter ses flèches non loin du centre. Leur entraînement avait porté leurs fruits.
Le premier groupe finit, et le deuxième lui succéda. Quelques minutes après le début, Elewë entendit du bruit. Quelqu'un grimpait dans l'arbre. Elle se retourna, et vit le visage victorieux de son ami apparut derrière une branche, qui se hissa jusqu'à elle.
« Comment m'as-tu retrouvée ? Lui demanda-t-elle, amusée. Je pensais m'être suffisamment bien cachée.
Lindir lui sourit
« Tu oublies que je te connais depuis quelques centaines d'années, et qu'à force je connais tes habitudes. Tu ne manques jamais d'être cachée, et je me doutais que tu voudrais regarder les tirs. Par déduction j'ai donc choisi le plus gros des arbres situé en face des cibles. »Son petit air de fierté non dissimulée la fit rire.
Il se plaça à côté d'elle sur la grosse branche, et ils commentèrent les tirs de tel ou tel archer, pariant sur ceux ayant le plus de chance d'atteindre le haut du classement. Les deuxième, troisième et quatrième groupes se succédèrent ainsi, et Elewë dut à regret descendre de son perchoir lorsque le cinquième groupe fut appelé.
« Bonne chance, lui souffla Lindir, le visage déjà tourné vers le terrain. Il ne se souciait pas tant que ça de cette manche, il savait que pour la jeune elfe ce ne seraient que des formalités.
La jeune fille rejoignit la ligne des archers, prenant bien soin de resserrer son foulard. Lorsqu'elle s'avança, de nombreux murmures se firent dans l'assemblée, chacun attendant de voir ce que réserverait l'elfe mystérieux durant cette épreuve. Serait-il à la hauteur de sa prestation de la matinée ? Beaucoup le suivaient avec attention.
Elewë saisit son arc et passa son carquois sur les épaules, préférant tirer ainsi. Beaucoup la dévisagèrent bizarrement, car tous avaient préféré ranger leur carquois et leurs flèches dans les grandes caisses positionnées à leurs côtés, leur donnant ainsi une plus grand facilité de mouvement.
La jeune elfe haussa les épaules, tendit la corde de son arc, encocha une flèche, amenant la corde jusqu'à la commissure de ses lèvres, puis attendit le signal. Celui-ci ne se fit pas tarder, et bientôt dix cordes furent lâchées, et autant de flèches volèrent jusqu'aux cibles situées soixante-quinze pas plus loin. C'est sans grand étonnement que toutes les flèches se figèrent quasi dans les centres des cibles.
Deux autres tirs se succédèrent, et presque toutes atteignirent le même endroit. Pour l'instant, l'opération nécessitait peu de concentration, et Elewë laissa vagabonder son esprit, observant chacun de ses concurrents. Elle aperçut ainsi le grand elfe blond qui avait ce matin fini avec elle ex-æquo. Elle lui adressa un signe de tête respectueux, auquel celui-ci répondit de la même façon. Un respect mutuel s'était forgé entre les deux elfes, issu de leur admiration pour les capacités de l'autre.
Les archers se préparèrent à la seconde partie de la manche, tandis que les cibles étaient reculées de quinze pas. Encore une fois, Elewë tira machinalement, la distance ne nécessitant pas beaucoup de concentration pour elle. Ses jets se figèrent dans le centre de la cible, et elle observa celles des autres concurrents : sur les dix, quatre d'entre eux n'atteignirent pas le centre à plusieurs reprises, et une pointe de déception se fit sentir dans la rangée.
L'elfe sourit. L'épreuve se déroulait encore mieux qu'elle ne l'avait espérée.
Les concurrents récupérèrent leurs flèches, vérifiant l'état des pointes et empennages, puis les cibles furent à nouveau reculées à cent pas. Cette fois-ci Elewë entreprit sa démarche de tir habituelle : elle décocha une flèche, puis s'immergea dans son esprit. Elle fit le vide en elle, visualisa sa Flamme- celle de sa force intérieure- et se laissa aller à la douce torpeur qui s'installait en elle. Elle entendit l'écho du signal, et d'un mouvement fluide lâcha la corde de son arc. Elewë n'ouvrit les yeux que lorsqu'elle entendit le bruit mat du jet se figer dans la cible, et les murmures de surprise de la foule.
Sa flèche était plantée dans le centre de la cible, comme prévu. La jeune elfe réalisa deux autres fois la même prestation, le murmure de la foule se faisant plus fort à chaque tir. La première manche terminée, les elfes se retirèrent sous les applaudissements du public, laissant les organisateurs préparer la manche suivante.
Elewë échappa rapidement à la foule, et rejoignit discrètement Lindir dans l'arbre. Elle s'installa sur une grosse branche, puis se cala contre le tronc.
« Bien joué. Lui fit son ami lorsqu'elle se tourna vers lui.
« Bah, tu sais bien qu'il n'y avait rien de très compliqué dans cette manche. Fit-elle avec un petit sourire
Il lui rendit, puis ils se tournèrent vers le terrain. Comme précédemment, Lindir fut appelé avec le premier groupe. Elle l'encouragea brièvement, puis se cala plus confortablement contre le tronc de l'arbre, ses paupières devenant lourdes. Elewë mit quelques minutes avant de s'assoupir, et fut réveillée par une main qui la secouait.
« Elewë, Elewë, réveille-toi !
« Huuumm ….. Elle ouvrit les yeux et vit Lindir penchée au dessus d'elle, mi-angoissé mi-amusé..
« Désolée, je crois bien que je me suis endormie …
« Je crois bien que oui. » Répondit-il en souriant. « Tu devrais te dépêcher de te réveiller, c'est bientôt ton tour. Et pense à remettre ton foulard en place.
Elewë se redressa, attendit d'être complètement réveillée, puis descendit de l'arbre.
La foule acclamait le troisième groupe, en particulier un elfe qui avait réussi à planter sa flèche dans la cible malgré la difficulté.
L'elfe se dirigea vers son groupe tandis que le quatrième faisait ses tirs. Elle rejoignit l'elfe blond qui observait la compétition à distance des autres. Celui-ci la regarda avec un sourire
« Facile, non ?
« Plutôt, mais être trop sur de soit fait commettre des fautes qui d'ordinaire n'auraient pas eu lieu. Mais, je ne me rappelle pas avoir eu l'occasion de vous demander votre nom. Quel est-il ? »
« Orodreth » répondit-il tandis qu'il lui tendait la main.
Elewë fut étonnée pendant une fraction de seconde, mais elle se reprit rapidement, lui serrant la main avec un sourire. «Enchanté ».
« Et vous, avez vous un nom autre que «l'elfe mystérieux»? D'ailleurs, pourquoi portez-vous ce foulard ? Êtes vous laid à ce point ? » demanda-il, malicieusement.
Elewë sourit.
« Je me nomme Elurín. Et monseigneur, il y a certaines choses qu'il vaut mieux parfois cacher.
« Talentueux et mystérieux à la fois … Je vois. Ah, c'est à nous ! Bonne chance, même si vous ne paraissez pas en avoir besoin !
« Merci, vous de même.
Ils se dirigèrent chacun vers leur place sur la ligne de tir, entourés par les autres concurrents.
Pour la seconde manche, les cibles avaient été reculées deux pas plus loin, et certaines avaient été fixées en l'air, dans les branches des arbres. Les archers devaient pour le premier tir toucher uniquement les cibles à terre.
Après avoir vérifié que sa corde était bien tendue, Elewë encocha une flèche et banda son arc. Elle ajusta sa direction en prenant compte de la distance supplémentaire et du faible courant d'air filtrant à travers les arbres, puis s'immergea à nouveau dans son rituel, respirant profondément en attendant le signal.
L'écho de celui-ci lui parvint et elle lâcha la corde, le sifflement de la flèche retentissant dans ses oreilles. Cette fois-ci elle avait ouvert les yeux dès la flèche lancée, et suivit au ralentit la trajectoire qu'elle prit. La flèche se planta dans le centre, à la limite de la zone inférieure. Des vivats retentirent dans la foule, saluant une fois encore l'extraordinaire prestation du candidat.
Elewë vit que Orodreth avait planté sa flèche dans le troisième cercle en partant du centre, une bonne prestation vu la distance. Cet elfe était décidément très doué. Même s'ils étaient apparemment devenus amis, elle devait se méfier de lui.
Elle détourna son regard vers les cibles à terre qui furent retirées. Désormais les archers devaient viser les cibles accrochées dans les arbres. La difficulté était dans le fait que la brise venait de se lever et les faisait tanguer, rendant plus ardue la visée.
Aucun bruit ne parvenait de la foule, complètement absorbée par l'épreuve qui se présentait devant eux. Chacun se demandait comment les archers arriveraient à tirer aussi loin, et surtout en prenant compte du mouvement de la cible.
Elewë encocha à nouveau une flèche, et cette fois-ci se fondit entièrement dans sa torpeur. La difficulté était plus grande, mais elle pouvait gagner si elle se concentrait exclusivement sur son tir. A nouveau le signal retentit, et elle laissa la flèche filer. Elle ouvrit les yeux, suivant du regard sa flèche, espérant qu'elle avait réussi à prévoir le mouvement de pendule de la cible.
Une fois encore elle ne fut pas déçue. Sa flèche se figea dans la seconde zone en partant du milieu, alors que de nombreux traits filaient au-dessus -ou bien à côté- des cibles. L'elfe blond avait planté de justesse sa flèche dans sa cible.
Elewë répéta une seconde fois son exploit, encouragée par la foule éblouie par sa performance. A la fin de la seconde manche, elle fut ovationnée lorsqu'elle quitta la zone de tir. Lindir la rejoignit en courant.
« Tu as été extraordinaire ! Vous avez été bien malchanceux que le vent se lève à ce moment ! Cette manche nous a montré que tu es celle qui va gagner, c'est couru d'avance !
Elewë sourit. « Merci Lindir, mais l'épreuve n'est pas terminée, il reste la troisième manche, et je peut encore perdre.
« Ne sois pas si modeste Elewë, tu as su triompher des difficultés, seul un incident pour t'empêcher de réussir.
« Justement, un incident est bien vite arrivé.
Lindir leva les yeux au ciel et lui sourit, puis l’entraîna vers la grande tente. Des boissons fraîches étaient laissées à l'attention des participants, et les deux amis échangèrent quelques plaisanteries avec les candidats attendant le début de la troisième manche.
Lindir fut bientôt appelé, et après l'avoir vivement encouragé, Elewë décida d'aller observer la manche de plus près, se rendant près des barrières marquant la limite de la zone de tir. En chemin elle croisa dans la foule un elfe qui la regarda froidement, la jaugeant du regard. Quand elle se retourna pour l’apercevoir il avait déjà disparu.
Elewë avait cru voir sur son épaule le symbole indiquant que l'elfe était un organisateur. Bah ! c'était sans importance, elle ne croiserait sûrement plus cet elfe, se dit-elle en haussant les épaules. Elle atteignit la barrière en se frayant un passage, et pu observer Lindir tirer.
Pour la troisième manche, les cibles avaient été fixés sur des rails faits de bois, glissants dans des rondins, et manipulés par des elfes qui se cachaient derrière elles, de crainte de recevoir un trait. Les cibles se déplaçaient ainsi le long du rail, de droite à gauche. Pour le premier tir, elle avaient été placées à soixante-quinze pas de la ligne de tir.
La première volée de flèche fut tirée, et quelques unes atteignirent les cibles, les autres se plantant derrière. Une flèche frôla l'oreille pointue d'un elfe qui injuria son tireur. La foule rit et une fois la stupeur passée, l'elfe qui avait vu l'intégrité de son oreille en danger se mit à rire aussi.
Les archers tirèrent alors la seconde volée sur les cibles ayant été reculées à quatre-vingt-dix pas. Comme précédemment, peu se figèrent dans la cible. Lindir réussit à planter la sienne dans la quatrième zone. Quelques encouragements furent lancés aux concurrents.
Pour le troisième tir -avec les cibles reculées à cent pas- Elewë vit les sourcils de son ami se froncer sous la concentration intense. Le signal fut donné, et cette fois-ci très peu de traits touchèrent leur but. Lindir réussit à planter sa flèche dans la cible, mais de justesse.
La foule salua les concurrents, et le second groupe leur succéda. Lindir repéra Elewë accoudée à la barrière, et la rejoignit.
« Et bien, ce ne fut pas une partie de plaisir. » Lui dit-il
« Tu t'en es pourtant très bien tiré », le rassura-t-elle
« On verra bien comment tu t'en sortiras » fit-il malicieusement.
Les deux amis observèrent les trois autres groupes se succéder, puis vint le tour d'Elewë. Après un dernier regard à son ami, elle se rendit à sa ligne de tir où elle retrouva Orodreth fixant les cibles du regard, murmurant des choses à lui-même.
« Toujours aussi facile ? » lui demanda-t-elle en riant
« Et bien … plus tellement » fit-il avec un petit sourire contrit.
Elewë lui sourit aussi, puis se dirigea vers sa marque. Elle respira profondément, puis encocha sa flèche et banda son arc. Elle calcula où elle devait viser pour tirer, puis visualisa sa Flamme. Le signal retentit, et les archers tirèrent leurs traits sous le silence complet de l'assemblée.
Celui d'Elewë se planta dans la deuxième zone, tandis que les autres traits filaient derrière les cibles. La foule applaudit, et les cibles furent reculées. Elewë se concentra sur le mouvement de va-et-vient de la cible, essayant de deviner où elle se trouverait quand le signal serait lancé. En même temps que les autres, elle décocha sa flèche, qui se planta avec un bruit retentissant dans la troisième zone.
Elle sourit, satisfaite de la façon dont se déroulait cette manche. Elle ne prit pas attention aux passages d'un homme derrière les archers -qui ne faisait on ne savait quoi. Elle encocha à nouveau une flèche, et se prépara à tirer. Au moment où le signal retentit, elle sentit le bas de son arc dévié vers la gauche par une force invisible, et son tir fut dévié, grimpant vers le ciel.
La foule eu des exclamations d'étonnement intense tandis que la flèche filait vers le haut. Elewë encocha une autre flèche à une vitesse incroyable, et visa sa première flèche. Son tir vint frapper le bas de la flèche, qui fut à nouveau déviée et qui fila à toute vitesse vers les cibles. Elle se planta avec un bruit assourdissant dans le centre de la cible.
La foule laissa éclater sa joie et sa surprise, ovationnant l'archer qui avait su prodigieusement renverser la situation. Elewë se retourna immédiatement après avoir vu son trait filer, et eut le temps d'apercevoir l'elfe qu'elle avait croisé auparavant. Elle n'eut pas le temps de courir qu'un cri retentit
« Attrapez cet elfe, attrapez-le !
Toute la foule se groupa devant la sortir sud de la clairière, empêchant l'elfe de s'enfuir. Il fut rapidement saisi par les soldats postés aux alentours, et conduit devant la tente royale. Elewë se fraya un chemin à travers la foule, et courut vers la tente, tout en vérifiant que sous foulard était toujours bien fixé.
Le Seigneur Elrond se leva de son siège, tandis que l'elfe était amené vers lui, maintenu fermement par deux soldats alors qu'il se débattait.
« Tu as osé perturber le déroulement de la compétition, et tenté handicaper un des concurrents. Parle ! Pour qui agis-tu ?
L'elfe refusa de parler, se débattant plus férocement.
« Parle maintenant, et ton châtiment n'en sera que plus léger.
Le prisonnier baissa la tête, vaincu, et murmura
« Le Seigneur Ambaráto …
« Parle plus fort que tous t'endent !
«  Le Seigneur Ambaráto !
Des murmures de consternation se firent entendre. Des soldats partirent tout de suite à la recherche du dit Ambaráto sur l'ordre d'Elrond, tandis que l'elfe était conduit en dehors de la clairière.
« Le problème réglé, nous allons maintenant procéder au compte des points et à la remise des récompenses pour les gagnants ! Que tout le monde retourne à sa place en attendant.
La foule applaudit, et chacun retourna où il était avant que l’événement ne se produise.
Elewë retrouva Lindir dans la tente des concurrents.
« Bravo, tu as été impressionnante ! Jamais je n'aurais réussi à récupérer ce tir !
Elewë sourit. « Je ne sais pas comment j'ai fait, j'ai senti ce que je devais faire, et ça a marché . » Ils discutèrent quelques instants de cet elfe et de l'homme qui l'avait payé, puis l'appel à se réunir retentit.
Tous les candidats se regroupèrent devant la tente royale, chacun se demandant comment il était classé. Le Hérault annonça le classement en partant de la fin, et chaque candidat était applaudit pour son résultat. Sur les cinquante candidats ayant participé à l'épreuve, Lindir finit onzième, une place très honorable. Orodreth fut appelé pour la troisième place, suivit d'un autre elfe inconnu, et enfin Elewë fut appelée.
La foule hurla quand le Hérault invita l'elfe mystérieux et les quatre autres meilleurs à s'avancer. Cette fois-ci la jeune elfe ne baissa pas la tête sous les vivats de la foule, mais observa plutôt le frère princier vêtu de marron et de bleu qui s'avançait pour remettre les récompenses aux gagnants.
Celui-ci distribua trois feuilles de bronze aux trois moins bon, une d'argent au second, puis se dirigea avec le coussin portant la feuille d'or vers Elewë. Il se pencha en avant pour accrocher la feuille en dessous de la première sur la veste de l'elfe, lui faisant un clin d’œil.
Elewë se sentit rougit, puis se ressaisit. Elle se tourna alors vers la foule qui criait, et la salua avec les autres gagnants. Elle aperçut Lindir qui lui souriait, et lui adressa un signe de main.
Encore une victoire, se dit-elle. Plus que deux étapes restantes sur le chemin de son rêve. Elewë sourit, radieuse, et se demanda ce que la compétition lui réservait encore.
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeJeu 12 Jan - 13:47:11

Rencontres inattendues


Une brise soufflait doucement dans les branches des arbres, faisant ondoyer les feuilles. Les rayons du soleil perçaient le feuillage , englobant tout Imladris dans une paisible et douce atmosphère. Dans un grand platane, un oiseau siffla une joyeuse drille. D'autres le suivirent, et bientôt les pièces résonnaient des doux piaillements de la petite chorale.
Elewë ouvrit les yeux, et se rendit compte que le soleil était levé depuis bien longtemps. Elle se redressa lentement dans son lit, laissant le temps à sa tête de retrouver sa lucidité, puis se leva, et s'approcha d'un pas léger vers la terrasse de sa chambre. D'ici la vue était splendide : elle pouvait voir les cours d'eau venant des glaciers des Monts Brumeux qui coulaient jusque dans la vallée, se terminant en magnifiques cascades dans lesquelles les rayons du soleil faisaient apparaître des arc-en-ciel.
Elewë respira profondément, goûtant avec plaisir la caresse du vent sur son visage et le chatoiement du soleil sur sa peau. Elle resta ainsi quelques temps à contempler le panorama. La jeune elfe ne redoutait pas que quelqu'un la surprenne sans son foulard : les elfes de la cité, matinaux pour la plupart, étaient déjà levés depuis longtemps, et vaquaient à leurs occupations.
Elle aperçut en bas dans la cité les commerçants qui ouvraient leurs boutiques, et les taverniers sortir leurs tables sur le devant de leur maison. Les passants commençaient déjà à affluer, en petit nombre, flânant dans les rues verdoyantes de la cité, parfois jetant un œil aux devantures des boutiques. Les marchands installaient leurs étalages, et des cris d'incitation à venir voir la marchandises commençaient déjà à se faire entendre.
Elewë sourit. C'était une belle journée aujourd'hui. Aucun nuage ne couvrait le ciel, si bien que celui-ci était entièrement bleu, d'un beau bleu ciel caractéristique du climat de la cité.
La jeune elfe retourna dans sa chambre, désormais complètement éveillée, et profitant du fait que Lindir dormait encore -quelle surprise !-, elle entreprit de faire sa toilette et de se changer. Prenant garde à ce que sa ceinture de tissu à la poitrine ne fasse pas de plis étranges, elle acheva son petit rituel matinal en nouant son foulard autour de son visage. Elle s'y était à présent accoutumée, et celui-ci ne le gênait plus dans sa vision ou sa respiration.
Elewë entendit Lindir qui se réveillait, et s'assit à côté de lui sur son lit.
« Debout petit troll, il est l'aube passée depuis bien longtemps !
Le seul son audible qu'elle perçut fut un joyeux grognement.
« Ooooh ma tête … » répondit-il , se tenant la tête dans les mains
« C'est ce qui arrive lorsque l'on boit de trop » lui répondit-elle en riant
En effet, la veille, la première journée du tournoi s'était clôturée par un petit banquet -le plus grand ayant lieu à la fin du tournoi-, et tous les concurrents avaient été rassemblés autour d'une immense table, d'autres accueillant des elfes illustres des cités tout autour d'eux.
L'elfe mystérieux avaient bien sur été à l'honneur de la soirée, chacun cherchant à trinquer avec Elewë, à parler avec elle. Elle avait tenté de se comporter en homme pendant la durée du banquet – car bien que peu féminine, elle avait quand-même acquit des manières de femme – rigolant aux blagues parfois frivoles des elfes autour d'elle, et mangeant moins délicatement qu'à son habitude.
Elle s'était retenue de trop boire, sachant que le lendemain après-midi serait consacré à l'épreuve du combat à main nues, et qu'elle devait garder toutes ses compétences physiques au maximum.
Mais Lindir lui n'avait pas fait dans la dentelle, et avait bu pintes sur pintes. Maintenant qu'elle voyait l'état de son ami, Elewë était bien contente de ne pas avoir suivi son exemple. Il semblait avoir reçu un warg sur la tête – et un gros, apparemment.
« Ah ah, très drôle, je suis plié de rire. » fit-il en bougonnant. Il se redressa tant bien que mal, Elewë se levant. Elle lui ramena la petite bassine d'eau de la toilette -au préalable vidée et renouvelée- et la lui posa sur les cuisses. Lindir entreprit de se débarbouiller, puis sortit de son lit -renversant au passage une partie de la bassine sur les draps.
Il commença à se changer, et sourit quand Elewë lui tourna le dos.
« Et bien, as-tu peur de t'évanouir en admirant mon corps de rêve ? » lui demanda-t-il avec un grand sourire.
« Non point, arrogant damoiseau, n'oublie pas que je t'ai déjà vu dans de pires situations, je ne veux juste pas te laisser ce plaisir » lui répondit-elle du tac au tac.
« Dis ce que tu veux, je sais que tu es intimidée par mon imposante carrure et mon charme fou.
« Cela doit être ça, oui » fit-elle en rigolant.
« C'est bon tu peux te retourner, tu as loupé tout le spectacle » lui dit-il au bout de quelques minutes.
Elewë se retourna, Lindir lui souriant. Elle lui rendit son sourire, puis attrapa sa cape, son épée et son arc.
« On sors ce matin ? » lui demanda-t-il
« J'ai envie de visiter la cité, pas toi ? Nous n'aurons sûrement pas beaucoup d'autres occasions d'y revenir, je préfère en profiter maintenant.
« Avec plaisir, mais pas avant d'avoir mangé !
Ils rirent tous les deux, puis leurs ventres grondèrent d'un parfait concert, et ils repartirent de plus belle dans un grand fou rire. Elewë s'essuya une larme au coin de l’œil.
« Allons-y avant qu'il ne soit trop tard.
Ils sortirent de leurs chambres pour se rendre dans la salle commune, traversant de nombreux couloirs avant de l'atteindre. Ils s'installèrent à une des grandes tables, remplirent leurs assiettes, puis s'attaquèrent à leur petit déjeuner.
Beaucoup d'elfes semblaient partager l'état de santé de Lindir, et Elewë se demanda comment ils feraient pour être assez en forme pour l'épreuve de cet après-midi. En parcourant la salle du regard, elle vit plusieurs elfes en train de discuter avec de grands gestes, parlant très fort, entourés par d'autres essayant de comprendre ce dont ils parlaient.
Elewë montra la scène d'un coup d'œil à Lindir, et d'un commun accord ils se levèrent et se dirigèrent vers l'attroupement. Parmi le groupe, beaucoup pestaient et paraissaient outrés. Les deux amis jouèrent des coudes afin d'atteindre le centre de l'attroupement, les elfes les laissant passer en la reconnaissant.
« Eh regardez c'est l'elfe mystérieux !
« Qu'est ce qu'il fait ?
« Il a pas l'air d'être au courant ! » Au courant de quoi ?, se demanda Elewë.
Elle atteignit bientôt les elfes au centre. Ceux-ci inclinèrent la tête pour la saluer, respectueux envers ce combattant d'élite dont tout le monde parlait. Personne ne voulait être dans ses mauvaises grâces, ne préférant pas risquer un duel, vu ses apparentes aptitudes. Elewë s'adressa à l'un d'eux, prenant une voix plus forte.
« Qu'est ce que ce regroupement signifie ? Quelque chose de grave ? » demanda-t-elle
« Non, monseigneur. C'est juste que nous venons d'apprendre que l'épreuve de combat à main nue de cet après-midi avait été remplacée par celle de combat d'armes. Paraît que l'épreuve a été annulée, on sait pas encore pourquoi. Les elfes que vous voyez sont pour la plupart fort mécontents de ce changement de programme, beaucoup comptant sur cette épreuve pour remonter dans le classement.
Des grognements d'acquiescement montèrent de la foule. Elewë fut surprise. Annuler le combat à main nue ? Mais pourquoi donc ? Le Seigneur Elrond devait surement avoir une très bonne raison. En son for intérieur elle était plutôt satisfaite : bien qu'après son entrainement intensif, le combat à main nue n'était pas son point fort, et elle se réjouissait de pouvoir conserver ses forces pour la dernière épreuve. La victoire était désormais encore plus proche qu'auparavant.
Elle réprima son sourire, et répondit à la foule
« Il doit bien avoir une explication. Je propose de me rendre auprès du Seigneur Elrond afin de plaider votre cause. Mais il me paraît fort peu probable qu'il revienne sur sa décision. » Des applaudissements et des remerciements jaillirent de la foule d'elfes s'étant rassemblés autour d'elle.
Elewë sortit du cercle, suivie par Lindir, et se dirigea vers la sortie. Quelques elfes l'encouragèrent, et les autres continuèrent à parler entre eux de l'évènement. Une fois sortie de la salle commune, elle se retourna vers son ami, désirant connaitre son avis.
« Qu'en penses-tu ?
«  J'en pense que tu es devenue une célébrité. Tout le monde te respecte et est pendu à tes mots. Tu sais que pour un peu je serais jaloux ? » lui répondit-il malicieusement
« Arrête, ils étaient juste contents que quelqu'un s'occupe d'eux et prenne en compte leurs protestations ! » Lindir leva les yeux au ciel.
«  Comme tu veux princesse. » Elewë sourit à l'utilisation de ce petit surnom. Lindir ne l'appelait pas souvent comme ça, sachant qu'elle aurait parfois préféré être un homme. Elle réalisa soudain qu'elle n'était pas censé être une femme, et jeta des regard angoissés autour d'elle, voir si quelqu'un l'avait entendu.
« Du calme, il n'y a personne » lui dit-il en souriant
« Fais tout de même attention !
« Promis, princesse » fit-il en tirant la langue. Elewë leva à son tour les yeux au ciel.
« Bon, tu voulais mon avis. » Il fit mine de réfléchir, puis répondit « bah j'en sais fichtrement rien de ce qu'il se passe !
« Bravo, ton intervention me fut remarquablement utile », répondit-elle, sarcastique, un sourire aux lèvres.
« A ton service. ». Il esquissa une petite révérence. Ils rirent tous les deux, puis se dirigèrent vers la sortie du bâtiment, passant par le grand Hall que Elewë avait traversé le matin précédent. Elle fut à nouveau surprise par la grandeur qu'il imposait.
Une fois dehors, Lindir lui demanda :
« Bon alors on va voir Elrond ?
« Je ne vois pas d'autre chose à faire, à moins que tu n'aies une meilleure idée.
« Ce n'est pas le cas. Allons-y.
Ils se dirigèrent vers la demeure royale, slalomant entre les passants devenus plus nombreux. Les badauds se retournaient sur leur passage, certains murmurant son nom. Les effluves du pain chaud et de viande à la broche arrêtèrent plusieurs fois Lindir, qui fut trainé en riant par Elewë. Après quelques détours, ils atteignirent rapidement le bâtiment gardé par des soldats de la garde royale. Ils se firent annoncer, puis attendirent qu'un elfe vienne les chercher pour les mener vers la salle d'audience.
Contrairement à de nombreux monarques qui auraient pu construire la pièce très en longueur afin d'impressionner les arrivants, et assurer leur autorité, le Seigneur Elrond avait fait construire cette pièce en grande simplicité, ne faisant accrocher que quelques ornements sur les murs.
Les deux amis atteignirent rapidement le trône où siégeait le monarque. Elewë remarqua que une fois encore les jumeaux étaient présents. Ils devaient apprendre leur futur rôle de souverain en assistant leur père. La jeune elfe fixa Elrohir quelques instants, puis dirigea son regard vers le Seigneur Elrond.
Celui-ci était de taille moyenne, brun, avec des yeux qui semblaient contenir toute la sagesse de ce monde. Il paraissait avoir cinquante années, et Elewë se demanda combien il en avait en réalité. Sûrement beaucoup, car elle avait entendue dire qu'il avait pris part au combat de la Dernière Alliance aux côtés des Hommes contre Sauron il y a de cela près de 2000 ans. Une rumeur prétendait qu'il était encore plus vieux, racontant que ses origines remontaient jusqu'à l'illustre temps de la cité de Númenor. On racontait aussi qu'il serait en réalité un Demi-Elfe, de père lui aussi Demi-Elfe et de mère elfique, et qu'il aurait choisi l'immortalité tandis que son frère jumeau, Elros, choisissait de devenir humain, régnant sur la cité de Númenor.
Elewë sortit de ses pensées lorsque ce dernier s'adressa à elle.
« Que me vaut le plaisir de cette visite, seigneur Elurín ? Ou plutôt devrais-je dire, « elfe mystérieux », lui demanda-t-il, un petit sourire aux lèvres
« Et bien de nombreux elfes ont eu vent ce matin de la nouvelle indiquant que l'épreuve de lutte à main nue a été annulée, et que celle de combat d'armes a été avancée. Je me suis proposée pour aller demander confirmation auprès de vous, et surtout de les renseigner sur la raison de cette suppression qui chagrine nombre d'entre eux.
Le sourire du monarque se fana, et une expression de regret parut sur son visage.
« Croyez bien que je regrette tout autant que vous cette décision, mais je n'ai pas eu le choix. Les Rôdeurs du Nord subissent de plus en plus d'attaques sur leurs terres, et nous devons au plus vite leur porter secours. Je ne supporterais pas de perdre plus de temps en amusements avec ce tournoi alors que chaque jour des elfes meurent au combat. Nous aurons besoin de temps pour former au mieux les guerriers qui partiront là-bas, et le plus tôt sera le mieux. J'ai donc décidé d'écourter le tournoi en supprimant l'épreuve qui me paraissait la moins importante.
Elewë fut bouleversée par la nouvelle. Elle se ressaisit immédiatement.
« Votre décision vous honore Seigneur, et nous laisse entrevoir un peu plus votre sagesse et votre clairvoyance. » Fit-elle en s'inclinant respectueusement. « J'essaierais au mieux de faire comprendre aux candidats déçus les motivations de votre décision ».
Elrond lui répondit par un sourire reprit par ses deux fils. En plus d'être un combattant hors-pair, cet elfe était un fin stratège, et un homme juste. Décidément, il l'appréciait de plus en plus, et espérait qu'il gagne la dernière manche comme il avait gagné les autres.
« Je vous remercie de votre compréhension et espère que les autres concurrents sauront réagir comme vous. Avez vous autre chose dont vous vouliez me parler ?
«  Non mon Seigneur, je ne vous dérange pas plus longtemps. » Elle s'inclina vers lui et ses fils, puis après que Lindir l'ait imité, se retira. Ils ne se mirent à parler qu'une fois les portes de la salle refermées.
« Ouah, quelle nouvelle ! Si jamais je m'étais attendu à ça ! » s'exclama son ami
«  Je suis comme toi, jamais je n'aurais pu penser que la guerre était aussi avancée ! Le Seigneur Elrond est vraiment l'elfe le plus sage et avisé que je connaisse. Nous avons de la chance de l'avoir comme souverain des elfes avec la Dame Galadriel et le Seigneur Thranduil.
Lindir acquiesça. « Tout à fait d'accord. » Il marqua une pause « et puis sa décision n'est pas sans te désavantager. » Ainsi il avait pensé à la même chose qu'elle.
« Il semblerait bien que ce tournoi va être plus facile que je ne l'avait espéré » fit-elle en souriant. « Il ne reste plus qu'à annoncer la nouvelle aux autres concurrents. Certains risquent de ne pas apprécier.
« Ne t'en fais pas, si c'est toi qui leur dit, tout passera très bien. » la rassura-t-il, amusé.
«  Si tu le dis » répondit-elle, peu persuadée.
« Tu sais bien que j'ai toujours raison, fais-moi confiance ». Il arbora un petit air fier qui les fit rire tous les deux. Au moment de sortir du palais, Elewë se rendit compte qu'elle avait une envie pressante qui ressortait après le stress de la rencontre et en informa son ami.
« Pars devant moi, je te rejoins dans peu de temps, j'ai une envie pressante
« Et bien tu ne te refuses rien, des toilettes royales ! » fit-il en riant. Elle lui tira la langue, puis retourna sur ses pas, le laissant continuer seul. Elle en avait pour peu de temps, elle le rattraperait sur le retour.
Elewë parcourut de nombreux couloirs, se mettant à courir au bout de quelques minutes qu'elle tournait en rond. Elle passa d'un pas rapide un tournant, ne faisant pas attention à ce qu'il y avait devant elle, et percuta quelqu'un de plein fouet.
Encore ! Mais qu'es-ce qu'elle avait à se prendre ainsi sans arrêt les gens dans la tête ?! Elewë se releva lentement, vérifiant qu'elle ne s'était pas fait mal, et se retourna vers la personne qu'elle avait malencontreusement percutée.
Elle écarquilla grand les yeux. Une grande et magnifique jeune femme aux longs cheveux bruns lui tombant dans le dos et aux yeux d'un bleu pur se tenait devant elle. Elle était vêtue d'une longue robe bleu-marine et rouge aux longues manches pendantes. Une aura de beauté à l'état pur se dégageait d'elle, éclipsant tout autre chose à côté d'elle. Ce n'était autre que la Dame Arwen, l'Étoile du Soir, et qui plus est la fille du Seigneur Elrond, qui se trouvait devant elle. Bon Dieu mais qu'est-ce que j'ai fait pour percuter en chaine les membres de la famille royale ?!? Elle se maudit intérieurement.
La princesse la regardait elle aussi avec étonnement, et Elewë se rendit compte avec horreur que dans l'action son foulard avait glissé de son visage, dévoilant ses traits féminins. Elle voulut fuir et faire demi-tour, mais une main s'accrocha à son bras, la retenant.
« Attendez, ne partez pas ! » Il y avait tellement de douceur et de gentillesse dans sa voix qu'elle se retourna, affrontant le regard de son interlocutrice.
« Ainsi donc l'elfe mystérieux est une femme ! » fit-elle surprise.
Elewë baissa le visage, honteuse d'avoir été découverte. Elle se demanda ce qui l'attendait à présent. Elle avait désobéi la loi interdisant aux femmes de faire partie de l'armée. Elle attendit avec anxiété la sanction qui n'allait pas tarder à tomber. Arwen se rendit compte de la gêne d'Elewë et la rassura.
« Ne vous inquiétez pas, je ne dirais rien à personne.
Elewë la regarda, ébahie
« P... Pourquoi ne le feriez vous pas ?
« Tout simplement parce que je vous admire, votre courage autant que vos capacités. J'ai dû moi-même passer plusieurs centaines d'années à convaincre mon père et mes frères que je pouvais moi aussi prendre les armes, et être aussi forte qu'eux. Maintenant ils l'acceptent très bien, mais voient toujours mal le fait qu'une femme se batte. Ce serait une bonne leçon pour tous ces elfes qu'une femme soit la gagnante d'un tournoi constitué de l'élite masculine. C'est pourquoi je vais vous soutenir, afin que chacun ne doute plus jamais du courage et de la force des femmes.
« Je ne vous remercierais jamais assez Dame Arwen. » Elle s'inclina respectueusement.
« C'est moi qui vous remercierais lorsque vous aurez gagné ce tournoi. » fit-elle en souriant. « Au fait, quel est votre véritable nom ?
« Elewë, ma Dame.
« Elewë, appelez-moi Arwen, vous me donnez l'impression d'être plus vieille que je ne le suis » lui répondit-elle en riant.
« Très bien ma Dame, euh Arwen. » elle sourit
« Allez-y Elewë, et gagnez ce tournoi ! N'oubliez pas de remettre votre écharpe, ce serait dommage que quelqu'un d'autre que moi découvre qui vous êtes.
« Vous avez raison. Merci de votre silence Arwen.
Elewë fit demi-tour. Elle vit Arwen qui continuait à marcher comme si rien ne s'était passé. Elewë sourit à la pensée de ce qu'il venait de d'arriver. Elle avait à présent une grande alliée dans son camp au cas-où les choses tourneraient mal, même s'il y avait peu de chances que ce soit le cas.
Elewë refit le chemin inverse à travers les couloirs du palais. Elle s'arrêta plusieurs fois, ayant l'impression d'être suivie. Bah, elle devait surement se faire des idées.
Elewë mit quelques minutes à trouver la sortie du palais. Elle s'arrêta devant la porte, contemplant le paysage. Elle s'apprêtait à sortir, quand elle fut entrainée violemment vers l'arrière, une main s'agrippant fermement à son visage. Elle sentit une drôle d'odeur, puis commença à vaciller. La dernière chose qu'elle réussit à penser fut qu'elle était en train de se faire enlever, et droguée.
Elewë bascula, sentant des bras la retenir, la soulever et l'emporter. Où l'emmenaient-ils ? Elle n'eut pas le temps d'y penser, car elle sombra dans les ténèbres.
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeSam 3 Mar - 20:54:36

Et voilà mon nouveau chapitre ! Je suis assez dubitative sur le début, mais pas mécontente de ma scène de combat. Bonne lecture ! Very Happy


Confrontation mortelle



Lorsque Elewë se réveilla, la première chose à laquelle elle pensa fut que ces abrutis ne s'étaient pas contentés de l'endormir bien gentiment. Une forte douleur à la tempe lui confirma son hypothèse, et elle garda les yeux crispés par la douleur. Ils avaient du probablement vouloir être certain qu'elle était endormie, et terminer par la méthode musclée.
Génial. En plus de s'être fait enlevée, elle se retrouvait avec un joli maux de tête, et dans l'incapacité de réfléchir à la manière de sortir.
Car il lui fallait bien évidemment s'évader, d'une part pour faire passer à ses kidnappeurs l'envie de recommencer, et si possible de manière définitive ; et de l'autre, pour réussir à rejoindre la compétition. Elle n'avait pas attendu toutes ces années pour avoir enfin la chance de réaliser son rêve, et faillir au dernier moment.
Elewë ouvrit alors les yeux, et les referma immédiatement. Le Noir. Complet. Écrasant. Elle était enfermée dans une pièce où régnait un noir absolu. Son pouls s'accéléra de façon incontrôlée, et un nœud se forma dans le creux de son ventre, lourd comme une pierre.
Elewë se força à calmer sa respiration, mais rien n'y fit. Foutue claustrophobie ! C'était bien le moment de se manifester, alors qu'elle devait absolument s'échapper. Oui mais voilà, aucun de ses membres ne répondaient, complètement tétanisés par la peur.
Sa respiration se fit de plus en plus difficile, et toutes les tentatives que la jeune elfe fit pour reprendre le contrôle de son corps furent vaines. Elewë était là, allongée contre ce sol gelé, se débattant vainement pour seulement tenter de réfléchir, d'oublier toute cette douleur, et cette crise qui l'épuisait de plus en plus.
Le temps passa. Combien exactement ? Elle n'en avait aucune idée, elle avait perdu la notion du temps. Était-elle éveillée depuis une heure, deux, ou même plus ? Quoi qu'il en soit, le déclic d'une porte la tira de son épuisement, et elle puisa du courage dans le faible rai de lumière qui apparut.
Elewë se redressa tant bien que mal , ses mains ligotées dans son dos, et elle fut aveuglée par cette lumière qui s'était intensifiée, la porte étant désormais grande ouverte.
Elle entendit des bruits de pas lourds qui s'approchaient d'elle au fur et à mesure qu'elle reprenait son souffle, et tentait de se calmer. Dans un bref éclair de lucidité, elle espéra que son foulard n'avait pas glissé, et que son identité n'était pas compromise.
Au diable mon identité ! Pensa-t-elle, ces hommes vont probablement me tuer, ou bien me blesser, ce n'est vraiment pas le plus important, réfléchit bon sang !
Elewë fut tirée de ses pensées par une voix grave et caverneuse.
«  Alors, comme se porte notre « elfe mystérieux » ? Sa voix était chargée de dédain, et la jeune elfe entendit d'autres voix d'hommes, qui ricanaient derrière lui. Elle plissa les yeux, et réussit enfin à apercevoir quelque chose.
L'homme, qui était en réalité un elfe, devait bien mesurer près de sept pieds de haut (1), une taille absolument extraordinaire pour un elfe, qui était généralement de taille moyenne. L'homme semblait charpenté comme une armoire à glace, et Elewë pensa que ses bras devaient bien faire trois fois les siens. Son visage était tanné, et peu de traces de combats ou de cicatrices apparaissaient. Elle se douta que l'elfe n'avaient pas l'habitude de recevoir des coups, mais plutôt de les donner. Dans la pénombre encore présente de la pièce, elle ne réussit pas à voir le reste de sa personne, mais elle le devina sans mal.
Mais dans quoi je suis tombée ? C'est qui ce type qui me tuerait rien qu'en me prenant dans ses bras ?! Même si je doute fort que ce soit la raison pour la quelle nous sommes ici , pensa-t-elle amèrement. Je suis vraiment dans la merde. Comment je vais me sortir de là ?!
«  Aurais-tu perdu ta langue, où voudrais-tu que j'ai le plaisir de te l'enlever moi-même ?
Elewë déglutit difficilement. D'accord, il n'était définitivement pas là pour la prendre dans ses bras. Elle se redressa, et mit le peu de dignité qu'il lui restait dans sa réponse, essayant de ne pas prendre en compte les rires en fond, et le petit rictus qui se formait sur le visage de l'elfe.
«  Non Monseigneur, ma langue se porte bien, et moi aussi. » Elle accentua fortement ce mot, le chargeant du même dédain dont avait fait part le colosse. « Cependant, auriez-vous l'amabilité de m'apporter de quoi boire et manger, je n'ai malheureusement rien pu avaler depuis que je suis en votre fort agréable compagnie.
Grand mal lui prit. L'esquisse de sourire formée sur le visage de son interlocuteur s'évapora, et il foudroya du regard les hommes qui s'étaient mis à rire à sa réplique. D'accord, ne pas énerver le patron, reçu. Le colosse se retourna vers elle.
«  Tiens, on dirait que notre petit ami a retrouvé ses esprits. Un peu trop même. Je lui déconseille fortement de jouer ce petit jeu avec moi s'il tient vraiment à certaines parties de son anatomie !
Elewë pensa tout d'abord qu'il continuait sa petite menace à propose de sa langue, puis l'idée parvient jusqu'à son esprit : il parlait en réalité des parties intimes, ce qui signifiait que cet abruti pensait encore qu'elle était un homme !
Cela faisait au moins ça comme avantage, d'ailleurs le seul qu'elle trouvait là maintenant à sa situation, pensa-t-elle amèrement. Bon réfléchis, tu n'as pas appris à gérer ce genre de situation, mais essaye d'extraire le maximum d'informations. Combien sont-ils ? Sont-ils armés ? Que te veulent-ils ? Autant de questions auxquelles elle n'avait pas la réponse. Mais elle put compter sur la gentil … la stupidité des hommes de mains du colosse.
«  Eh patron, quels sont les ordres ? Demanda un premier, qui devait en avoir assez d'être spectateur et de ne pas s'amuser lui aussi.
«  Ouais, parce que c'est pas qu'on aime pas parler, mais nous on préfère frapper.
«  En même temps Jack tu sais faire que ça », lui répondit la première voix. Elewë entendit le bruit d'un poing s'écrasant dans la figure de celui-ci. Barbares, et susceptibles. G.E.N.I.A.L !
«  Taisez-vous tous les deux, » répliqua une troisième voix, « vous êtes en train de donner des éléments à notre prisonnier !
«  Désolé Joe ! » lui répondirent les deux hommes. Ok, définitivement la situation s'annonçait mal si en plus il y en avait un intelligent dans la bande, et qu'il s'amusait à deviner ses plans. Mais Elewë eut déjà un élément de réflexion : ces prénoms n'étaient pas elfiques, ils appartenaient sûrement à la race humaine.
Donc en résumé : elle était enfermée dans une pièce sombre, claustrophobe, ligotée, et retenue prisonnière par un colosse elfique et trois brutes humaines. Ais-je déjà dit à quel point ma situation était extraordinaire ?! Elle n'eut pas le temps de s’appesantir plus longtemps sur sa malchance, que le fameux colosse reprit la parole.
«  Fermez-la tous les trois, bande d'abrutis ! Et pour l'instant on a pas d'ordre, juste de garder prisonnier ce petit fumier. » Il se tourna vers Elewë :  « J'espère que t'as compris que t'avais pas intérêt à la ramener !
«  Tout à fait, » répliqua-t-elle, « mais en revanche j'ai aussi compris que vous ne savez même pas diriger vos hommes. Ils sont pourtant si stupides, ça ne devrait pas être si difficile !
Elewë entendit le mugissement des trois hommes, et n'eut pas le temps de prendre plaisir à leur mécontentement, qu'un poing s'écrasa à nouveau sur sa tempe, et qu'elle n'eut que le choix de s'évanouir le plus dignement possible.

***

Encore une fois, Elewë se réveilla avec un fort mal de tête. Bon, celui-là, je l'ai un peu cherché. Elle se maudit intérieurement, puis ouvrit les yeux. Ah, tiens, il ne faisait pas noir totalement ! Alléluia ! Sa réjouissance s'arrêta là lorsqu'elle aperçut un des trois hommes assis sur une caisse, dos à la porte entrouverte, et qui la surveillait.
«  William, va prévenir le patron, le prisonnier s'est réveillé. Elewë entendit les pas d'un homme derrière la porte qui s'en alla. Elle était bien gardée, trop même. Elle vit que l'homme avait une courte épée accrochée à sa ceinture, et qu'il faisait tourner entre ses doigts un poignard d'une taille assez effrayante. Elle espéra que chacun des gardes n'était pas aussi bien armé.
La jeune elfe analysa la situation. Il lui restait peu de temps avant l'arrivée du colosse. Elle devait extorquer le plus d'informations à son geôlier, misant sur sa stupidité, avant que les autres n'arrivent. Elle se redressa et s'adressa à l'homme, d'une voix qu'elle espérait assez forte.
«  Eh toi, Jack c'est ça ? Elle vit un éclair d'étonnement dans l’œil du garde.
«  Comment t'as retenu mon nom ? La jeune elfe réfléchit à tout allure.
«  C'est parce que j'ai vu que c'était toi le plus intelligent de la bande, dès le premier coup d’œil. A côté de toi Joe peut aller se coucher !
Jack se releva, soudain intéressé, et fit mine de paraître plus futé.
«  Tout à fait, vous avez bien raison mon p'tit ami. Je suis le plus intelligent et le plus fort, mais personne ne veut le reconnaître. Tout le monde me dit de me taire, et les autres ne sont pas d'accord pour que je vous dise … Non il ne faut pas que je parle, sinon je vais me faire engueuler !
«  Me dire quoi ? Vous savez, ça restera entre vous et moi, vous pouvez tout me dire. » Voyant son air dubitatif, elle ajouta : « Leur avis ne compte pas, vu qu'ils ne savent pas vous juger à votre juste valeur ! »
Un éclair de satisfaction passa sur le visage de l'homme. Dieu merci je suis tombé sur le plus abruti des trois ! Avec un peu de chance les autres vont être retardés, et j'aurais le temps d'en apprendre plus.
«  Et ben en fait on vous a capturé parce que notre maître nous l'a demandé. Paraît que vous étiez dangereux, et qu'il fallait vous écarter de la compétition. Un de nos hommes a bien essayé de vous faire échouer hier, mais il s'est fait prendre et vous avez quand-même réussi !
Ainsi donc ces hommes avaient un rapport avec le saboteur de l'épreuve de tir à l'arc. Intéressant. Si ce que cet imbécile lui disait était vrai, alors ce fameux maître était un candidat de la compétition. Il ne restait plus qu'à savoir son nom.
«  Et savez-vous comment se nomme votre maître ? Osa-t-elle, croyant un instant à la chance.
«  Le patron ne nous dit pas, 'paraît qu'il se présente à lui sous le « faucon ». Jack n'eut pas le temps d'en rajouter plus, le colosse et ses deux autres hommes de mains rentrèrent dans la pièce.
«  Eh Jack, qu'est-ce que tu disais au prisonnier ?! J'espère que t'as pas été assez con pour lui dire des informations importantes ! » Elewë attendit la réponse de l'homme, tendue, espérant qu'il ne dirait rien, sinon s'en était fini d'elle. Il lui adressa un clin d’œil, puis répondit au colosse :
«  Non patron, j'ai rien dit du tout ! Le prisonnier était en train de réclamer encore à manger et à boire ! » La jeune elfe se relâcha, soulagée. Sa ruse avait marché, en flattant cet abruti elle se l'était mis dans la poche. Encore un avantage. Le géant se tourna vers elle.
«  Vraiment ? Cela tombe bien, car c'est l'heure du repas ! » Un bruit de métal retentit, et Elewë vit apparaître devant elle un plateau contenant un croûton rassit ainsi qu'une tasse contenant dans laquelle se trouvait un liquide non identifiable. « Si t'as faim, c'est tout ce que tu auras !
Les hommes ricanèrent, et sortirent de la pièce, le dénommé William prenant la place de Jack pour la surveiller. Elewë ne toucha même pas son plateau, et cette fois-ci s'endormit d'elle-même, épuisée par son enfermement.

***

Son réveil fut un peu moins douloureux. Elewë laissa les vapes s'échapper, et attendit que ses yeux se furent habitués à l'éclairage de la pièce. Elle avait du dormir longtemps, car c'était à nouveau Jack qui la surveillait. Elewë se redressa, et ce faisant remarqua que ses liens s'étaient relâchés. Elle gigota un peu pour essayer de les faire glisser, et attira l'attention du garde.
«  Ah, vous êtes réveillé ! Vous avez dormi près de douze heures !
Elewë fit un rapide calcul dans sa tête : si elle comptait le temps qu'elle venait de passer à dormir, plus les deux autres fois où elle était évanouie, il avait du s'écouler près d'une journée entière depuis qu'elle s'était fait capturer. La compétition devait être terminée, et tout le monde devait dormir après le grand banquet de fin de tournoi. Elle espéra que Lindir avait compris que quelque chose n'allait pas, et qu'il s'était mis à sa recherche. Elewë songea, désespérée, qu'elle ne savait pas elle-même où elle était. Quoique, si elle demandait encore à cet abruti, peut-être l'aiderait-il.
« En effet j'avais sommeil, la compétition m'avait épuisée. » Elle bailla pour appuyer ses dires. « Celle-ci est terminée maintenant, vous n'allez pas me garder éternellement ! » Elle vit que Jack était perplexe. « Et bien oui, la compétition est finie, je n'ai pas gêné votre maître, tout est bien qui finit bien, non ? Vous n'avez plus de raison de me garder captif ! D'ailleurs, où sommes nous ?
«  Vous n'avez pas tout à fait tord … je ne pense pas qu'on va vous garder très longtemps. Et je suppose que je peux vous dire cela sans danger : nous sommes dans les sous-terrains de la ville.
Ah en effet, tout s'explique : pas de fenêtres, la fraîcheur des lieux, et le fait de n'entendre aucuns bruits de l'extérieur. Cela compliquait l'affaire. Elewë décida de pousser sa chance, et de voir jusqu'où cet imbécile était capable de la suivre.
«  Dites Jack, je ne me sens pas très bien assis comme cela, et mon plateau de nourriture est loin. Ne voudriez-vous pas me détacher les poignets afin que je puisse mieux me positionner et manger ? Allez, pitié, faites qu'il dise oui !!
Jack hésita un instant, puis demanda :
«  Vous n'allez pas essayer de vous enfuir ?
«  Mais non voyons, vous n'allez pas tarder à me relâcher, ça ne servirais à rien que je m'échappe, je ne ferais que m'attirer des ennuis si on m'attrapait. Et puis j'ai vraiment faim, je serais prêt à manger ce vieux morceau de pain !
L'idée sembla faire son chemin dans la tête de l'homme, qui se leva, et se dirigea vers la jeune elfe. Celle-ci jubila. Elewë se tourna légèrement pour qu'il puisse défaire ses nœuds. Elle le supplia intérieurement de faire vite, n'importe quel homme pouvait arriver à tout moment pour prendre la relève !
Jack était en train de finir de détacher les nœuds, quand Elewë entendit des bruits de pas, et qu'elle vit Joe rentrer dans la pièce. Celui-ci s'arrêta, stupéfait, et se précipita vers Jack.
«  Mais qu'est ce que tu fais espèce de con  ?!!
« Ben, je détache le prisonnier. Il a dit qu'il voulait se dégourdir un peu, et a promis qu'il ne s’enfuirait pas.
« Mais qu'est ce que t'as dans la ….
Joe n'eut pas le temps de finir sa phrase, que déjà Elewë s'était redressé d'un bond, s'était défait des liens entourant ses mains, et avait attrapé l'épée de Jack dans son fourreau. Elle se précipita vers Joe qui avait lui aussi saisi son épée, et para son attaque du revers de la lame. Elle rompit précipitamment l'échange, surprenant son adversaire, passa sous sa garde, et fendit d'un coup qui le toucha au bras gauche. L'homme s'effondra, essayant d'empêcher le sang de se déverser hors de la plaie.
Elewë récupéra le poignard de l'homme, celui de Jack et courut vers la porte. Elle se retourna, et lança à Jack qui était encore à se demande ce qu'il venait de se passer :
«  Il ne faut pas toujours croire ce que l'on vous dit !
Elle fila, laissant en plant un Joe se lamentant et un Jack éberlué. Elle sourit de sa chance, mais se rappela qu'il restait encore un homme et le colosse à passer avant la sortie. Avec un peu de chance, elle n'aurait pas à les affronter.
Elewë courut d'un pas silencieux à travers les sous-terrains, qui n'étaient pas toujours éclairés. Elle se força à garder la tête froide, et se concentra pour lutter contre sa claustrophobie. Elle courait dans un long boyau, quand tout à coup le troisième homme surgit d'une sorte de grotte éclairée. Il ouvrit de grands yeux, et eu le temps de hurler à l'évasion avant de recevoir un couteau planté dans le torse. Il s'effondra, mort, touché en plein cœur.
Elewë enjamba le corps, non sans un certain regret. Elle préférait blesser, même gravement, que tuer. C'était la première fois qu'elle tuait un être humain, et déjà elle sentait qu'elle aurait du mal à le supporter.
Elewë chassa ses remords. Pas de ça maintenant, tu dois fuir, sinon c'est toi qui vas te faire tuer ! Cette pensée la stimula, l'adrénaline la rendant sur-excitée alors que quelques instants auparavant elle était exténuée.
La jeune elfe continua de courir, cherchant un moyen de remonter à la surface. Au fond du grand boyau qu'elle parcourait elle aperçut une petite salle ronde, avec une échelle en fer qui montait vers la surface. Enfin,  elle y était arrivée, la sortie était juste là !
C'est alors qu'apparut le colosse. Et il n'avait pas l'air d'être de bonne humeur. Pas du tout. Elewë sentit que soit elle le blessait – voir le tuer – soit c'est elle qui y passait. Elle ralentit et déglutit. Cela n'allait pas être une partie de plaisir.
« Alors petit lapin, où coures-tu comme ça ? Crois-tu vraiment pouvoir t'échapper ?
«  Pourquoi pas, j'ai déjà tué un de vos hommes, William je crois, et ce pauvre Joe gît dans une flaque de sang qui s'écoule de son bras. » fit-elle, tentant d'avoir l'air sûr d'elle.
L'elfe ne parut pas surpris.
« Des incapables, voilà ce qu'ils sont. Mais crois-moi, aujourd'hui est le jour où tu vas finir découpé en morceaux, que je jetterais ensuite aux wargs ! On ne me défie pas impunément.
Un frisson parcourut Elewë. Il était plus que sérieux. Elle se força à respirer, prit ses deux épées, et attendit l'offensive. Qui fut plus violente que prévue. L'elfe fit surgir de nulle part une épée gigantesque, qui faisait presque deux fois la taille d'une des épées d'Elewë. Et il chargea.
Le choc des épées l'une contre l'autre fut violent. Elewë compensa la force de l'elfe et de son épée immense en bloquant avec les siennes. Elle tenta de les faire tourner, agrippant la lame entre elles deux afin de la faire voler, mais son opposant résista avec force, et ce fut elle qui vola, atterrissant brutalement contre l'une des parois de terre.
Elle se releva tant bien que mal et attaqua, avec son épée droite visant le ventre, tandis que l'autre était prête à bloquer une éventuelle riposte. Le géant para avec facilité et lança ses attaques les unes après les autres.
Elewë fut bientôt submergée, faisant tournoyer ses épées uniquement pour se défendre, formant un véritable bouclier d'acier qui paraît de tous les côtés. Elle vit bientôt apparaître une répétition dans ses attaques, et au moment où la garde de son adversaire était le moins bien protégée, elle plongea dans l'ouverture, tentant d'atteindre n'importe quelle partie du corps géant de l'elfe.
Elle le fendit d'une balafre au torse, qui ne fit qu'énerver le colosse, et Elewë fut à nouveau dépassée par la situation. Elle se retrouva piégée contre le mur, et résista tant bien que mal aux attaques. Elle s'épuisait de plus en plus. Cet elfe était inhumain, une vraie force de la nature, jamais elle ne réussirait à en venir à bout.
Le découragement pris le dessus, et pendant une fraction de seconde elle laissa une percée dans sa garde, occasion qui fut saisie par le géant. Celui-ci enfonça profondément son épée dans l'épaule gauche de la jeune elfe.
Celle-ci lâcha son arme, s'effondra au sol, sur les genoux, et une douleur aiguë s'installa dans son membre blessé. Des larmes commencèrent à couler. Non, tu ne peux pas perdre, tu ne dois pas perdre. Pour toi, ton rêve, pour Lindir, pour ton père, pour Ninqueloté, pour tous ceux que tu aimes ! La rage fit place au désespoir, le sang pulsait à ses tempes, l'épuisement disparut. Elle voyait parfois en rouge, et sa tête tournait au fur et à mesure qu'elle se vidait de son sang, mais son esprit était clair : elle devait le tuer avant qu'il ne la tue.
Elewë se redressa, toute hésitation disparue. Elle ne voyait plus qu'elle, et le géant. Celui-ci, pris au dépourvu par son changement brusque d'attitude, ne vit pas l'attaque venir, et chancela sous l'impact.
Elewë n'était plus que volonté, détermination. Elle tenta pendant la demi-heure qui suivit de faire tomber son adversaire, mais jamais il ne faisait d'erreur, ou alors compensait par sa stature. La jeune elfe était à présent couverte d'échimoses, de coupures. Le colosse lui s'était pris une entaille sévère à l'épaule, et peinait à bouger son bras comme au début du combat.
La rage d'Elewë retombait, et sa fatigue revenait au galop. Elle se vidait de son sang, et s'affaiblissait. Aucun d'entre eux n'était prêt à céder, chacun se battrait jusqu'à ce que la mort le prenne. Ils se battaient d'égal à égal, et aucun n'avait la force d'achever l'autre. Ce combat était interminable.
Plusieurs minutes, plusieurs heures s'écoulèrent, Elewë n'en sut rien. Elle ne pouvait relâcher son attention, ou c'était la mort assurée. Elle trébucha sur une flaque de sang et n'arriva pas à se relever, épuisée.
C'est la fin, je vais mourir. Je suis incapable de me battre plus longtemps ….
Elewë releva la tête, prête à affronter sa mort. Elle vit alors le géant trébucher puis se redresser rapidement. Il est aussi épuisé que moi, j'ai encore une chance, une dernière chance de l'atteindre.
Un plan se forma dans sa tête : l'elfe croyait qu'elle ne se relèverait plus. Elle allait le surprendre au moment où il s'y attendrait le moins. Elle le laissa s'avancer vers elle. Il était exténué, et son regard trahissait son impatience à en finir, car il savait qu'il ne tiendrait plus longtemps.
Elle mit alors les dernières forces qui lui restait pour faire tourner son épée, et tailler dans les jambes de l'elfe. Il s'effondra, les ligaments et les muscles tranchés, incapable de se relever.
Elewë se redressa tant bien que mal, flageolant sur ses jambes, et se dirigea sans un regard pour le colosse vers l'échelle qui menait à sa liberté. Elle gémit quand elle utilisa son bras gauche, mais se força à continuer de grimper. Au moment où elle allait passer sa tête par l'ouverture, elle se retourna vers le géant.
« Que ce jour reste gravé dans votre mémoire comme celui où vous avez failli tuer l'elfe mystérieux ! ». Elewë aperçut de la rage mêlée à de la douleur dans les yeux de l'elfe, mais aussi du respect. Elle, une si petite et frêle elfe, était venue à bout d'un géant.
Ce fut la vision qu'elle emporta de lui lorsqu'elle sortit des sous-terrains. Elewë respira à pleins poumons l'air frais, puis se mit à quatre pattes, crachant du sang, et s'écroula au sol. Sa tête tournait, et elle peinait à conserver sa lucidité.
Elle redressa sa tête, et regarda autour d'elle. Elle se trouvait dans la région est -ou bien ouest elle ne savait plus- de la cité, celle composée de demeures plus modestes. Elewë aperçut une dame qui passait dans le quartier. Celle-ci s'arrêta, ébahie. Et partie en courant, hurlant à l'aide et au secours.
Quelques minutes plus tard, une troupe de soldats accourut, et Elewë eut juste le temps d'entendre une voix murmurer lui murmurer des paroles avant qu'elle ne sombre.
« Tout va bien princesse, tout va bien. Je suis là.
Lindir
Et elle s'évanouit.


1) si je ne l'ai pas déjà dit, un pied mesure environ 30 centimètres. L'homme fait ici près de 2m10.

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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeMer 7 Mar - 13:04:42

Et voilà mon nouveau chapitre, que j'ai vraiment pris plaisir à écrire ! Very Happy
le prochain arrivera pas tout de suite, j'ai une petite panne d'inspiration ^^
Bonne lecture ! Smile

Révélations


Lorsque Elewë se réveilla, le soleil était déjà bien haut dans le ciel, et toute la cité résonnait des bruits habituels des passants. La jeune elfe se redressa non sans mal dans son lit -son bras gauche la faisait extrêmement souffrir- et essaya de deviner où elle se trouvait.
Elle était située dans une très grande pièce, aux décors épurés et aériens. La lumière du jour passait à travers les cloisons sculptées, et une brise légère vint faire voler quelques mèches de ses cheveux. Elewë était allongée dans un grand lit couvert de tissus blancs et fins. Une commode ainsi qu'un fauteuil venaient compléter la pièce. Elle aperçut un elfe assoupi dans le fauteuil, et en se penchant légèrement, elle vit qu'il s'agissait de Lindir.
« Lindir ! » fit-elle d'une voix un peu faible. Grognement.
« Lindir réveille-toi ! ». Grognement
« Eh tête de warg, debout ! ». Lindir sursauta, regarda d'un air paniqué autour de lui, puis fit semblant d'être frustré lorsqu'il aperçut Elewë.
« Mais ça va pas de me réveiller comme ça, j'aurais pu avoir une attaque !
Les deux amis se mirent à rire de concert. Qu'est ce que ça faisait du bien, après ces derniers jours !
L'elfe se redressa lorsque la jeune fille émit un grognement de douleur, et vint s’asseoir à côté d'elle.
« Ça va ton bras ?
« Aussi bien qu'il puisse se porter après s'être fait planter une épée dedans …
« Selon le Seigneur Elrond, on t'as trouvé à temps, quelques heures de plus et tu aurais pu perdre l'usage de ton bras. Tu étais touchée aux muscles principaux. » Il grimaça « c'était pas très beau à voir » .
Elewë redressa la tête.
« Le Seigneur Elrond est venu me voir ?
Lindir lui sourit
« C'est même qui lui t'as soigné, tu es dans sa salle de guérisseur. Il a un pouvoir de guérison absolument stupéfiant ! Tu n'as presque plus rien si ce n'est cette vilaine blessure qu'il faudra laisser cicatriser.
La panique s'insinua chez Elewë. Elle remarqua qu'elle ne portait plus son foulard.
« A-t-il vu que … je n'étais pas un homme ? »
« Ne t'inquiète pas, il n'a fait que s'occuper de ton bras et dire deux-trois incantations pour tes hématomes et bleus divers. J'ai veillé à garder ton visage caché pendant tout ce temps, même si j'ai eu un peu de mal.
Elewë se relâcha. C'était passé pas très loin pour qu'elle soit découverte.
« Je ne saurais te remercier assez. Heureusement que vous m'avez trouvé, je n'aurais jamais réussie à retrouver mon chemin seule dans cet état. D'ailleurs, comment m'avez vous retrouvée ?
Le sourire de Lindir se fana.
« J'ai compris que quelque chose n'allait pas dès que tu n'es pas revenue du palais. Quand j'y suis allé la Dame Arwen m'a dit t'avoir croisée, mais personne ne semblait t'avoir vu revenir, ou aller quelque part. Je me suis dit que tu avais fait un détour pour aller voir Ninqueloté, mais tu n'y étais pas.
C'est à ce moment là que j'ai réalisé qu'il s'était passé quelque chose. J'ai bien tenté de faire stopper la compétition pour me lancer à ta recherche, mais le Seigneur Elrond a refusé de retarder le départ pour le Royaume d'Arnor, et j'ai été obligé de participer. » Un petit sourire fier vint se peindre sur son visage « et je m'en suis pas si mal sorti !
Mais dès la fin de l'épreuve j'ai supplié le Seigneur Elrond, qui a bien voulu faire quadriller la cité à ta recherche, et nous t'avons retrouvé grâce aux cris d'alerte d'une elfe qui t'avais trouvé à la lisière ouest de Imladris. Ton état étant grave, nous t'avons immédiatement transporté jusqu'à la demeure d'Elrond, qui a chassé tout le monde pour pouvoir te soigner.
Elewë soupira. Ainsi donc le tournoi était terminé, et elle n'avait pas pu participer. Son rêve s'effondrait. Lindir le remarqua :
« Allez, ne t'en fais pas, tu auras sûrement d'autres occasions. De toute façon habille-toi, tout les participants sont convoqués dans l'arène afin que Elrond annonce le classement. » Il sortit de la pièce, et laissa la jeune elfe se changer, puis revint pour l'aider à nouer son foulard, et placer son bras en écharpe.
Elewë pris son épée, sa cape et son arc, et tenta de se redonner un peu de fierté, mais le cœur n'y était pas. Ils sortirent du palais, et se dirigèrent vers les portes de la cité. Tout le monde s'adonnait à son passe-temps habituel, et il y avait foule dans les rues. Nombreuses furent les personnes qui se retournèrent sur son passage pour la dévisager. Cela mit mal à l'aise la jeune elfe, mais elle fit comme si de rien n'était.
Les deux amis atteignirent bientôt l'arène, et Elewë demanda à Lindir s'ils avaient le temps de faire un détour par les écuries. L'elfe acquiesça, et ils se dirigèrent vers les bâtiments. Ninqueloté et Nuruhuinë firent la fête à leurs cavaliers, et cela mis du baume au cœur de la jeune elfe. Quoiqu'il arrive, elle avait toujours sa précieuse amie pour lui remonter le moral.
Ils rejoignirent la pièce où tous les participants étaient regroupés, chacun pariant sur sa place dans le classement et de ses chances de rejoindre l'armée. A leur arrivée, toutes les discutions se turent, et un murmure général se fit entendre :
« L'elfe mystérieux est de retour !
« Regardez, il n'a pas l'air en forme. Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver pour qu'il manque la dernière épreuve ?!
Les deux amis les ignorèrent, et entrèrent dans l'arène lorsque le présentateur les appela. Tous les concurrents furent ovationnés, car ils avaient donné un très bon spectacle au public. Le Seigneur Elrond était assis dans sa tribune, entouré de la Dame Arwen, qui adressa un petit sourire à Elewë, et des deux jumeaux. La jeune elfe remarqua que l'un des princes -sûrement Elrohir- la regardait, et elle baissa la tête. Elrond se leva de sa tribune, et demanda le silence. La foule se tut, et tous écoutèrent avec attention ce qu'il avait à dire.
« Amis venus de loin, je vous remercie tous pour votre présence lors de ce tournoi qui fut particulièrement grandiose. Tous ces elfes vous ont exposé leur talent, et nous ont donné un spectacle extraordinaire. Aujourd'hui le tournoi s'achève, et je vais avoir l'honneur de récompenser les plus braves d'entre eux. Les cinquante meilleurs auront le choix de faire partie de l'armée qui apportera son soutien en Arnor. Si vous avez ce choix, réfléchissez-y bien, ce n'est pas un engagement à la légère que je vous demande. Vous devrez pouvoir donner votre vie à n'importe quel instant.
Mais je vais tout d'abord annoncer le classement !
Les participants furent appelés un à un, des moins bon vers les meilleurs, et Elewë sourit lorsqu'elle appris que Lindir s'était classé dans les trente premiers, un excellent résultat. Orodreth se classa premier, ce qui n'étonna guère la jeune elfe, qui soupira. Son meilleur ami et l'elfe qu'elle respectait allaient partir sans elle, qui allait se retrouver seule à Caras Galadhon, avec son père. Supers moments en perspective.
C'est alors qu'une voix monta parmi les concurrents.
« Mon Seigneur, qu'en est-il de l'elfe mystérieux ?! Il s'en est mieux sorti que quiconque !
La foule appuya l'elfe, et bientôt l'arène fut remplie des cris des spectateurs. Elrond demanda à nouveau le silence qu'il peina à avoir. Elewë retint son souffle.
« En effet à cause de son … « absence forcée », le seigneur Elurín n'a malheureusement pas pu participer à la dernière épreuve, et ne peut donc pas être classé.
Un murmure de mécontentement traversa la foule.
« Mais, comme vous avez tous pu le remarquer, il a fait preuve d'une dextérité remarquable, a su analyser chaque situation qui s'imposait, et gagner. L'armée ne peut se passer d'un soldat tel que lui, et j'ai donc le plaisir de vous annoncer que l'elfe mystérieux fera partie de l'armée s'il le souhaite !
La foule hurla son contentement, et beaucoup de concurrents vinrent féliciter Elewë, qui avait du mal à retrouver ses esprits. Elle faisait partie de l'armée ?! Impossible ! Elle chancela sous l'émotion, et Lindir la rattrapa discrètement.
« Ne leurs fais pas regretter d'avoir cru en toit en t'évanouissant encore une fois », lui murmura-t-il malicieusement, « redresse-toi, et montre leur à tous qui tu es !
Les paroles de Lindir firent leur effet, et la jeune fille se redressa, toisant la foule. La Dame Arwen lui adressait un grand sourire, mais son regard exprimait autre chose, comme une requête. C'est alors que Elewë comprit ce qu'elle devait faire. Elle prit sa voix la plus forte, et s’adressa à tous :
« Mon Seigneur, aucuns mots n'existent pour décrire ce que je ressens actuellement. C'est un honneur, et un rêve de toujours qui se réalise maintenant. Mais il me reste une dernière chose à faire. » Elle chercha du regard le soutien d'Arwen, respira, et se lança.
« Mon Seigneur, avant toute chose je voudrais que vous me donniez votre parole, que quoi qu'il arrive, vous ne reviendrez pas sur votre décision.
L'étonnement passa sur le visage d'Elrond, et la foule murmura. Qu'est ce qui pouvait être important au point qu'elle demande la parole du Seigneur ?
« Bien sur, Seigneur Elurín, je ne vois pas pourquoi je reviendrais sur ma décision. Vous avez ma parole d'honneur.
Elewë prit une profonde respiration, regarda Lindir, puis se décida
« Voyez-vous même ... » , et elle retira son foulard, exposant son visage à toute l'arène.
Une dizaine d'anges passèrent, puis la réaction arriva.
« L'elfe mystérieux, une femme ?!!
Elrond et ses fils furent totalement stupéfaits, alors que Arwen rayonnait de joie, bien qu'elle semblait anxieuse des événements à venir. Elewë attendit avec angoisse ce qu'il allait lui arriver.
La foule se mit à hurler, nombreux soutenant cette elfe qui avait bravé l'interdit et qui avait prouvé sa valeur, alors que d'autres la sifflait. Les lois étaient faites pour être respectées !
Le Seigneur Elrond se ressaisit :
« Silence ! » La foule se tut immédiatement. Elrond n'avait pas pour habitude de hausser la voix.
« Seigneur … ou plutôt devrais-je vous appeler Dame, vous avez désobéi à la loi interdisant aux femmes de se battre …
Il fut alors coupé par Arwen, qui semblait être légèrement, mais alors vraiment un chouillat énervée.
« Mais enfin, réfléchissez tous au lieu de faire vos machos ! Qu'est ce qui vous prend ?! Ne vous a-t-elle pas démontré qu'une femme pouvait aussi bien se battre qu'un homme, si ce n'est mieux ?! Ada, il y a une minute à peine vous faisiez des louanges de ses qualités. Vous avez donné votre parole d'honneur, ne la reprenez pas juste parce que votre ego de mâle est blessé, ou pour une stupide loi. Si vous faites cela vous ne méritez plus que l'on vous appelle Sage ou encore Juste, parce que tout ceci serait mensonge. Vous avez accepté que je prenne les armes et que je me batte, pourquoi serais-ce différent pour cette elfe ?!
Elrond parut légèrement perturbé, et ne savait vraiment pas quoi faire.
« Mais tu es ma fille … ce n'est pas la même chose …
« Si c'est exactement la même chose ! Et vous mes frères, vous m'avez loué ses talents de combattant durant la durée du concours, vous émerveillant sur le fait qu'un elfe si frêle puisse être aussi puissant ! Votre avis change-t-il en même temps que son sexe ? Si c'est le cas, aucun de vous n'est digne de succéder à ada !
Et c'est sur ces paroles que l’Étoile du Soir quitta l'arène, laissant planer un grand silence sur l'assemblée, qui n'avait pas l'habitude que leur douce princesse s'énerve. Lindir de son côté semblait bien s'amuser de la situation, tandis qu'Elewë avait à nouveau la tête qui lui tournait. Trop d'émotions en même temps, je ne sais pas si je vais tenir bien longtemps. Son ami l'agrippa aux épaules, la tenant fermement.
« Tu as vu le bordel que t'as foutu, franchement, félicitations, je ne me suis jamais autant amusé de toute ma vie ! » fit-il en riant.
« Heureuse que ça t'amuse autant, mais pour ma part je suis juste un tout petit peu angoissée par rapport ce qui va m'arriver. » Elle osa alors lever les yeux vers la tribune, et affronta le regard d'Elrond et des jumeaux princiers. Chez le premier, elle aperçut le doute et la perturbation face au discours de sa fille, et chez les deux autres une immense surprise ainsi qu'un certain respect.
Tout n'est peut-être pas perdu, j'ai encore une chance, essaya-t-elle de se convaincre.
Elrond se ressaisit, et annonça à la foule :
« Je vais réfléchir au problème, je suis dans l'incapacité immédiate de donner mon jugement. Que les cinquante meilleurs qui souhaitent faire partie de l'armée s'adressent à la tente des inscriptions. Si jamais des places sont disponibles, je ferais appel aux suivants volontaires par ordre de classement. Sur-ce, je vous souhaite une bonne fin de journée à tous. » Et il se retira, non sans jeter un dernier regard à Elewë.
Mais dans quel pétrin me suis-je encoure fourrée ?! A croire que je ne suis forte qu'à ça …
Lindir l'attrapa par le bras encore valide, et la tira vers la sortie avant que la foule ne l'envahisse.
«  Rabats ta capuche, il serait plus prudent qu'on ne te reconnaisse pas, on ne sait jamais.
Elle acquiesça, et ils sortirent précipitamment de l'arène. Alors qu'ils se dirigeaient vers les quartiers résidentiels des concurrents, une silhouette surgit d'un renfoncement, et l’Étoile du Soir se tint devant eux. Elewë se détendit, agréablement surprise de revoir son amie. Ce fut tout autre pour Lindir, qui contrairement à Elewë, ne l'avait jamais rencontré.
Celle-ci fronça les sourcils lorsqu'elle vit son ami se figer, comme stupéfait, et elle se souvint qu'en tant que femme il était normal qu'elle ne succombe pas aux charmes d'Arwen, contrairement à Lindir qui ne semblait plus trop maîtriser ses pensées. Qu'est-ce qu'il paraissait pathétique, ça l'énervait de le voir agir comme ça.
Elle détourna son regard, et se concentra sur l'elfe en face d'elle-même
« Arwen, je ne saurais vous remercier assez pour ce que vous venez de faire. Sans vous, je serais sûrement bannie de la cité, ou pire, en prison …
La magnifique elfe sourit
« Je n'ai pas fait grand chose, cela faisait longtemps que j'avais envie de dire à voix haute ce que je ressentais. Et puis ada n'aurais jamais fait cela, il a trop de respect pour vous.
« Peut-être, mais désormais j'ai une chance de réaliser mon rêve … » sa voix flancha « êtes-vous sure qu'il ne reviendra pas sur sa décision …  ?
« Je n'en sais rien, mais j'espère vraiment que mes paroles auront eu l'effet souhaité …
Elewë allait répliquer lorsque deux elfes sortirent de derrière l'arène, marchant vers eux. La jeune elfe reconnut les jumeaux princiers, et elle commença à angoisser. C'était la première fois qu'elle reparlait directement au prince Elrohir qu'elle avait percuté dans l'écurie quelques jours auparavant, et le fait d'avoir dévoilé son identité n'était pas pour l'apaiser.
« Mes frères, que venez vous faire ici ? Ne devriez-vous pas être ada ?
Un des jumeaux, Elewë n'arriva pas à distinguer lequel, sourit
« Salut à toi petite sœur. Notre père semble légèrement bouleversé par la bombe que tu viens de lâcher sur lui et ce devant tout la cité, et il ne semble pas avoir besoin de notre avis pour l'instant.
« Nous sommes venus saluer notre grande guerrière qui a affronté si vaillamment notre père. » Répondit le second en se tournant vers Elewë.
« Je suppose que vous ne vous nommez pas vraiment Elurín , Dame … ?
La jeune elfe reconnut le prince Elrohir, et elle fut perturbé par l'étrange façon dont il la regardait à présent.
« Elewë . » répondit Lindir à sa place, « et je me nomme Lindir. Je suis son meilleur ami », dit-il d'une voix plus grave et menaçante que d'habitude.
Elrohir ne sembla pas remarquer le ton sévère que prit son ami, et dit à Elewë avec un sourire  :
« Mes hommages, Dame Elewë, nous n'avions pas vraiment eu l'occasion de nous présenter depuis que nous nous sommes … aperçus dans les écuries il y a quelques jours. » fit-il en esquissant une petite révérence. Elewë se sentit rougir devant tant de démonstration pour la pauvre elfe qu'elle était, et son sentiment de mal à l'aise ne s'arrangea pas lorsqu'elle vit le regard interrogateur de Lindir. Ah, oui elle avait oublié de lui parler de la bousculade …
Elladan prit la parole
« Voyons cher frère, cesse donc, tu vois bien que tu la mets mal à l'aise. » Il se tourna vers Elewë « Mon frère et moi étions aussi venu vous voir pour savoir …
« Si cela vous intéressait …
« De visiter la cité à nos côtés, car …
« Il y a sûrement de nombreux endroits que …
« Vous n'avez pas du découvrir. » Finit Elladan en souriant. Elewë fut extrêmement surprise, et amusée. Elle avait l'impression que les princes ne s'étaient pas rendus compte du fait de s'être complétés dans leurs paroles. Peut-être étais-ce normal. Elle allait répondre lorsque Arwen s'interposa.
« Mais quand cesserez-vous de parler de cette façon ?! Cela fait plusieurs siècles que je me tanne à vous le faire comprendre, c'est vraiment agaçant ! Et puis de toute façon Elewë doit être fatiguée, n'oubliez pas qu'hier encore elle était enfermée et à la frontière de la mort. «  Dit-elle un peu sèchement. Elewë vit Lindir acquiescer d'un signe de tête. Il n'avait pas l'air de très bonne humeur.
« Ne te braque pas comme ça, nous n'allons pas manger ta petite protégée » répondit Elrohir en riant. « Allez viens Elladan, je pense que ada a du se remettre de ses émotions.
Il fit un clin d’œil à Elewë, hocha la tête sèchement en passant devant Lindir -qui lui rendit au passage un magnifique regard noir- puis se dirigea vers le nord, suivi de son frère.
Arwen soupira.
« Ils ont beau avoir cent-dix ans de plus que moi (1), j'ai parfois l'impression d'être l’aînée …
Elewë se reprit, et lui sourit
« Je les ais trouvés surprenant mais amusant à se compléter de cette façon. Je peux comprendre qu'à force ce soit … pénible. » Fit-elle en riant. « Encore merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. Comme vous l'avez fait remarquer il y a quelques instants, je commence déjà à fatiguer, je vais me retirer. » Elle la salua « passez une bonne journée Arwen.
« Vous de même mes amis. » Elle leur sourit, et au grand bonheur d'Elewë cette fois-ci Lindir ne réagit pas.
« Tu viens Lindir ? » lui demanda-t-elle en souriant, tentant de faire sortir son ami de sa sombre humeur -dont elle n'arrivait pas à cerner la raison.
Il grommela, et lui emboîta le pas. Tout le trajet du retour fut placé sous silence, que la jeune elfe trouva plutôt étouffant. Ce n'est qu'une fois arrivés dans leur chambre que son ami desserra les dents.
« Alors comme ça tu avais déjà croisé le prince avant aujourd'hui, et tu ne me l'as même pas dit ? » fit-il, agressivement. Elewë se sentit gênée d'avoir oublier de mentionner ce détail.
« Je suis désolée, j'étais passée voir Ninqueloté, et j'étais trop excitée par l'épreuve qui se déroulait quelques heures après pour me souvenir de te parler de ce détail …
« Ce détail ? » lui répondit-il en haussant la voix « Depuis quand est-ce un détail de croiser le prince royal dans les écuries de la cité ?! D'ailleurs que s'est-il passé ? Il ne l'a pas mentionné précisément.
L'énervement commençait à s'insinuer chez Elewë. Pour qui se prenait-il à vouloir tout savoir de sa vie ?!
« Nous nous sommes percutés par accident, car il était pressé et ne regardait pas où il allait. Et je ne savais même pas qui il était, je ne l'ai réalisé que lorsque je l'ai vu dans l'arène avec toi pour la première fois ! Cela me paraissait inintéressant de t'en parler ! » Le ton commençait à grimper de son côté également.
« En tout cas lui semble très bien se souvenir de ce qui s'est passé. Et son regard n'était pas juste rempli d'admiration pour tes exploits guerriers et de ta vaillance »
Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. La façon dont il accentua ce dernier mot la blessa profondément, et la mit hors d'elle.
« Mais qui es-tu pour pouvoir juger et régir ma vie comme il te plaît ? En quoi cela te concerne-t-il de savoir comment un prince s'adresse à moi ?! Tu devrais être content pour moi vu la façon dont je m'en sors, et du fait que j'ai le soutien de trois des quatre membres royaux. Et puis les deux princes ne m'ont pas regardé de manière spéciale, cesse de te faire des idées ! Je ne te reconnais plus Lindir !
Son ami leva les yeux vers le ciel, et siffla ces derniers mots
« Es-tu vraiment aussi naïve au point de croire qu'ils soient venus, ou tout du moins le prince Elrohir, uniquement pour te féliciter ? Tu me fais pitié.
Il n'eut pas fini ces mots qu'il reçut un violent coup de poing dans le visage, et qu'il chancela sous la force et la colère qu'avait mis Elewë dans son coup. Celle-ci empoigna sa cape, et se dirigea vers la porte.
« En espérant que quand je reviendrais tu auras repris tes esprits.
Et elle sortit en trombe, laissant Lindir affalé sur un des lits, se massant le visage là où elle l'avait frappé, complètement abasourdi.



(1) véridique, j'ai vérifié ça moi-même ^^
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeVen 16 Mar - 10:48:56

La décision

Elewë parcourut rapidement les couloirs, plongée dans ses pensées coléreuses, réagissant violemment au choc qu'elle venait de subir. Elle atteignit bientôt le hall d'entrée et sortit en hâte. Elewë ressentait le besoin pressant de sortir, de respirer de l'air frais, et de faire le point sur la situation.

Cette dispute l'avait bouleversée : c'était la première fois que Lindir et elle se brouillaient. Leur amitié était une telle osmose que jamais ils n'avaient haussé la voix entre eux, ou s'étaient énervés. Elewë ne savait pas comment réagir, et se demanda même si elle n'avait pas été trop dure avec son ami. Mais ses mots blessants lui revinrent en mémoire, et son hésitation fut chassée. Non, elle n'avait rien à se reprocher, tout était la faute de Lindir. Mais pourquoi avait-il réagi de cette façon ?! La jeune elfe secoua la tête, complètement perdue.

Alors qu'elle était plongée dans ses pensées, l'estomac d'Elewë la ramena à la réalité, et elle se dirigea vers les auberges de la cité. Elle acheta un pain de lembas ainsi qu'un panier de fruits, et se dirigea vers les hauteurs de Imladris, cherchant un peu de calme, désireuse d'échapper à l’atmosphère étouffante des rues commerçantes.

Elewë s'arrêta à une des nombreuses terrasses, s'assit sur un banc, et entreprit de dévorer son repas en contemplant la cité qui s'étendait sous ses yeux. Le gazouillis des oiseaux lui parvint, atténué par la légère brise qui soufflait, faisant voler quelques mèches de sa chevelure brune. Elewë huma l'air avec joie. Qu'il était agréable de pouvoir enfin percevoir toutes les odeurs, les parfums qui emplissaient l'air. La jeune elfe ne regrettait nullement son foulard. Une délicieuse odeur de lembas chaud monta jusqu'à elle, et elle mordit à pleine dent dans son pain. Un frisson de plaisir la parcourut. Qu'il était apaisant d'être assise ici, de juste contempler la beauté des lieux, et de se laisser aller.

Sa rancœur et sa tristesse s'étaient envolés en même temps que le vent soufflait ses embruns, la délivrant de ses tourments. Pour la première fois depuis longtemps Elewë se sentit libre et heureuse. Ses pensées dérivèrent vers son père resté à Caras Galdhon, se demandant probablement où étais passée son unique fille. Le cœur de la jeune elfe se serra. Elle ne l'avait pas prévenu de son départ, anxieuse de la réaction qu'il aurait pu avoir, préférant le laisser dans l'ignorance. Elle se dit qu'elle aurait peut-être dû, que peut-être il l'aurait encouragé, peut-être il l'aurait accompagnée. Au fond d'elle Elewë était encore chagrinée de l'abandon de son père, même après mille six-cent ans d'existence. Elle soupira.

Les derniers événement revinrent en mémoire à la jeune elfe, la dispute avec Lindir lui ayant presque fait oublier la décision que le Seigneur Elrond devait lui apporter. Elewë espéra de tout son cœur que celui-ci pardonnerait son affront, et verrait outre son statut de femme, la combattante intrépide qu'elle était, prête à donner sa vie pour son pays, son peuple, ses amis. Une larme coula sur sa joue, qu'elle essuya rapidement. Quoiqu'il arrive, elle devait être forte.

Elewë resta là assise quelques heures à contempler la vue, les nuages et les formes défilant devant ses yeux. Bientôt la quiétude des lieux l'apaisa au plus profond de son être, et elle se dit que les Elfes d'Imladris avaient vraiment de la chance de vivre ici. Un mouvement capta son attention, et elle tourna la tête dans sa direction.

Quelques terrasses plus loin les jumeaux princiers sortaient d'une demeure, discutant avec entrain. Ils regardaient autour d'eux et l'un des jumeaux l'aperçut -elle ne sut dire lequel avec la distance. Le second tourna la tête vers elle, adressa quelques mots à son frère, et se dirigea vers Elewë, tandis que l'autre s'éloignait dans la direction opposée.

Elewë attendit que l'elfe fut à sa hauteur pour relever les yeux. Sauf si elle se trompait, il s'agissait d'Elrohir. Elle ne sut comment elle pouvait faire la distinction, cela lui semblait naturel. Le prince de la cité s'assit à ses côtés, sans un mot, et contempla à son tour Imladris. Au bout de quelques minutes il prit finalement la parole :

« Je viens ici à chaque fois que je souhaite me détendre, oublier les tourments du quotidien. Cette vue est tellement apaisante …

Elewë acquiesça intérieurement. L'elfe se tourna vers elle

«  Mon frère et moi venons de sortir de notre entretien avec père ... » La jeune elfe retint son souffle « … et ce sera à vous de découvrir la réponse ! » fit-il d'un air malicieux. Elewë crut voir le même regard que Lindir avait lorsqu'il avait fait une blague ou qu'il était fier de lui. Elle soupira.
« C'est très aimable à vous, majesté, d'être venu me voir juste pour me dire cela » lui répondit-elle, un brin sarcastique « alors que je meurs d'angoisse de connaître le sort qui m'attend. Tout ce que vous trouvez de mieux à faire est de me mettre encore plus de pression en vous en réjouissant !

Elrohir fronça les sourcils, étonné de la réaction de la jeune elfe. Il n'avait voulu que plaisanter.

« Pourquoi réagissez-vous comme cela, je n'ai pas voulu vous froisser. Votre réaction est disproportionnée. Vous êtes sûre que tout va bien ? Est-ce que cela aurait un rapport avec votre ami, comment s'appelle-t-il déjà ? … ah oui, Lindir ? » demanda-t-il un sourire aux lèvres à la pensée que cet elfe qui lui avait adressé la parole aussi présomptueusement se soit brouillé avec son interlocutrice. Il ne savait pourquoi mais cet elfe lui était antipathique.

Elewë dut le sentir, car elle se leva du banc, et répliqua vertement :

« Ce qui se passe entre Lindir et moi ne vous regarde pas, vous en avez déjà fait assez comme cela ! Et si cela vous amuse autant de jouer avec le malheur des autres mieux vaut pour vous que vous restiez auprès de votre frère !

Et elle s'en alla, laissant un Elrohir quelque peu surpris devant sa violente réaction, et qui se demanda pour la énième fois pourquoi il avait encore fallu qu'il plaisante sur des sujets sérieux. Ada lui avait dit qu'il fallait qu'il cesse d'agir comme s'il était encore un jeune elfe écervelé qui passait son temps à enchaîner les pitreries avec son jumeau. Il soupira. Il allait lui falloir s'excuser auprès de la jeune elfe, bien que techniquement elle s'était adressée à lui de façon assez peu respectueuse de son rang, et il n'avait pas à le faire. Une pensée fugace passa : si elle avait réagit de cette manière à sa plaisanterie, c'est qu'il avait probablement visé juste. Les deux amis devaient s'être querellés. Au fond de lui Elrohir se sentit satisfait de cette situation, sans qu'il ne sache pourquoi. Il haussa les épaules. En quoi une querelle entre deux elfes anodins pouvait bien l'intéresser, et pourquoi se souciait-il tant de ce que pouvait penser cette elfe ? Il se leva, et se dirigea dans la direction qu'avait pris Elladan.

***

Elewë se retrouvait à présent dans la même situation que quelques heures auparavant : en colère. Ce n'était pas à son habitude, et cela la gêna. A cause de celle-ci elle avait totalement oublié à qui elle s'adressait, et avait parlé au prince très familièrement, pour ne pas dire grossièrement. La jeune elfe se sentit particulièrement naïve d'avoir cru que le prince serait différent des autres elfes. Pendant un instant elle avait senti quelque chose de spécial chez Elrohir, mais cette impression s'était envolée au moment même où il se jouait d'elle. Elewë regretta alors de s'être disputée avec Lindir à propos d'une personne qui n'en valait pas la peine, mais encore plus d'avoir été aussi incorrecte envers un membre royal, qui vue les pouvoirs dont il disposait pouvait agir comme il lui semblait avec elle. La honte, le regret et la tristesse la prirent au corps, et elle se dirigea vers l'habitation où elle et son ami partageaient leur chambre.

Elewë n'eut pas franchis d'un pas le seuil de la porte que quelque chose la percuta, et elle se trouva prise en étau entre deux bras musclés. Elle grimaça tandis que son bras en écharpe se faisait gentiment écrabouiller. La jeune elfe colla sa tête contre le torse de Lindir et se surprit à verser quelques larmes. Mais qu'avait-elle donc ses derniers temps, elle ne reconnaissait plus la forte et fière elfe qu'elle était ! Elewë ravala ses larmes et se décolla de son ami. Celui-ci souriait faiblement, et la jeune elfe pinça les lèvres lorsqu'elle aperçu le bleu qui s'étalait sur sa joue. Elle ne l'avait pas loupé. Mais il l'a cherché, se rassura-t-elle pour faire passer sa gêne. Elle lui sourit timidement.

« Elewë, si tu savais à quel point je suis désolé ...  » Elewë ne lui laissa pas le temps de continuer.
« Je suis aussi fautive que toi Lindir, tu n'as pas à t'excuser.

La situation était tellement étrange pour chacun qu'ils restèrent silencieux quelques instants. Enfin Lindir se ressaisit, un sourire plus franc sur le visage. Il grimaça lorsque son bleu se rappela à lui, et Elewë ne put s'empêcher de rire. Son ami la suivit -difficilement- dans son fou rire, et quelques minutes plus tard ils se redressaient, essoufflés.

« Je suis désolée pour le coup, ça m'est venu sans réfléchir ...  » fit-elle, un peu honteuse
« Non tu as eu raison, c'était la seule façon de me faire comprendre que j'allais trop loin.
« Quand-même, je ne t'ai pas loupé ...

Il lui sourit, malicieusement.
« On aura qu'à dire que ce sont des blessures de guerre !
La bonne humeur de son ami était contagieuse, et Elewë oublia tout ce qui s'était passé auparavant. Ils partirent bras-dessus, bras-dessous, heureux de s'être retrouvés.

***

Lorsque Elewë se réveilla le lendemain matin, le soleil commençait à emplir la pièce de doux reflets chatoyants qui volaient sur les murs. Elle sentit un vent frais faire onduler ses draps, et elle s’emmitoufla dedans. Alors que la jeune elfe se rendormait, Lindir débarqua en trombe dans la pièce. La première réaction d'Elewë fut de paraître choquée devant le fait que son ami soit debout avant elle, mais elle s'arrêta en voyant que celui-ci haletait et paraissait troublé.

« Elewë, Elrond veux te voir, maintenant !  » Il insista tellement sur le dernier mot qu'il finit de réveiller la jeune fille, qui se rua hors de son lit, se précipitant vers ses vêtements. Lindir se détourna pendant qu'elle s'habillait, sans protester, ce qui n'était pas à son habitude.
« A-t-il laissé deviner quelque chose ? ...  » demanda-t-elle, anxieuse, en sautant sur un pied pour enfiler ses bottes.
« Ce n'est pas lui qui m'a demandé d'aller te chercher, mais un de ses fils, au diable lequel ! Son visage était dur et sans émotions, je ne sais pas ce que ça peut laisser présager !
« Dans ce cas, il n'y a pas une minute à perdre ! » fit-elle pendant qu'elle tentait de discipliner ses cheveux. Elle était suffisamment dans une situation délicate, il ne fallait pas en plus qu'elle paraisse négligée ! Elewë attrapa sa cape et son épée, les accrocha à la hâte, et suivit en courant son ami qui sortait de la chambre.

Ils dévalèrent à toute vitesse les escaliers, filèrent sous les yeux ahuris de quelques elfes matinaux, et se ruèrent à l'extérieur du grand hall. La clarté du soleil les aveugla momentanément, et ils se dirigèrent à l'aveuglette en direction du palais royal.

Ils coururent le long des couloirs, manquant de renverser des gardes, et s'arrêtèrent devant les portes closes menant à la salle du trône. Elewë se plia en deux, tentant de reprendre son souffle, priant pour que les tambourinements de son cœur cessent. Au bout de quelques minutes elle se redressa, rajusta sa tenue et jeta un dernier regard à Lindir. L'encouragement et le soutien qu'elle vit dans ses yeux lui donna du courage, elle prit une profonde respiration, et se fit annoncer aux gardes. Ceux-ci ouvrirent en grand les portes, et la jeune elfe s’avança.

La salle lui paraissait désormais immense maintenant qu'elle savait que son destin se jouerait ici. Elewë ne prêta pas attention aux quelques elfes qui la dévisageaient, ni mêmes aux décor, son cerveau concentré sur la simple tâche de marcher droit, et si possible de ne pas s'étaler sur le sol.

Elewë décolla enfin les yeux de ses pieds lorsqu'elle arriva devant le trône, et s'inclina. Le Seigneur Elrond la dévisageait, ne laissant paraître aucune émotion sur son visage. La jeune elfe remarqua que les jumeaux étaient une fois de plus présents auprès de leur père. Elle n'adressa même pas un regard à Elrohir, encore fâchée de leur discussion de la veille, honteuse de sa réaction, et n'avait pas envie de savoir comment le prince la considérait désormais. Elewë eut le temps de voir un air de regret passer sur le visage du prince, tandis que son jumeau se retenait de ne pas sourire -mais de façon peu efficace, il fallait bien le dire.

La jeune elfe dirigea son regard vers le Seigneur de la Dernière Maison Simple, et attendit avec angoisse ses paroles, qui ne tardèrent pas.

« Seigneur Elurín, elfe mystérieux, ou bien dame Elewë, quel que soit votre nom, en participant à ce tournoi sous des traits masculins, malgré l'interdiction formelle de ne pouvoir y prendre part, vous avez désobéi aux lois du peuple elfique …

Elewë courba la tête, bouleversée par la dureté et la justesse de ces paroles.

« En me demandant ma parole vous m'avez trompé afin d'échapper aux conséquences de vos actes. Comme me l'a si bien fait remarquer ma fille hier, devant toute la cité  »dit-il quelque peu vexé d'avoir été remis en place par sa propre fille devant son peuple, « je ne peux retirer cette promesse que je vous ait faites de mon gré, ce serait indigne de mon statut.  » Un léger sourire naquit sur son visage. « Et je peux aisément vous confier que ma décision ne fut ni longue ni compliquée à prendre, au vue de vos indéniables talents …

Le cœur d'Elewë s'arrêta quelques instants de battre, le cerveau de la jeune elfe peinant à comprendre la nouvelle qui lui parvenait.

« Vous voulez dire que …
Le sourire d'Elrond s'élargit.
« Oui, malgré tous ces événements, vous avez mérité votre place au sein de notre armée Elewë, bienvenue dans nos rangs ! Mais ne pensez pas favoriser d'un traitement de faveur, vous serez un soldat comme les autres, et le fait d'être une femme ne sera pas pour vous avantager …

C'en fut trop pour Elewë qui chancela, le sol tournant décidément bien trop vite à son goût. Lindir la rattrapa juste à temps, et elle aperçut l'un des jumeaux -elle ne sut dire lequel, son cerveau trop embrouillé pour l'instant- réagir en se précipitant vers elle. La jeune elfe n'arrivait pas à aligner ses pensées correctement, mais tout ce qu'elle savait, c'est que son rêve allait devenir réalité. Elle réussit à prononcer un seul mot :

« Merci …

Elle pensa une nouvelle fois qu'elle était bien trop faible et qu'il fallait qu'elle se ressaisisse. Mais l'émotion accumulée avec la fatigue des derniers jours et sa blessure vinrent à bout de sa détermination, et elle s'effondra.

***

Cette fois-ci lorsqu'elle se réveilla, Elewë reconnut la salle de guérison du palais, où elle avait eu déjà l'occasion de séjourner quelques jours auparavant. Elle pesta intérieurement : il ne fallait pas que cela devienne une habitude ! La jeune elfe se redressa, et laissa ses yeux d'elfes s'acclimater à la lumière plus poussée de l'astre solaire qui poursuivait sa course dans le ciel azur. Selon son estimation -et les bruits désespérants que faisait son ventre-, il devait être aux alentours de midi.

Elewë balaya la pièce du regard, et aperçut une silhouette sur la terrasse. Elle sortit de son lit, enfila une tunique posée dessus, et se dirigea à pas silencieux vers l'elfe. Elle s'attendit à trouver Lindir, mais quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver nez-à-nez avec … Elladan ! Le prince se retourna, et fut étonné de la voir se tenir devant lui.

« Elewë, que faites-vous debout ?! Vous êtes encore trop faible ! Laissez-moi vous raccompagner à votre lit.
« Je me porte bien et je n'ai besoin de l'aide de personne, merci. » lui répondit-elle un peu durement, blessée dans son amour propre. L'elfe dut le remarquer car il lui sourit malicieusement.
« Voyons, ne prenez pas la mouche pour si peu. Après tout, vous vous êtes juste évanouie devant mon père, mon frère -qui a bien inutilement tenté de vous rattraper-, votre ami et les quelques elfes présents à ce moment.

Elewë se prit la tête entre les mains. Mais qu'avait-elle bien fait pour se ridiculiser à ce point ?! Ilúvatar (1) avait décidément un humour bien particulier pour qu'elle ait autant de malchance ! Mais le prince ne semblait pas décider à s'arrêter là dans la démolition de l'honneur de la jeune elfe.

« Si vous aviez vu la tête de votre ami, il semblait quelque peu … blasé, comme s'il avait l'habitude de vous rattraper. » fit-il, tentant de garder tout son sérieux possible. « Je ne m'attendais pas à ce qu'une combattante si forte puisse être à la fois si frêle.

Le prince rit en voyant la mine déconfite de la jeune elfe, et celle-ci se dit que les princes jumeaux et Lindir étaient pareils : des crétins avec des sérieux problèmes d’ego et un humour quelque peu douteux qu'il utilisaient à loisir afin de rabaisser joyeusement les pauvres elfes innocents ayant le malheur de croiser un tant soit peu leur chemin. Elewë plaignit mentalement Arwen, qui douce comme elle l'était -quoique récemment pas si douce que cela- ne devait pas beaucoup rendre la pareille à ses frères, et subir leurs blagues intempestives.

Elladan dut se rendre compte du regard noir que lui jetait Elewë, car il cessa de rigoler -même si les commissures de ses lèvres tressautaient parfois- et dit du ton le plus sérieux possible :
« Vu votre peu d'enclin à mon délicieux humour, je vous conseillerais de vous habiller rapidement -il désigna un tas de vêtements sur une chaise- et de rejoindre votre ami qui doit déjà être en train de préparer vos affaires pour le départ de cet après-midi.

Elewë ouvrit grand les yeux. Avec tout ce qui s'était passé, elle ne s'était pas rendu compte qu'aujourd'hui était le jour de départ de l'armée ! Elladan rit devant son air paniqué, fit une petite courbette, et s'en alla, laissant seule la jeune elfe avec son incrédulité.

***

Elewë se redressa, essayant de paraître digne sur la selle de Ninqueloté. Elle rajusta son arc et son carquois sur son épaule, et regarda autour d'elle. Lindir lui sourit, et elle le lui rendit. Autour d'elle près de deux-cent elfes étaient montés sur leurs chevaux, attendant l'ordre de démarrer. La jeune elfe distingua rapidement les quarante-huit autres elfes sélectionnés lors du tournoi, et aperçut avec joie le seigneur Orodreth, qui lui adressa lui aussi un sourire.

Le soleil commençait à redescendre dans le ciel, la luminosité ayant un peu décliné depuis le réveil d'Elewë. En quelques heures seulement les cent-cinquante soldats de métier s'étaient regroupés dans une discipline absolument remarquable, formés par les nombreux entraînements et missions qu'ils avaient vécus. Chacun portait l'emblème de la cité -une feuille d'atelas verte et argent brodée sur le tapis de selle de leur monture ainsi que sur le dos de leur cape-, et une impression de rigueur absolue se détachait de leurs visages neutres.

Les troupes d'Imladris seraient rejointes en chemin par celle de la Forêt d'Or -les casernes dont faisait partie Lindir sélectionnant leurs meilleurs soldats pour l'expédition- et de la Forêt Noire, Royaume du Seigneur Thranduil. Elewë avait appris de Lindir que le roi en personne ne pouvait se déplacer, mais qu'il avait envoyé son fils, le prince Legolas Vertefeuille, et son meilleur général pour diriger ses troupes. Elle avait été aussi profondément surprise d'apprendre que les jumeaux princiers prendraient eux-même part à l'expédition, et que l'illustre capitaine de la cité, le Seigneur Glorfindel en personne, mènerait les soldats à leurs côtés.

Que de gens illustres se joignaient à cette expédition, et Elewë se demanda encore une fois ce qu'elle faisait au milieu de ces beaux gens. Un autre sourire de Lindir la rassura, comme s'il avait pu lire dans ses yeux son doute.

Elewë se tourna vers l'entrée de la cité, fixant les jumeaux et le capitaine arrêtés au premier rang. Le Seigneur Elrond discutait avec eux des derniers détails du voyage. Il venait de terminer son discours souhaitant bonne chance aux soldats, et la jeune elfe le vit serrer fermement la main de chacun de ses fils, angoissé de leur départ. Il dut se ressaisir lorsque l’Étoile du Soir accourut, faisant flotter derrière elle les étoffes de la superbe robe qu'elle avait vêtu pour l'occasion. Elewë vit la magnifique elfe pleurer en adressant ses adieux à ses frères.

Au bout de quelques minutes, L'Undómiel se dirigea vers elle, et saisit sa main.
« Qu'Ilúvatar vous protège, puissiez-vous rentrer de cette bataille. Prenez soin de vous mon amie.
Une larme échappa à Elewë, qui lui sourit faiblement.
« Je ferais mon possible …
« Et gardez bien un œil sur mes frères, ils sont si imprévisibles et insouciants parfois. », fit-elle mi-triste, mi-amusée.
« Les deux ! » lui répondit Lindir en riant.

Les deux amies se séparèrent lorsque le cor de la cité retentit. La troupe se mit lentement en marche, et Elewë jeta un dernier regard à la cité : aurait-elle un jour l'occasion de revenir ici ? Elle l'espérait de tout son cœur. C'est sur cette triste pensée qu'elle mit en avant Ninqueloté, marchant fermement vers son destin.

(1) Ilúvatar est un peu comme le Dieu de la bible : il est « L'Etre Unique et Incréé, Celui par Qui Tout fut Fait » Wink

Alooooooors qu'en avez-vous pensé ? Je dois avouer que j'ai eu beaucoup de mal à commencer ce chapitre, mais je suis assez contente du final.

Encore merci de me suivre ! Very Happy
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeVen 23 Mar - 17:06:12

Déjà 10 chapitres ! Je m'hallucine moi-même ! J'ai publié 6 chapitre depuis janvier ! O.O J'espère que mon imagination ne se tarira pas tout de suite ^^
Afin de mieux vous repérer vu le nombre de sites géographiques que je cite, je vous encourage à jeter un coup d’œil à ces cartes pendant votre lecture pour faciliter votre compréhension ^^

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Spoiler:


Faire ses preuves

Cela faisait maintenant plusieurs heures que l'armée avançait. Les cavaliers chevauchaient rapidement, alternant des temps de galop avec des longs moments de pas afin de ménager leurs montures. Ils avaient franchi il y a de cela trois heures le Gué de Bruinen, et suivaient à présent la Grande Route de l'Est qui reliait Imladris à la Comté, Terre des hobbits. Leur route devrait les conduire jusqu'à Bree, en passant par la Tour de Garde d'Amon Sûl, puis ils remonteraient vers le Nord La Grande Route où ils rejoindraient leur destination finale : Fornost. Ils attendraient en chemin les Elfes des autres Royaumes. Elewë calcula rapidement la durée du trajet, et jugea qu'elle devrait durait environ deux semaines s'ils continuaient à ce rythme, peut-être trois en comptant d'éventuels imprévus et l'attente des Elfes.

Suivant la colonne, Elewë mit Ninqueloté au pas, et ses pensées se tournèrent vers l'Arnor. lle essaya de se remémorer de qu'elle savait de ce Royaume : lors de la chute de Nùmenor, Elendil s'échappa avec ses hommes restés fidèles à la cité, et à bord de neuf navires contenant les sept Pierres de Visions, fit voile vers la Terre du Milieu. Il débarqua au Nord en 3320 du Second Age, et s'installa avec ses deux fils, Isildur et Anárion. Elendil fonda alors deux Royaumes sur la Terre du Milieu : l'Arnor, sur lequel il régna de nombreuses années, et au Sud le Gondor, sur lequel ses deux fils régnèrent ensemble sous son égide.

Elendil régna en Arnor près de cent ans, puis prit part à la Guerre de la Dernière Alliance où lui et Anárion périrent. La participation de l'Arnor à cette guerre décima en grande partie les Dúnedain du Royaume, et celui-ci ne fut peuplé que par un faible nombre d'Hommes, vivant principalement dans les grandes cités telles que Fornost ou Bree. A la mort d'Eärendur, dixième roi d'Arnor, en l'an 861 du Troisième Âge, le royaume fut partagé en trois : le Rhudaur, le Cardolan et l'Arthedain.

Les descendants d'Isildur régnèrent sans interruption sur l'Arthedain, tandis que des Hommes moindres prirent le pouvoir des deux autres. Les trois Royaumes s'affrontèrent à de nombreuses reprises, notamment pour la possession d'Amon Sûl et du Palantír qui y était conservé. Les Royaumes tombèrent un à un au fil des siècles sous les attaques répétées de l'Angmar, dirigé par le plus fidèle serviteur de Sauron : le Roi Sorcier.

L'Arthedain, dernier Royaume Libre, était tombé il y a de cela quelques mois, et la cité de Fornost était passée sous la coupe du Roi Sorcier, les derniers Dúnedains forcés de s'exiler, devenant des Rôdeurs, sans Royaume et sans chef pour les diriger. Les Elfes étaient chargés de reprendre Fornost, et de libérer l'Arnor du joug de l'Angmar. La mission s’avérait difficile, mais Elewë avait foi en son peuple, et savait qu'ils réussiraient.

La jeune elfe s'extirpa de ses pensées lorsque la colonne s'arrêta. Elle regarda autour d'elle, et vit que la nuit commençait à tomber. La route, large de près de dix pieds, cheminait à présent à travers une forêt, et Glorfindel avait décidé de passer la nuit ici. Les bois étaient sombres, mais une atmosphère paisible s'en dégageait, comme si l'aura de protection d'Imladris s'étendait encore jusqu'ici, leur assurant une sécurité rassurante. Elewë tendit l'oreille, et à travers le brouhaha des nombreux elfes réunis, distingua le bruit d'une petite brise soufflant dans la canopée, agitant régulièrement le lourd feuillage des arbres. Elle aperçut fugacement un daim qui courut se réfugier dans les bois, et la présence de vie animale la rassura.

Elewë mit pied à terre, et suivit Lindir qui guidait sa monture vers l'enclos provisoire que quelque soldats habitués avaient déjà montés entre des arbres. Elle dessella Ninqueloté, et Lindir Nuruhuinë, puis les deux amis rejoignirent le gros de la troupe qui s'était massé devant une tente qui avait été montée à la lisière de la route.

Glorfindel se tenait devant la tente, et attendait le silence des elfes qui ne tarda pas à se faire.
« Soldats, nous feront halte ici ce soir. Je veux que cinquante elfes se dirigent vers le prince Elrohir … à ma droite, pour ceux qui ne sauraient pas les différencier ! » rajouta-t-il devant l'air dubitatif de certains elfes, « ceux-là seront chargés d'aller couper du bois dans la forêt pour allumer les feux de ce soir. Je veux cinquante autres elfes avec le prince Elladan pour préparer le repas, une vingtaine qui s'occupent des montures, et les derniers avec moi pour préparer le campement de ce soir. Execution !

Les elfes se mirent alors à fourmiller à droite et à gauche, chacun se répartissant vers la tâche qui lui convenait le mieux. Sans hésitation, Elewë rejoignit les quelques elfes qui s'étaient proposés pour s'occuper des chevaux, et adressa un petit sourire à Lindir qui se retrouvait avec l'équipe d'Elrohir chargée de couper du bois.

La route se vida, chaque groupe partant dans la direction qui correspondait à sa mission, et bientôt Elewë n'entendit plus que le vent qui faisait frémir le feuillage des arbres. Elle se retourna, et dévisagea la vingtaine d'elfes autour d'elle. Nombreux étaient ceux qui avaient entendu parler d'elle et qui la dévisageaient sans le masquer. Cela mis mal à l'aise Elewë, qui sentit que son adaptation n'allait pas être de tout repos.

Chaque elfe se répartir dix montures en comptant la sienne, et Elewë se dirigea vers Ninqueloté, qui poussa un hennissement de bien-être lorsque son amie la bouchonna. La jeune elfe entreprit de panser chacun des chevaux qui lui avaient été attribués, n'ayant aucun soucis pour se faire comprendre des magnifiques animaux. Son don avec eux se révélait précieux, et Elewë espéra qu'elle aurait l'occasion de continuer à s'occuper d'eux.

Le temps passa rapidement, et lorsqu'elle eut finit le pansage, distribua la ration de nourriture à chacun. Elewë releva la tête lorsqu'elle vit que l'équipe du capitaine était revenue avec de l'eau, et qu'ils commençaient à installer le campement. Un hennissement strident lui fit alors tourner la tête, et elle aperçut un sublime étalon blanc se cabrer farouchement alors qu'un elfe tentait de s'approcher de lui.

La jeune elfe ne perdit pas de temps, et accourut à l'aide du pauvre elfe qui ne savait pas où se mettre, tentant d'esquiver les coups de sabots mortels que l'étalon pouvait lui donner à tout moment. Elewë écarta le malheureux, et demanda à tous les elfes qui avaient commencé à faire cercle autour de l'animal de reculer. Elle avança lentement, les paumes tournées vers l'étalon, et lui murmura des paroles apaisantes.

« Tout doux mon beau, tout va bien, je ne te veux aucun mal, calme toi … » L'étalon continuait de se cabrer, et Elewë aperçut le blanc de son œil. L'animal était paniqué, et en même temps la jeune elfe sentait qu'il jouait de la situation.
« Calme toi, tu n'as aucune raison de paniquer comme cela. Cet elfe voulait juste prendre soin de toi, tu n'as pas à avoir peur. Là, arrête …
Les paroles d'Elewë semblaient faire effet, car le fier étalon était retombé sur le sol, et la fixait, les oreilles en avant, sa queue continuant toutefois de fouetter l'air.
« Là, c'est bien. Tu vois, tu n'as pas à avoir peur, fais-moi confiance. » La jeune elfe se rapprochait pas à pas de la monture, qui continuait de la fixer. Elle était à présent à un pas de lui, et l'étalon n'esquissait aucun geste hostile. Elewë prit confiance, et franchit la distance qui les séparait.

Elle posa sa main sur l'encolure de l'animal tout en continuant de lui murmurer de douces paroles. Elle caressa son encolure, et en profita pour l'admirer : sa robe, d'un blanc éclatant, se paraît malgré la nuit de reflets d'argents, luisant dans la pénombre. Sa crinière, longue et fournie, cascadait jusqu'au niveau de son poitrail. Ses naseaux roses, veloutés, ronflèrent tandis que la jeune elfe lui caressait le chanfrein. Elewë sourit.
« Tu es magnifique, un vrai cheval de roi. Ton cavalier a bien de la chance de posséder une monture telle que toi . Je me demande quel est ton nom …
« Il se nomme Asfaloth »lui répondit une voix dans son dos.

Elewë sursauta, sortant de la douceur du lien qu'elle avait créé avec le cheval, et se retrouva nez-à-nez avec le capitaine Glorfindel. Le Tueur de Balrog lui sourit, et ses longs cheveux d'or semblaient parés des mêmes reflets que l'étalon.

« M-Monseigneur ... » lui répondit Elewë en s'inclinant, gênée que l'illustre Glorfindel s'adresse à elle.
« Redressez-vous, soldat. » lui répondit-il d'une voix douce. « Vous êtes le premier elfe que je rencontre, en dehors de la Dame Arwen, qui réussisse à approcher mon étalon sans se faire embrocher. Vous avez un véritable don avec les chevaux, cela se voit à la façon dont ils vous écoutent.
Elewë rougit sous le compliment.
« Monseigneur, je n'ai fait que le calmer, ce n'était pas grand chose …
« Je pense justement le contraire, soldat, et au vue de votre apparent lien avec Asfaloth, vous serez dorénavant chargée de vous occuper de lui et des autres montures tout le temps du voyage. Bien évidemment vous ne serez pas seule, d'autres elfes vous aideront tous les jours.

Elewë s'inclina à nouveau, stupéfaite de la confiance que plaçait l'elfe en elle.
« C'est un honneur Monseigneur, et je m'acquitterais de cette tâche avec joie.
Glorfindel sourit, puis s'adressa aux autres elfes qui s'étaient groupés autour d'eux :
« Si vous avez fini soldats, je vous invite à rejoindre le centre du campement afin de prendre pars au repas. » et il s'en alla, laissant une Elewë abasourdie, et une foule d'elfe qui la fixaient encore plus qu'auparavant. Elle soupira intérieurement. Il allait définitivement être difficile pour elle de s'intégrer en toute discrétion …

Elewë se dirigea alors vers la douce lumière que dégageait le grand feu de camp qui avait été monté, et autour duquel quelques dizaines d'elfes s'étaient déjà rassemblés. Elle repéra Lindir qui lui fit un signe de la main, et le rejoignit, esquivant les soldats s'étant déjà assis autour du feu. La jeune elfe s'assit à côté de son ami, et vit avec joie que l'équipe d'Elladan n'avait pas chômée : des corbeilles rudimentaires de fruits circulaient de mains en mains, se vidant au fur et à mesure, et Elewë prit avec joie une pomme et une orange. Quelques viandes rôtissaient sur le feu, et les elfes chargés du repas s'attelèrent à la distribution des rations. Les quelques elfes végétariens eurent droit à un ou deux fruits supplémentaires, et bientôt chacun eut le ventre plein.

Tout au long du repas, Elewë avait capté les regards insistants de nombreux elfes, et toute cette attention commençait à l'énerver, attention qu'elle savait s'être accrue depuis qu'elle avait « dompté » Asfaloth. Elle priait pour que tout ceci cesse dans les jours à venir, et que bientôt tous ces soldats la verraient comme une des leurs, et non une elfe qui n'avait pas sa place parmi eux.

Une fois chacun repus, un certain nombre d'elfes se dirigèrent vers le couvert de la forêt pour aller se coucher (principalement ceux sélectionnés lors du tournoi), tandis que les autres se rapprochaient du feu pour capter la moindre parcelle de chaleur, une légère chape de froid commençant à tomber sur leurs épaules, rafraîchissant l'atmosphère. Elewë grelotta, mais se dit que ce n'était peut-être pas la meilleure des idées de se coller à Lindir.

Elle soupira et fixa le mouvement des flammes qui grimpaient jusqu'au ciel, se détachant avec netteté du fond sombre de la nuit désormais complète. La jeune elfe se rassurait en se raccrochant à cette douce source de lumière, et se laissa immerger dans sa contemplation. De petites flammes rouges léchaient le bois, tandis que d'autres, plus grandes, s'élevaient dans un semblant d'envie de s'échapper dans la nuit. Les flammes jaunes et oranges se succédaient et se complétaient, ondulant sous la douce brise, et leur mouvement berça Elewë qui sentait ses paupières s'alourdir.

Elle se réveilla en sursaut lorsqu'une braise crépita plus fort que les autres, et en regardant autour d'elle la jeune elfe se rendit compte qu'il ne restait que peu d'elfes assis autour du feu. Elewë aperçut au loin le capitaine Glorfindel et les jumeaux princiers discutant de l'itinéraire qu'ils emprunteraient le lendemain, et des lieux où ils feraient des haltes. Les deux frères semblaient absorbés par leur tâche, et leur détermination à bien faire se lisait sur leur visage, copie parfaite l'un de l'autre.

L'un des deux dû sentir son regard peser sur ses épaules, car il se tourna dans sa direction, et Elewë détourna rapidement la tête, apercevant Lindir qui fixait le feu, un petit sourire béat s'étalant sur son visage.
« Je ne sais pas à quoi tu penses, mais tu tombes de sommeil », lui dit-elle un sourire aux lèvres, « viens mon grand, il est l'heure d'aller se coucher.
Son ami s'extirpa de ses pensées, et lui adressa un petit sourire vexé, la mine boudeuse.
« Oui nana (1) …
Elewë sourit. La dispute entre les deux amis paraissaient lointaine, leur relation étant redevenue celle qu'elle était avant. Mais Elewë savait que l’événement avait changé quelque chose chez son ami.

Une fois Lindir relevé, ils se dirigèrent vers les bois, prirent chacun un hamac sur le tas -préparé par le groupe de Glorfindel- posé à l'orée de la forêt, et marchèrent quelques minutes avant de trouver un arbre qui n'étais pas déjà occupé ; accrochèrent leurs hamacs, et se couchèrent dedans avec plaisir. Elewë se remémora les derniers jours, peinant à réaliser que désormais elle faisait partie d'une troupe de fiers combattants, l'élite du peuple elfique.

La journée d'aujourd'hui n'avait pas été trop épuisante, vu le peu de temps qu'ils avaient chevauchés, et la jeune elfe espéra que passer deux semaines entières, à raison de plus de dix heures par jour à cheval, ne l'épuiserait pas trop, et qu'elle conserverait toutes ses forces pour donner le meilleur d'elle-même au combat.
La fatigue eut raison d'elle, et c'est sur cette pensées qu'Elewë s'endormit.

***

Elewë fut réveillée à l'aube par l'agitation des elfes autour d'elle. La jeune elfe émergea lentement de son sommeil, et descendit prudemment de son hamac, essayant de ne rien se casser. Lindir était déjà au pied de l'arbre, pliant son hamac, et lui sourit lorsqu'il la vit descendre de l'arbre.
« Bien dormi ?
« ça va, mais ça aurait pu être mieux », fit-elle un peu bougon, encore légèrement assoupie.
« J'ai le regret de te dire que tu vas devoir t'y habituer, chère princesse délicate !
Elewë lui tira la langue, plia son hamac, et les deux amis se dirigèrent vers le centre du campement, où le grand foyer d'hier soir s'était réduit à l'état de cendres, consumant les dernières bûches durant la nuit. Chacun pris une miche de pain de taille moyenne dans un panier, et entreprit avec application de remplir son estomac.

Une fois son frugal petit déjeuner dévoré, Elewë tourna sur elle-même pour observer le campement : les retardataires finissaient de plier et ranger leur hamacs, d'autres commençaient à empaqueter leurs affaires et préparer leurs montures. La jeune elfe aperçut Glorfindel, Elrohir et Elladan récapituler leur trajet du jour. Selon certains elfes, ils avanceraient peu aujourd'hui, afin de permettre aux autres armées de les rejoindre dans les jours qui suivent.

Alors que Elewë détachait son regard du trio, elle aperçut parmi la foule un soldat qui la fixait fermement. La jeune elfe aperçut dans ses yeux comme de la colère, et son regard était sombre, houleux. Elle fixa à son tour quelques instants l'individu qui finit par rompre le contact, et elle se détourna vers Lindir, discutant avec lui de la journée à venir, écartant de sa mémoire ce bref échange.

Le temps que chacun finisse son petit-déjeuner et soit entièrement réveillé, près d'une demi-heure avait passé, et le soleil était désormais plus présent, chauffant légèrement l'atmosphère, et le ciel se paraît de nuages aux couleurs roses, violettes et oranges. C'était magnifique à voir.

Elewë se détourna du spectacle, et aperçut à nouveau l'elfe de tout à l'heure, qui s'était rapproché entre temps : il se tenait à seulement quelques pas d'elle, et la fixait hostilement. Le petit jeu du regard dura quelques secondes, jusqu'à ce qu'Elewë perde patience, et se dirige vers l'elfe. Celui-ci semblait intrigué de la voir s'approcher de lui, mais il continua de démontrer une attitude hostile à son égard. Il ne la salua même pas lorsqu'elle fut juste en face de lui.

« Camarade, vous me fixez d'une façon bien peu aimable depuis quelques temps, quelle en est donc la raison ?

L'elfe lui répondit si dédaigneusement que s'il avait été un homme, il aurait probablement craché au sol :
« Camarade ? Je ne suis pas le vôtre, car vous êtes autant soldat de cette compagnie qu'un orque puisse l'être.

Le sang chaud d'Elewë bouillonna dans ses veines, et elle répliqua froidement, chaque syllabe contenant une parcelle de l'immense rage qui la consumait à présent.
« Je ne vous permets pas de m'insulter de cette façon, et vous n'avez nullement pouvoir à juger ma condition de soldat. J'ai autant ma place ici que n'importe lequel d'entre vous.

Un sourire narquois naquit sur les lèvres de l'elfe.
« Je ne puis que contredire vos paroles. Vous n'êtes pas comme nous. Vous êtes une femme, vous n'avez rien à faire dans l'armée. Vous êtes une aberration. Vous ne savez même pas vous battre correctement, trop faible que vous êtes. Retournez à vos broderies, auprès des femmes, c'est là qu'est votre place.

Chaque nouvelle parole meurtrissait un peu plus le cœur d'Elewë, creusant de profond sillons. Des larmes intérieures coulèrent, la jeune elfe bouleversée d'être l'objet de tant de rage et de rejet. C'était injuste, cet elfe n'avait pas à lui dire cela. Il l'insultait, et profanait son honneur. Elewë se ressaisit. Elle allait lui prouver ô combien il se fourvoyait.

Un éclair de rage absolue passa dans ses yeux, furtif, et l'elfe l'aperçut. Il recula d'un pas, surpris par la réaction d'Elewë. Elle était censée s'écrouler. Au lieu de cela, elle rayonnait d'une aura féroce, indescriptible, et semblait déterminée à vouloir lui passer le goût de la rabaisser de cette façon Le soldat se ressaisit, certain de pouvoir maîtriser sans peine cette furie aveuglante, et ses épaules se relâchèrent. Alors Elewë attaqua. Rapidement. L'elfe n'eut pas le temps de la voir bouger, malgré les capacités visuelles hors du commun de sa race. La colère semblait décupler ses capacités.

Elewë lui asséna d'abord un violent coup de poing au niveau du diaphragme, lui vidant les poumons sous le choc. Il tituba, et la jeune elfe le frappa au plexus, paralysant momentanément son bras droit. Le soldat tenta de reprendre ses esprits, mais Elewë l'attrapa par le poignet, passa sous la garde ; d'un mouvement de rotation, le fit passer par-dessus son épaule, et dans un même geste dégaina la dague qu'elle portait à sa ceinture. L'elfe atterrit brutalement sur le dos, Elewë lui tenant toujours le poignet. Elle s'accroupit, et une fraction de seconde plus tard sa dague était posée sur la gorge de l'elfe, qui peinait encore à reprendre son souffle.

Les elfes ayant assistés à la scène étaient stupéfaits. Il y a de cela trois secondes les deux elfes étaient l'un en face de l'autre, et maintenant l'un était à terre, et l'autre le menaçait de sa lame. Le combat avait été tellement rapide qu'aucun n'avait réussi à suivre ce qu'il s'était passé.

Le visage d'Elewë était dur, sa mâchoire était crispée sous la colère. Sa chevelure était entièrement détachée, et ses longues mèches encadraient son visage, la cachant en partie. Elle se retenait visiblement de blesser réellement celui qui avait fait l'affront de l'insulter. Elewë entendit des bruit de course, et vit Glorfindel qui accourait, suivi des deux frères.

La jeune elfe rengaina à regret sa dague, se redressa, et passa une main dans sa longue chevelure brune. Elle transpirait à peine, et elle reprit son souffle en quelques secondes. Chacun se rendit compte que si elle avait voulu tuer l'elfe, il ne serait déjà en Mandos (2). Un silence absolu se fit, personne n'osant le briser de crainte de recevoir lui aussi le courroux de la combattante furieuse qui se tenait sous leurs yeux. Elewë dévisagea une dernière fois l'elfe, et cracha ces derniers mots :

« Que plus jamais, tu m'entends, plus jamais tu n'oses m'insulter comme tu viens de le faire, où ce jour-là tu ne perdras pas uniquement ton souffle. » Ses mots étaient lourds de sous-entendus, et le malheureux n'osa même pas la défier du regard. Elle posa alors son regard sur les elfes s'étant réunis autour d'elle
« J'espère que ceux qui doutaient encore de ma capacité à me battre sont convaincus. Si ce n'est pas le cas, je me ferais un plaisir de le leur montrer une bonne fois pour toute.

Elewë se retourna alors, et dévisagea fermement Glorfindel qui la regardait, quelque peu ébahi par la célérité dont avait fait preuve, mais qui tentait de le dissimuler.
« Monseigneur, je n'ai aucune excuse à présenter pour ma conduite, car si une personne ici a des excuses à présenter, ce n'est pas moi. J'ose penser que cette personne a eu son compte pour aujourd'hui. Si je dois être punie pour avoir défendu mon honneur, soit, je l'accepterais sans broncher.

Elewë baissa alors la tête en guise de soumission devant son supérieur hiérarchique, et attendit que la sentence tombe. Elle entendit le capitaine soupirer.

« Redressez-vous soldat ». Il la dévisagea fermement. « Vous êtes tous deux fautifs. Il n'aurait pas du vous insulter ainsi, et vous n'auriez pas du réagir aussi violemment. Comme vous l'avez précisé, je pense qu'il a suffisamment était puni par vos soins. Quant à vous, vous aurez interdiction de recevoir votre ration jusqu'à demain matin. » L'elfe se tourna vers la foule amassée autour d'eux. « Et bien, qu'attendez-vous ?! Nous partons !

Les elfes se mirent alors à courir dans les sens, et au moment de se détourner, Elewë crut apercevoir une lueur d'intérêt et de respect dans les yeux du Tueur de Balrog. Celui-ci ne le laissait pas paraître, mais il avait été impressionné de la vitesse d’exécution des attaques que la jeune elfe avait enchaînées. Elle avait été précise, rapide, et avait su jauger sa force afin de ne pas blesser son adversaire. Le capitaine se dit que les remarques d'Elrond n'étaient pas infondées, et désormais il surveillerait avec attention cette elfe.

Elewë soupira de soulagement en apprenant la punition dont elle écopait. Elle avait déjà eu l'occasion de jeûner pendant plusieurs jours, et cela ne la dérangeait pas. Elle s'était attendu à pire. La jeune elfe promena son regard parmi la masse d'elfes qui grouillait autour d'elle, et repéra Lindir qui se tenait à quelques pas d'elle. Alors qu'elle se dirigeait vers lui, elle aperçut les jumeaux un peu plus loin : Elladan semblait tenir un discours animé à son frère, tandis qu'Elrohir la fixait, ne paraissant pas entendre son jumeau lui parler.

Elewë le fixa quelques instants, puis détourna le regard, et se retrouva face à Lindir, qui lui adressait un immense sourire. Enfin, il avait retrouvé l'Elewë qu'il connaissait depuis des siècles : une elfe intrépide, fougueuse, et d'une irritabilité à toute épreuve !

(1) nana signifie « maman », comme ada qui sigifie « papa » Wink
(2) Mandos est le lieu où se réunissent les esprits des Elfes et des Nains morts. C'est en quelque sorte le paradis de la Terre du Milieu ^^


Chapitre terminé ! Alors, qu'en avez-vous pensé ? Désolée pour la longue introduction sur l'Arnor, mais elle me semblait indispensable. Je tiens à préciser pour les lecteurs strictes qui me reprocheront certaines libertés, que les elfes de la forêt noire ne sont pas censés prendre part au combat, mais que voulez-vous, j'étais bien obligée de faire figurer Legolas ^^
Je me suis aussi dit qu'ayant sauté l'épreuve de combat à main nue, je devais l'illustrer, même rapidement. Je ne sais pas si les attaques que j'ai décrite peuvent être réalisées, mais elles semblent plausibles ^^ (vous ne m'en voudrez pas de ne pas avoir essayé moi-même Razz).
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeVen 20 Avr - 9:48:15

L'arrivée des troupes

Cela faisait à présent deux jours que l'altercation entre Elewë et le soldat avait eu lieu. Les troupes de Glorfindel chevauchaient lentement et faisaient de longues haltes pour remplacer et conserver au maximum leurs provisions, en attendant le reste des troupes. Le soleil était haut dans le ciel et Elewë estima qu'il devait être aux environs de midi passé de deux heures. Les elfes avaient quitté hier le couvert de la forêt, et suivaient la Grande Route qui serpentait désormais à travers de grandes plaines. Ils approcheraient bientôt d'un bras du Bruinen, le Mirtheithel, et franchiraient demain le dernier Pont. Le capitaine et les princes avaient décidé d'atteindre en début d'après-midi le lieu de rendez-vous prévu pour rassembler l'Armée, une auberge abandonnée située à faible distance du Pont.

Pour Elewë, ces deux derniers jours étaient passés à une lenteur exaspérante. Les montures avançaient au pas ; à chaque halte le soir le campement était monté de façon identique, et rien, absolument rien de palpitant, pas le moindre petit événement n'avait surgit pour sortir la jeune elfe de son ennui. L'abruti d'elfe l'ayant défié - elle avait appris son nom par Lindir : Voronwë – n'avait plus rien tenté contre elle. Il se contentait de grommeler quand il l’apercevait et qu'il croisait son regard, et se massait la gorge, où le souvenir de la dague de la jeune elfe était encore présent.

Lindir avait beaucoup apprécié le petit tour de force d'Elewë, et il n'était apparemment pas le seul : de plus en plus d'elfes ne la dévisageaient plus comme quelqu'un n'ayant pas sa place parmi eux -bien que certains à cheval sur les principes restent récalcitrants à la présence d'une femme dans leurs rangs- mais peu osaient lui adresser la parole, préférant l'éviter. Elewë était ainsi ravie lorsque Orodreth ou bien Elladan venaient faire la discussion avec elle.

Elle n'osait cependant toujours pas adresse la parole à Elrohir, une trop grosse gêne s'étant installée entre eux. La jeune elfe avait bien vu qu'il l'avait fixé un certain temps lors de l'altercation, et elle avait pensé qu'il lui adresserait à nouveau la parole, mais aucun des deux n'avait esquissé un geste vers l'autre, et la situation semblait moins facile à résoudre de jour en jour. Elewë émergea de ses pensées lorsqu'elle se rendit compte qu'elle fixait le prince, et que celui-ci semblait s'en être aperçu, son regard interrogateur posé sur elle. La jeune elfe rompit immédiatement l'échange visuel, et aperçut que la colonne s'était arrêtée. Ils devaient être arrivés à l'auberge abandonnée.

C'était une grande bâtisse faite en bois de chêne brun -l'arbre le plus facile à trouver dans la région- qui s'étendait sur plus d'une centaine de pas de longs. Son toit fait de chaume était percé à certains endroits, ou complètement absent à d'autres, laissant la charpente de poutres épaisses apparaître. La porte massive oscillait sur ses gonds, et l'intérieur sentait le renfermé. Des herbes hautes cachaient le bas des murs, et la végétation commençait à prendre place. Toutefois, pour une auberge abandonnée, elle était encore en état correct, et permettrait de loger les capitaines et dirigeants de l'armée, ainsi que de stoker les vivres.

La routine s'installant progressivement chez les soldats, chacun mit pied à terre, et dirigea sa monture vers l'espace délimité par Glorfindel. Les elfes se répartirent alors en quatre groupes pour effectuer les tâches habituelles -dont une mission de repérage des lieux alentours- et Elewë se retrouva à son habitude avec le groupe s'occupant des chevaux.

Tandis que la jeune elfe pansait Asfaloth, elle sentait l'excitation croître de plus en plus. Les représentants de sa cité allaient bientôt arriver, et elle se demanda qui dirigerait les troupes de Caras Galadhon. Elewë espéra que ce ne soit pas son père. Même si elle était venue avec les elfes d'Imladris, elle avait été sélectionnée durant le tournoi, et serait donc sous le commandement du représentant de sa Cité. Toutes les troupes seraient supervisées par Glorfindel, mais la jeune elfe ne mourrait pas d'envie de se retrouver sous les ordres de son père. Elle ne savait encore comment il réagirait, et ne tenait pas à le découvrir de sitôt …

Une fois sa tâche terminée, Elewë se dirigea vers le devant de la bâtisse où s'étaient assemblés les elfes autour du Capitaine.
« Soldats, nos amis ne nous rejoindront pas avant plusieurs heures. Vous êtes libres de faire ce que bon vous semble -tant que cela reste convenable- »fit-il en jetant un regard mi-sombre mi-moqueur à Lindir. Elewë sourit. En à peine quelques jours, son ami avait déjà acquis une réputation de casse-cou, et poursuivait ses … exploits aux côtés de Nuruhuinë. Glorfindel l'avait remarqué, et bien que souriant parfois à la vue du duo, essayait tant bien que mal de les calmer, ce qui n'était pas forcément très évident. Lorsqu'il vit le regard de son capitaine, Lindir fit un petit sourire innocent, auquel Glorfindel répondit avant de reprendre :

« Je disais donc que vous étiez libre de faire ce qu'il vous plaisait, en restant dans la zone que nous avons délimitée. Si certains d'entre vous souhaitent mener une expédition de chasse, rassemblez-vous et faites le savoir à moi-même ou l'un des jumeaux. Et une bonne fois pour toute, Elrohir a une cape bleue alors que celle d'Elladan est verte ! » fit-il en scrutant la foule, amusé.
« Euh Monseigneur … je crains de vous décevoir, mais moi c'est Elladan ... » fit le jumeau à la cape bleue.
« C'est vrai » renchérit son frère avec un petit sourire contrit « nous n'osons pas vous le dire, mais vous nous confondez, Monseigneur ... 
Glorfindel les fixa quelques instants.
« Ne me prenez pas pour un imbécile, je vous connais depuis que vous êtes en âge de marcher, cessez donc vos pitreries qui n'amusent personne ! » mais son visage trahissait sa pensée, et tous les elfes réunis se mirent à rire lorsqu'un fin sourire naquit sur ses lèvres.
« Bien maintenant que la question concernant ces pitres est réglée » quelques elfes sourirent à nouveau « il me faut quelques volontaires pour aller se poster en éclaireurs aux abordes de la zone pour guetter l'arrivée des troupes » quelques elfes levèrent la main et Elewë les imita « Bien, vous pouvez disposer à présent !

Les elfes commencèrent à se séparer, se répartissant un peu partout dans le périmètre délimité. Elewë aperçut les jumeaux qui avançaient vers Glorfindel, bras-dessus, bras-dessous, un grand sourire sur leur visage, encore fiers de leur petite blague -qu'ils devaient avoir l'habitude d'infliger à leurs proches. La jeune elfe sourit puis se dirigea vers l'Est, devinant que les troupes arriveraient par le même chemin que celle de Glorfindel avaient emprunté plus tôt.

Elewë s'installa sur un rocher, cueillit un brin d'herbe qu'elle se mit à rouler entre ses doigts, et en mâchonna un autre. Elle espéra que les elfes n'allaient pas trop tarder, elle n'avait pas envie de passer toute son après-midi assise sur ce rocher. La jeune elfe ferma les yeux, la douce chaleur du soleil et la légère brise qui balayaient son visage l'assoupissant. Elewë commençait à somnoler, lorsqu'une odeur de cuir et de sueur portée par le vent parvint jusqu'à elle.

Elle rouvrit les yeux, et ses yeux d'elfe aperçurent à environ mille pas de la poussière qui se soulevait et se répandait dans les airs sous forme d'un léger nuage. Des silhouettes percèrent l'écran opaque, et Elewë aperçut les fanions de la Lórien : un fond vert aux contours en or, avec au centre un cygne brodé de fils d'argents. Le cœur de la jeune elfe fit un bond dans sa poitrine, et elle eut du mal à l'empêcher de s'en détacher lorsqu'elle attendit que la troupe se rapproche.

Lorsque celle-ci ne fut plus qu'à deux cent pas, elle scruta l'avant de la colonne -composée à vu d’œil de trois cents soldats- et découvrit que le Seigneur Haldir marchait devant, chevauchant un étalon alezan. De stature moyenne, blond aux cheveux longs, il dégageait naturellement une aura d'autorité et de respect. Son visage était agréable, et attirait à la sympathie. Chef des Sentinelles de Caras Galadhon, il était un elfe prestigieux, mais Elewë s'étonna que la direction de l'armée lui ait été confiée. Elle haussa les épaules. Peu importe, du moment que ce n'était pas son père.

Elewë se redressa lorsqu'ils arrivèrent à sa hauteur, et un murmure de stupéfaction monta des soldats. Ainsi c'était vrai, la fille du très respecté Galweg, le grand maître d'armes de la Cité, avait réussie à être sélectionnée lors du tournoi d'Imladris. Beaucoup la connaissaient de nom, et peu étaient ceux étonnés de la voir ici, ayant entendu parler de son brillant maniement des armes ainsi que de son caractère très … original.

Elewë s'inclina devant Haldir, qui mit pied à terre pour venir à sa rencontre.
« Bienvenue Monseigneur, je parle au nom de tous en vous disant que votre arrivée est des plus appréciée. Si vous voulez bien me suivre, je vais vous conduire au campement et au Capitaine Glorfindel.
« C'est très aimable à vous Elewë d'être venu à notre rencontre. Notre venue était attendue, mais votre présence l'était encore plus » lui répondit l'elfe, un petit sourire sur son visage.
La jeune elfe rougit, confuse
« Monseigneur, je ne mérite pas tant d'hommages …
« Sachez ma Dame que vous êtes assurée de l'espoir et l'approbation de toute votre Cité. Le Seigneur et la Dame de la Lórien m'ont chargée de vous présenter leurs encouragements, et j'ai également ceci pour vous …
Alors qu'il parlait, il sortit de la doublure de sa tunique une enveloppe, fermée par un cachet, qu'il lui tendit. Elewë reconnut immédiatement le sceau : il s'agissait d'une épée et une hache entrecroisées sur un bouclier marqué du cygne royal. Le sceau du maître d'armes. Le sceau de son père. Elle prit délicatement la lettre et la rangea dans une de ses poches, angoissée par ce qu'elle pouvait contenir.

Elewë se reprit, et s'adressa à Haldir :
« Je vous remercie Monseigneur. Maintenant si vous le désirez, je vais vous montrer le chemin vers l'auberge.
L'elfe acquiesça d'un signe de tête, remonta sur son cheval, et invita d'un mouvement du bras ses troupes à le suivre.

Elewë ouvrit la voie, et quelques minutes plus tard atteignit le campement. Les elfes d'Imladris accouraient, et beaucoup saluaient avec joie l'arrivée de leurs amis. Les soldats de métier retrouvèrent des camarades de longue date, et bientôt l'air fut remplit des discussions animées des elfes.
Elewë conduisit Haldir et deux autres elfes -ses généraux- dans l'auberge, et s’effaça en atteignant la porte menant à l'une des rares pièces closes du bâtiment.
« Le Capitaine vous y attend, si vous voulez bien entrer
Elle s'inclina, ouvrit la porte aux elfes, et la referma derrière eux une fois qu'ils furent rentrés.

La jeune elfe sortit alors de la bâtisse, et se dirigea vers l'endroit où elle avait aperçu Lindir un peu auparavant. Son ami faisait une sieste dans les hautes herbes, au pied d'un grand chêne qui se dressait prêt de l'auberge.

« Et bien, tu n'as pas assez dormi comme cela ces derniers temps, warg des cavernes ? » lui dit-elle amusée, avant de s’asseoir à côté de lui.
« Non, car à chaque fois une adorable personne venait me réveiller trop tôt » fit-il mi-grognon, mi-hilare.
« Je ne vois pas du tout de qui tu parles, » lui répondit-elle de son air le plus innocent, auquel il répondit par un levé des yeux au ciel. « les elfes de la Lórien viennent d'arriver, et devine qui les dirige ?!
« Huuum … ton père ? Fit-il moqueur. Il eut juste le temps d'esquiver un pseudo-coup de coude.
« C'est ça rigole … Non, c'est Haldir, le Chef des Sentinelles !
« Merci je sais qui est Haldir » répondit-il en rigolant. « cela ne m'étonne pas, on parlait beaucoup de lui dans ma caserne. Il est très efficace dans la protection des frontières, et est de plus en plus remarqué. D'ailleurs je suppose que je vais retrouver beaucoup de mes camarades qui ont du être envoyés ici avec lui
« Sûrement ... » fit Elewë d'un ton peu rempli d'entrain. Lindir le remarqua et sourit, passant son bras autour d'une de ses épaules :
« Allons princesse, tu sais très bien que je ne vais pas t'abandonner pour aller voir les elfes de ma caserne. Je préfère amplement ta compagnie, ne t'inquiète pas.

Elewë lui adressa un petit sourire, rassurée, puis se souvient de la lettre que Haldir lui avait donnée un peu plus tôt. Elle la sortit délicatement de sa poche, et l'ouvrit sous les yeux ronds de Lindir qui avait reconnu le sceau.

« Quand as-tu obtenu cela ?
« Haldir me l'a donnée lorsque je suis venu à leur rencontre. » Elle leva les yeux vers son ami « J'ai peur de ce qu'elle peut contenir » fit-elle, l'angoisse perceptible dans sa voix.
Son ami l'encouragea d'un sourire
« Tu ne peux le savoir qu'en l'ouvrant.

Elewë soupira, pris son courage à deux mains, cassa délicatement le cachet de cire rouge, et entrouvrit l'enveloppe. Elle en sortit un mince feuillet de papier, qu'elle déplia. Elle fut surprise par la longueur de la lettre, et lut ces mots :

Elewë, tu n'aurais jamais du quitter la cité sans me prévenir.
Je suis fier de toi.
Ton père

Alors qu'elle parcourait la lettre de haut en bas plusieurs fois, une larme vint s'écraser sur la feuille de papier, et Elewë vit qu'elle pleurait. C'était une des rares fois de son existence où son père lui adressait un compliment comme celui-ci, ou bien qu'il lui disait qu'il était fier d'elle. Pire encore, c'était la première fois qu'il signait une lettre qui lui était destinée par « ton père ». Pour la jeune elfe, c'était comme s'il reconnaissait pour la première fois qu'elle était sa fille, et qu'il l'aimait.

Elewë tendit en tremblant le feuillet à Lindir, qui après l'avoir lu, la prit dans ses bras. Elle s'y blottit de bon cœur, et passa toutes les émotions qu'elle ressentait dans l'étreinte de son ami. Celui-ci cala la tête de la jeune elfe contre son épaule, et la berça comme une petite elfe. Elewë mit cinq minutes à se calmer, et lorsqu'elle se détacha de Lindir, remarqua que celui-ci paraissait gêné par la longueur de l'étreinte. Elle lui sourit, puis articula faiblement un « merci » que son ami compris, lui rendant son sourire.

Les deux elfes se redressèrent lorsqu'ils entendirent des acclamations venant du camp. Ils se dirigèrent vers le lieu d'où venait le bruit et aperçurent alors ce qui suscitait l'enthousiasme des elfes : les troupes de Mirkwood étaient arrivées ! Le Prince de la Forêt Noire, Legolas Vertefeuille, était juché sur un grand étalon noir, portant l'étendard de sa maison – une bannière verte foncée ornée d'une couronne noire sur laquelle s'enlaçaient des plantes grimpantes elles-même noires- et resplendissait littéralement.

Il était grand, de stature tout a fait appréciable et semblait musclé par les entraînements. Sa chevelure d'un blond doré aux reflets platine était tressée, et quelques mèches descendaient jusqu'au bas de ses épaules. Il ne portait pas de vêtements royaux, mais une majesté se dégageait naturellement de sa personne, et inspirait l'admiration. Elewë resta stupéfaite quelques instants, puis se ressaisit lorsqu'elle vit que Lindir la regardait bizarrement, haussant un sourcil. Elle lui fit un petit sourire, puis se tourna vers Glorfindel et les jumeaux qui se dirigeaient vers les arrivants, tandis que le prince mettait pied à terre.

« Bienvenue à vous mon prince, il est bon de vous revoir. Vous n'étiez pas aussi grand la dernière fois que votre père, le Seigneur Thranduil, est passé nous rendre visite à Elrond et moi.
Le prince rit, un sourire s'étalant sur sur visage.
« Le plaisir est pour moi, il est agréable de retrouver de vieux amis. Et j'espère bien que ma taille ait quelque peu changée depuis la dernière fois que nous nous sommes vus » Son sourire s'élargit lorsqu'il aperçut les jumeaux marchant vers lui. « Cousins ! Je peux aisément vous dire que votre présence et votre joie de vivre m'a manquée dans les bois sombres de mon pays ! Comment vous portez vous ?
« Ma foi bien, Elrohir est toujours aussi casse-pied -surtout ces derniers temps- et moi aussi parfait. » lui répondit malicieusement Elladan.
« Très bien, maintenant que les retrouvailles sont faites, allons préparer le repas de ce soir. La journée touche à sa fin, et je suppose que le voyage a dû vous affamer. Allons donc rejoindre Haldir qui vous a précédé de quelques heures. » Invita Glorfindel.
Les soldats s'éparpillèrent, ayant compris le sens subliminal des propos de Glorfindel, chacun s'affairant pour préparer le repas. Ils étaient à présent près de huit-cent elfes, et il fallait nourrir et loger tout le monde.

Elewë et Lindir se dirigèrent ensemble vers le grand feu de camp, où les elfes avaient installé les mets préparés, et s'assirent auprès de quelques soldats. Le reste de l'armée ne tarda pas à les rejoindre, et bientôt l'air fut empli des bruits de mastication et des bavardages enjoués des elfes. Glorfindel, les princes, Haldir et les généraux s'étaient installés un peu à part lors du repas, mais les rejoignirent bientôt, et alors que la nuit commençait à tomber, les différentes troupes firent part du récit de leur voyage qui était loin d'être palpitant : les elfes de la Forêt Noire n'avaient rencontré qu'une poignée d'orcs, tandis que ceux de la Forêt d'Or n'avaient rien à signaler.

Les discussions dérivèrent alors sur la mission qui les réunissait ici aujourd'hui, et beaucoup firent part de leurs impressions sur l'avancée du Roi d'Angmar dans les Terres Libres. Quelques uns soupçonnaient des traîtres de s'être alliés avec lui sous promesse de régner sur le Royaume une fois conquis. Cette idée choqua Elewë qui se demanda comment des hommes fiers et libres pouvaient accepter de livrer leur pays à la domination de l'ennemi.

Les soldats bavardèrent tard, le ciel était devenu entièrement noir, et peu de nuages cachaient le voile d'étoiles qui scintillaient vivement. Les elfes s'en allèrent progressivement, et les deux amis profitèrent encore de la douceur de la nuit pour discuter tous les deux. Lorsque Lindir vit qu'Elewë avait la tête qui flanchait, il l'aida à se relever, et ils se dirigèrent vers un coin tranquille où les elfes ne s'étaient pas encore couchés. Elewë s'endormit rapidement, couchée dans les herbes hautes contre Lindir, une couverture sur les épaules. Sa dernière pensée fut pour son père et la lettre qu'il lui avait envoyé …


***

Le lendemain, Elewë se réveilla en pleine forme, mais commença à regretter l’absence d'un bon matelas. Elle devait se faire à ce mode de vie si elle voulait s'endurcir et devenir un véritable soldat. C'est sur cette pensée forte qu'elle se leva et rejoignit son ami.

Après avoir déjeuné, les elfes commencèrent à lever le camp, répartissant les vivres entre eux. Il avait été décidé qu'aujourd'hui ils franchiraient le Dernier Pont, et avanceraient le plus possible afin d'atteindre l'ancienne Tour de Garde d'Amon Sûl, située sur l'une des Collines du Vent, d'ici deux jours. Il leur faudrait tenir un rythme rapide pour rattraper le temps perdu à attendre les troupes.

Elewë monta en selle, et dirigea Ninqueloté vers le groupe de la Lórien. Elle salua Haldir, puis se positionna à côté de Lindir dans les premiers rangs. Celui-ci discutait vivement avec d'anciens camarades, et la jeune elfe détourna la tête, avec un petit pincement au cœur. Alors qu'elle parcourait le reste du campement d'un coup d’œil, elle capta le regard du Prince Legolas, situé à un peu plus d'une centaine de pas d'elle, et qui la fixait, son regard trahissant son étonnement et son intérêt envers la jeune elfe. Bien que non hostile, il montrait toutefois un certains mépris sur son visage, comme s'il trouvait absurde et à la fois surprenant qu'elle soit présente. Elewë soutint son regard quelques instants, puis baissa les yeux comme le voulait l'étiquette. On ne fixait pas un membre royal trop longtemps, ceci étant considéré comme de l'effronterie.

Elewë se retourna vers Haldir, et vit que celui-ci s'apprêtait à donner le signal de départ. D'une légère pression des mollets, elle invita Ninqueloté à se mettre en avant, et suivit les cavaliers qui la précédaient. Glorfindel menait les elfes d'Imladris, suivis par ceux de la Forêt Noire, puis par les elfes de la Lórien. La jeune elfe regrettait de ne pouvoir se mélanger avec les autres soldats -en particulier Orodreth et quelque amis du tournoi- mais cela aurait été trop compliqué pour diriger avec efficacité les troupes. Chacun était sous l'autorité de sa Cité, et aurait l'occasion de retrouver ses amis lors des haltes et du campement du soir.

Les elfes atteignirent bientôt le Dernier Pont. L'édifice était large -près de vingt pas-, fait de pierres massives, et bien que encore d'apparence solide, démontrait de l'ancienneté de la civilisation du pays. Il franchissait le Mirtheithel, qui s'écoulait, tumultueux, entre ses piliers. Elewë pensa avec joie que ce pont était le bienvenu, car elle ne se serait pas imaginée devoir franchir cette rivière à cheval : les remous semblaient forts, et elle ne douta pas un instant que Ninqueloté puisse avoir des difficultés à nager dedans.

Avec le soleil de midi, l'eau réfléchissait des reflets chatoyants sur les vêtements et les cheveux d'Elewë, parfois dans ses yeux, et elle mit sa main en visière lorsqu'elle franchit le pont. Lorsqu'elle la retira, des immenses plaines parsemées de quelques collines s’étendaient devant elle. L'herbe ondulait sous l'effet de la brise, et le même soleil qui auparavant s'était reflété sur la rivière paraît les herbes hautes de reflets dorés.

Ils chevauchèrent ainsi plusieurs heures durant, et le soleil cognait durement sur les têtes nues des cavaliers. Malheureusement pour eux, peu d'arbres poussaient dans les environs, et ils durent continuer à avancer sous la chaleur qui devenait un peu plus étouffante chaque heure. Au bout de quelques temps, en regardant au loin, Elewë aperçut à plusieurs milliers de pas de là d'immenses roches qui se détachaient du sol, contrastant avec la platitude des lieux.

Les autres elfes l'aperçurent aussi, car Glorfindel annonça d'une voix forte au devant de la colonne :
« Elrohir, je veux que toi et trois volontaires de chaque groupe partiez en éclaireur voir si ce lieu est adapté pour une halte de quelques heures.
Le concerné acquiesça, et se détacha de la colonne. Après hésitation, Elewë fit de même, et accompagné de deux elfes de la Forêt d'Or, se dirigea vers le petit groupe d'elfes qui se rassemblaient. Elrohir lui jeta un regard avant de lancer sa monture au petit galop dans la direction des roches. Elewë mit Ninqueloté au galop, et le rattrapa, dépassant les autres cavaliers.

La jeune elfe huma l'air avec délice. Qu'il était bon de faire autre chose que monter au pas et parfois au trot, sans que rien ne se passe. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas galopé avec Ninqueloté, et elle incita la petite jument à accélérer. Elle évita toutefois de dépasser Elrohir, et bientôt les cavaliers virent plus précisément ce vers quoi ils avançaient : d'immenses structures rocheuses s'élevaient vers le ciel, formant une sorte de passe ombragée entre les deux. Les roches étaient rugueuses, et semblaient avoir connu jadis la présence d'un cour d'eau qui avait creusé la passe. Mais celle-ci était large, plus de trente pas, et longue ; et pourrait parfaitement abriter les huit cent elfes de l'Armée.

Elrohir mit sa troupe au pas lorsqu'ils en approchèrent, et descendit de sa monture, les autres l'imitant. Il chargea un elfe de surveiller les chevaux, et s'avança vers les roches. Elewë le suivit, scrutant les recoins et brèches qui pourraient contenir un danger potentiel. Soudain, les poils de sa nuque se hérissèrent, et la jeune elfe ressentit comme un étrange pressentiment, qui lui dictait fortement de fuir, l'endroit paraissant tout à fait suspect. Elewë songea brusquement que l'endroit était parfait pour se dissimuler et mener une attaque furtive.

Alors qu'elle se retournait vers Elrohir pour lui faire part de son sentiment de malaise, elle aperçut un reflet sur l'un des rochers. Celui-ci n'était pas naturel : c'était le reflet d'une armure. Elle cria alors de toutes ses forces :
« EMBUSCADE !!!!!

Et voilà chapitre terminé ! Very Happy Je suis désolée qu'il soit aussi long, mais je tenais vraiment à ce qu'il se finisse par ce passage.
Sinon, qu'avez-vous pensé de ce chapitre, de Elewë, Lindir, la lettre de Galweg, ou encore l'apparition des nouveaux personnages ?
Pour ceux qui pourraient se le demander, j'ai inventé les blasons des royaumes, je n'ai aucune idée de ce à quoi ils ressemblent ^^
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeMar 1 Mai - 17:12:46

Hey hey, voici mon nouveau chapitre ! Vous savez quoi ? Je vous l'écris de l'avion dans lequel je suis et qui m'emmène (et qui me ramène, parce que je fais pas un chapitre en 1h30 ) en Irlande. La classe hein Razz bref ^^
Alors pour ce chapitre, baston au menu ! J'ai essayé de m'inspirer de toutes mes lectures avec des combats un peu plus glauques, je ne sais pas si ça rend bien, à vous de juger ^^


Une attaque fort inquiétante



«EMBUSCADE !!!!!

Au moment où Elewë alertait les autres elfes, elle vit surgir de derrière les roches des créatures répugnantes : d'apparence humaine, elles se dressaient sur leurs deux jambes et claudiquaient en avançant ; leur visage était couvert par un casque grossièrement forgé dans du métal noir aux reflets gris sales, et ils portaient un plastron fait de la même matière. Leur dos n'était pas protégé, car ils ne tournaient jamais le dos à l'ennemi, créatures impitoyables. Les quelques parcelles de peau non protégées étaient brun-rouge, et paraissaient poisseuses. Ces créatures avaient tout pour plaire, et surtout pour être redoutées : des orcs, des êtres vivants les plus stupides qui puissent exister, absolument barbares, en résumé les sous-fifres idéaux. A leur vue, Elewë ressentit un profond sentiment de dégoût.

Il en sortait à présent de tous les recoins, se ruant vers les elfes complètement pris au dépourvu. Elewë vit avec horreur qu'ils étaient près d'une centaine. La lutte s'annonçait inégale : ils étaient à un contre onze, et l'effet de surprise avait fait perdre quelques précieuses secondes aux assaillis, qui dégageaient à présent leurs armes pour se défendre. Elewë aperçut un groupe d'orcs fonçant vers les chevaux -blessant assez gravement l'elfe chargé de les garder- puis essayer de les tuer, mais les montures s'enfuirent au grand galop, et la jeune elfe vit que Ninqueloté hésitait à les suivre.

«Va-t-en Ninqueloté, mets-toi à l'abri, je t'en supplie ! La petite jument lui jeta un dernier regard, puis rattrapa ses compagnons. Elewë ressentit un pincement au cœur, puis se tourna vers le combat qui avait lieu devant ses yeux.

La jeune elfe dégaina ses deux dagues, et se précipita au cœur de la bataille. L'elfe de garde étant hors d'état de combattre, ils étaient désormais à un contre treize. Le combat s'avérait difficile. Trois orcs se dirigèrent vers elle et Elewë courut à leur rencontre. D'un geste fluide, elle en égorgea un, puis tournoya sur elle-même alors qu'une lame passait à seulement quelques centimètres de son visage. Dans le même mouvement elle lança une de ses dagues qui perfora le thorax d'un second orc. Elle fit alors face à celui qui se tenait devant elle, qui paraissait un peu moins convaincu par ses chances de réussite à la vue de deux de ses camarades tués en quelques secondes. Il n'eut pas le temps de réagir qu'il s'écrasait au sol, la seconde dague de la jeune elfe planté dans sa gorge.

Elewë saisit alors l'épée accrochée à son flanc, et se précipita vers la masse d'orcs groupés au centre de la passe. Tuer des orcs paraissait tellement facile face au combat qu'elle avait mené contre le colosse, ils paraissaient mous, comme au ralenti. Elle fendit le ventre d'un, trancha le bras d'un autre, distribuait ses coups à une vitesse phénoménale, virevoltant entre les assaillants, aspergée par le sang qui jaillissait des blessures. Sa vue était brouillée, mais elle n'en avait cure. Elle était désormais insaisissable, entièrement plongée dans le combat, et son corps réagissait avant son esprit, anticipant chacune des attaques menées contre elle. Presque chaque coup qu'elle donnait apportait la mort à l'un des orcs, qui s'effondraient un par un à ses pieds. Elewë était comme une ombre, un souffle mortel qui passait, furtif, aux oreilles des orcs qui ne sortaient pas vivants de cette rencontre.

Au bout de quelques minutes, un muret de cadavres se formait autour d'elle, et les orcs étaient de plus en plus réticents à l'idée de venir affronter la furie qui habitait ce corps d'apparence frêle. Elewë était dans une transe meurtrière, toutes ses pensées étaient consacrées au combat, rien ne venait la perturber. Elle donnait la mort presque nonchalamment, enchaînant un combat l'un après l'autre. Elle ne sentait pas la fatigue.
Le flot de combattants finit par se tarir, et bientôt Elewë n'avait plus d'orcs se présentant devant elle. Elle enjamba le mur de corps, récupérant au passage ses dagues plantées dans le corps de deux créatures, et regarda autour d'elle, cherchant à faire un point sur la situation : deux soldats de la Lórien étaient regroupés autour de l'elfe ayant été blessé au début du combat ; les trois elfes d'Imladris se regroupaient, l'un d'eux boitant légèrement, un autre se couvrait une blessure au bras avec sa main, du sang s'échappant entre ses doigts.

Elewë vit Elrohir agenouillé à quelques dizaines de pas en face d'elle, penché au-dessus d'un elfe allongé au sol qui semblait blessé à la jambe. Un autre soldat se tenait à côté de lui. La jeune elfe leur adressa un geste de la main, et alors qu'elle se dirigeait vers eux, elle vit un orc paraissant mort se relever, et se diriger vers les trois elfes. Ceux-ci ne semblaient pas l'avoir entendu venir.

« Elrohir derrière vous !!

Elewë le vit se retourner, tenter de se relever, et chanceler. L'orc avançait dangereusement vite, réduisant la distance qui les séparait, et l'elfe ne semblait pas en état de l'affronter. Il n'était plus qu'à quelques pas de lui à présent. Le sang d'Elewë ne fit qu'un tour, et elle sortit son arc et une flèche de son carquois à une vitesse stupéfiante, décochant un trait qui fila en direction de l'orc, rasant la tête d'Elrohir.
L'orc s'effondra, la flèche fichée dans sa gorge, tandis que l'elfe se retournait, stupéfait. Elewë courut les aider, enjambant les corps jonchant le sol. Des flaques de sang se formaient dans les creux, et la jeune elfe sauta par-dessus. Elle s'approcha du groupe, et vit que l'elfe étendu au sol avait une profonde blessure à la cuisse, et que Elrohir et l'autre soldat tentaient de faire un garrot afin qu'il ne se vide de son sang.

« Elrohir, vous allez bien ?

« Oui grâce à vous, les Valars soient loués, mais ce n'est pas le cas de ce pauvre qui est en train de perdre beaucoup de sang. Si mon frère n'intervient pas immédiatement pour le soigner, il risque d'avoir des séquelles irréversibles.

Ah oui, elle avait entendu dire qu'Elladan avait hérité des talents de guérisons de son père, certes moins stupéfiants, mais qui pouvaient toujours être utiles en cas de nécessité si un guérisseur compétent n'était pas sur place. A la réflexion, il était étonnant qu'Elrohir, la copie parfaite de son frère, n'ait pas profité des mêmes dons que lui.

« Mais les chevaux ont fui, et nous sommes trop exténués pour le porter jusqu'à Elladan ... » fit-elle, désespérée

« Je le sais bien, mais nous n'avons pas d'autre choix ...

Les deux elfes commençaient à rassembler les autres soldats, lorsqu'ils entendirent un vrombissement, suivi d'un bruit de martèlements de sabots de chevaux sur le sol, de plus en plus fort. Ils aperçurent alors Glorfindel lancé au grand galop, suivi de la colonne avançant à la même allure dans leur direction. Les Valars soient loués, ils n'auraient pas besoin de porter le blessé ! Soulagés, les elfes s’avancèrent vers la sortie de la passe, et attendirent que l'Armée arrive à leur niveau. Glorfindel arrêta Asfaloth juste devant eux, et descendit précipitamment. Il jeta un regard stupéfait aux tas que formaient les cadavres d'orcs, et se tourna vers Elrohir.

« Elrohir, nous avons attrapés vos chevaux qui galopaient, paniqués, dans notre direction, et sans cavaliers sur le dos ; et je découvre ici un tapis d'orcs sur le sol … Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, car le prince l'interrompit brusquement.

« Glorfindel, nous en parlerons après, un soldat a besoin des soins urgents d'Elladan, et les blessures de certains méritent aussi son attention !

Le Tueur de Balrog se ressaisit immédiatement, et appela Elladan, qui accourut, et aidé de quelques elfes, porta le blessé dans un endroit calme où il pourrait le soigner. Glorfindel ordonna a chacun des elfes ayant pris part au combat de se rendre auprès du prince, même s'ils n'avaient que des blessures superficielles.
Elewë se dirigea donc dans la direction prise par Elladan un peu plus tôt, et vit Elrohir parler encore quelques instants au Capitaine, puis faire de même. Il semblait épuisé, et boitait légèrement. La jeune elfe se laissa rattraper.

« Souhaitez vous que je vous aide Votre Altesse ? Vous semblez exténué. » Il sourit faiblement.
« C'est fort aimable de votre part, mais je pense pouvoir être capable de marcher par mes propres moyens.

La jeune elfe acquiesça, et ils continuèrent de marcher jusqu'à arriver devant une tente qui avait été dressée en vitesse pour recueillir les blessés. Les deux elfes entrèrent et virent que les autres soldats étaient déjà là, assis à même le sol, attendant que Elladan vienne les voir. Celui-ci était au fond de la tente, occupé à soigner le pauvre malheureux sauvagement attaqué par les orcs. Allongé sur un lit de fortune, il gémissait faiblement et fermait les yeux sous la douleur. Elewë grimaça lorsqu'elle vit qu'il avait une très profonde blessure à la jambe ainsi qu'une belle coupure au niveau du torse. Un coup porté plus profondément aurait touché ses organes vitaux, et il serait mort. Il l'avait échappé de peu.

Elewë s'assit sur le sol aux côtés des soldats, et Elrohir fit de même, en grimaçant légèrement lorsqu'il dut se plier. Ils étaient assis côte à côte, en silence, mais celui-ci n'était pas aussi lourd qu'auparavant : les deux elfes semblaient être sortis de leur gêne et silence mutuels passés, l'épreuve qu'ils venaient de vivre ensembles les ayant rapprochés.

Au bout d'une demi-heure, Elladan eut fini de s'occuper du blessé, et se dirigea vers les soldats qui attendaient patiemment son aide. Il trébucha à un moment puis se reprit, comme si rien ne s'était passé, et Elewë y vit la fatigue corporelle que lui imposait l'utilisation de la magie lors d'une guérison. Malgré sa faiblesse physique apparente, dont il ne semblait guère se soucier, il examina attentivement un à un chaque elfe, soignant les blessures ne pouvant se guérir seules, appliquant parfois juste une pommade sur d'autres.
Un par un les soldats le remercièrent puis quittèrent la tente, de telle sorte qu'il ne restât bientôt plus qu'Elewë, Elrohir, Elladan, et le soldat blessé toujours couché sur son lit. Lorsque Elladan se tourna vers la jeune elfe pour examiner ses blessures, Elewë vit qu'il tombait de fatigue et qu'il concentrait toute sa volonté à utiliser ses dernières forces pour l'aider. Elle le repoussa doucement, mais fermement.

« Je n'ai rien Elladan, ne perdez pas le peu d'énergie qu'il vous reste à chercher à soigner une infime plaie, Elrohir a plus besoin de vos soins que moi.

L'elfe vérifia brièvement ses dires.
« En effet, vous semblez ne porter aucune blessure, si ce n'est quelques ecchymoses.

Elewë lui sourit.
« Vous voyez. Aidez-donc votre frère, vous avez accompli votre devoir jusqu'au bout.

Le prince se tourna alors vers son jumeau, qui, étendu à moitié sur le sol, regardait étrangement Elewë.
« Comment avez-vous fait pour vous en sortir sans la moindre égratignure alors que chacun d'entre nous en sommes quittes pour au moins plusieurs blessures ? Surtout qu'il me semble vous avoir vu tuer plus de la moitié de ces créatures, soit une bonne cinquantaine ...

Elewë se sentit gênée, ne sachant pas quoi répondre face à cette remarque mêlée d'une forte interrogation. Elle ne savait pas elle-même comment elle avait fait pour aussi bien s'en sortir, les souvenirs qu'elle gardait du combat étaient déjà flous, et elle ne parvenait pas à se remémorer avec précisions l'enchaînement des événements qui s'étaient produits. Tout semblait s'estomper au fur et à mesure qu'elle essayait de s'en rappeler. Le seul passage net était son intervention pour secourir Elrohir et les autres elfes.
Une voix forte la fit sortir de ses pensées, la faisant sursauter.

« C'est aussi ce que j'aimerais savoir, soldat …

Elewë se retourna, et vit le Capitaine Glorfindel qui entrait dans la tente, Legolas et Haldir venant derrière lui. Le Tueur de Balrog souriait légèrement, tout comme Haldir, mais le Prince de Mirkwood la regardait comme si une défense d'oliphant lui avait poussé sur le front. Elewë se sentit extrêmement gênée, et détourna le regard vers Glorfindel.

« Monseigneur ... » fit-elle, ne sachant pas vraiment comment se sortir de cette situation fort embarrassante.

« Non ne vous justifiez pas, je plaisantais, je vois bien que cette question vous mets mal à l'aise. Je n'aimerais pas que l'on me demande comment j'ai fait pour tuer une bande d'orcs répugnants - même si depuis que je suis revenu de Mandos (1), on ne cesse de me harceler pour savoir comment j'ai réusi à terrasser ce fameux Balrog ... » dit-il en aparté, faisant sourire Elewë.
« Bref. Nous étions venus voir Elrohir afin qu'il nous explique ce qu'il s'était passé, mais votre présence n'est pas dérangeante, vous pouvez rester si vous le souhaitez. » Elewë opina, et l'elfe poursuivit, se tournant vers un Elrohir grimaçant tandis que son frère le soignait. « et bien ?

L'elfe réussi à sourire et lui répondit malicieusement:
« Je crois bien que votre sens de l'observation s'est émoussé Capitaine, il paraît assez évident que nous avons été attaqués par des orcs et pris par surprise alors que nous étions en mission d'exploration.

Glorfindel leva les yeux au ciel.
« Mais encore ?

Le visage d'Elrohir s'assombrit, et il reprit plus sérieusement.
« Une fois arrivés au niveau de la passe, nous mîmes pied à terre, laissant au malheureux ici présent la charge de surveiller les montures » fit-il en désignant le soldat couché sur son lit, « et commençâmes à explorer la zone, cherchant un danger potentiel dans les recoins de la roche. C'est alors qu'Elewë, qui avait pressenti qu'il y avait quelque chose d'anormal en ces lieux, aperçut un orc et nous avertit d'une attaque ; mais nous avions perdu un temps précieux, et les orcs s'attaquaient déjà aux montures qui s'enfuirent dans votre direction. Nous n'eûmes d'autre choix que de nous battre, et après vous connaissez la suite …
Un pli soucieux s'affichait à présent sur le front de Glorfindel.

« Comment se fait-il qu'une troupe de cents orcs armés jusqu'aux dents ait été au courant de l'itinéraire que nous allions prendre, et nous ait tendu une embuscade ? Qu'un petit groupe d'une dizaine vous attaque pour manger ou quoi que ce soit d'autre aurait put paraître "normal", mais cents, la coïncidence est un peu trop forte à mon goût ...

Legolas s'avança, et Elewë l'entendit parler pour la première fois.
« La situation est en effet inquiétante, mais je pense qu'il serait trop hâtif de crier à l'espion et au traître. N'oublions pas que nous affrontons le Roi Sorcier, qui ne doit probablement pas porter son nom de façon anodine. Nous ne savons pas de quels moyens il dispose, peut-être a-t-il a sa botte de nombreuses créatures dont nous ne nous méfions pas assez, et qui pourraient l'informer de nos déplacements ...

Elewë fut étonnée par la sagesse de ces paroles venant d'un elfe aussi jeune et sûrement peu expérimenté dans l'art de la guerre. Ce qu'il disait avait du sens, et Glorfindel le fit remarquer.
« Votre esprit vous honore votre Altesse, vous avez probablement raison. Nous allons devoir être plus prudents à partir d'aujourd'hui. Si d'autres événements de ce genre venaient à arriver, alors nous devrons malheureusement commencer à suspecter chacun des soldats présents ...

L'idée ne semblait pas du tout lui plaire, et Elewë le comprit parfaitement. S'il y avait un traître dans leurs rangs, cela signifiait que n'importe quel elfe malhonnête pouvait rentrer dans l'Armée et compromettre l'avenir de beaucoup. Un frisson la parcourut à l'idée que ce fut vrai, et qu'elle eût déjà croisé cette personne, pire qu'elle soit en bons termes avec lui.

La voix de Glorfindel la sortit de ses pensées.
« Je vous félicite d'avoir aussi bien combattu et épargné le reste de la troupe. Si nous y étions allés tous en même temps, seuls les Valars savent comment tout cela se serrait passé ... Mais cessons donc de parler de sujets aussi peu agréables. Maintenant que vous allez mieux vous pouvez aller vous reposer, vous devez être exténués. Plusieurs tentes ont été dressées à votre attention à la sortie de la passe. Elrohir et Elladan, vous partagerez la même. Sur-ce, j'ai plusieurs tâches dont il faut que je m'occupe, veuillez m'excuser.
Il se retira sur ces mots, s'inclinant légèrement avant de sortir de la tente.

Elewë sortit à sa suite, et se retourna une dernière fois pour voir les jumeaux se soutenir mutuellement afin de tenir debout. Ils chancelaient légèrement, épuisés, et la jeune elfe ressentit une bouffée d'estime pour Elladan qui avait donné toute son énergie et sa volonté à aider ses camarades, quitte à finir totalement exténué.
Lorsque Elewë sortit de la tente, elle se dirigea vers le centre de la passe où s'était déroulée l'attaque. Elle fut surprise de voir que les soldats avaient déjà nettoyé les lieux, déplaçant avec répugnance les corps dans les flaques de sang, et établissant des zones de campement "propres". Les cadavres s'entassaient en piles, et certains elfes étaient en train d'y mettre le feu, afin de chasser l'odeur pestilentielle qui commençait à s'en échapper.

Elewë prit alors la direction indiquée par Glorfindel, et découvrit quatre tentes collées les unes à côté des autres. Il n'en restait plus que deux ouvertes : une pour elle, et l'autre pour les jumeaux. Elle entra dans l'une, referma derrière elle, et se coucha avec délice sur un matelas de campement posé au sol. Elewë était fourbue, pleine de courbatures, et à son étonnement, épuisée. Elle s'endormit immédiatement une fois sa tête posée sur le matelas.

(1) si si, véridique, après avoir tué un Balrog, Glorfindel est mort, puis les Valars lui ont laissé le choix de revenir à la vie, et donc il a rescucité ^^

Et voilà chapitre terminé ! Very Happy
Alors, qu'avez vous pensé de ma baston, y a assez d'action ? ^^
J'ai eu un éclair d'inspiration alors que l'avion atterrissait (et que j'étais occupée à me détendre pour lutter contre le mal de l'air … –' ), et je sais maintenant comment relier plusieurs points de mon histoire. J'espère que mon intrigue vous plaira Smile
Je devrais pas tarder à publier un autre truc plus ... bizarre ^^ vous verrez bien What a Face
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Poussière d'Etoiles

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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeMer 9 Mai - 14:21:45

Salut à tous, voici le chapitre 13 ! Quelques petites difficultés d'écriture pour la seconde partie, mais au final ça passe. Je vous laisse voir, et si possible me donner votre opinion Smile
Bonne lecture !

Un horrible songe

Elewë galopait à travers les bois, juchée sur Ninqueloté. Les deux amies étaient heureuses de se retrouver, et de partager à nouveau ce moment de complicité. La petite jument allait grand train, slalomant à travers les arbres de la Forêt d'Or. Celle-ci portait à présent bien son nom, car avec l'arrivée du mois d'octobre, les feuilles de platanes et des mallorns devenaient or et rubis, éblouissantes sous l'éclat du soleil.
Ninqueloté sauta par-dessus un tronc d'arbre, effrayant au passage un couple de lièvres passant par là, et ralentit à l'approche d'une petite clairière où un ruisseau s'écoulait. Elewë mit pied à terre, et laissa la jument s'abreuver. Bien que l'automne s'était installé, une douce chaleur régnait encore, et la jeune elfe ne résista pas à l'envie de tremper ses pieds dans le courant. La caresse de l'eau était délicieuse, et Elewë se laissa aller, couchée dans les herbes. Ses paupières se firent lourdes, et elle se mit à somnoler.
Lorsqu'elle se réveilla, la nuit était tombée. L'air s'était rafraîchit, et était à présent étouffant. Les pieds de la jeune elfe étaient glacés, et elle les sortit vivement de l'eau. Se redressant, Elewë chercha du regard Ninqueloté, mais ne l'aperçut pas à travers la chape de brouillard qui commençait à présent à s'installer dans la petite clairière.
La noirceur des lieux la prit bientôt à la gorge, et sa respiration se fit plus saccadée, les battements de son cœur plus vifs. Elle se mit debout, et chercha désespérément la petite jument. Rien. Seul le noir et une atmosphère étouffante s'offraient à elle. Elle cria le nom de la jument, mais seul son propre écho retentit dans la forêt. Elle s'assit sur un rocher, et essaya de ferme les yeux pour calmer son cœur qui tambourinait à présent plus fort qu'un troll jouant des percussions. Un faible rayon de lune effleura sa joue, la rassurant un peu. Elewë essaya de reprendre ses esprits, difficilement, et voulut se repérer dans cette obscurité quasi totale.
Alors qu'elle regardait autour d'elle, elle aperçut une ombre se détacher du couvert de la forêt et courir vers elle. Elewë se redressa, espérant découvrir un visage ami. La silhouette se rapprochant, elle vit qu'il s'agissait d'un homme. Elle écarquilla avec horreur les yeux lorsqu'elle vit que c'était William (1), qui se ruait à présent vers elle, un éclair meurtrier dans les yeux. Elle voulut crier, mais sa langue resta de plomb. Elle voulut partir en courant, mais ses membres ne lui répondaient plus.
Elewë vit la distance la séparant de l'homme se réduire à une vitesse beaucoup trop rapide à son goût, et elle essaya à nouveau de s'enfuir. Ses jambes semblaient enfin lui répondre, et elle courut difficilement en direction de l'autre côté de la clairière. Une voix d'outre-tombe parvint alors de derrière elle.

« Tu ne peux t'échapper. Meurtrière !

Le sang d'Elewë se glaça, et elle accéléra, complètement paniquée. Elle ne voyait rien, et elle trébucha sur une grosse racine. Alors qu'elle tentait de se relever, une vision d'horreur s'offrit à elle : William avait maintenant cessé de courir, mais marchait toujours dans sa direction ; une cinquantaine d'orcs pénétraient à présent dans la clairière, leurs grossières épées levées et pointées sur elle. Leurs yeux rouges brillaient d'une soif de vengeance inassouvie, et les créatures marchaient d'un pas déterminé dans sa direction.
Terrifiée, Elewë, toujours à terre, reculait du plus vite qu'elle le pouvait, s'entaillant les mains sur les pierres jonchant le sol. Du sang s'écoulait des coupures, et ses mains lui brûlaient, comme si un poison se déversait dans son corps à travers les ouvertures. Elle fut bientôt stoppée par un immense tronc d'arbre cognant contre son dos. Terrorisée, elle essaya de se relever, mais bientôt les orcs et William avaient fait cercle autour d'elle, lui coupant toute retraite.
C'est à ce moment que la lune choisit de disparaître, et Elewë se retrouva dans le noir complet. Seuls les yeux des orcs brillaient d'un éclat sauvage, et les lames se paraient de reflets bleuâtres, malsains. La jeune elfe vit s’avancer à nouveau William.

« Tu vas payer pour ce que tu as fait, sale créature immonde. Nous réclamons vengeance, et notre souhait sera bientôt exaucé.

Sa voix à présent gutturale, comme sortie de l'enfer lui-même, fit trembler Elewë, qui sentit une sueur froide couler entre ses omoplates, le long de son dos. Alors que l'homme s'avançait de quelques pas, elle réussit à émettre un petit cri.

« Crie donc tant que tu le peux, mais personne ne viendra te sauver ! Meurtrière !

Ce dernier mot fut accompagné en cœur par tous les orcs présents, qui hurlaient leur vengeance.

« Non ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai ... » sa voix se chargea de sanglots, et des larmes coulèrent sur ses joues.

« Chacun de nous a été tué de ta main, tu dois payer pour ton crime ! » reprit William, continuant de s’avancer vers elle. Un rayon de lune passa, furtif, et Elewë eut le temps de voir un éclat de démence, de rage et de vengeance passer dans les yeux de l'homme.

« Ce n'est pas vrai, ne me tuez pas !!

A présent à quelques pas d'elle, l'homme dégaina son épée, et la pointa sur la poitrine de la jeune elfe. Un dernier sanglot l'agita, et lorsque William se mouvât, Elewë vit sa dernière heure arriver. Elle cria alors à pleins poumons.

« NOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!

***

« Elewë ! Elewë je t'en supplie réveille-toi !

La jeune elfe émergea de son cauchemar, en sueurs, ses cheveux détachés complètement décoiffés et poisseux. Son corps était dégoulinant, et elle se sentait brûlante. Les draps sous son corps, moites, était chiffonnés et se détachaient du matelas. Ses vêtements, humides, lui collaient à la peau.
Elewë se redressa tant bien que mal, et à travers sa vision floue, aperçut Lindir, le visage blanc, agenouillé à côté de son matelas. Il demanda d'une voix inquiète.

« Elewë, tu vas bien ? Que s'est-il passé, pourquoi criais-tu à en réveiller les morts ?!

A en réveiller les morts ... à ces mots les détails de son cauchemar lui revinrent en tête, et Elewë fondit en larme.

« Elewë, réponds-moi je t'en supplie, cela me tue de te voir dans cet état là ....

La jeune elfe renifla, essuya ses larmes, et tenta vainement de parler par saccades.

« J'étais ... dans la forêt ... avec Ninqueloté ... et la nuit est tombée ... Ninqueloté avait disparue ... et je me suis retrouvée seule dans le noir ... je paniquais … et … je n'arrivais plus … à … respirer correctement … puis ...

Encore secouée, la jeune elfe n'arrivait plus à parler correctement.

« Et que s'est-il passé ensuite ? » lui demanda doucement Lindir

« Après ... William ... et ... des dizaines ... d'orcs ... sont apparus ... et c'était horrible ! ... ils voulaient tous me tuer ... ils me traitaient ... de meurtrière ... je leur ait dit ... que ce n'était ... pas vrai ... mais ils m'ont encerclé ... et puis William ... s'est approché ... avec son épée ... et ... oh Lindir, il m'a tué !!

Elewë fondit à nouveau en larmes, de façon incontrôlable, et se rua dans les bras de son ami, qui l'étreignit de toute ses forces. Lindir était profondément sous le choc de ce que venait de lui raconter la jeune elfe, mais il l'a laissa déverser sa terreur et toutes les émotions qui l'avaient profondément bouleversée. Il la berça pendant près de cinq minutes, lui murmurant des paroles réconfortantes, jusqu'à ce qu'enfin le flot de larmes se tarisse et qu'Elewë se décroche de son torse.
Ses yeux étaient bouffis, rouges ; son nez coulait et elle avait des cernes. Lindir posa une main sur son front et vit qu'il était encore brûlant. Ce cauchemar l'avait affectée à un point qu'il n'aurait jamais put imaginer. Qui aurait pu dire que les personnes à qui elle avait ôté la vie reviennent la hanter.

« Là, calme-toi, c'est fini. Ce n'était qu'un cauchemar, personne ne viendra jamais te tuer, je te le promets. Je serais toujours là pour te défendre princesse, personne ne te fera de mal. Tu n'as pas à te reprocher les vies que tu as prises. Tu l'as fait pour aider ton peuple et protéger ceux que tu aimes, Elewë. Maintenant repose-toi, je vais te chercher de quoi te changer, je reviens tout de suite.

Il se releva, déposa un baiser sur son front, et sortit rapidement de la tente en la refermant derrière lui. La tête lourde, Elewë se rallongea, cala sa tête dans son oreiller trempé, et se rendormit, apaisée.

Elle se réveilla quelques minutes plus tard en entendant des voix hausser le ton devant sa tente. Elewë reconnut celle de Lindir, mais elle ne l'avait jamais entendu parler de cette façon.

« Je vous dit qu'elle a besoin de se reposer, et qu'elle ne doit recevoir aucunes visites ! Vous ne pouvez pas entrer !

« Et c'est vous qui allez m'en empêcher je suppose ?! » lui répondit un elfe, sarcastique.

« Parfaitement !

« Sachez pauvre idiot que je n'ai d'ordre à recevoir de personne, surtout pas de vous ! Alors laissez-moi entrer ou je vous jure que je ne répondrai plus de mes actes.

Lindir répondit, fièrement.
« Essayez donc, nous verrons enfin qui est le plus méritant de nous deux.

Elewë se leva rapidement de son matelas, chancelante. Elle avait peur de ce qui allait se produire si elle n'intervenait pas immédiatement. Elle ouvrit les pans de la tente, et dut plisser les yeux pour voir devant elle. Elewë se précipita en avant, fonçant vers la source des cris. Elle arriva au moment exact où les deux adversaires saisissaient leurs épées, et se préparaient à se battre. La jeune elfe courut dans leur direction, mais encore fatiguée, trébucha et s'étala sur le sol.
Lindir jeta immédiatement son épée au sol et courut la relever, l'inquiétude ayant remplacé la colère sur son visage.

« Elewë que fais-tu là, tu devrais être en train de te reposer, tu es trop faible pour tenir debout !

La jeune elfe se redressa difficilement et se tourna vers son ami. Elle lui demanda faiblement.

« Je vais bien Lindir. Par contre, je ne pourrais pas en dire autant de toi. Pourquoi cries-tu de cette façon contre cet elfe, que t'as-t-il fait pour qu'il déclenche ainsi ta colère ?

Lindir eut un regard noir en direction du fameux elfe.
« Devine donc ...

Elewë se tourna alors vers lui, et découvrit avec stupeur qu'il s'agissait d'Elrohir.
« Votre Altesse, que faites vous ici ? ....

Elrohir redressa la tête, et sa colère s'estompa.
« J'étais en train de dormir dans ma tente quand j'entendis un hurlement à glacer le sang venant de votre côté. Le temps que je m'habille en vitesse et que je sorte, je croisais votre ... ami sortant de votre tente, l'air pressé et inquiet. Je lui demanda la raison de vos cris, il me dit que vous aviez fait un cauchemar assez perturbant, mais que ce n'étaient pas mes affaires. Lorsque je voulut vous voir, il eut le culot de m'interdire de vous rendre visite. » le pur regard noir qu'il jeta à Lindir était sans équivoque, et fit frissonner Elewë. Pourquoi se haïssaient-ils autant l'un et l'autre ?

« Et bien je suis là, peut-être pas au meilleur de ma forme, mais bien présente. Je vous remercie profondément de votre attention » elle s'inclina respectueusement, légèrement gênée par l'attitude du prince

« Alors je me retire, soulagé de voir que vous allez mieux. Prenez garde, le départ est pour bientôt.

Une fois le prince parti, Elewë se retourna vers Lindir, qui fulminait de rage. La jeune elfe l'avait rarement vu dans cet état, et se douta fortement que la raison n'était autre que Elrohir. Elle s'avança vers son ami, et posa une main sur son bras. Il était aussi gelé qu'elle était brûlante. Elle lui demanda faiblement :

«  Lindir, pourquoi te mets-tu donc dans des états pareils ? Vous étiez à deux doigts de vous battre, et si je n'étais pas intervenue à temps, je ne sais pas ce qu'il se serait passé … Je ne comprends pas pourquoi vous vous haïssez autant …

Son ami tourna vers elle un regard encore lourd de colère, qui s'adoucit lorsqu'il vit la détresse, la fatigue et la tristesse d'Elewë.

« Tu ne peux comprendre … » dit-il attristé. Il sembla hésiter quelques secondes, avant de reprendre plus joyeusement « et bien, regarde-toi, il faut que tu ailles te changer, nous partons bientôt. » Son ton sonnait faux, mais elle ne le releva pas, et porta son regard vers le ciel.

Elewë remarqua que l'aurore était presque terminée, et que le ciel passait d'un rose-orangé à un magnifique bleu clair. La jeune elfe réalisa qu'elle s'était endormie en fin d'après-midi la veille, et qu'elle venait à peine de se réveiller. Elle avait beaucoup dormi, et pourtant elle se sentait exténuée, complètement vidée par ses horribles songes.
Lindir lui tendit les vêtements de rechange qu'il avait eu le temps d'aller récupérer. Elewë le remercia, puis se dirigea vers sa tente. Elle se changea en vitesse, essayant de débarrasser son esprit de cette implacable fatigue, et lorsqu'elle ressortit la passe résonnait des voix des soldats à présent tous éveillés, affairés à lever le campement le plus vite possible.
Elewë se dirigea vers l'enclos des chevaux, situé à la sortie de la passe. Celui-ci était le siège de beaucoup d'activités, les soldats courant dans un sens puis dans l'autre, préparant leurs montures. La jeune elfe aperçut alors Orodreth accoudé à l'une des barrières de l'enclos, les yeux rivés sur le ciel.
Elewë s'avançait vers lui lorsqu'une forme indistincte venue des airs se dirigea droit dans sa direction. Elle n'eut pas le temps de réagir qu'un magnifique oiseau se posait sur le bras d'Orodreth, celui-ci l'accueillant chaudement. En s'approchant, elle vit que c'était un superbe rapace, de petite taille, avec la tête et tout le corps brun-noir, exceptés sa gorge et son ventre, d'un beige moucheté de brun. Le bout de son bec et ses pattes étaient jaunes, et son œil brillait d'un éclat vif, démontrant l'intelligence de l'animal. Orodreth le caressait, lui lissant les plumes, et communiquait avec lui en sindarin. Il s'aperçut de la présence d'Elewë et lui sourit.

« Bonjour Elewë, vous sentez vous mieux ?

La jeune elfe fut perplexe quelques instants, avant de réaliser qu'il parlait de son cauchemar. Elle fut incroyablement gênée et honteuse de savoir que la nouvelle s'était répandue, ou bien que certains l'avaient entendu crier. Alors qu'elle détournait le regard, elle remarqua que quelques elfes la regardaient avec un petit sourire aux lèvres, l'air amusés. Elle rougit violemment, désespérée d'être la risée des troupes. Orodreth s'en aperçut.

«  Oh je suis navré de vous avoir mis mal à l'aise, ce n'était pas mon but !

Elle lui répondit, souriant faiblement.

« Ce n'est rien, j'aurais du me douter que cela ne resterait pas secret très longtemps … « gênée par la tournure de la discussion, elle reporta son regard vers l'oiseau posé sur le poing de l'elfe, frottant sa petite tête contre la sienne. Elle fut attendrie par leur amitié nettement visible. « Il est magnifique, comment se nomme-t-il ?

Orodreth lui sourit.
«  Je vous présente Fileg. (2) C'est un faucon pèlerin, il n'en existe plus que très peu aujourd'hui. Ils sont réputés pour être d'excellents chasseurs. Je l'ai recueilli alors qu'il n'était qu'un petit oisillon, et depuis il ne me quitte plus.

«  Il semble en effet être très attaché à vous. » Elewë allait continuer à parler lorsque le cor pressant les retardataires de se préparer retentit. Elle s'excusa auprès d'Orodreth, et courut harnacher Ninqueloté. Une fois celle-ci prête, elle se rendit compte qu'elle avait complètement oublié le paquet contenant ses affaires. Elle commença à paniquer, car la colonne allait partir d'un instant à l'autre, lorsqu'elle aperçut Lindir juché sur Nuruhuinë s’avancer vers elle. Il fit un grand sourire, et lui lança son paquetage.

«  Heureusement que je suis là pour toi, sinon tu te serais retrouvée habillée de la même façon durant tout le voyage, étourdie que tu es. » fit-il en riant.

Elle allait répliquer lorsque qu'un dernier coup de cor retentit, et que la colonne se mit en marche. Elewë monta en selle rapidement, et dirigea Ninqueloté à côté de l'étalon noir. Alors que les soldats se mettaient en mouvement, la jeune elfe réalisa qu'elle ne savait rien de ce qui était prévu pour aujourd'hui.

« Lindir, avec … ce que tu sais … je n'ai pas eu le temps de prendre connaissance du trajet. Où est prévu le campement pour ce soir ?

« Si tout se passe bien nous devrons normalement atteindre Amon Sûl et y passer la nuit.

Amon Sûl, l'ancienne Tour de Garde de l'Arnor. Avant-poste du Royaume, elle permettait de surveiller la menace ennemie qu'était le développement inquiétant de l'Angmar. Construite par Elendil à son arrivée de Nùmenor, elle contenait l'une des sept Pierres de Vision apportée par celui-ci, les Palantíri. Convoitée durant des années par les trois Royaumes de l'Arnor divisée, cela faisait à présent près de cinq-cent ans qu'elle avait été détruite par l'arrivée du Sorcier d'Angmar, réduite désormais à l'état de couronne de pierre sur la vieille colline où elle dominait autrefois, ruine du prestige et de la gloire passés.
Le ventre d'Elewë se mit tout à coup gronder, sortant la jeune elfe de ses réflexions, et les deux amis s'esclaffèrent.

« Avec cette histoire je n'ai pas eu le temps d'avaler un morceau ce matin …

Lindir lui sourit, et ouvrit une de ses sacoches de selle. Il en sortit une miche de pain et une belle pomme rouge, qu'il lui lança. Elewë rattrapa les vivres avec habilité, et se rua dessus, affamée. Alors qu'elle dévorait son repas, elle réalisa à quel point Lindir était prévoyant et présent pour elle, et elle se sentit honteuse de lui rendre si peu en retour.

« Tu m'as tellement aidée ces derniers temps, je ne sais comment t'être redevable. Tu es toujours là pour moi, et je ne fais que t'attirer que des ennuis … Je ne sais ce que je ferais sans toi.

Elewë vit son ami tressaillir légèrement, un sentiment étrange passant furtivement sur son visage, qu'elle n'eut le temps de décrypter, avant qu'il ne reprenne son air habituel. Son sourire s'élargit.

« Je te l'ait dit princesse, je serais toujours là pour t'aider et te défendre, tant que tu voudras bien de moi à tes côtés. Tu ne m'es redevable de rien.

Elewë leva les yeux au ciel.
« Pour quelle raison ne voudrais-je plus de toi, tu es mon meilleur ami, et je compte bien que cela reste ainsi pendant encore une petite éternité.

La jeune elfe ne vit pas le léger soupire que poussa son ami, ni le regard étrange qu'il lui jeta. Elle était repartie dans ses pensées, consacrées exclusivement à la crainte de faire à nouveau le songe horrible qu'il l'avait assailli cette nuit. Elle espéra de toute ses forces que cela ne se reproduise plus, et que le reste du trajet se fasse le plus normalement possible …

(1) Pour ceux l'ayant oublié, William est un des hommes de mains du colosse elfique qu'Elewë a du tuer en s’échappant des sous-terrains Wink
(2) « petit oiseau » en sindarin

Bon vous avez le droit de me taper, le titre est nul, mais j'ai eu une grooosse panne d'inspi ^^
Sinon, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
J'ai eu beaucoup de doutes sur la seconde partie dont je ne suis pas entièrement satisfaite, et surtout sur le fait de savoir si je ne tombe pas dans le cliché dans la relation Elewë-Lindir.
A partir de maintenant Orodreth sera de plus en plus présent, parce que je me rends compte que je l'aime bien comme perso ^^
Bref, j'espère réussir à écrire le prochain chapitre d'ici la semaine prochaine, je pense que ça devrait le faire Smile
Et vous avez intérêt à commenter What a Face
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeMer 23 Mai - 13:38:15

Et voilà chapitre 14 ! (mon dieu j'atteins presque les 15 ! O.O).
Je suis vraiment désolée par le temps que j'ai pris à publier, je n'avais absolument aucune inspiration pour ce chapitre (que je trouve moyen, mais bon faut bien des chapitres transitions), et mon meilleur ami a pris du temps à le corriger ^^
Enfin bref, j'espère que vous ne m'en voulez pas trop (pas tapéééé !! bwaa ), et qu'il vous plaira tout de même Smile

Amon Sûl


L'Armée quitta la passe en début de matinée, chevauchant sous un soleil de plus en plus ardent. Toute nuance de rose avait désormais quitté le ciel, et celui-ci était d'un bleu éclatant qui apparaissait fièrement, aucun nuage présent pour le dissimuler.

Dans la passe, plus rien n'indiquait un potentiel campement de plusieurs centaines d'elfes : toute trace du combat avait soigneusement été effacée, les flaques de sang asséchées, les piles d'orcs brûlées et les cendres nettoyées. Personne ne devait deviner depuis combien de temps ils étaient passés et pouvoir deviner leur position. Trop d'enjeux dépendaient de détails comme ceux-ci.

Les troupes chevauchaient depuis à présent presque une semaine, et ils avaient effectué moins de la moitié du trajet. Cette lenteur exaspérait Glorfindel, qui sentait que la victoire pouvait se jouer à quelques jours près. Peu d'informations provenaient de Fornost, et à l'heure actuelle, aucun état de l'avancée de la bataille n'avait été communiqué. Le Tueur de Balrog se doutait que le Roi Sorcier avait été prévenu très tôt de l'arrivée d'une armée elfique, et qu'il avait largement eu le temps de préparer ses troupes en prévision. Cela inquiétait l'elfe. Combien de créatures monstrueuses allaient-ils devoir affronter ?

Alors que ces sombres pensées occupaient l'esprit de Glorfindel, Elewë, elle, somnolait. La nuit précédent l'avait vidée de ses forces, et la colonne chevauchant pour l'instant au pas, le mouvement régulier de Ninqueloté avait contribué à ce qu'elle se laisse aller à sa fatigue. Lindir chevauchait à ses côtés, le regard perdu au loin. Il contemplait le paysage, qui se résumait à des plaines, et encore des plaines, à perte de vue. La chaleur du soleil, désormais à son zénith, devenait un peu plus accablante à chaque instant. Les bêtes laissaient pendre leur encolure, et leur pelage était humide de sueur. Aucun n'aurait songé un seul instant à les pousser au trot.

Elewë sortit de son sommeil lorsqu'elle sentit Ninqueloté s'arrêter. Elle ouvrit les yeux, regardant autour d'elle. Les troupes avaient réussi à atteindre un petit bois au bord de la Grande Route. Les arbres répandaient une ombre fraîche et bienvenue, et Elewë mit rapidement pied à terre. Les elfes s'occupèrent en priorité de ménager leurs montures, les déharnachant et les plaçant sous le couvert des arbres. Il fallait qu'elles se reposent correctement s'ils voulaient pouvoir poursuivre leur route dans l'après-midi. Elewë suivit Lindir, se dirigeant vers les elfes qui commençaient à se regrouper. Glorfindel, les jumeaux, Legolas et Haldir se tenaient devant eux. Le Tueur de Balrog paraissait préoccupé et fatigué. Il prit la parole.

« Nous ferons halte ici pour quelques heures. Cela me désole, nous ne pouvons nous permettre de perdre plus de temps, mais si nous continuons comme cela les montures risquent de céder. Profitez de ce répit pour vous reposer et vous restaurer, nous repartirons quand le soleil aura décliné et ce soir nous camperons à Amon Sûl, quitte à chevaucher de nuit pour l'atteindre.

Les elfes saluèrent ce répit, et chacun essaya de se faire une petite place à l'ombre, ceci s'avérant difficile car les huit-cent chevaux en occupaient déjà une bonne partie. Semi-reposée par sa petite sieste en selle, Elewë n'était plus trop fatiguée, contrairement à Lindir qui lui annonça qu'il partait dormir dans un arbre. La jeune elfe se retrouva alors seule, et se dirigea vers le lieu où avaient été entreposés les vivres. N'ayant pas eu l'occasion de reconstituer les réserves, la nourriture était désormais rationnée, et Elewë ne prit qu'un petit morceau de lembas, puis s'assit sur une souche à la lisière du bois. Elle mastiqua lentement le pain elfique, et bien qu'une seule bouchée était capable de nourrir un elfe, elle ressentait encore la faim.

Une fois son frugal repas avalé, elle descendit de la souche, cala son dos contre l'écorce, et observa le « camp ». La quasi totalité des elfes était allée se reposer, et quelques uns se restauraient. Elewë aperçut le soldat qui avait été gravement blessé pendant l'embuscade. Celui-ci semblait aller mieux, et bien qu'il traînait un peu sa jambe, il paraissait rétabli. Cette vision rappela à la jeune elfe le combat auquel elle avait pris part quelques jours auparavant. Son cauchemar ayant accaparé ses pensées, elle l'avait presque oublié. Elle se remémora avec difficultés comment cela s'était déroulé, lorsqu'une voix la sortit de ses pensées.

« Puis-je me joindre à vous, soldat ?
Elewë, surprise, releva la tête, et dévisagea celui qui s'adressait à elle. Qu'elle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle découvrit qu'il s'agissait du Prince Legolas. Son visage était grave, fermé, ne laissant paraître aucune émotion. Elewë se demanda avec anxiété ce qu'il avait à lui dire, son visage ne présageant rien de bon, et elle réussi à balbutier, confuse :

« Bien sur Votre Altesse, mais je ne m’attelle à aucune activité particulière méritant votre attention ...
Le Prince lui sourit, et s'assit à côté d'elle.
« Ne vous inquiétez pas, je recherche juste la compagnie d'une personne avec qui discuter, Glorfindel, Elrohir, Elladan, Haldir, et à vrai dire presque tout le reste de la troupe, étant en train de se reposer. Vous semblez être la seule avec qui je puisse m'entretenir.

Elewë lui sourit faiblement, moins tendue mais toujours gênée, se demandant comment elle devait réagir en sa présence. En l'appelant soldat, il la plaçait au même niveau que les autres, et cela la rassura, car depuis quelque jours elle avait l'impression qu'il la considérait avec mépris.
« Et bien j'espère être digne du privilège que vous m'accordez » dit-elle en se détendant. Elle se permis de prendre un ton plus léger « je ne sais si je serais à la hauteur de cette tâche, qui me semble insurmontable.

Il sourit, amusé.
« Vu le respect que vous témoigne Glorfindel et Haldir, je ne saurais en douter. » il prit un air pensif « je dois avouer que vous m'avez remarquablement surpris lorsque vous êtes sortie indemne de votre combat contre les orcs. Jusqu'alors, vous n'aviez, pour moi, rien à faire parmi ces soldats.

Ainsi les doutes d'Elewë étaient fondés. Elle avait bien vu le mépris et l'incrédulité contenus dans le regard du Prince avant l'embuscade. Il semblait maintenant plus respectueux, comme ayant accepté l'idée qu'une femme pouvait se battre et tuer comme un homme.
Legolas repris, un sourire aux lèvres.
« Les jumeaux m'ont raconté la façon dont vous vous êtes sortie des pièges qui vous étaient tendus durant le tournoi, et je dois dire que vous m'avez impressionné. Peu de femmes se battent comme vous, je pense que vous le savez. Je crois même que vous devez être la seule …

Elewë rougit, ne sachant où se mettre, mais le Prince ne sembla pas le remarquer. Il paraissait plongé dans une réflexion profonde. Au bout de quelques minutes, la jeune elfe se permis de tousser. Legolas sursauta, et se tourna vers elle.

« Toutes mes excuses », dit-il, « j'étais plongé dans mes pensées.
« Et qu'elles étaient-elles ? »demanda timidement Elewë
« Vos aptitudes au combat m'ont fait penser à ma patrie, où les femmes sont plus guerrières que dans les autres Royaumes Sylvestres, bien qu'aucune ne vous égale. Bien que cela soit mal vu des elfes masculins, elles ont du apprendre à se battre, notre proximité avec des Terres plus hostiles nous ayant obligés à changer notre façon de vivre …
« Comment est-ce ?
« Pardon ?
« La Forêt Noire, votre Royaume, vos coutumes, votre peuple …

Le visage du Prince s'assombrit.
« Autrefois mon Royaume ne s'appelait pas la Forêt Noire, mais Vertbois-le-Grand, ou encore Greenwood (1). Autrefois mon pays était couvert d'immenses bois, peuplé de verdure et de nombreuses espèces. Mon peuple était joyeux, nous organisions sans cesse des banquets et des bals, nous dansions, la vie nous souriait et nous tendait les bras. Mais depuis plusieurs siècles, un mal insidieux prend lentement possession de nos terres, le monde animal est chassé et remplacé par des créatures sombres tels que des écureuils noirs (2), des araignées géantes ou bien des orcs ; notre peuple se meurt, car nous vivons en harmonie avec la nature environnante ; les fêtes sont de plus en plus rares, car le cœur n'y est pas. Mon Royaume n'est plus ce qu'il était …

Sa tristesse et son désespoir étaient visibles, et Elewë eut de la peine pour ce magnifique peuple qui semblait condamné à s'éteindre à petit feu. Elle espéra que leur combat contre les forces d'Angmar empêcherait la menace du mal de s'étendre jusqu'à son propre peuple. Les deux elfes furent bientôt tirés de leurs sombres pensées par un soldat qui s'avançait en courant vers eux. Il s'arrêta à leur hauteur, et salua Legolas.
« Votre Altesse, le Capitaine Glorfindel vous demande.

Legolas soupira, se releva, et se tourna vers Elewë, un léger sourire aux lèvres.
« Et bien, ce fut un plaisir de discuter avec vous, peut-être en aurons-nous encore l'occasion.
Il n'attendit pas sa réponse, et parti rapidement à la suite du soldat.

Elewë se releva, et vit que les elfes sortaient de leur bref repos, et commençaient à préparer leurs montures pour le départ. Lindir sortit du couvert du bois, et vint vers elle, s'étirant comme un grand chat.
« Bien dormi ? » demanda Elewë, amusée
« Comme un petit troll. Tu aurais du faire comme moi, ça t'aurais fait un bien fou. Je me sens prêt pour n'importe quoi. » fit-il en souriant « D'ailleurs, qu'as-tu fais pendant tout ce temps ?
« J'ai mangé » il sourit « et j'ai discuté avec le Prince Legolas.

Lindir la regarda avec des yeux ronds.
« Il ne t'as rien dit de mal ? J'avais l'impression qu'il ne te portait pas tellement dans son cœur.
« Non, au contraire. Nous avons discuté de son Royaume. Cela me fait de la peine de savoir que d'autres elfes se meurent en ce moment même, et que nous ne pouvons rien y faire …
« Ne t'inquiète pas, le Roi Thranduil est capable de se débrouiller seul pour gérer tout cela. En attendant, nous avons pour honorable mission le fait de devoir nous mettre en selle pour aller secourir quelques malheureux, alors ne traînons pas, je n'ai pas envie de me retrouver comme un imbécile, pas encore préparé alors que tout le monde s'en va !
Elewë lui sourit, et ils se dirigèrent vers le bois où les attendaient leurs montures.


***


La nuit était tombée. Le ciel bleu pâle avait laissé la place à une toile bleu marine tirant sur le noir, sur laquelle une nuée d'étoiles scintillaient. La lune était pleine, et seuls quelques nuages la cachaient, de telle sorte que l'immense plaine se parait de reflets argentés. Une légère brise agitait l'herbe, la faisant ondoyer sous les sabots des chevaux. La température avait considérablement chuté suite à la disparition du soleil, et bien qu'elle avait enfilé une autre couche, Elewë sentait la douce morsure du vent passer à travers ses vêtement, la faisait grelotter. Elle se frictionna les épaules, en espérant qu'ils arrivent bientôt en vue d'Emyn Sûl, les Collines du Vent -qui portaient relativement bien leur nom- sur lesquelles se trouvait l'Ancienne Tour de Garde.

Cela faisait plusieurs heures que les elfes avaient repris leur route. Avec le déclin du soleil, les soldats avaient opté pour une allure plus soutenue, la chaleur ne dérangeant à présent plus les montures. Ils avaient rapidement rattrapé le retard pris lors de la halte, et Elewë devinait qu'ils n'étaient plus très loin du but. Environ une demie-heure plus tard, la jeune elfe commença à voir le paysage changer, et bientôt ils furent en vue des Collines du Vent. La pénombre l'empêcha de voir distinctement, mais elle aperçut une colline se détacher des autres, beaucoup plus haute. Sur celle-ci se distinguait une vague forme de couronne de pierre. Les chevaux précédant Elewë ralentirent, et bientôt toute la colonne s'arrêta. La voix de Glorfindel perça le silence de la nuit.

« Soldats, comme vous avez du le remarquer nous sommes arrivés à Amon Sûl. Nous y camperons ce soir. Que chacun je trouve une place, s'occupe de sa monture, et s'installe avec elle pour dormir. Nous partirons rapidement demain matin, alors faites en sorte qu'elle reste près de vous cette nuit. Sur-ce, je vous souhaite une bonne nuit de sommeil, car nous avons une longue route à faire demain.

Les soldats se séparèrent, chacun cherchant un espace où se poser. Elewë suivit Lindir -qui paraissait disparaître, la robe de Nuruhuinë se fondant dans le noir- qui se dirigeait plus loin. Une fois surs qu'ils seraient tranquilles, ils mirent pied à terre, dé harnachèrent leurs montures , et se servant de leur selle comme oreiller, s'allongèrent dans l'herbe. Les paupières d'Elewë étaient lourdes, la journée l'ayant exténuée. Elle s'endormit rapidement, nullement gênée par les broutements des chevaux.


***


Lorsqu'Elewë se réveilla, il faisait encore nuit. Le bleu du ciel plus clair annonçait une aurore qui ne saurait tarder. Incapable de se rendormir, la jeune elfe se releva sans bruit, ne désirant pas réveiller Lindir qui dormait encore, et émettait ce qui ressemblait fort à un ronflement. Elle sourit, et s'éloigna discrètement. Elewë chercha à se placer en hauteur, voulant admirer le spectacle du lever de soleil. Elle marcha quelques minutes avant de trouver un pilier de roche de forme grossière, suffisamment haut pour qu'elle domine la plaine qui s'étendait devant elle, et suffisamment petit pour qu'elle puisse tout de même grimper dessus. Elle l'escalada rapidement, puis s'installa confortablement, remontant les jambes contre sa poitrine. Elle cala son menton entre ses genoux, et attendit que la nature veuille bien s'offrir à elle.

Elle n'attendit pas longtemps. Moins d'un quart d'heure plus tard, le soleil commença à poindre, et avec lui de magnifiques couleurs apparurent dans le ciel : des traînées de nuages oranges pâles se mêlaient avec grâce au rose pastel et au mauve. Le soleil dégageait une douce lumière jaune aux reflets oranges et rouges, et les cieux semblaient le témoin d'un véritable ballet des couleurs. Elewë contempla avidement le magnifique spectacle qui s'offrait à ses yeux, espérant que ce moment ne s'arrête jamais. Bientôt le mauve et le rose disparurent, laissant s'installer un beau bleu ciel, qui, elle le devinait, allait l'accompagner toute sa journée. Quelques instants plus tard tout était terminé, le soleil semblait prêt à poursuivre sa course dans les cieux, et rien ne l'arrêterait jamais de le faire. Elewë resta encore quelques minutes, profitant jusqu'au dernier moment de la quiétude des lieux, lorsqu'une voix venue de plus bas vint jusqu'à elle.

« Elewë, vous êtes là-haut ?
La jeune elfe sourit lorsqu'elle reconnut Elladan.
« Oui Votre Altesse, vous pouvez me rejoindre si vous le désirez.

Elle se décala, et quelques instants plus tard l'elfe se hissait près d'elle, s'installant à la place qu'elle venait de lui céder. Une fois assis, il se tourna vers elle et lui sourit.
« Voyons, vous saviez bien que vous pouvez m'appeler Elladan, nous sommes amis maintenant, non ? Aimeriez-vous si je vous appelais « ma Dame » ? » demanda-t-il en riant.

Elewë réalisa en effet qu'Elladan était devenu beaucoup plus proche d'elle, et qu'elle avait utilisé son titre uniquement parce qu'elle le faisait avec son frère. Il lui semblait naturel de l'appeler par son prénom, alors qu'elle avait plus de mal avec Elrohir. Elle ne savait pas comment réagir face à lui, alors que Elladan aspirait naturellement à la simplicité et l'amitié. Elle lui rendit son sourire.

« Si vous étiez venu admirer l'aurore, vous l'avez loupée de peu.
« Ce n'était pas mon but premier, mais je pense que j'aurais su l'apprécier à sa juste valeur.
« Quel était donc votre but premier ?
« J'aime me promener le matin, alors que tout le monde dors, et trouver une personne à qui parler, je trouve que c'est une bonne façon de démarrer sa journée. Mais je trouve rarement du monde à qui m'adresser si tôt.

Elewë sourit.
« Vous n'êtes pas le premier en quête d'un interlocuteur à croiser ma route ces derniers temps.
« Ah ? » demanda-t-il, faisant semblant d'être désintéressé.
« Le Prince Legolas en personne a discuté un petit moment avec votre servante ici présente. » fit-elle dans un geste théâtral.

Elladan rit.
« Cela ne m'étonne guère de lui. Il a beau être plus jeune que 'Rohir et moi, ils a toujours été le plus sage, le plus réfléchi et le plus posé. Lorsque nous voulions faire les quatre-cent coups, il était le premier à se défiler, prétextant que cela n'était pas pour lui, et il partait s'enfermer dans la bibliothèque de notre père, se plongeant dans des volumes poussiéreux. Malgré nos différences profondes, nous nous sommes toujours beaucoup appréciés, et j'ai plaisir à le revoir aujourd'hui, même si ce n'est pas dans le meilleur des contextes.

Elewë sourit à cette évocation, imaginant facilement les jumeaux en quête d'une bêtise à faire, et Legolas se terrant dans les rayonnages de la bibliothèque. Les deux elfes discutèrent ainsi quelques minutes, jusqu'à ce que le bruit des elfes se réveillant parvienne à leurs oreilles. Ils descendirent prestement, et alors qu'Elewë s'apprêtait à quitter Elladan, celui-ci se tourna vers elle, un sourire étrange.
« Au fait, vous ne sauriez pas pourquoi mon frère agit bizarrement ces temps-ci ? Je le trouve étrange.
Ne comprenant pas le lien avec le petit sourire moqueur de l'elfe, Elewë chercha rapidement la raison, mais n'en trouva aucune.
« Non je suis désolée, je ne vois pas du tout …
Le sourire s'élargit sur le visage de l'elfe, et il désigna un point dans le dos d'Elewë.
« Le voilà qui arrive, vous pouvez lui demander directement.
Elewë n'eut pas le temps de lui répondre qu'Elladan s'esquiva en vitesse. Elle se retourna alors, et vit qu'en effet Elrohir venait dans sa direction.

« Me demander quoi ? » fit-il en souriant.
Elewë maudit intérieurement l'ouïe aiguisée des elfes, se demandant comment elle allait se sortir de cette situation. Elle n'avait nullement le culot -ni le courage- de poser ce genre de question au Prince. Elle balbutia, cherchant ses mots.

« Non, euh … rien de spécial, ce n'était pas à propos de vous, Votre Altesse.
Quel sens de la rhétorique, c'en était à pleurer. Elle espéra que sa réponse passe, et qu'ils changent de sujet de discussion.
« Et bien si vous n'avez rien à me demander, j'ai quant à moi une requête à vous soumettre.
« Euh, bien sur .. je vous écoute ... » fit-elle, déstabilisée.
« Comme vous devez le savoir, nous nous arrêtons ce soir -si tout se passe bien, car nous avons une longue route à faire- dans la petite bourgade de Bree, et à cette occasion nous avons réservé pour tous les soldats la salle à manger d'une petite auberge, réputée dans le village. Glorfindel a demandé à pouvoir occuper une pièce close pour lui et les généraux. Libre à vous de refuser, mais je serais heureux que vous acceptiez de vous joindre à nous, cela permettrait à tout le monde de vous connaître. » Il esquissa un sourire, en attente de sa réponse.

« Mais, euh … Votre Altesse » fit-elle, confuse « je suis flattée de votre attention et votre sympathie, mais je ne peux accepter … Comment une simple elfe telle que moi peut penser pouvoir dîner avec d'aussi illustres personnes … je me sentirais bien trop gênée, et j'ai peur de renverser des plats par inadvertance, ou bien de … vous devriez faire la proposition à quelqu'un d'autre qui en serait plus méritant que que je ne le suis.
Le sourire d'Elrohir se fana.

« C'est à vous que je fais cette proposition Elewë, pas au premier elfe que je croise sur mon chemin. Je peux comprendre que vous ne le désiriez pas, mais ne dites pas de choses aussi stupides à propos de vous afin de vous justifier. » il commença à partir, une légère déception se peignant sur son visage. Elewë hésita.
« Attendez ! Laissez moi y réfléchir, je vous donnerais ma réponse plus tard !
Il se retourna, l'air tout à coup plus satisfait.
« Très bien. Bonne journée, Elewë.

Il partit alors, laissant Elewë seule avec ses pensées. Quelques seconde plus tard, un Lindir apparemment levé du pied gauche s'arrêta devant elle.

« Qu'est-ce qu'il te voulait le roitelet ? » demanda-t-il, hargneusement.
Elewë fut choquée par l'animosité qui passait dans sa voix.
« Rien de spécial, il m'a juste proposé de dîner ce soir avec lui, Glorfindel, Elladan et les généraux.

Le regard de son ami se fit plus noir.
« Rien de spécial ?! » siffla-t-il « et qu'as-tu répondu ?
« Que je ne savais pas et que j'allais y réfléchir. Arrête donc Lindir, cela ne sert à rien de te mettre en colère pour si peu, surtout que je vais très probablement refuser !
Lindir sembla se calmer un peu.
« J'espère bien, nous avons l'auberge pour nous et tous les soldats ce soir, j'espérais passer une bonne soirée avec toi en leur compagnie.
Elewë lui sourit.
« Allez viens, cela ne sert à rien de s'énerver pour si peu, allons préparer Ninqueloté et Nuruhuinë, nous allons bientôt partir.
Son ami la suivit, et ils retournèrent là où ils avaient passé la nuit, leurs montures les y attendant.



***


Les elfes avaient quitté Amon Sûl depuis plusieurs heures. Le soleil faisait toujours sentir sa présence, mais celle-ci était moins pesante que la veille. Les chevaux avançaient donc au petit trot, et le martèlement des sabots dégageait un peu de poussière sur leur passage. Elewë était fourbue. Aucune halte n'avait été faite depuis le matin même, Glorfindel poussant les soldats à rattraper le temps perdu. La jeune elfe sentait ses jambes, endolories, qui ne demandaient rien d'autre qu'une brève pause, et elle espéra que le Capitaine n'allait pas tarder à en donner l'ordre. Elle regarda autour d'elle, et vit Lindir qui semblait aussi fatigué qu'elle. Il fermait à demi les paupières, et suivait mécaniquement l'allure de son cheval. Il répondit au petit sourire d'Elewë, et celle-ci porta son regard vers l'horizon.

Alors qu'elle scrutait la plaine s'étendant devant elle -ou plutôt le peu qu'elle pouvait apercevoir, les troupes de la Lórien positionnées à la fin de la colonne- elle aperçut au loin un gros nuage de poussière qui avançait dans leur direction. Ne sachant pas ce que c'était, elle demanda à Lindir.

« Lindir, est-ce que tu vois ce gros nuage de poussière là-bas ? A ton avis, qu'est-ce que cela peut être ?
Son ami porta sa main en visière, et regarda dans la direction indiquée par la jeune elfe.
« Je n'en sais strictement rien, mais vu la vitesse à laquelle il avance, nous ne devrions pas tarder à le savoir.
Au bout de quelques instants, d'autres elfes le remarquèrent à leur tour, et l'air bruissait de leurs interrogations. Glorfindel envoya deux cavaliers en avant voir de quoi il s'agissait, et on les vit revenir à peine une minute plus tard, leurs montures lancées au grand galop. Un cri retentit du devant de la colonne.

« Les Wargs, les Wargs nous attaquent !!!



(1) en français ça donne Bois-des-Vertes-Feuilles, vous m'excuserez donc d'employer le mot anglais qui sonne mieux Razz
(2) c'est pas très effrayant, d'accord, mais c'est ce qui est dit dans mes sources, alors je l'inscris. Si ça peut vous faire plaisir, imaginez des écureuils suceurs de sang, avec des yeux de démons. Ça va mieux ? ^^

Et voilà chapitre terminé. Je sais, je suis une horrible auteur de vous laisser sur cette fin. Mais que voulez-vous, je crois que j'y ai pris goût *sourire sadique* MR. Red
Bref désolée si ce chapitre était un peu long, mais je voulais terminer sur les Wargs. Qu'en avez-vous pensé ? Est-ce que mon Legolas est à votre goût ?
Voilà, normalement le prochain chapitre dans la semaine, ça dépendra de l'avancée de mes révisions du bac --'.
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeSam 16 Juin - 20:07:33

Et voilà le chapitre 15 ! 15 déjà Shocked Merci ma padawan pour ton super soutien ! Very Happy
Désolé pour le temps que j'ai pris, mais bon révisions de bac obligent --'
Bref, voilà enfin de la baston ! *sourire sadique* MR. Red Bonne lecture !

Les Wargs


« Les Wargs, les Wargs nous attaquent !!!
A ces mots une vague de panique se répandit sur la colonne, les soldats se précipitant pour saisir leurs armes et faire face à l'attaque ennemie. L'inquiétude brutale des cavaliers sur leur dos rendait les chevaux nerveux, et ceux-ci se mettaient à renâcler et à piétiner le sol de leurs sabots. Elewë regarda avec inquiétude Lindir qui s'était ressaisi et avait saisi son épée, dirigeant Nuruhuinë d'une seule main. Étrangement, le grand étalon noir paraissait serein, comme s'il savait ce qui l'attendait, et que cela ne le perturbait pas outre mesure. Les deux amis échangèrent un regard inquiet, chacun essayant insuffler du courage à l'autre à travers ce contact. Celui-ci fut rompu par le cri de Glorfindel.

« Soldats en formation ! Je veux des lignes de cinquante, chacun à sa position. Il ne doit y avoir aucune brèche afin que ces monstres retournent dans les abysses dont ils sont venus. Vous êtes tous des braves, de fiers combattants. Ceci n'est pas une bataille décisive, mais vous devez tenir. Ces créatures auront peur de vous, de votre bravoure, de votre force. Ce soir, vos lames seront rouges du sang de l'ennemi. Alors courage, et tenez bon !

A ces mots les peurs contenues dans le cœur des elfes s'envolèrent, et chacun se sentait prêt à défendre sa vie au côté de ses camarades. Toute fatigue avait disparue, remplacée par une détermination et un courage sans failles. Les elfes reprirent leurs montures en main, et suivant les instructions données par les généraux de chaque troupe, se placèrent en formation défensive. Les trois troupes se retrouvèrent ainsi positionnées en longue colonne horizontale, qui s'étendait sur près de vingts pas. Les soldats placés aux premiers rangs avaient sortis leurs lances, afin que les wargs s'empalent dessus lors de la charge. Ceux juste derrière empoignaient fermement leurs épées, et vérifiaient que leurs boucliers étaient bien fixés sur les épaules des chevaux. Quelques secondes après l'exhortation de Glorfindel, tous les soldats étaient à leur place, et attendaient le signal pour charger.(1)

Elewë et Lindir avaient été placés dans les premières lignes, et chacun avait empoigné sa lance. La jeune elfe l'agrippait nerveusement. Bien que rassurée par Glorfindel quelques instants plus tôt, elle sentait à nouveau la panique se répandre lentement, sournoisement, à travers son être. Combattre des orcs était une chose, des wargs, c'en était une autre. Elle avait entendu bien des récits à propos de ces créatures monstrueuses, et aucune ne l'avait vraiment convaincue d'en approcher un, ne serais-ce que pour l'observer. D'ailleurs, elle regarderait avec stupeur et inquiétude quiconque lui déclarant un jour avoir envie d'aller voir un warg par intérêt. Elewë secoua la tête, chassant ces pensées de son esprit. Elle décolla la lance de sa main moite pour l'essuyer. Pas question qu'elle la laisse glisser, cette arme était un des seuls moyens efficace de terrasser ces créatures.

Elewë redressa la tête, et jeta un dernier regard à Lindir. Celui-ci semblait vouloir faire passer quelque chose à travers ses yeux, qu'elle ne comprit pas. Elle le vit hésiter, et au moment où il s’apprêtait à parler, sa voix fut couverte par un vrombissement assourdissant, un martèlement incessant, qui devenait plus fort de secondes en secondes. Elle détourna le regard vers l'origine de ce bruit terriblement annonciateur, essayant de percer du regard le nuage de poussière qui était de moins en moins épais. Elle attendit quelques secondes avant que celui-ci ne se délite totalement, et ce qu'elle vit alors la figea sur sa selle.

Une meute de près de deux-cents monstres fonçait vers eux. Gigantesques, les bêtes devaient bien mesurer près de cinq pieds de haut (2). Leur fourrure allait du noir au brun foncé, et bien que très épaisse, laissait apercevoir la montagne de muscles qui constituaient l'animal. Ceux-ci roulaient sous la peau, dans une mécanique meurtrière parfaite. Leurs jambes, assez fines, et leur arrière-main faisaient penser à un gros chien de race, tandis que leur avant-main était considérablement épais, atteignant probablement quatre mains en largeur. Mais leur tête n'avait rien de celle d'un gentil petit chien. Énorme, elle faisait penser à un croisement entre un ours, un loup et une hyène (3). Le tout en très gros. Vraiment très gros. Même à une grande distance, Elewë apercevait les bêtes ouvrir grand leurs gueules, laissant apparaître des crocs suffisamment grands pour trancher une main d'un coup de dent, et des babines retroussées laissant couler un filet de bave sur leur poitrail.

Elewë eut du mal à déglutir face à cette vision cauchemardesque. Ses certitudes et le dernier souffle de courage qui lui restaient s'étaient envolés en même temps que la poussière masquant la meute. Ses mains se firent plus moites encore, et des tremblement commencèrent à la parcourir dans tout son corps Sa vision se fit vacillante, et elle eut l'impression de glisser sur sa selle. Elle vit néanmoins un autre point inquiétant : les wargs étaient chevauchés quasi tous par des gobelins. Cela montait le total des ennemis à plus de trois-cent-cinquante. Comme s'ils avaient besoin de cela pour essayer de survivre à cette attaque.

Elewë allait céder à la panique lorsque l'ordre de charger retentit dans le silence pesant qui s'était installé. La jeune elfe se ressaisit lorsque Ninqueloté se mit bravement en marche à la suite des autres chevaux, comme si elle souhaitait compenser la panique de sa cavalière. Elle se mit au petit galop, collée à Nuruhuinë, qui en véritable cheval de guerre ne tremblait pas devant un ennemi, aussi horrible soit-il. La vision du courage des deux montures fini de sortir Elewë de son état vacillant, et elle empoigna fermement sa lance, bien déterminée à être aussi valeureuse que la petite jument.

Un cri commun s'échappa des gorges des elfes, un cri puissant, un cri d'encouragement et de soutien mutuel, un cri permettant de se donner du courage pour aller au devant d'une mort certaine. Les chevaux, stimulés par la force que leurs cavaliers dégageaient, galopaient à toute allure, oubliant la fatigue qui les habitait quelques minutes auparavant. Leurs naseaux vrombissaient sous l'effort, et de l'écume se dégageait de leur bouche. La distance entre les opposants se réduisait à une vitesse considérable. Quelques secondes plus tard, les premières lignes abaissaient leurs lances selon un angle meurtrier, afin que la pointe de métal s'enfonce plus facilement dans la chair des wargs. Plus que quelques mètres les séparaient à présent. Elewë aperçut un sourire meurtrier se former sur le visage d'un gobelin. Cette vision suscita une rage profonde chez la jeune elfe qui exhorta Ninqueloté à se jeter dans la bataille.

Les deux troupes se percutèrent alors, la collision créant une onde de choc puissante.
La première ligne fit des dégâts considérables dans la meute, les wargs s'empalant sur les lances à cause de la vitesse incroyable à laquelle ils s'étaient projetés contre les elfes. Les lignes ennemies clairsemées par cette attaque foudroyante, un grand nombre de cavaliers en profitèrent pour pénétrer dans les rangs adverses et causer des dégâts internes. Mais plusieurs chevaux et cavaliers furent touchés lors de la collision, un certain nombre décapités directement par la force bestiale des wargs. Les chevaux privés de leurs cavaliers hennissaient de peur, et plusieurs se retournèrent contre les elfes, allant s'empaler par inadvertance contre les lances alliées. Elewë frémit lorsqu'elle vit un warg arracher un elfe à la selle de son cheval, et le lancer sur un cavalier s'approchant de lui.

Au bout de quelques secondes, les deux armées ne respectaient plus aucune formation, et la plaine commença à se couvrir de cadavres de wargs comme de chevaux et de leurs cavaliers. On n'entendait plus que les rugissement des wargs, les hennissements de terreur des chevaux, et déjà, les cris d'agonie des blessés. Bien que placée dans les premiers rangs, Elewë avait été épargnée par cette première attaque, attendant une brèche pour se ruer dans la bataille. L'occasion se présenta, et elle lança Ninqueloté en avant. Elle n'eut pas fait quelques pas que déjà un des monstres s'avançait à sa rencontre, les dents rouges de sang. La jeune elfe lança de toutes ses forces sa lance dans le poitrail de la bête, qui s'affala sur le sol, la lance plantée en plein cœur. Elle récupéra son arme et saisit son épée, lâchant les rênes sur l'encolure de Ninqueloté, et décapita le gobelin qui tentait de se dégager de sa selle. Bien qu'en hauteur sur la petite jument, Elewë reçut une giclée de sang sur son visage qui l'aveugla momentanément. Elle laissa Ninqueloté la guider à travers la bataille le temps de retrouver la vue, et voulut se redresser pour regarder autour d'elle.

Elle ne dut son salut qu'à de prodigieux réflexes, se baissant à temps pour éviter le tranchant d'une lame grossière. Elle fit pivoter la petite jument, et se retrouva face à un montre immense, sur lequel était perché un gobelin au visage hargneux. Plus grand que les autres, la bête semblait surpuissante, et de sa gueule entrouverte se dégageait un membre ensanglanté. Elewë eut un haut le cœur, et dut se ressaisir car le gobelin la chargeait, son épée levée bien haut, ne laissant aucun doute planer sur ses intentions. Elle para d'un revers le coup d'épée, puis d'un grand geste fendit la garde du gobelin, enfonçant sa lame dans la gorge de la créature. Elle n'eut pas le temps de se réjouir que le monstre, sur lequel le corps inanimé du gobelin pendait mollement, se rua sur Ninqueloté. La petite jument se cabra, tentant de faire rempart de son corps pour protéger sa cavalière, et Elewë projeta sa lance sur le warg.

L'arme l'atteignit à l'épaule, et la jeune elfe eut l'impression de l'avoir autant importuné qu'un insecte. Elle voulut utiliser son épée, mais une douleur cuisante la prit à la cuisse gauche : le warg l'avait attrapé de ses puissantes mâchoires, enfonçant profondément ses crocs aiguisés comme des couteaux. Elewë hurla de douleur, des larmes s'agglutinant devant ses yeux, et elle essaya de frapper d'un revers d'épée la tête du monstre. L'arme s'enfonça facilement dans la peau tendre du museau, creusant une plaie béante. Le warg lâcha sa prise en hurlant, et la jeune elfe l'acheva d'un coup d'épée dans la gorge. Elle se pencha tant bien que mal pour récupérer sa lance toujours accrochée au corps désormais inerte de la bête, et la tête lui tourna lorsqu'elle se redressa. Les cris d'horreur des autres elfes et les grognements bestiaux lui parvinrent, et elle eut subitement la nausée. Un coup d’œil rapide par-dessus l'épaule de Ninqueloté lui appris que beaucoup de soldats se trouvaient dans le même état qu'elle, et que de nombreux autres avaient malheureusement succombé aux attaques puissantes des bêtes.

Elewë eut à peine le temps de se remettre correctement en selle et de reprendre son souffle qu'elle fut à nouveau assailli par un warg, cette fois-ci sans cavalier. Elle devina instantanément pourquoi la créature n'était pas montée. Plus grande que tous les autres, le poil sombre et l'encolure immensément large, il semblait impossible de la chevaucher tant le warg était énorme. La gueule ruisselante de sang, la bête courrait dans sa direction, ses immenses pattes le propulsant à une vitesse hallucinante. Elewë n'eut que le temps de lancer Ninqueloté vers le monstre et de se saisir à pleine main de sa lance. Le choc avec la créature fut puissant, et la jeune elfe vacilla sous le coup. La petite jument se dressait fièrement contre le warg, se cabrant de toute sa hauteur. Mais affaiblie par son combat précédent, et les deux mains prises, Elewë chuta, ne pouvant se rattraper à la crinière de Ninqueloté.

Elle tomba lourdement, se cognant la tête contre le sol, et la blessure à sa jambe l'empêcha de se relever. La jeune elfe avait du mal à reprendre ses esprits, et elle sentit du sang couler le long de son crâne, se répandre dans ses vêtements. Elle hurla lorsque le monstre agrandit la plaie à sa cuisse. Elle vit rouge, et la douleur apportée par la blessure l'empêcha de sombrer dans l'inconscience. Elle se redressa tant bien que mal sur son genou valide, le monstre ayant soudainement cessé de l'attaquer, et saisit bravement le manche de sa lance qu'elle avait laissée tomber en chutant. Elewë s'aperçut alors que le warg affrontait Ninqueloté. Les naseaux de la jument était rouges, et la jeune elfe vit qu'elle était à bout de souffle. Ninqueloté se dressa à nouveau sur ses postérieurs, et tenta de boxer la tête du monstre avec ses sabots de devant. Elle lui infligea un puissant coup au niveau des yeux et la bête hurla, mais répliqua par un violent coup de patte, griffant la jument aux flancs.

Elewë se ressaisit, refusant de laisser son amie affronter le warg, et lança de toutes ses forces sa lance vers l'animal. Par chance, l'arme se figea profondément dans la partie tendre du flanc de la bête, et celle-ci reporta alors son attention vers la petite créature qu'elle avait délaissée. La jeune elfe trembla devant le regard meurtrier de la bête qui s'élançait à présent vers elle. Elle se rendit alors compte que son épée n'était pas dans sa main, et elle la chercha désespérément. Elle rampa sur quelques pas avant de la saisir et de se tourner vers la créature, se redressant tant bien que mal sur son genou valide. Le monstre courait dans sa direction, gueule grande ouverte. Elle tendit bravement son épée vers l'avant, et attendit que la mort la prenne.

Mais rien ne vint, si ce n'est qu'un poids mort de près d'une tonne s'affala sur elle. Elewë cria lorsque le corps inerte du warg, l'épée plantée en plein cœur, tomba lourdement sur sa jambe blessée, et elle chancela en arrière. Le poids mort que constituait à présent la bête l'empêchait de se relever, et bientôt l'odeur putride de l'animal lui parvint, lui donnant la nausée. Elle était au bord de l'évanouissement, et ses poumons, écrasés par la masse énorme du warg, quêtaient désespérément de l'air frais. Elle se dit que tout était fini, lorsqu'elle aperçut une tête verte escalader la montagne de muscles que constituait le corps du monstre. Elewë écarquilla les yeux lorsqu'elle vit le gobelin, un rictus malveillant sur le visage, s'approcher vers elle en descendant la carcasse du warg. Elle se dit que sa dernière heure avait sonné, et elle s'apprêta à affronter la mort. Elle était tellement épuisée qu'aucune pensée ne lui vint à l'esprit, à part le fait qu'elle voulait qu'on la délivre de toutes ces souffrances.

Mais le coup fatal ne vint jamais. Elewë osa alors ouvrir les yeux, et vit qu'une dague était plantée dans le dos du gobelin, qui semblait à présent privé de sa tête. Une giclée de sang s'étala sur son visage et l'odeur devint insoutenable. Elewë s'évanouit sans aucune forme de procès.

***

Lorsque Elewë ouvrit les yeux, sa première réaction fut de les refermer immédiatement. Une douleur lancinante envahit son crâne, la clouant sur place. La jeune elfe attendit quelques minutes avant de soulever prudemment ses paupières. Elle était couchée sur un lit de fortune, apparemment dans une large tente où d'autres blessés étaient allongés, et vêtue d'une simple chemise longue. Ses jambes étaient dénudées, et elle vit que sa cuisse gauche était bandée de linges qui avaient du être propres autrefois, et qui se paraient maintenant d'une couleur rouge vive. Lorsqu'elle voulut se redresser, une douleur au crâne lui rappela sa chute brutale sur la tête. Celle-ci était aussi bandée soigneusement, et lorsque la jeune elfe passa une main sur le derrière de son crâne, elle ne sentit pas le bandage particulièrement poisseux, signe que la blessure n'était pas très grave.

Alors qu'elle auscultait soigneusement chaque partie de son corps, un elfe rentra précipitamment dans la tente, et se rua sur elle. Un cri de douleur lui échappa, et l'étreinte de l'elfe se fit moins forte. Elewë put apercevoir le visage de son « agresseur » lorsque celui-ci voulut bien la lâcher. Lindir avait le visage pâle, les yeux rouges, et une coupure barrait sa joue. Il agrippa fermement une main d'Elewë, et refusa de la lâcher.

« Elewë, si tu savais à quel point tu m'as fait peur ! » fit-il d'une voix tremblante « Tu étais étendue sur le sol, gisant dans une flaque de sang, le visage rouge. J'ai cru un instant que tu étais …
Il ne parvint pas à finir sa phrase, et serra encore plus fort la main de la jeune elfe. Celle-ci essaya d'esquisser un sourire.

« Je vais bien Lindir, les Valars soient loués, je ne sais par quel miracle j'ai survécu. J'ai cru plusieurs fois que j'allais mourir mais … il semblerait que les Valars ne veulent pas tout de suite de moi sur les terres immortelles …
La fin de la phrase arracha un sourire à son ami, qui disparut aussitôt.
« Malheureusement, beaucoup n'ont pas eu ta chance ... » fit-il, une grande tristesse perceptible dans sa voix.
« Combien d'entre nous sont tombés au combat ? » demanda Elewë, difficilement.

Son ami mis quelques temps à répondre.
« Une centaine sont morts, et près du double son blessés, la moitié d'entre eux assez gravement …
Elewë déglutit avec difficultés. Trop d'elfes valeureux étaient morts aujourd'hui, pour un peuple qui n'était même pas le leur. Elle fit un temps de silence pour honorer leur mémoire, et prier pour qu'ils soient accueillis à Valinor avec les égards qui leur étaient dus. Elle se redressa difficilement, et regarda à nouveau son ami.

« Et les wargs, ont-ils tous été décimés ? » demanda-t-elle, une rage contenue dans sa voix. Même dans son état, elle se sentait prête à en tuer une meute entière, pour venger les défunts. Lindir sourit, et lui répondit d'un ton plus joyeux.

« Ne t'enhardit pas princesse, ils sont tous morts. J'en ai moi-même tué deux, ainsi que leurs cavaliers » proclama-t-il, fièrement.
Elewë prit un petit air fier, et releva la tête.
« Seulement ? J'en ai pour ma part tué trois, avec deux gobelins. Il semblerait que j'ai gagné.
Ils se regardèrent, et partirent dans un fou rire. Qu'il était bon de pouvoir rire, d'oublier les atrocités passées. Les larmes aux yeux, Elewë se redressa brusquement lorsqu'un elfe passa l'entrée de la tente.

« Eh bien, si tous mes patients pouvaient être dans le même état que vous, je crois que je n'aurais plus rien à faire ici, ce qui n'est pas plus mal d'ailleurs. » dit l'elfe, un grand sourire sur son visage. Elewë reconnut Elladan, et lui rendit son sourire. « Je viens voir cette vilaine blessure à votre jambe, si vous me permettez. Attention, ça risque de faire un peu mal » fit-il, toujours souriant, tout en s'approchant du lit d'Elewë.

La jeune elfe hocha la tête en souriant, sourire qui disparut rapidement de son visage lorsque Elladan défit le bandage de sa cuisse. La plaie était profonde, d'environ une longueur de main, et large de presque autant. Les chairs étaient rouges, et un liquide blanc-jaunâtre se dégageait de la blessure. Elewë eut un haut-le-cœur, mais Elladan resta impassible, ayant sûrement déjà vu pire dans la journée. La jeune elfe grimaça et se mordit les lèvres pour ne pas crier lorsque l'elfe passa un linge propre sur la blessure pour la nettoyer. Elle s'agrippa fermement à la main de Lindir qui était toujours dans la sienne, quand le prince commença à suturer la plaie.

Quelques minutes plus tard Elladan avait terminé. Il se lava les mains dans une bassine d'eau propre, qui prit rapidement une couleur rouge, et alors que Elewë pensait qu'il en avait fini avec elle, plaça ses mains juste au-dessus de la blessure suturée, qui prirent rapidement une couleur d'un vert émeraude. Instantanément, la jeune elfe sentit les chairs de sa cuisse se refermer en profondeur, et la douleur fut plus supportable. Moins d'une minute plus tard, l'elfe se relevait, quelques gouttes de sueur glissant sur son front.

« J'ai guéri la blessure sur une certaine profondeur, mais pas totalement. Je suis navré Elewë, je dois garder le reste de mon énergie pour les autres blessés. Ainsi suturée, la plaie devrait mettre quelques jours à cicatriser correctement, quelques filaments de la magie de guérison accélérant le processus. Vous en aurez malheureusement pour une semaine de gênes, si ce n'est plus, et il faudra utiliser précautionneusement cette jambe. » fit-il, légèrement fatigué « Sur-ce, je suis désolé, mais je dois vous laisser, d'autres elfes ont encore besoin de moi. Tous n'ont pas eu la chance d'avoir été secouru par mon frère.

Et il s'en alla aussi vite qu'il était apparu, un sourire aux lèvres. Elewë vit qu'il tentait de cacher sa fatigue. Cela devait faire des heures qu'il guérissait des blessures sûrement plus graves que la sienne, et pourtant il ne s'arrêtait pas dans sa tâche. La jeune elfe eut une bouffée de gratitude pour lui. Alors qu'elle parcourait la tente du regard, elle aperçut une silhouette qui lui semblait familière. Elle se redressa, et vit que Orodreth était étendu à plusieurs pas d'elles sur un petit lit, et qu'il semblait dormir. L'elfe avait un bandage au torse, celui-ci était donc découvert, laissant apparaître une carapace de muscles bien proportionnés. Mais ce ne fut pas cela qui attira l'attention d'Elewë. Sur son épaule droite, elle apercevait une forme noire, comme une tâche, mais qui semblait avoir une forme précise. Malgré ses yeux d'elfe, elle ne réussit pas à discerner la forme véritable de cette tâche, et fut interrompue dans ses observations par l'air goguenard de Lindir.

« Quoi ? Qu'est ce qu'il y a ?
« Tu parais déjà suffisamment éveillée pour admirer le corps de ces braves elfes étendus à demi-nus. Que dirait Orodreth s'il apprenait la façon dont tu l'as scruté ? »dit-il en riant.
Elewë rougit légèrement sous la moquerie de son ami. Elle s'apprêtait à lui rabattre son fier petit sourire, lorsque les derniers mots d'Elladan s'affichèrent dans son esprit.

« Lindir, qu'est-ce qu'a voulu dire Elladan ? » son ami la regarda, interrogateur « Tous n'ont pas eu la chance d'avoir été secouru par mon frère. » répéta-t-elle en fixant Lindir.
Le visage de celui-ci fut alors plus sombre, et il répondit maussadement.

« Ce qu'il a voulu dire, c'est que tu ne dois la vie qu'à l'intervention miraculeuse d'Elrohir, au moment où ce gobelin pouilleux s'apprêtait à te tuer.
Elewë se figea. Il lui semblait bien avoir aperçu un visage au moment où elle s'évanouissait. Ainsi Elrohir s'était porté à son secours … une pensée fugace traversa son esprit, l'amusant : ainsi ils étaient quittes. Elle le remercierait quand même chaleureusement la prochaine fois qu'elle le croiserait. Les paroles et l’attitude de Lindir firent alors le trajet jusqu'à son cerveau, et elle le fixa, légèrement en colère.

« Aurais-tu préféré qu'il ne me sauve pas ? Aurais-tu préféré que je meurs sous les coups de ce gobelin ? Ta haine pour lui est-elle forte à ce point ? » demanda-t-elle, les larmes aux yeux.
Lindir se releva, s'approcha davantage du lit, et le regard qu'il jeta à Elewë la força à reculer, jusqu'à ce que sa tête touche l'oreiller. Lindir avait les mains de chaque côté du visage de la jeune elfe, et son regard lui interdisait d'esquisser le moindre geste. Un frisson parcourut Elewë. Lindir resta silencieux quelques instants, son visage en face de celui de la jeune elfe, puis il prononça lentement ces quelques mots, insistant sur chaque syllabe.

« J'aurais préféré que ce soit moi qui te sauve Elewë, pas lui. » sa voix était tellement dure et triste à la fois qu'il paralysa Elewë, qui n'osait plus bouger. Lindir sembla hésiter, puis se redressa, et sorti de la tente sans un regard en arrière, laissant une Elewë pétrifiée par ce qu'il venait de se passer.



(1) bon comme j'ai l'impression de mal décrire, représentez-vous la charge du Rohan dans les champs du Pelennor. Globalement, c'est ça, mais avec des elfes ^^
(2) environ 1m50. Costauds les bestioles, hein ? Razz
(3) ne connaissant pas toute la flore de la TdM, on va dire que ces animaux existent là-bas ^^

Et voilà chapitre fini, vous en avez pensé quoi ? Very Happy
Prochain chapitre Bree et pas mal d'éléments forts Smile
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeDim 26 Aoû - 8:44:06

Voilà enfin le chapitre 16 ! Very Happy Dsl du temps de publication, j'avais pas trop de disponibilité pour écrire ^^ Bonne lecture Smile

À l'auberge du Poney Fringant


Elewë resta un long moment abasourdie par ce qui venait de se passer. Quelques instants plus tôt Lindir était penché au-dessus d'elle, l'air déterminé, une lueur sauvage, indescriptible dans son regard. Ce n'était pas la première fois qu'il agissait aussi étrangement, et elle n'arrivait pas à justifier son comportement. Chaque jour, elle reconnaissait de moins en moins son ami. Elewë se demanda à nouveau la raison de la haine apparemment violente entre les deux elfes, et elle eut beau chercher dans sa mémoire un souvenir qui justifierait cette hostilité, elle n'en trouva aucun. La jeune elfe soupira, puis fini par se rendormir, la guérison accélérée de sa blessure par Elladan ayant puisé dans ses maigres forces.

Elle fut réveillée par un soldat l'informant que l'Armée pliait le camp, et qu'il fallait qu'elle libère le lit. Lorsqu'elle protesta en disant qu'elle ne pouvait marcher, ou tout du moins pas très bien, elle eut le droit en guise de réponse à deux grandes branches de bois qui lui serviraient de béquilles en attendant qu'elle se rétablisse. Les premiers pas furent peu glorieux, mais bientôt elle s'habitua à marcher avec, et elle atteignit rapidement l'enclos des chevaux. Elewë cherchait des yeux sa jument, lorsqu'elle aperçu à quelques pas la silhouette de dos d'un des jumeaux. Celui-ci harnachait un magnifique étalon bai aux reflets rouge cerise. L'animal avait une liste sur le chanfrein, et une balzane à l'antérieur droit. Son port d'encolure et son maintien étaient altiers, et il dégageait de la noblesse. Une monture parfaite pour un prince. Elrohir l'entendit s'approcher et se retourna. Il sourit lorsqu'il la vit, sourire qui se dissipa quelque peu lorsqu'il remarqua les pseudos-béquilles.

« Elewë, je suis navrée que vous ayez été blessée. Je m'en veux de ne pas être intervenu plus tôt, ça vous aurait probablement évité cette horrible blessure
« Vous n'avez pas à vous en faire altesse, sachez que sans votre intervention je ne m'en serais probablement pas sortie avec une simple blessure. Et puis, chaque soldat sait à s'attendre lorsqu'il s'engage. Mais je vous dois la vie, et tous les mots ne suffiraient pas à exprimer ma gratitude.
« Et bien je pense que nous sommes quittes alors » affirma-t-il en souriant.
« Nous sommes quittes » acquiesça Elewë, lui rendant son sourire.
L'étalon, qui n'appréciait pas d'être laissé de côté, commença à frapper le sol de son sabot pour attirer sur lui le regard des deux elfes. Elrohir se mit à rire en le voyant faire.
« Et bien mon beau, tu n'aimes pas ne pas être le centre de l'attention, pas vrai ?
Le cheval ronfla des naseaux comme pour approuver. Elewë s'approcha de lui doucement, jusqu'à pouvoir lui caresser l'encolure. L'animal se laissa faire, ravi.

« Tu es magnifique, un cheval de roi ... » murmura la jeune elfe à ses oreilles. Elle se retourna vers Elrohir « Comment se nomme-t-il ?
« Alcarnë, ... » commença le prince
« Splendeur Rouge » continua Elewë. Elle se tourna vers l'animal et le gratta entre les oreilles avant de se tourner à nouveau vers Elrohir « Ce nom est parfaitement approprié, cet étalon est magnifique, vous devez en être fier.

Le prince lui répondit à l'affirmative, et lorsque la jeune elfe voulut prendre congé de lui afin de préparer sa monture, il la retint. « Elewë, je suis navré de vous demander cela après ce qu'il vient de se passer, mais avez-vous réfléchi à ma proposition ?
Lorsqu'il vit le regard interrogatif de Elewë, il soupira faiblement et réitéra sa question. « Nous partons pour Bree dans quelques minutes, et vous ne m'avez pas encore dit si vous acceptiez ou non mon invitation à partager la table des généraux ce soir.
« Veuillez m'excuser votre altesse, mais je n'avais pas vraiment eut le temps d'y repenser depuis …

A vrai dire elle n'avait pas tellement envie d'y réfléchir là maintenant. Mais elle sentait dans le regard de Elrohir qu'il tolérerait difficilement une autre attente. Le problème qui se posait à elle était la réaction de Lindir … Le prince la vit hésiter et la rassura :
« Si cela vous perturbe, sachez que le dîner ne durera pas toute la soirée, et que vous pourrez rejoindre les autres après.

Après tout, pourquoi pas, se dit-elle. Elle serait présente aux deux et ainsi Lindir n'aurait aucune raison de réagir comme il avait si souvent l'habitude de le faire dernièrement. Et puis peut-être qu'au cours de cette soirée elle en apprendrait un peu plus sur les raisons de cette attaque. Elewë se tourna vers le prince et acquiesça.

« Très bien, j'accepte. Mais je préfère vous prévenir votre altesse, je ne serais sûrement pas très à l'aise … » affirma-t-elle avec un petit sourire contrit.
« J'en suis ravi » répondit-il en souriant, « mais ne vous inquiétez pas tant à l'avance, je suis sûr que vous n'aurez aucun problème à vous intégrer.
Il se tourna alors vers Alcarnë qui trépignait d'impatience, se mit en selle, et au moment de partir fit pivoter sa monture vers elle. « Et Elewë, pourquoi continuez vous à m'appeler altesse et Elladan non ? Prenez garde, je pourrais devenir jaloux » lança-t-il, amusé.
Il lança alors Alcarnë au petit galop, et sortit de l'enclos en sautant par-dessus la barrière.


***

Le trajet jusqu'à Bree se fit sans encombre, toutefois avec quelques difficultés pour nombre d'entre les soldats. Beaucoup des blessés ne pouvaient monter en selle, et des brancards de fortune avaient été aménagés, tirés chacun par un cheval. Par chance, une grande majorité des montures retrouvées sans cavalier pendant la bataille avait survécu, de telle sorte que les soldats ayant perdu leur cheval, ou les soldats blessés purent tous se déplacer sans problème. Les troupes étaient parties en milieu de matinée. Elewë s'était retrouvée complètement déboussolée à cause de son repos, et avait appris que la bataille avait eu lieu la veille, et non le matin même comme elle l'avait pensé. L'armée prenait du retard, et la jeune elfe avait peur qu'ils n'arrivent à temps pour secourir les Dùnedains.

La journée était désormais bien avancée, il devait être aux alentours de six heures passées midi, et selon les estimations d'Elewë, ils n'allaient pas tarder à apercevoir Bree. Ils venaient de passer les Marais de l'Eau-aux-Cousins ; et les grandes plaines commençaient à s'estomper pour laisser place à des bosquets et de petites maisons isolées le long de la Grande route. Quelques minutes après qu'elle ait fait cette réflexion, Elewë aperçu le panneau marquant le carrefour où se croisaient la Grande route de l'Est et la Vieille route du Nord. Le petit village -petit pour des normes elfiques, plutôt grand pour la région- de Bree était situé au pied de ce carrefour, non loin du Bois de Chet.

Les soldats arrêtèrent leurs montures, et Glorfindel alla annoncer leur arrivée au gardien de la porte. Elewë observa alors les lieux. Les murs d'enceinte du village étaient faits de gros blocs de pierre grossièrement taillés, qui semblaient tenir debout sans l'aide de mortier. La grande porte était assez haute, d'un bois d'une épaisseur relativement moyenne, et Elewë pensa qu'il serait aisément facile de la faire tomber lors d'une attaque, ce village n'étant assurément pas construit pour tenir un siège et résister à un assaut. La forme d'une porte était taillée, ainsi qu'une autre plus grande permettant le passage de plusieurs cavaliers, et des sortes de trappes permettaient au gardien de s'enquérir de l'identité de son interlocuteur. La jeune elfe apercevait d'ailleurs la maison de celui-ci juste derrière le mur d'enceinte.

Après quelques instants d'attente, Glorfindel revint et annonça que les troupes allaient monter le campement et installer les montures non loin, puis que ceux qui étaient aptes pourraient retourner au village et passer la soirée à l'auberge du Poney Fringuant. Les blessés et quelques soldats de garde resteraient au campement pendant ce temps. Les troupes mirent donc cap sur la forêt environnante -qui devenait désormais omniprésente, les plaines ayant cédé définitivement la place au couvert des arbres- et après quelques minutes mirent pied à terre pour installer le camp. La nuit était tombée lorsqu'ils finirent leur tâche, et une fois les blessés soignés à nouveau et correctement installés, le reste des elfes retourna à Bree. Alors qu'Elewë suivait les elfes la précédant, Lindir la rejoignit. Ils marchèrent plusieurs minutes en silence, aucun des deux ne sachant trop par où commencer, et la jeune elfe se dit avec lassitude que cette situation revenait beaucoup trop souvent ces temps-ci. Finalement, son ami se décida à prendre la parole.

« Elewë je … je m'excuse pour mon attitude de ce matin, je n'étais pas dans mon état naturel … tu dois comprendre que j'étais bouleversé par le fait que tu aies échappé de peu à la mort, et … je n'ai pas mesuré mes paroles. J'en suis désolé.
Il avait toujours la mine sombre, et affichait un air contrit, mais lorsqu'elle le regarda, il fuit son regard, et Elewë su qu'il mentait, qu'il avait pensé chacune des paroles prononcées le matin même. Elle n'eut pas le courage de lui en vouloir, trop soulagée qu'elle était par ces excuses leur permettant de se retrouver. Elle transféra une de ses béquilles dans son autre main, et prit celle de son ami, la serrant en le regardant droit dans les yeux. Lindir comprit qu'elle n'était pas dupe, mais qu'elle préférait faire semblant de ne pas le voir. Il sourit faiblement en remerciement, et serra plus fort la main de la jeune elfe.

Alors qu'ils approchaient de Bree, Elewë regarda fermement son ami. « Avant toute chose, promets-moi de me laisser parler jusqu'à ce que j'ai fini. » Elle vit que Lindir allait parler et l'arrêta net. « Non, ne parle pas et écoute moi, s'il-te-plaît.
Son ami se renfrogna, mais finit par acquiescer.
« Je … j'ai accepté la demande d'Elrohir. Je dînerais ce soir avec les généraux et Glorfindel ...
A ces mots le visage de Lindir se fit plus sombre, et il essaya de dégager sa main de celle de la jeune elfe. « Elewë, tu …
« Lindir tu avais promis … ! » fit-elle, désespérée, attrapant fermement la main de son ami pour l'empêcher de partir « Je t'en prie laisse-moi finir …
L'elfe soupira, puis s'arrêta, ses yeux fixés à ceux d'Elewë. « J'espère que ce que tu tiens tant à dire a un quelconque intérêt, sinon ne compte plus sur moi » lâcha-t-il froidement.
Elewë frissonna par la dureté de ses paroles, mais poursuivit. « Elrohir m'a promis que cela ne durerait pas toute la soirée, et que j'aurais tout le temps pour te rejoindre et passer la soirée avec les autres soldats. Comprends-moi je lui étais redevable, il venait de me sauver la vie la veille et je ne pouvais refuser sa demande, qui ne m'engage en rien d'ailleurs. Je n'ai accepté qu'à cette condition. » Sa voix se fit plus ferme, déterminée, « Ne relance pas une altercation Lindir, je suis fatiguée de me battre avec toi pour quelque chose d'aussi futile.

Elewë avait légèrement haussé la voix, et regardait désormais son ami avec force. Elle en avait plus qu'assez de devoir subir ces différends avec Elrohir, et était bien décidée à lui faire comprendre. Lindir vit la lueur de détermination briller dans les yeux de son amie, et comprit que lorsqu'elle prenait cet air-là, elle restait bornée jusqu'à la fin, quoiqu'on lui dise. Il soupira. « Très bien, mais tu as intérêt à ne pas y rester trop longtemps, sinon je viens te chercher de force, Glorfindel ou pas Glorfindel. » répondit-il, finissant par sourire légèrement.

Elewë lui rendit son sourire, prit une béquille dans chaque main, et bientôt les deux amis accélérèrent le pas en apercevant les contours de Bree. Le gardien ouvrit les portes aux soldats, et ils pénétrèrent dans l'enceinte du village. Un chemin en graviers cheminait sur plusieurs mètres entre des enclos où paissaient paisiblement chevaux, vaches, et autres bêtes ; et conduisait jusqu'à un amas de maisonnettes, dont les lumières perçaient le faible écran de brume qui commençait à s'étendre sur le village. Au bout de quelque minutes de marche, la répartition des maisons se fit plus dense, et le sentier en graviers laissa place à des pavés humides et glissants sur lesquels plusieurs elfes manquèrent de tomber. Elewë observa l'architecture des lieux : les maisons, petites et hautes, étaient en colombages, et le blanc poisseux de leurs murs contrastaient avec la pénombre ambiante et le bois de leurs poutres. Collées entre elles, elles laissaient peu de place pour un jardin, et les habitant avaient généralement fait construire un petit balcon situé au-dessus de leur porte pour y disposer quelques plantes, afin de donner une touche de couleur et de vie à ce décor sombre et lugubre.

Les habitants déambulaient dans les rues, le visage fermé, certains ivres et une gourde -dont il ne valait mieux pas examiner le contenu- dans la main. Nombreux furent ceux qui regardèrent étrangement, voir hostilement les elfes, et souvent qui s’effaçaient sur leur passage, rentrant chez eux et fermant leurs portes brusquement. L'atmosphère glauque et malsaine du lieu fit frissonner Elewë, qui fut heureuse d'atteindre au bout de quelques minutes la cour menant à l'auberge. Haute de trois étages, le bâtiment comportait deux ailes, et sur le mur s'étalaient en grandes lettres le nom de l'aubergiste : Prosper Poiredebeurré. En levant la tête vers la grande arche marquant l'entrée, la jeune elfe aperçut l'enseigne de l'établissement, une sorte de cadre de bois sur lequel était fixée une gravure représentant un cheval blanc se cabrant, avec en dessous écrit « le Poney Fringant ». Les fenêtres éclairaient le dehors d'une douce lumière, et un délicieux fumet de ragoût ou de plat épicé se dégageait. Elewë entendit des éclats de voix et elle n'avait qu'une hâte : rentrer à l'intérieur et profiter de cette douce chaleur et d'un repas chaud.

Son souhait fut exaucé quelques instants plus tard, les elfes rentrant au fur et à mesure par la petite porte dans le bâtiment. Bientôt elle passa à son tour le seuil, et s'arrêta quelques instants pour visualiser l'endroit. La porte d'entrée débouchait sur un coin de la salle transformé en accueil, une partie du grand comptoir étant situé juste en face, afin que l'aubergiste ait une vue complète des clients arrivant dans son établissement. La salle était assez grande, mais les tables et les tréteaux occupant l'espace la faisaient paraître plus petite, assez exiguë. De grandes fenêtres était placées le long des murs et donnaient sur les rues. Le comptoir de l'entrée se prolongeait brièvement le long d'un mur et de longues poutres formaient des étagères tout du long, laissant pendre casseroles, chopes, et couverts. Des tabourets hauts étaient placés le long du comptoir, tous occupés par des hommes ivres qui brandissaient haut leurs choppes et criaient des propos incompréhensibles. Alors qu'elle s'avançait dans la salle, Elewë ressentit une douce chaleur, et apprécia la présence d'une grande cheminée dans laquelle crépitait un feu vigoureux. Les lumières qu'elle avait aperçues dans les rues étaient dues aux petites chandelles placées sur chaque table, mais malgré leur présence, l'atmosphère de l'auberge ne paraissait plus aussi chaleureuse vue de l'intérieur, elle était plus glauque, sûrement dû à la présence peu rassurante de certains clients assez particuliers -Elewë retenant particulièrement l'homme à l’œil mauvais qui nourrissait le furet blanc perché sur son épaule.

Dès qu'il vit les elfes rentrer dans la salle, l'aubergiste annonça la fermeture de son établissement et intima à tous les hommes présents de quitter l'auberge rapidement. Au début ceux-ci rechignèrent, mais à la vue des épées accrochées aux flancs des elfes et à leurs visages durs, ils n'insistèrent pas trop longtemps, et s'en furent rapidement. Aussitôt, l'aubergiste débarrassa les tables à la hâte et demanda l'aide des elfes pour les pousser et les empiler contre les murs, n'en laissant que quelques unes au milieu de la salle. Ainsi aménagée, celle-ci démontrait de sa grandeur, et les quelques quatre-cent elfes furent bientôt mieux à leur aise, bien que toujours assez serrés quant à leur grand nombre. Alors que Elewë cherchait Lindir qu'elle avait perdu de vue, elle tomba nez à nez avec Orodreth. L'elfe sourit lorsqu'il la vit, et détailla les béquilles sur lesquelles elle s'appuyait.

« Bonjour Elewë, » fit-il, « je suis heureux de voir que vous avez réussi à passer à travers cette attaque, même si, malheureusement, au prix de quelques blessures. Comment vous sentez-vous ?
« Aussi bien que l'on puisse être après avoir manqué de servir de repas à un warg. » répondit la jeune elfe en riant, avant de reprendre plus sérieusement « Je vous ait aperçu ce matin dans la tente infirmerie, vous sembliez blessé vous aussi, j'espère que ce n'est pas trop grave …
« Rien de bien méchant, ne vous inquiétez pas » la rassura-t-il « J'ai juste eu un moment d'inattention et un gobelin en a profité pour me pourfendre d'un coup d'épée alors que je me retournais.
Elewë sourit. « Vous avez été chanceux de vous en sortir aussi bien, comme grand nombre d'entre nous d’ailleurs » ajouta-t-elle « ces monstres étaient gigantesques, et les Valars soient loués, nous avons peu de pertes à déplorer.
« Peu est déjà beaucoup trop ... » répondit sombrement Orodreth, installant un silence entre les deux elfes, chacun revivant en mémoire l'horreur de cette attaque. Puis il se ressaisit en apercevant quelque chose dans le dos d'Elewë qui le fit sourire, et déclara malicieusement : « Il semble que malgré cela certains n'aient pas perdu de vue leurs objectifs. Bonne soirée Elewë, je pressens que vous ne devriez pas trop vous ennuyer.
Il lança un dernier regard par-dessus l'épaule de la jeune elfe, lui adressa un sourire entendu, puis disparut dans un groupe de soldats.

Elewë se retourna alors afin de voir ce qui avait provoqué ce soudain revirement de situation, et aperçu Elrohir qui se frayait un chemin dans sa direction. Ce dernier la vit, et fut à ses côtés quelques secondes après.
« Auriez-vous déjà oublié le dîner de ce soir ? » demanda-t-il avec un petit sourire.
« Bien sûr que non altesse, j'étais simplement en train de discuter avec Orodreth qui s'est évaporé à votre arrivée.
Le prince suivit le regard d'Elewë qui scrutait la foule, puis se tourna vers elle. « Et bien si vous êtes disposée à y aller, suivez-moi je vous prie.

Elewë acquiesça et suivit l'elfe qui se dirigeait vers une porte en bois au fond de la salle. Une fois devant, Elrohir l'ouvrit, et invita la jeune elfe à entrer. Celle-ci découvrit une petite pièce dans laquelle était installée une table de meilleure facture ainsi quelques chaises placées tout autour. Les murs étaient propres, les fenêtres grandes, ornées de lourds rideaux, et la salle était pourvue d'un meilleur éclairage que le reste de l'auberge. Une grande cheminée se tenait également contre un mur, diffusant une douce chaleur. Elewë devina le soin apporté à l'apparence de cette pièce, et supposa que l'aubergiste la réservait pour les occasions particulières, ou encore les invités de marque. Elle sourit intérieurement en se faisant la remarque qu'avec trois Princes, un Général en Chef, ainsi qu'un grand nombre d'elfes importants, le groupe devait exploser le record des personnes prestigieuses reçues ici.
La jeune elfe s'aperçut que tous étaient déjà présents et assis autour de la table, et se sentit gênée d'être la dernière arrivée. Glorfindel lui lança un sourire bienveillant, et déclara :
« Prenez place Elewë, nous n'attendions plus que vous pour commencer. » fit-il en désignant une chaise libre, à côté d'Elladan. Celui-ci lui fit un grand sourire, et l'incita à s'asseoir, tandis qu'Elrohir faisait de même en face d'elle.
Elewë prit place et se pencha pour déposer ses béquilles le long du sol. Lorsqu'elle se redressa, tous les regards étaient tournés vers elle, et elle se sentit rougir. Glorfindel dut voir son malaise, car il détourna l'attention :
« Et bien nous avons beaucoup à dire ce soir, mais prenons d'abord le temps de savourer ce repos, et profiter du délicieux repas que nous a préparé notre ami Prosper.
Le concerné devait guetter ce moment, car il entra quelques secondes plus tard dans la pièce accompagné d'une jeune garçon, tous deux les bras chargés de plats fumants. L'estomac d'Elewë gronda, et elle regarda avec envie les mets déposés en face d'elle sur la table. Elladan le remarqua, et la regarda d'un air moqueur. « On a faim Elewë ? » demanda-t-il malicieusement. Mais son propre ventre le trahit, et les deux elfes rirent ensembles.
« Autant que vous il semblerait » fit remarquer la jeune elfe avec un sourire.
C'est à ce moment que les deux hommes se retirèrent, et que Glorfindel commença à se servir dans l'un des plats, donnant le signal pour commencer. Elewë ne se fit pas prier, et les instants qui suivirent furent comblés uniquement par des bruits de mastication, et par les remarques appréciatives des elfes. Au fur et à mesure les langues se délièrent, et durant presque une demi-heure ils discutèrent ensembles de sujets divers, chacun voulant éviter d'être le premier à lancer le sujet fâcheux. Elewë intervenait timidement au début, mais soutenue par Elladan à ses côtés, elle prit de plus en plus la parole, prenant confiance en elle. Finalement, ce n'était pas si dur que ça, se dit-elle. Lorsque chacun fut rassasié, Glorfindel prit la parole.
« Bien, vous savez tous pourquoi nous sommes ici. Tout d'abord pour se reposer, et profiter d'un bon repas » commença-t-il avec un sourire, avant de reprendre plus sombrement « mais surtout pour discuter de l'attaque d'hier.
A ces mots Elewë se redressa, et écouta plus attentivement les paroles de l'elfe. Celui-ci reprit :
« Je ne vous cache pas que l'ampleur et la préparation de celle-ci n'est pas le jeu d'un hasard. La situation est grave » fit-il en pesant chaque mot « nous ne pouvons à présent plus prétendre à l'ingéniosité et la puissance de l'ennemi. Il est trop bien informé sur notre position et nos effectifs. Je suis désolé Legolas « ajouta-t-il en regardant le concerné, « mais il nous faut exclure votre hypothèse, et affronter la vérité : un traître se cache parmi nous, et divulgue de façon efficace des informations compromettantes à l'ennemi.
Legolas acquiesça, le regard sombre.

Ces derniers mots posèrent un silence de plomb sur l'assemblée qui n'émit pas un mot, abattue par la poids du discours de Glorfindel. En son sein, chacun se posait la même question : qui pouvait donc être ce traître ? Après quelques instants, Haldir prit alors la parole, déclarant ce que tous se demandaient en silence :
« Mais comment le débusquer  ?
Glorfindel soupira, désespéré.
« Malheureusement il nous sera extrêmement difficile de déterminer qui est cette personne. Nous ne pouvons aisément pas interroger chaque soldat, voir un par un chacun des sept-cents elfes présents -n'excluons pas les blessés, qui peuvent très bien s'être mutilés afin d'échapper à tout soupçon- cela nous prendrait un temps infini et nous n'avons malheureusement pas un instant à perdre, encore trop de chemin nous sépare de Fornost.
Un des généraux de la Forêt Noire demanda alors : « Que devons-nous donc faire ? Nous ne pouvons laisser cette menace intérieure sévir plus longtemps et compromettre notre trajet, voire notre survie.
« Je le sais bien Amrod » répondit Glorfindel. « La seule chose que nous puissions faire est attendre, et guetter tout comportement suspect de la part de l'un des elfes. » Il se tourna alors vers Elewë « Elewë, vous qui faites partie des soldats, avez-vous quelques soupçons dont vous pouvez nous faire part, avez-vous remarqué un quelconque comportement étrange de la part de l'un de vos camarades ?

La jeune elfe sursauta, surprise par l'interruption directe du discours de Glorfindel. « Malheureusement Capitaine, nous sommes trop nombreux pour que j'ai eu l'occasion de remarquer quoi que ce soit chez l'un des elfes. J'ai peur de ne pas vous être d'une grande utilité ... » finit-elle dans un soupir.
« Et bien il ne nous reste plus qu'à être extrêmement vigilants … » conclut Glorfindel. « Désormais, chaque décision, chaque itinéraire sera pris dans le plus grand secret, aucune information ne devra être donnée, nous serons les seules personnes au courant. » Il se tourna à nouveau vers la jeune elfe « Je suis navré Elewë, mais bien que je doute de votre culpabilité, il me faut vous demander de nous laisser seuls, par équité avec tous les soldats.
Elewë acquiesça. « Ne vous inquiétez pas monseigneur, je comprends et approuve votre décision.
Glorfindel sourit. « Alors, passez une bonne bonne soirée.
Elewë ramassa ses béquilles, et se leva en chancelant. Elladan se leva aussitôt et l'aida à se dégager. La jeune elfe la remercia d'un sourire, salua chacun des elfes, et sortit par la porte que le prince lui maintenait ouverte.

En retournant dans la grande salle, Elewë fut frappée par les effluves d'alcool qui parvenaient jusqu'à elle, couvrant l'odeur pourtant forte des plats servis aux soldats. Elle aperçut de grands plateaux vides empilés sur les tables, témoignant du repas pris par les elfes. Mais ces plats étaient à présent recouverts d'un grand nombre de choppes et pintes vides qui s'amoncelaient les unes sur les autres. Plus aucun doute sur l'origine de ces effluves, remarqua-t-elle, sarcastique. L'aubergiste avait invité quelques musiciens à se produire dans la salle, et l'air retentissait de leur musique entraînante, malheureusement couverte par les rires et les discussions des soldats.

Elewë se fraya un chemin à travers les elfes, et croisa à nouveau Orodreth. Celui-ci sourit lorsqu'il la vit, et s'approcha d'elle en chancelant légèrement.
« Déjà sortie Elewë ? » demanda-t-il en s'accrochant à un bras de la jeune elfe. « De quoi avez-vous donc bien pu discuter ?
«Je suis désolée Orodreth, mais je n'ai pas le droit d'en parler » répondit-elle, en tentant de garder l'équilibre sous le poids de l'elfe. « Saurais-tu où se trouve Lindir ? » demanda-t-elle à son tour.
Un grand sourire fleurit sur le visage d'Orodreth, qui se mit à rire. « Tu vois l'attroupement là-bas ? » fit-il en désignant un grand groupe d'elfes au fond de la salle « Ton ami est là-bas, je pense que tu ne pourras pas le louper ».

Elewë le remercia, et se dirigea vers les elfes que lui avaient désigné Orodreth, tout en se questionnant sur la soudaine hilarité de celui-ci. Lorsqu'elle s'approcha du groupe, des rires et des sifflements lui parvinrent. Elle se fraya difficilement un chemin à travers la masse, et réussit à atteindre la limite du cercle d'elfes formé autour d'une grande table. Sur celle-ci, un nombre conséquent de pintes vides s'accumulait, formant une petite pyramide. Autour de cette table se trouvaient quatre elfes, chacun une pinte pleine dans la main. Elewë se demandait pourquoi Orodreth l'avait envoyée ici lorsqu'elle s'aperçut que l'un des elfes n'était autre que Lindir. Celui-ci l'aperçut, et leva sa pinte dans sa direction.
« Eh Elewë, t’arrive pile au bon moment, je suis en train de mettre une raclée à ces trois-là ! » fit-il joyeusement.
Sa remarque lui valut les grognements de lesdits elfes, et les sifflets de quelques uns dans la foule. La jeune elfe remarqua que son ami ne semblait pas très net, et devina à la quantité de pintes vides, divisée par quatre, que Lindir devait avoir ingurgité un bon nombre de litres de cette boisson. Elle comprit alors l'hilarité d'Orodreth, et soupira.

« Alors on joue à boire ? » demanda-t-elle, désespérée par tant de bêtise.
« BOIRE ! » répondirent en cœur les participants, vidant dans la même foulée leur pinte. Leur action fut acclamée par la foule qui les invectivait, encourageant tel ou tel elfe. Certains prenaient les paris, tandis que d'autres encourageaient celui sur lequel ils avaient misé.

Elewë soupira une dernière fois, lançant un regard profondément désespéré à son ami qui s'était empêché de se saisir d'une nouvelle pinte, puis se fraya tant bien que mal un passage à travers la foule amassée autour de la table. Elle se dirigea alors vers le comptoir, s'assit sur un des tabourets libres, et demanda un verre d'eau à l'aubergiste qui la regarda en souriant.
« Faites pas cette tête ma dame, vous savez les hommes ça a besoin de boire quand c'est pas bien, c'est un bon moyen pour rire et se détendre, et surtout pour oublier un souvenir déplaisant.

Elewë le remercia lorsqu'il lui servit son verre, et médita ses paroles. Il était vrai que suite à l'attaque qu'ils avaient du subir, il était normal que tous cherchent un certain réconfort, un moyen d'oublier l'horreur de cette bataille, et la solution se trouvait dans la boisson. La jeune elfe finit son verre, puis se dirigea vers la porte entrouverte qui menait dans la rue. La fraîcheur de la nuit l'apaisa, et elle s'assit -tant bien que mal- sur un tonneau de bois situé à côté de la porte. Elle devina qu'il devait être le milieu de la nuit, et la fatigue des derniers jours s’abattit alors sur elle. Elewë se mit à fixer les étoiles, les yeux lourds de fatigue, et se perdit dans leur contemplation. Elle ne sut exactement combien de temps passa, mais après ce qui lui sembla quelques instants, une présence surgit dans son dos. Elrohir rejoignit la jeune elfe, et s'installa sur le tonneau d'à côté. Elewë continua de fixer le voûte étoilée avant de rompre le silence de la nuit.

« La réunion est déjà terminée ? » demanda-t-elle
« Il semblerait bien » répondit Elrohir avec un petit sourire « Nous avons juste planifié avec Glorfindel le trajet des jours à venir, prévoyant des pauses à des heures irrégulières, et listant des elfes éclaireurs qui précéderont la marche. Il ne nous reste plus qu'à espérer que ce traître se trahisse, et que nous n'ayons plus à être aux aguets à chaque instant » finit-il dans un soupir.

Elewë décrocha son regard des étoiles, et observa Elrohir. Il semblait vraiment soucieux, et malgré l'obscurité la jeune elfe voyait ses traits crispés, son regard pensif. Elle se dit alors que la charge de Prince n'était pas de tout repos, que prendre les décisions à la place des autres n'était pas toujours un cadeau. Elrohir semblait prendre son rôle à cœur, alors qu'il aurait tout simplement pu laisser Glorfindel et les généraux s'en occuper seuls. La jeune elfe admira son courage, et en son sein souhaita ne jamais devoir porter un tel fardeau sur ses épaules.

Alors qu'elle était plongée dans sa réflexion, Elrohir tourna son visage vers elle, et son regard s'adoucit. « Finalement, vous ne vous en êtes pas si mal sortie pour un premier tête-à-tête avec l'élite de l'armée elfique » remarqua-t-il malicieusement, avant d’enchaîner : « Pourquoi ne profitez donc vous pas de la soirée ? Tout s'amusent à l'intérieur, vous devriez les rejoindre.
« La façon dont il s'amusent n'est pas vraiment celle que je préfère » dit Elewë dans un petite rire, « je suis mieux ici à attendre et à profiter de la douceur de cette nuit.
« Je comprends votre choix » répondit-il également en riant, « car votre ami ne semble pas en reste pour prendre du bon temps. Je crois que leur petit jeu est bientôt terminé, et il me semble qu'il fasse partie des derniers debout.

Elewë soupira. « Je pense que je vais aller le rejoindre, il aura sûrement du mal à se tenir droit et à marcher seul… » Elle se redressa, puis continua « Je tenais à vous remercier une dernière fois pour m'avoir sauvé, les Valars seuls savent comment cela se serait terminé sans votre aide …

Tandis qu'elle parlait, Elewë s'assit au bord du grand tonneau, et sauta maladroitement au bas de celui-ci. Sa jambe se ploya alors sous le choc, et elle chancela, perdant l'équilibre. Elle n'évita la chute que par la vitesse de réaction d'Elrohir, qui était descendu en une fraction de seconde pour la rattraper. Une jambe en l'air, le corps à l'horizontale touchant presque le sol, elle sentit des bras musclés la soutenir, puis la relever. Elrohir la hissa jusqu'à lui, l'entourant de ses bras pour mieux la relever, le dos de la jeune elfe placé contre son torse.
« Il semblerait que Lindir ne soit pour l'instant pas celui ayant le plus besoin d'aide, et que vous ne puissiez vous passer de la mienne » lança Elrohir en riant. Il la redressa complètement, la ceinturant toujours contre lui, puis reprit plus doucement, presque étrangement « Sachez Elewë que si je devais à nouveau vous sauver la vie, je le ferais sans réfléchir un seul instant, des dizaines, des centaines de fois s'il le fallait …
Elewë releva alors la tête, et se retrouva à quelques centimètres du visage d'Elrohir. Il la regardait à présent différemment, d'une façon dont personne ne l'avait jamais regardé. Un mélange de respect, de douceur … et d'envie. Ce regard déclencha quelques chose en Elewë, quelque chose sur laquelle elle ne savait placer un nom, une sensation jusqu'à présent inconnue pour elle, mais qui n'était pas désagréable, bien au contraire. Les deux elfes restèrent quelques instants à se fixer silencieusement, plongés dans les yeux de l'autre, jusqu'à ce qu'Elewë se sente rougir, et détourne le regard, brisant le lien qui les unissait. Le prince desserra alors son étreinte, et la jeune elfe se dégagea, gênée. Elle ramassa silencieusement ses béquilles, et se tourna vers l'elfe.

« Encore merci » commença Elewë, s'adressant à lui sans trop oser le regarder « Je vais rejoindre Lindir, il va avoir besoin de mon aide.
Elrohir paraissait lui aussi gêné, puis finit par répondre : « Très bien. Reposez-vous bien pour demain, la journée risque d'être rude. » Il marqua une pause, puis reprit « Bonne nuit, Elewë.
« Bonne nuit … Elrohir » répondit-elle après une courte hésitation.
Elle se retourna alors, et entra dans l'auberge, sans apercevoir le grand sourire qui avait fleurit sur le visage de l'elfe.

En entrant, Elewë chassa les sentiments étranges qui l'habitaient, décidant de remettre sa réflexion à plus tard. Elle vit que la « compétition » s'était terminée, et que les corps de plusieurs elfes gisaient sur le sol, d'autres avachis sur le comptoir ou encore des tables. Un grand nombre commençaient à vider les lieux, certains elfes portant leurs camarades, et Elewë se dit qu'il était temps de rentrer. Elle chercha Lindir et le trouva assis sur l'un des tabourets, lancé dans une grande discussion avec l'aubergiste. En s'approchant, elle vit qu'il s'agissait plutôt d'un monologue, ce dernier l'écoutant distraitement, lavant et rangeant des pintes. Il semblait avoir l'habitude de ce genre de comportement de la part de ses clients, et arborait un petit air blasé. Il afficha un grand sourire lorsqu'il aperçut l'elfe.

« Ma dame, quel plaisir de vous revoir ! Votre ami était en train de me narrer en large et en travers tous ses exploits. Mais il me semble fatigué, peut-être devriez-vous l'aider à retourner à votre campement.

Elewë sourit en devinant que l'aubergiste semblait juste soulagé de se débarrasser d'un client un peu trop loquace, et qu'elle devait arriver au bon moment. Elle prit Lindir par le bras, passant l'autre par-dessus ses épaules, et marcha en direction de la porte, son ami continuant son monologue, comme s'il semblait ne pas avoir remarqué qu'il avait changé d'interlocuteur. Elewë le porta ainsi sur une grande distance, parcourant en sens inverse le chemin prit quelques heures plus tôt, jusqu'à atteindre les portes du village. Le gardien semblait au courant de la soirée, et patientait tranquillement devant la porte, assis sur un tabouret, se levant à chaque fois pour ouvrir aux elfes. Les deux amis franchirent donc la porte, puis mirent le cap vers la forêt, à la recherche de l'espace où avait été dressé le campement.

Au bout de cinq minutes, les bras d'Elewë se firent lourds, et elle s'arrêta pour s’asseoir quelques instants, déposant Lindir sur le sol à côté d'elle. Celui-ci semblait avoir repris un peu ses esprits, et remarqué que la personne à côté de lui était Elewë.

« Elewë, tu as tout loupé ! Si seulement t'avais vu la partie, tu aurais été impressionnée « affirma-t-il, arborant le petit air fier dont il avait tant l'habitude, « Peu après que tu sois partie, j'ai mis une belle raclée à ces trois-là, ils s'en souviendront longtemps, crois-moi ! La bataille fut rude, mais je les ait battus sur la vingt-et-unième pinte. Ils se sont tous simplement écroulés avant de finir la leur !
Elewë soupira, puis regarda son ami en souriant. Il s'était amusé à sa façon, elle n'avait pas le droit de le juger. « Il en faut plus que ça pour m'impressionner, crois-moi. » assura la jeune elfe.
Lindir parut alors pensif quelques instants, avant de déclarer.
« Alors je crois que je connais exactement ce qu'il faut pour te faire changer d'avis …
Son ami se rapprocha alors lentement, et après quelques secondes d'hésitation, se pencha vers elle, et l'embrassa.

Et voilà, chapitre terminé ! Qu'en avez-vous pensé ? Very Happy Je sais, je suis très méchante auteur MR. Red
Selon vous, qui est le traître ? Comment va se dérouler la suite de la scène entre Lindir et Elewë ? Tout ça, dans le prochain chapitre ! Smile
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeJeu 20 Déc - 16:23:12

Parceque je viens de me rendre compte que je ne l'avais toujours pas publié alors que je l'ai écrit en octobre --'

Révélations incommodantes


Les yeux d'Elewë s'écarquillèrent sous le choc. Rien dans l'attitude de son ami n'avait pu laisser deviner ce qu'il allait faire, et la jeune elfe était dans un état de surprise absolue. Son cerveau, paralysé, mit quelques temps à réagir, trop d'émotions contradictoires se traçant un chemin dans sa tête. Son corps ne répondait plus à aucun ordre. Dans un sursaut mental, elle se ressaisit, et sa première réaction fut de frapper. Fort. La gifle fut tellement bruyante que son écho se perpétua quelques instants dans le silence de la clairière. La main d'Elewë était brûlante, mais son geste avait eu l'effet escompté : Lindir se redressait, une main sur la marque cuisante apposée par Elewë sur sa joue. La puissance du coup associée aux effets de l'alcool l'avaient fait vaciller et chuter au sol. C'était maintenant lui qui la regardait, déconcerté. Elewë s'était entièrement ressaisie, et dardait sur son ami un regard suffisamment noir pour faire fuir un orc tant elle était en colère.

« Mais qu'est-ce que tu fais ?!! » cria-t-elle
« Ben, je t'embrassais » répondit Lindir, un peu perdu, et abasourdi par le coup. Il n'avait pas l'air de comprendre la raison pour laquelle elle l'avait frappé, ce qui accentua encore plus la colère d'Elewë.
« Figure-toi que je l'avais remarqué ! Ce que je me demande, c'est quelle stupidité t'es passé par la tête ! Tu as intérêt à trouver une bonne raison, car l'alcool n'est pas une permission pour faire tout ce qu'il nous passe à l'esprit, et …
« Je t'aime Elewë.
« … abuser des autres » finit-elle avant que les paroles son ami ne se frayent un passage jusqu'à son cerveau « … QUOI ?!
« Elewë, je t'aime.

Estomaquée, les paroles de Lindir lui firent l'effet d'une douche froide, chassant la colère qui l'habitait quelques instants auparavant. Elle fixa alors son ami. Celui-ci semblait serein et sûr de lui, il n'avait plus rien -ou tout du moins, presque- de l'ivrogne vacillant d'il y a quelques instants. Tout en lui démontrait le sérieux de ses propos -quoique, à la réflexion, formulés de la même façon qu'un enfant-, mais pourtant Elewë n'arrivait pas à assimiler les quatre mots qu'il venait de prononcer. C'était une plaisanterie, cela ne pouvait être que ça. Son ami était saoul, il ne contrôlait pas ce qu'il disait, ou peut-être qu'il voulait juste exprimer son amitié, mais de façon démesurée. Oui cela devait être ça. Ça ne pouvait être que ça. Rassurée d'avoir trouvé un argument logique dont elle se convainquit qu'il était le bon , Elewë se leva, et fixa Lindir qui tentait tant bien que mal de se redresser.

« Bon tu ne me semble pas totalement maître de tes pensées, je crois qu'il est vraiment l'heure de te ramener au camp. Allez lève-toi, en plus de t'aider à marcher je ne vais pas en plus te soulever, tu dois peser le poids d'un warg mort.

Lindir eut beau protester autant qu'il voulut, Elewë ferma son cerveau à toute remarque de sa part, et se contenta de l'aider à rejoindre le campement. Voyant que ses tentatives étaient vaines, Lindir finit par se taire au bout de quelques minutes, ce dont la jeune elfe fut reconnaissante. Ils finirent par atteindre le campement, et après avoir raccompagné Lindir à sa tente, Elewë se dirigea vers la sienne. La seule chose qu'elle s'autorisait à penser pour le moment était le fait de se coucher le plus rapidement possible. Elle chassa dans un coin de sa tête les événements de la soirée, et une fois dans sa tente, s'avachit sur son matelas rudimentaire, exténuée.

***

Tôt le lendemain matin, Elewë était déjà debout et déambulait dans le campement, à la recherche d'une activité quelconque à faire. A son grand damne, la quasi totalité des elfes était encore couchée, ressentant le contre-coup de la veille. Nombreux étaient ceux qui avaient abusés de la boisson durant la soirée, peu étaient ceux actifs ce matin.

La jeune elfe soupira. Magnifique matinée en perspective … Elle n'était déjà pas d'humeur à cause du peu de sommeil dont elle avait profité la nuit précédente. Une fois couchée, elle n'avait pu empêcher les pensées chassées de revenir au galop la préoccuper. Elle avait ainsi passé une bonne partie de sa -déjà très courte- nuit à se repasser encore et encore les images de la veille. Elle savait qu'elle avait esquivé les propos de Lindir, cachant ses doutes derrière des certitudes trop vite fondées, et qu'elle ne pouvait continuer à nier ce qu'il s'était passé. Mais que devait-elle croire ?! Est ce que les propos de Lindir étaient dus à l'alcool, ou une part de vérité se cachait-elle derrière ? Elewë ne savait comment réagir, ou même que penser, si cette deuxième possibilité s’avérait être la bonne.

Elle fut chassée hors de ses pensées lorsqu'une voix l'interpella.
« Elewë, que faites-vous donc ici de si bon matin ?
Elewë se retourna, et s'aperçut que lors de sa réflexion, ses pas l'avaient menés jusqu'au centre du campement, ou des tréteaux avaient été dressés autour des cendres d'un feu. Assis sur un rondin, Legolas la fixait en souriant. Des cernes cerclaient ses yeux, et il avait les traits tirés. Il avait probablement du se joindre à la soirée après le repas. Après tout, se fit-elle la remarque, avant d'être un Prince, il était un elfe comme les autres, avec les mêmes pensées et les mêmes troubles. Elle le salua en réponse, et vint s'asseoir à ses côtés.

« Je suis réveillée depuis l'aurore. A vrai dire, je n'ai presque pas fermé l’œil de la nuit » avoua-t-elle, avant de faire remarquer « Mais il semblerait que je ne sois pas la seule.
« Non en effet je n'ai pas non plus profité des quelques heures de sommeil octroyées. Mais la raison est tout autre » ajouta-t-il, le regard sombre « Nous avons entendu pendant la nuit des bruits de bouteilles qui se brisaient, et quelques instants plus tard un rideau de flammes s'élevait, en provenance de la réserve de vivres. Nous avons pu agir à temps, mais presque la moitié de nos stocks a brûlé cette nuit … Nous n'avons pas voulu ébruiter la nouvelle, cela serait un trop grand coup au moral des soldats, au vu des derniers événements. S'ils apprenaient qu'un traître se cachait parmi nous, et que celui-ci faisait tout pour nous empêcher de mener à bien notre quête, le résultat serait désastreux … Nous avons parlé une bonne partie de la nuit avec Glorfindel et les jumeaux, à la recherche d'une solution pour stopper ces attaques intérieures, mais sans grand succès il faut bien l'avouer. Si jamais j'attrape cet elfe, la mort lui paraîtra bien douce en comparaison de ce qu'il subira  » finit-il dans un accès de rage.

Abattue par la nouvelle, Elewë eut beau chercher, aucune solution remédiant à la situation ne lui vint en tête. Celle-ci semblait impossible à résoudre, ce qui ne fit qu'empirer le moral de la jeune elfe. Alors qu'elle cherchait mentalement une solution, Legolas eut comme un sursaut.

« Cela me revient seulement maintenant, Glorfindel a demandé à quiconque vous croisant de vous informer du fait qu'il souhaitait s'entretenir avec vous.
« Alors je ferais bien d'y aller immédiatement » répondit Elewë en se relevant vivement. Elle salua d'un signe de tête le Prince avant de se diriger vers la grande tente où résidait Glorfindel.

Elle se fit annoncer avant de franchir l'entrée. L'intérieur de 1a tente était beaucoup plus meublé que pour celles mises à la disposition des soldats : quelques tapis et peaux de bêtes parsemaient le sol, insufflant de la chaleur à la pièce ; plusieurs coffres étaient posés, contenant certainement des liasses de feuilles détaillant chaque compte de l'armée ; des dizaines d'armes traînaient, dont plusieurs épées d'une longueur telle qu'Elewë n'en avait jamais connue, et une grande armure trônait sur un support, au fond de la pièce. Quelques vasques enflammées terminaient de compléter le mobilier de la pièce, apportant lumière et chaleur. Un elfe aux cheveux blonds platine était penché au-dessus d'une table en bois, sur laquelle était répandus un grand nombre de feuillets, de cartes, une boussole et quelques bougies. Il se redressa et se tourna vers Elewë lorsqu'elle franchit le pas de la tente.

« Entrez, je ne vous attendait pas de sitôt » fit-il en souriant, l'invitant à s'installer sur un trépied qu'elle n'avait pas aperçu. Elle obtempéra, et attendit la suite.
« Vu votre attitude, je suppose que quelqu'un vous a mis au courant des faits de cette nuit … » fit-il sombrement. La colère était contenue dans son regard, et si la jeune elfe était à la place de ce traître, elle prierait pour ne pas se retrouver en face de Glorfindel, en auquel cas il était certain qu'il passerait un très mauvais instant. Cette attaque avait suscité chez le Capitaine un regain de force et de détermination. Il semblait prêt à tout pour attraper cet elfe.

Elewë acquiesça. « Je viens en effet de croiser le Prince Legolas qui m'a renseigné sur ce qu'il s'était passé.
« Alors vous devez comprendre qu'il nous faut par tous les moyens débusquer ce traître, avant qu'il ne mette notre entreprise en péril. Pour cela j'aurais besoin de vous Elewë.
Celle-ci redressa la tête. « Que puis-je faire pour aider Monseigneur ?
« Les vivres restantes ont été rassemblées dans un chariot, de telle sorte qu'il soit dorénavant plus facile de les protéger. Je voudrais que vous vous postiez à tout instant de telle sorte que ce fourgon soit toujours à portée de votre regard, que vous détectiez le moindre comportement anormal de la part de l'un des elfes s'en approchant. Si vous remarquez quoi que ce soit, n'intervenez pas directement, attendez d'être sûre avant de venir me faire part de vos soupçons. En aucun cas l'elfe concerné ne doit se rendre compte qu'on le suspecte, vous comprenez ?

« Parfaitement Monseigneur »fit-elle en acquiesçant fermement.

Un fin sourire naquit sur les lèvres du Capitaine. « Merci soldat. Je n'aurais fait appel à vous si je n'y avais pas été obligé. Il était indispensable qu'aucun des généraux ou des princes ne sois responsable de cette tâche, les soupçons auraient été trop grands. J'espère qu'à l'avenir ce désastre ne se reproduira pas. » dit-il avant d'ajouter « Je suis navré, mais je suis dans l'obligation de vous congédier, beaucoup de choses nécessitent mon attention, choses que je ne peux abandonner indéfiniment. Venez me faire un rapport demain, ma tente vous sera ouverte. Sur-ce, essayez de passer une bonne journée » finit-il dans un sourire.

Il la salua avant de s'en retourner vers la table, et après lui avoir répondu, Elewë sortit de la tente. Le soleil l'aveugla quelques instants, et elle observa que celui-ci avait poursuivi sa course dans le zénith. Il devait être près de dix heures, et le camp commençait à s'emplir des conversations des elfes qui s'éveillaient peu à peu. Ils n'étaient pas encore nombreux, Glorfindel ayant autorisé la veille à ce que les soldats puissent dormir jusqu'à midi. Au-delà, le campement commencerait à être démonté, et l'armée quitterait Bree et ses environs pour reprendre sa route vers le Nord.

Elewë fit quelques pas vers le centre du campement, mais quelque chose arrêta son regard. Elrohir se tenait une centaine de pas plus loin, et commençait déjà à ordonner aux quelques réveillés de préparer leurs affaires pour le départ de l'après-midi. Comme s'il avait senti son regard posé sur lui, l'elfe brun se tourna vers elle, et la dévisagea quelques instants. Fuyant son regard, Elewë fit demi-tour lorsqu'elle le vit esquisser un mouvement dans sa direction. Elle n'eut pas le temps de chercher un endroit où aller, car elle se retrouva nez-à-nez avec Elladan, un sourire goguenard aux lèvres tandis qu'il la fixait.
« Bien le bonjour Elewë ! Vous me semblez bien pressée, que fuyez-vous donc ? Ou plutôt : qui fuyez-vous ? » lança-t-il malicieusement.
« Personne voyons, qu'allez vous donc imaginer ? » répliqua Elewë, gênée d'avoir été percée à jour. « Je me rendais juste à la réserve de vivres. Glorfindel m'a confié une tâche » ajouta-t-elle à voix basse, faisant attention à ne pas être entendue des autres elfes.
Elladan pris un air entendu avant de répondre : « Très bien. Mais si j'étais vous, je partirais par là « fit-il en désignant la direction opposée à celle vers laquelle se dirigeait Elewë « si je voulais y accéder. » Il fit semblant de réfléchir un instant avant de poursuivre, son éternel sourire malicieux sur les lèvres « Cependant, voici un conseil d'ami : la prochaine fois que vous souhaitez éviter mon frère, débrouillez-vous mieux.

Elewë n'eut que le temps de rougir et de bafouiller une réponse que l'elfe s'en était allé après une courbette. Elle soupira, et intérieurement fut vexée d'avoir été si transparente sur ses émotions. Elle se fit la réflexion que, malgré son apparence de joyeux drille et sa fausse nonchalance, Elladan était quelqu'un de très perspicace, qui savait observer et tirer les bonnes conclusions. Plus le temps passait, et plus elle découvrait cette facette dans la personnalité de chacun des jumeaux, bien qu'Elladan semblait parfois plus mûr et réfléchi que son frère, comme sil avait hérité de la sagesse de leur père en plus de ses dons de guérison. Leur attitude farceuse et comique devait avoir été cultivée pendant leur enfance, lorsqu'ils se retrouvaient seuls dans Imladris, et qu'ils cherchaient une façon de se distraire et de distraire les autres.

Alors qu'elle se dirigeait vers l'endroit que lui avait indiqué Elladan, Elewë passa devant les enclos ou paissaient les chevaux. La jeune elfe eut un pincement au cœur en réalisant à quel point elle s'était peu occupée de Ninqueloté ces derniers temps. Elle modifia alors sa trajectoire, et grimpa sur une barrière. Elle siffla brièvement les quelques notes habituelles, jusqu'à ce qu'un hennissement joyeux lui réponde. La petite jument grise accourut dans sa direction, et secoua la tête de haut en bas, heureuse de revoir sa maîtresse. Elewë sourit. Les instants privilégiés avec sa monture lui avaient manqués. Une fois Ninqueloté proche de la barrière, elle grimpa sur son dos, et se pencha en avant, entourant l'encolure de la jument de ses bras. Elle respira profondément l'odeur de sa crinière, et y enfouit son visage. Les deux amies restèrent ainsi de longues minutes, savourant ce moment de retrouvailles. Elles passèrent les quelques heures restantes avant le départ toutes les deux, et lorsque le signal ordonnant de commencer à ranger le campement retentit, Elewë mit pied à terre, et se dirigea vers sa tente pour aider à la démonter.

***

Le ciel commençait à se parer d'ocre, d'orange et de rouge, des traînées de nuages roses défilant devant les yeux d'Elewë. Celle-ci chevauchait à l'arrière de la colonne, non loin du chariot contenant les vivres, les yeux rivés sur l'horizon, encore une fois subjuguée par ce balais de couleurs qu'offrait le ciel à la terre. Elle décrocha son regard pour le ramener vers le chariot. Elle surveillait celui-ci depuis le début du trajet, et aucun elfe n'avait esquissé de mouvement suspect, ni n'avait démontré une attitude étrange.

Cela faisait à présent près de six heures que la colonne avançait, guidée par un Capitaine plus inflexible que jamais quant à la durée de la chevauchée, cherchant à rattraper le retard accumulé par tous les ennuis et complications placés sur leur chemin. Il n'avait accordé qu'une seule hâte dans l'après-midi, et tous étaient fourbus d'avoir chevauché aussi longtemps sans s'arrêter. Le problème était que le transport des blessés ralentissait considérablement leur allure, certains portant des blessures à ce point grave que la moindre secousse les faisait souffrir et leur arrachait une grimace. Afin de faciliter la locomotion, les brancards attelés et les chariots les transportant avaient été placés à l'arrière. Leur déplacement était supervisé par Elladan, qui surveillait leur état à cheval.

Elewë, qui, placée près du convoi des vivres, avait une vision panoramique de tous ces blessés, ne pouvait parfois s'empêcher de grimacer à la vue des corps abîmés, parfois massacrés par les dents des wargs et les armes des gobelins. Tous ceux présents à l'arrière étaient gravement blessés, en auquel cas, ils seraient à l'heure actuelle à cheval au lieu de gémir sur leurs litières de fortune. Les chairs à vif et les plaies sanguinolentes donnaient la nausée à Elewë, mais elle se forçait à contempler le malheur de ces elfes, qui s'étaient fièrement battus à ses côtés, afin de leur rendre l'hommage qu'ils méritaient. Pour certains, se battre à l'avenir serait compliqué, pour d'autres, la simple question de pouvoir marcher à nouveau comme autrefois était délicate. Membres manquants, muscles principaux arrachés ou lacérés, ligaments déchirés, ces elfes garderaient à jamais la marque de leur rencontre avec des wargs. Même si Elladan avait essayé d'aider au mieux la cicatrisation des plaies de chacun, cette marque resterait gravée, indélébile, dans le corps et dans l'âme de ces soldats. Peut-être certains vivraient-ils assez longtemps pour raconter à leurs petits-enfants l'expérience de cette bataille.

Elewë se détourna de ce macabre tableau, et porta son regard vers les cavaliers chevauchant devant elle. En balayant de son champs de vision la colonne, et ses yeux trouvèrent ceux de Elrohir. Gênée, elle détourna rapidement le regard. Plusieurs fois dans la journée ils s'étaient accrochés de cette façon, et à chaque fois un des deux finissait par rompre le contact. Mais ce bref moment, fugace, avait à chaque reprise eut le même impact sur Elewë : son cœur s'emballait, sa respiration était plus rapide, et elle sentait une douce chaleur prendre possession de son corps. Elle sortait de chaque échange plus perturbée qu'elle ne l'était précédemment. Toutes ces sensations physiques qu'elle ressentait l'avait conduit à une intense réflexion, durant laquelle elle tentait de raccrocher les pièces d'un puzzle dont elle n'avait pas la clé, ne comprenait pas le sens final. Plus elle y pensait, et plus des souvenirs lui revenaient en tête, vestiges de dialogues où des elfes lui faisaient part du sentiment le plus beau et le plus noble qu'il puisse exister. Mais à chaque fois que ce mot lui traversait l'esprit, Elewë se dérobait à son inquisition mentale, et tentait de se voiler la face, de trouve autre chose qui puisse expliquer ce qu'elle ressentait en ce moment.

Elewë sortit de ces réflexions lorsque la cohorte s'arrêta près d'un petit bois. Glorfindel avait du annoncer la halte de la nuit. En levant la tête, la jeune elfe s'aperçut en effet que celle-ci commençait à tomber, un voile noire et bleu marine constellé de points lumineux et incandescents se répandant dans le ciel. Elle mit pied à terre, mais continua de surveiller le chariot de vivres jusqu'à ce qu'un général nommé par Glorfindel vienne prendre la relève. Elle le remercia puis conduisit Ninqueloté vers l'enclos qui avait été dressé à la va-vite pour la nuit. Elle bouchonna sa jument, puis une fois sa tâche terminée, se dirigea vers le centre du campement. Là brûlait un grand feu, donc la chaleur faisait rougir les visages s'approchant de trop près.

Elewë s'assit parmi les soldats groupés autour du brasier. Quelques elfes l'accueillirent avec un regard mauvais, mais la plupart des troupes s'était habitué à sa présence, et un certain nombre commençait à la considérer comme l'une des leurs. Cette sensation fit chaud au cœur d'Elewë, qui avait particulièrement détesté la période pendant laquelle elle était rejetée de presque tous. En regardant autour d'elle,la jeune elfe se fit la réflexion qu'elle n'avait pas aperçu Lindir depuis la veille. C'était étrange, mais pas plus mal.

Après avoir pris un frugal repas -le rationnement commençant à se faire progressivement sentir-, Elewë décida d'aller se coucher. Elle était fourbue, et bien que sa blessure soit guérie, elle souffrait toujours de quelques tensions musculaires, et la longue chevauchée de cet après-midi n'avait rien fait pour arranger la chose. Le campement étant installé uniquement pour la nuit, les tentes n'avaient pas été montées, et Elewë dut s'allonger à même le sol. Lovée dans ses couvertures, elle ferma les yeux, et s'endormit instantanément.

***


Le lendemain matin, Elewë fut prise d'envie d'aller décocher quelques flèches avant que la route ne reprenne. Son entraînement et la sérénité qu'il lui apportait lui manquait, et elle espéra que ce moment de répit lui permettrait de faire le vide dans son esprit. Elle passa auparavant faire un compte-rendu de la veille à Glorfindel. Puis elle saisit donc son arc et son carquois, et partit à la recherche de quelque chose pouvant faire office de cible de tir. Elle croisa quelques soldats plus matinaux que les autres, et évalua qu'elle avait une petite heure devant elle avant que tous soient réveillés et que le rangement soit ordonné. Elle ne perdit donc pas de temps et se dirigea vers la lisière des bois. Là, elle trouva un chêne au tronc massif dans lequel elle dessina de la pointe de sa dague des cercles concentriques. Satisfaite de son travail, elle recula à environ soixante-dix pas, puis entreprit de tirer flèches sur flèches. Son carquois fut bientôt vide, et elle dut aller les déloger du bois.

Au bout d'une vingtaine de minutes elle recula à cent pas, sa distance fétiche, et elle se plongea entièrement dans son rituel. Elle s'y plongea de façon tellement intense qu'elle ne vit pas le temps passer, et sursauta lorsqu'une main se posa sur son épaule. En une fraction de seconde elle encocha une flèche et se retourna.

« Oula doucement, » fit Orodreth en levant les mains en signe de paix « Il serait regrettable que plusieurs gobelins et wargs ne soient pas parvenus à me tuer et que vous m'embrochiez par mégarde.
Il riait et Elewë sourit en relâchant la tension de son arc et en rangeant sa flèche. Elle partit retirer les autres de l'arbre, puis revient vers l'elfe.
« La prochaine fois évitez d'arriver derrière-moi sans prévenir, on ne sait jamais ce qu'il pourrait arriver. » répondit-elle malicieusement. « Au fait, je n'ai pas vu Fileg depuis quelques temps, se serait-il échappé ?
« Non rassurez-vous il continue de revenir me voir, il est juste … occupé en ce moment. » répondit-il évasivement « Cela fait quelques jours que je ne l'ai pas vu, peut-être s'est-il attardé lors d'une chasse plus longue que les autres, à vrai dire je ne sais jamais précisément ce qu'il fait et quand il reviendra … Ah j'oubliais ! Un oiseau messager de la Lórien vient d'arriver. Le pli est à votre nom.
« J'y vais de ce pas, merci d'être venu me prévenir. Venez me trouver lorsque Fileg revient, j'aimerais apprendre à mieux connaître ces animaux.
« Bien sûr » répondit-il en souriant.

Elewë le salua, puis se dirigea vers le campement. Alors qu'elle s'apprêtait à demander où était ce fameux message, Elrohir apparut devant elle. Ils s'arrêtèrent de bouger quelques instants, surpris, puis Elrohir s'avança vers elle, et lui tendit une enveloppe blanche en papier.
« Ce message nous est parvenu il y a quelques minutes. Il porte le sceau de la Dame. » indiqua-t-il en désignant le dos de l'enveloppe, où le cachet en forme de cygne était apposé sur un tas de cire rouge.
Après hésitation, Elewë la saisit délicatement et l'ouvrit. Elle déplia le feuillet, et se lança dans la lecture de son contenu. Quelques instants plus tard, Elrohir perçut le son d'un cri étouffé, et vit les yeux de la jeune elfe se remplir de larmes. Elewë porta une main à sa bouche, pour étouffer un autre cri, et la main tremblante, tendit le feuillet à Elrohir, qui s'en saisit, inquiet de la réaction suscitée chez Elewë …
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeMar 19 Mar - 17:36:03

Coucou ! Very Happy
Voilà enfin mon nouveau chapitre, je suis désolée d'avoir pris autant de temps à l'écrire --'
Comme cela fait quand même 5 mois que vous n'avez rien lu, j'ai fait un petit résumé des deux derniers chapitres Wink
Bonne lecture ! Smile

Après la terrible et meurtrière attaque contre les wargs, l'Armée Elfique finit par joindre le village de Bree, où les elfes espèrent trouver le réconfort suffisant pour continuer leur marche. A cette occasion est organisée à l'Auberge du Poney Fringant une réception pour tous les soldats. Invitée par Elrohir à prendre part au dîner des généraux, Elewë constate avec gravité que l'espion qu'ils suspectaient de saboter leur avancée est de plus en plus déterminé, et qu'il est vital de le neutraliser. Après le dîner, Elewë se retrouve seule avec Elrohir, et sent quelque chose d'inexplicable se produire en elle, la menant par la suite à éviter le Prince. Ramenant un Lindir ivre mort au campement, celui-ci lui fait sa déclaration, et trop perturbée, Elewë décide de ne pas le prendre au sérieux. A la suite de l'incendie du chariot de vivres, elle se voit confier par Glorfindel la tâche d'observer les soldats s'approchant du convoi, et d'essayer de démasquer le traître. Le lendemain, Orodreth vient lui annoncer l'arrivée d'un pli mystérieux à son nom, qui lui est remis par Elrohir, portant la marque de la Dame de la Lórien …

La lettre


Elrohir déplia la feuille que Elewë avait froissé quelques instants plus tôt sous l'émotion, et y lut les mots suivants :

Elewë,
Nous sommes à notre plus grand regret chargés de vous annoncer une terrible nouvelle … A l'heure où nous vous écrivons, mon époux et moi, votre père vient de rendre son dernier souffle. Porté volontaire afin de mener des patrouilles plus régulières aux frontières, il fut attaqué lors d'une mission par un groupe de gobelins portant la marque de l'Angmar. Il combattit bravement, mais ses troupes étant en sous-effectif, il fut vaincu et gravement blessé. Il réussit à s'enfuir et les Sentinelles le recueillirent alors qu'elles patrouillaient dans les Bois. Il fut ramené en hâte à la Cité, mais malgré tous nos soins, il ne se rétablit pas.
Nous savons que cette missive ne vous parvient pas au moment opportun, mais nous estimions vous devoir la vérité. La cité entière pleure la perte d'un elfe cher, géant parmi les siens. Ses funérailles auront lieu sous peu, avec tous les hommages qui lui sont dignes.
Puissiez-vous revenir de cette guerre, et faire votre deuil auprès de votre peuple.
Le Seigneur et la Dame de la Forêt d'Or


Le Prince peina a décrocher son regard de cette sombre nouvelle. Il redressa la tête lorsqu'il entendit un bruit sourd. Elewë venait de chuter au sol, recroquevillée sur elle-même, et pleurait toutes les larmes de son corps. Elrohir s'accroupit et redressa la jeune elfe. Mais celle-ci ne semblait pas se rendre compte de sa présence, ne réagissant pas lorsqu'il l'apostropha. Désemparé, l'elfe brun la releva en la tenant par les épaules, et essaya de la faire marcher jusqu'à sa tente. Au bout de quelques instants les jambes d'Elewë se dérobèrent sous son poids, et Elrohir dut la porter. Il entra dans la tente d'Elewë, et la déposa délicatement sur son matelas. La jeune elfe versait toujours des flots de larmes, et ceux-ci creusaient des sillons à travers la poussière incrustée sur son visage. Ne sachant que faire pour l'aider plus, le Prince sortit, et partit à la recherche de la seule personne dont il savait pouvoir obtenir de l'aide.


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Elewë avait mal. Une douleur insoutenable enserrait sa poitrine, la broyant sous l'étau du chagrin. Les larmes coulaient le long de ses joues jusqu'au creux de sa gorge sans qu'elle ne puisse rien faire pour les contenir. D'ailleurs, elle ne le souhaitait pas. Tout ce qu'elle voulait, c'était pleurer la perte d'un être trop cher, qui laissait un trou béant dans son cœur, une fissure transformée en gouffre. En ouvrant le pli, Elewë avait été assaillie par un pressentiment, le cachet de la Dame n'inaugurant rien de bon. Ses craintes s'étaient malheureusement vues fondées lorsqu'elle avait lut les lignes écrites sur le papier. Ces quelques mots avaient suffi à briser la digue retenant ses émotions, et elle s'était laissée entraîner dans le maelström de ses sentiments, s'y abandonnant avec douleur.

Son père, son unique famille, la personne à qui elle tenait le plus, n'était plus, ne laissant derrière lui qu'un souffle dévastateur. Avec lui, Elewë avait senti quelque chose s'éteindre en elle, une partie d'elle-même disparaître à jamais, et qu'elle pressentait ne pas retrouver un jour. Maintenant qu'elle savait ne plus jamais revoir son père, les remords assiégeaient Elewë, comme autant de pointes glacées se frayant un chemin à travers son âme, traquant la moindre de ses faiblesses, et traçant un sillon rempli de regrets et de souvenirs enfouis rejaillissant à la surface. Des dizaines d'images l'assaillaient, lui rappelant cruellement la perte de cet être cher. Des souvenirs qu'elle croyait à jamais oubliés, et qui revenaient la hanter. Elewë se maudit un nombre incalculable de fois pour ne pas avoir su parler à son père, lui dire à quel point elle l'aimait. Pire encore, la missive apportée par Haldir lui revenait en mémoire, les mots qu'elle contenait gravés au fer rouge sur son âme. Avant sa mort, son père avait eu le temps de lui dire son amour, la fierté qu'il éprouvait pour elle. Elle, elle n'en avait pas été capable, et avait préféré fuir la Lothlórien, sans un adieu pour lui, redoutant sa réaction. Elle avait fui au lieu de lui parler. Et maintenant elle le regrettait, chaque partie d'elle-même le regrettait, et la jeune elfe ne pouvait s'extirper de ce cercle infernal, qui l’entraînait plus loin encore au fond d'elle même, la séparant un peu plus du monde extérieur à chaque instant.

Recroquevillée sur elle-même, immergée dans ce maelström, Elewë ne s'était pas rendu compte que Elrohir l'avait porté jusque dans sa tente. Elle ne sentait rien, la sensation du matelas sous son corps, les soubresauts qui l'agitaient au fur et à mesure qu'elle pleurait, rien, hormis cette sourde douleur qui l'étreignait, qui marquait son corps et laissait son cœur et son âme à vif. Plus rien ne comptait pour elle en dehors de ces vagues déferlantes qui la laissaient plus faibles les unes après les autres, ces remords qui prenaient d'assaut sa raison. A peine tentait-elle de sortir de ce cercle, qu'une pensée, un souvenir douloureux l'y replongeait. Elewë ne sentit pas non plus la présence des personnes essayant de l'aider, ni leur voix la suppliant de revenir. Elle s'était perdue dans une mer de peur, de douleur et de culpabilité, dont rien ni personne ne semblait pouvoir l'en faire sortir.

Le temps défila ainsi. Combien ? Elle n'aurait su le dire. Quelques heures, semaines, ou bien seulement quelques minutes ? Elle n'en avait aucune idée. Le temps semblait s'être arrêté au moment où les mots avaient franchi la barrière de sa compréhension, dévastant tout sur leur passage. Cependant, les vaguent finirent par apparaître à intervalles de plus en plus longs, et au bout de quelques temps Elewë put se rendre compte dans un éclair de lucidité de son état, et se raccrocher à cette étincelle, cherchant à s'extraire de l'état dans lequel elle se trouvait. Elle dut se battre pour reprendre le contrôle de son esprit, son corps tremblant se rebellant, et dans un dernier effort, réussit à entrouvrir les yeux.

La lumière l'assaillit, et obligea Elewë à refermer quelques instants ses paupières. Chassant les larmes embuant ses yeux, elle réussit à se redresser. Elle était assise sur une couche de couvertures entassées les unes sur les autres. En regardant autour d'elle, Elewë vit qu'elle se trouvait dans une carriole, entourée par les quelques blessés graves encore en convalescence. La carriole était en mouvement, et la jeune elfe se rendit compte du martèlement assourdissant des centaines de chevaux en marche. En levant la tête, elle vit que la journée était déjà bien avancée, estimant qu'il devait être le début d'après-midi. Alors qu'elle se demandait par quel façon elle avait atterri ici, elle vit un cavalier s'avancer dans sa direction. D'abord éblouie par son avancée à contre-jour, Elewë finit par pouvoir discerner le visage inquiet, mais souriant, de Lindir.

« Bon retour parmi nous princesse !
Bien qu'encore un peu assommée, Elewë ne put s'empêcher de sourire faiblement devant le visage de son ami.
« Il est plaisant de te voir ainsi, au vu des derniers événements » continua-t-il, « Tu m'as fais une de ces peurs Elewë, si tu savais ! Tu ne réagissais à aucun contact, ne semblait pas nous entendre. C'était juste … angoissant ... » finit-il sombrement.

A ces mots le visage de la jeune elfe se ferma, ses émotions tentant de revenir au galop la perturber. Elewë avait réussi à difficilement les contenir, et elle savait que ce contrôle était très faible, que le moindre petit bouleversement suffirait à la faire sombrer à nouveau. Elle ferma les yeux un instant, respira un grand coup. Lindir s'était tu, gêné, et pour une fois ne savait que dire. Elewë rouvrit les yeux, et esquissa un léger sourire pour rassurer son ami.

« Ne t'en fais pas » lui dit-elle, « je vais mieux maintenant. C'est … difficile, mais je vais mieux.
Lindir parut soulagé, mais pas totalement convaincu.
« Comment suis-je arrivée ici ? » demanda Elewë en désignant la carriole, « Je ne me souviens de rien, juste la sensation d'avoir été portée à plusieurs reprises.

Le visage de Lindir se ferma, comme à chaque fois que Elrohir était impliqué dans quoique ce soit ayant un rapport avec Elewë. A contre cœur il fit bonne figure, poussant toutefois un léger soupir.
« Après avoir lu la … lettre … tu t'es soudainement écroulé par terre, et le Prince Elrohir t'as porté jusqu'à ta tente. Tu semblais être dans un état second, et ne sachant que faire pour t'aider il est immédiatement venu me chercher. Malgré nos appels tu ne semblais pas nous entendre, et l'heure du départ approchant, nous nous sommes résignés à te laisser dans cette charrette, en espérant que tu irais mieux …

Remarquant la répulsion de son ami à mentionner Elrohir, Elewë fut brutalement ramenée aux pensées qu'elle avait volontairement chassées de son esprit quelques jours plus tôt. Et si finalement, Lindir était réellement sérieux lorsqu'il avait prétendu l'aimer ? Ce simple fait justifierait à lui seul l'animosité que son ami semblait éprouver pour le Prince, son aigreur lorsqu'il lui parlait, ou encore son attitude si protectrice le lendemain de la terrible attaque des wargs. Elewë frissonna mentalement en se remémorant le regard si pénétrant, froid et dur que lui avait jeté son ami avant de sortir de la tente. Cette réflexion fit comme l'effet d'un déclic dans l'esprit de la jeune elfe. Soudain tout lui semblait clair, la façon dont Lindir s'était comporté face à elle depuis ces dernières semaines, car elle se rendait compte à présent que son ami n'aurait jamais agit de la sorte quelques siècles plus tôt.

Leur engagement dans l'Armée avait chamboulé quelque chose dans l'équilibre de Lindir, quelque chose le forçant à se révéler, exposer ses sentiments, quelque chose qui, Elewë en était certaine, aurait pris encore quelques centaines d'années si il n'y avait pas eu cet élément déclencheur. Élément déclencheur qui, maintenant qu'elle analysait la situation, semblait résider en la personne de Elrohir. L'énervement de Lindir suite à la première entrevue avec les jumeaux, qui semblait tant injustifiée aux yeux d'Elewë il y a quelques temps, prenait à présent tout son sens. Lindir redoutait la présence d'Elrohir, et plus particulièrement, il redoutait que le Prince ne se rapproche trop d'elle. Elewë se sentait stupide de ne pas avoir compris plus tôt, ne pas avoir su discerner les sentiments qui habitaient son ami. Comment aurait-elle réagi si elle l'avait su plus tôt ? Elle n'en savait rien. La relation amoureuse était une notion qui lui était totalement étrangère. Élevée sans sa mère, elle n'avait jamais pu profiter de conseils touchant ce sentiment si complexe, et elle s'en rendait compte à présent, n'avait jamais réellement cherché à le comprendre, jugeant inutile de s'en instruire avant plusieurs centaines d'années.

Elewë réalisait maintenant l'idiotie de son comportement, sa dénégation brutale face à la mise à nu de l'âme de son ami. Elle avait été incapable de penser, de réagir comme une femme, sa logique militaire avait pris le dessus sur cette féminité qui lui paraissait tellement étrangère. Ne sachant comment réagir, Elewë avait préféré se cacher derrière des murs trop vites bâtis, trop vite bancals. Elle ne pouvait continuer de renier ainsi les sentiments de son ami. Mais elle se trouvait à présent face à un gouffre qu'elle ne savait comment franchir, dont elle ignorait tout. Et plus difficile encore, si elle se fiait à ce qu'elle avait entendu conter des symptômes de l'attachement amoureux, il lui semblait difficile de répondre aux sentiments de Lindir. Cette soudaine révélation lui semblait plus dure que le reste, car elle ne voulait pas blesser son ami, et elle se rendait compte à présent qu'elle n'était pas totalement insensible aux charmes du Prince, la jalousie de Lindir envers celui-ci laissant également sous-entendre que cette sensation pouvait être réciproque. A cette pensée, le cœur de Elewë s'emballa, et elle sentit le sang monter jusque dans ses joues. Cela l'effrayait et la ravissait à la fois.

Perdue dans ses réflexions, la jeune elfe ne se rendit pas compte que Lindir attendait une réponse de sa part, devenant subitement curieux lorsqu'il vit que, plongée dans ses pensées, le teint de son amie devenait rouge écarlate, et qu'elle semblait très perturbée.

« Elewë, tu te sens bien ? » demanda-t-il.
La jeune elfe secoua la tête intérieurement, éloignant momentanément ces pensées de son esprit. Mais d'autres avaient à présent pris siège en elle, et elle ne savait désormais plus comment regarder Lindir, ni comment se comporter face à lui. Se souvenait-il de ce qu'il lui avait déclaré ? Elle espérait que non. En attendant, Elewë se sentait extrêmement gênée, et sur le moment n'osa lever les yeux vers son ami.
« Je vais bien Lindir, j'ai juste eu un moment d'absence … »

Son ami du se rendre compte de son changement d'attitude, car il se pencha en avant, lui saisit le menton et la força à lever son visage vers lui. Il plongea ses yeux dans les siens et réitéra sa question.
« Tu en es sûre ? Tu sembles … différente.
« Lindir, je … je viens de perdre mon père, comment veux-tu que je sois encore la même ? » répliqua-t-elle difficilement, honteuse de se justifier de la sorte, et les larmes lui montèrent aux yeux à la pensée des conséquences que sous-entendait cette simple phrase. Le dire à voix haute était encore plus dur que de le réaliser intérieurement, car c'était l'admettre au regard des autres, et Elewë sentit les digues intérieures bâties un peu plus tôt menacer de flancher à tout instant.

Lindir laissa retomber sa main après avoir effleuré la joue de son amie, et se redressa dans la selle de son étalon. Il n'était pas totalement convaincu de cette justification, il avait bien vu que quelque chose de différent s'était produit chez la jeune elfe durant sa réflexion, son regard avait changé, il lui semblait avoir lu de la gêne et de la honte dans les yeux de Elewë. Ces sentiments n'avaient aucun rapport avec la mort tragique de son père, il le savait, et le soudain embrasement de ses joues confirmait son intuition. Quelque chose avait changé chez Elewë, quelque chose qui concernait la façon dont elle le voyait lui. Et cela n'avait rien pour lui plaire. Encore plus lorsque cette réflexion avait été menée par la mention de Elrohir. Lindir se jura de tout faire pour élucider rapidement ce mystère, qui le rendait particulièrement inquiet.

« Je suis désolé, » finit-il par répondre, « ma question était déplacée. Tu as besoin de sommeil princesse, rendors-toi si tu le peux, nous avons encore plusieurs heures de chevauchée devant nous, et il serait idiot que tu gaspilles ces quelques heures à rester éveillée en ne faisant rien.

Elewë acquiesça, heureuse de mettre pour l'instant une distance entre son ami et elle. Elle avait besoin de réfléchir, et effectivement, de dormir.
« Tu as raison, je vais essayer de profiter de ces quelques heures pour me reposer. Pars sans craintes, tout ira bien » finit-elle dans un petit sourire qui se voulait rassurant.
Pas dupe, Lindir s'éloigna tout de même, retournant à sa place dans la colonne, et laissa Elewë se recoucher avec soulagement sur ses couvertures.


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A son réveil, Elewë se rendit compte que les chaos de la route avaient stoppés, et qu'elle était à présent couchée sur un matelas. Ouvrant les yeux, elle fit face au plafond ciré de sa tente. Elle se redressa difficilement, et se rendit compte que ses draps étaient répartis au sol dans un état lamentable, éparpillés autour d'elle. Le souvenir de ses songes jaillit alors à la surface de sa conscience, lui faisant revivre à une allure folle les événements dont elle avait rêvé quelques instants plus tôt. Galweg lui était apparu, alors qu'elle se trouvait dans les Bois d'Or. Au moment où elle avait voulu enfin lui répondre, courir vers lui, lui révéler enfin qu'elle l'aimait de tout son cœur, il s'était fait transpercé de flèches sous ses yeux, s'effondrant au sol à ses pieds. Abattue, Elewë s'était jetée à terre, essayant de retirer les flèches fichées dans le corps de son père. Mais ses mains semblaient comme passer à travers, et elle se vit incapable de le secourir, de l'empêcher une seconde fois de périr alors qu'elle n'avait pu lui parler. Au bout de quelques minutes de râles, son père fini par lui jeter un dernier regard, et Elewë vit alors la lumière de ses yeux s'éteindre. Il était mort. Des larmes de rage et de désespoir coulèrent à flot des yeux de la jeune elfe, tandis que la honte, la culpabilité et la colère assaillaient son cœur. Elle se maudit d'avoir à nouveau laissé échapper la chance de lui répondre, de lui faire comprendre les sentiments qui l'habitaient.

Elewë revit ce cauchemar en un éclair et fondit en larmes, s’effondrant à nouveau sur son matelas, la blessure de son âme s'étant ré-ouverte, laissant à nouveau s'échapper les tourments qui l'avaient envahis le matin même. Elle pleura de longues minutes, jusqu'à ce qu'une personne finisse par entrer dans la tente. Elle se redressa, plus épuisée que quelques heures auparavant, lorsqu'une main réconfortante se posa sur son épaule, et elle chercha à travers le rideau de larmes inondant son visage à discerner la personne se tenant à côté d'elle. Avant d'avoir pu trouver son identité, l'elfe s'assit sur son matelas, entoura Elewë de ses bras et l'attira contre lui, passant une main dans ses cheveux, murmurant des mots apaisants. D'abord surprise, Elewë se laissa aller à cette sensation si réconfortante que lui procurait cette proximité, et se détendit, continuant de pleurer faiblement dans les bras de cet inconnu si apaisant.

Quelques minutes passèrent lorsque Elewë se redressa, s'extirpant de cette douce étreinte. Ses larmes s'étaient taries, même si la tristesse restait aussi présente, la douleur étreignant son cœur. Enlevant les dernières gouttes s’agglutinant autour de ses yeux, Elewë vit enfin le visage de son mystérieux visiteur, s'attendant à trouver Lindir face à elle. Qu'elle ne fut pas sa surprise de découvrir qu'il s'agissait du Prince Elrohir. Un tourbillon de pensées et de sentiments se mirent tout à coup à s'agiter en elle, et elle se sentit à nouveau rougir, mais cette fois-ci de honte et de gêne.

« Je … Votre Altesse … » balbutia-t-elle, pétrifiée d'avoir été aussi intime avec un membre royal, et d'avoir versé des torrents de larmes sur ses habits. « Je suis confuse … si j'avais su qu'il s'agissait de vous je … » finit-elle en reculant sur son matelas, essayant d'instaurer une plus grande distance entre eux.

« Au contraire Elewë, ne vous excusez pas vainement. Vous aviez à l'évidence besoin de vous reposer quelques instants sur quelqu'un, de partager votre chagrin, et je doute que vous auriez agi de la même façon si vous aviez su dès le début qu'il s'agissait de moi. Vous vivez une épreuve difficile, je le sais trop bien pour y avoir moi-même goûté, et je sais que si je n'avais pas eu mon frère autour de moi, des personnes m'apportant du soutien, je n'aurais probablement pas réussi à m'en sortir seul. Laissez donc les personnes qui tiennent à vous vous aider Elewë. » finit Elrohir dans un sourire triste.

Le souvenir de ce qu'elle avait entendu concernant la perte de l'épouse du Seigneur Elrond, la Dame Celebrían, lui revint en mémoire. La mère des jumeaux et de Arwen avait été prise en embuscade par une troupe d'orcs lors de son voyage par les Monts Brumeux, alors qu'elle rejoignait sa mère, la Dame Galadriel, en Lórien. Blessée gravement par une lame empoisonnée, elle fut secourue par ses fils, mais finit par quitter la Terre du Milieu pour Valinor, pour ne plus jamais y revenir. Même si elle n'était pas à proprement parler morte, son absence était tout comme, et savoir qu'elle avait été attaquée, chevaucher à grand train pour la sauver avait dut être une épreuve exténuante pour les deux Princes. Ce ressouvenir décida Elewë a écouter plus attentivement Elrohir, et à ignorer pour l'instant le gouffre hiérarchique qui aurait du les séparer en temps normal.

« Je suis navrée de l'entendre Votre Altesse, et j'espère que votre mère jouit d'une belle vie sur les Terres Immortelles. » répondit-elle
Un courant de tristesse traversa subitement les yeux du Prince, puis passa, et il se tourna vers elle, un sourire réconfortant sur son visage.

« Au moins je sais qu'elle vit, c'est le plus important … Maintenant je veux que vous m'écoutiez attentivement, Elewë, car ce que je vais vous dire est d'une importance capitale. Peu importe la puissance de la douleur que vous pouvez ressentir en repensant à la mort de votre père, en aucun cas vous ne devez vous tenir coupable de ce qui est arrivé, en aucun cas vous ne devez céder à ce sentiment de culpabilité, de honte et de regrets. Laissez-les vous marquer, vous imprégner, laissez-les vous faire grandir, vous relever de cette épreuve, vous reconstruire. Mais jamais, entendez-moi bien, ne les laissez jamais vous dicter votre conduite, imprégnez-vous en, puis laissez-les partir. Il n'est pas bon de conserver de la rancœur en soi, cela finit par vous ronger, vous espérez ensuite que la personne ne fut jamais morte, voire même qu'elle n'ait jamais existé, vous finissez par la maudire de vous avoir causé tout ce chagrin. Vous agiriez humainement si vous finissiez par penser de cette façon, mais vous effaceriez au final tous les beaux souvenirs chéris de cette personne, ne gardant que colère et souffrance. Peut-être iriez-vous même jusqu'à vous dire que vous n'avez plus rien à perdre, que la vie ne vaut plus d'être vécue. Vous connaissant Elewë, je devine que vous vous jetteriez plus férocement dans les combats, risquant votre vie à chaque instant, faisant de votre colère une force meurtrière ayant pour unique but d'extérioriser votre chagrin, et au final de tuer toutes ces personnes que vous jugeriez responsable de votre vie, vivant uniquement pour vous venger. Ne laissez pas votre existence devenir ainsi, ne vous laissez pas submerger. Je vois déjà dans vos yeux la même lueur, les mêmes émotions ayant enserré mon cœur autrefois. Tuer ces orcs ne m'a pas ramené ma mère. Au final, je me sentais sale, indigne de vivre. Et je sais à présent que sans la présence de personnes chères autour de moi, je serais devenue cette personne que je viens de vous décrire, un être rempli de rancœur et de colère, vivant uniquement pour exterminer des orcs, ayant la chasse comme unique obsession. Alors laissez-moi vous aider Elewë, laissez-moi rendre l'aide que l'on m'a autrefois apportée.

Elewë était immobile, figée par les paroles de Elrohir. Ce dont il parlait lui semblait si familier, on aurait dit qu'il creusait au plus profond d'elle-même, extirpait et lisait ses pensées les plus intimes. Elle ne pouvait dénier le fait d'avoir voulu céder au chagrin, rejoindre ses deux parents dans les Cavernes de Mandos, abandonner toutes ces souffrances qui l'empêchaient de vivre, de respirer. Elle s'était sentie bien évidemment coupable : si elle n'était pas partie dans sa quête d'aventures, jamais tout cela ne se serait produit. Si elle n'avait pas suivi ce besoin si égoïste, elle aurait pu empêcher la mort de son père. Puis la colère l'avait assaillie, la rendant amère, maudissant son père d'avoir pris le risque de faire des patrouilles, de s'être exposé de si près à la mort. Ce que lui disait Elrohir sonnait tellement juste, la touchait tellement profondément. Elle se sentit alors misérable, honteuse d'avoir cédé à de telles pensées, d'en avoir voulu à son père d'avoir continué sa vie sans elle, honteuse de l'avoir blâmé pour son chagrin. Elrohir avait raison. Elle ne devait pas se laisser emporter par de telles pensées, elle ne devait pas y céder, au moins pour continuer de rendre son père fier, pour ne pas lui faire regretter ses derniers mots pour elle.

Dans un dernier sermon, un dernier sursaut de volonté, Elewë s'extirpa de cette ronde infernale, et leva le regard vers Elrohir. Celui-ci la regardait, attentif à la réaction de Elewë face à ses paroles, espérant qu'elles avaient réussi à toucher la conscience de la jeune elfe. Celle-ci ressentit un élan de gratitude l'envahir, s'installant au plus profond d'elle-même, fixant durablement les sentiments qui avaient déjà commencé à y grandir à l'égard du Prince. Sa compassion était dure, car Elewë ne voulait pas dépendre du soutien d'une personne, sentir son regard posé sur elle. Mais elle était en même temps réparatrice et salvatrice. Il était bon de se savoir écoutée, appréciée, d'être réconfortée. Tout cela Elrohir lui avait offert, n'attendant pas qu'elle le demande, ne demandant rien en échange, et cette imposition avait été pour le mieux, plaçant la jeune elfe face à la dure et triste réalité de la situation. Qui mieux qu'une personne ayant vécu la même chose, la même détresse, était capable de relever une personne comme on l'avait relevée autrefois ?

Le Prince dut se rendre compte de la méditation profonde d'Elewë, car il esquissa le geste de se relever pour la laisser réfléchir à toutes ces choses qu'il venait de lui imposer. Mais son mouvement fut interrompu par la main de Elewë se posant sur son avant-bras, dans une volonté de le retenir. Surpris, il se retourna.

« Je vous en prie … Elrohir … vos mots sont comme un baume sur mes plaies, pansant et soignant mes maux les plus terribles. Je ne me rendais pas compte de l'aide dont j'avais besoin jusqu'à ce que vous m'éclairiez. Pouvez-vous rester, et continuer ? Votre aide m'est précieuse. » demanda-t-elle doucement, surprise et gênée de son audace. Son geste lui avait été dicté par une impulsion soudaine, par le désir de ne pas vouloir le voir partir alors qu'elle commençait tout juste à se sentir mieux. « Mais je comprendrais que vous refusiez et deviez vous retirer pour répondre à vos obligations, dont je ne fais pas partie … » finit-elle dans un murmure. Elle attendit, confuse, la réponse du Prince, baissant les yeux.

« Je trouverai toujours du temps pour vous aider Elewë, je vous le dois bien. » répondit-il dans un sourire, s'asseyant à nouveau à côté d'elle.
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeDim 12 Mai - 8:53:32

Yo voilà enfin le chapitre 19 ! Very Happy
Sur ce chapitre je m'essaie pour la première fois au changement de point de vue, je me suis dit que dans ce chapitre en particulier ça pouvait être intéressant. Je ne sais pas si je continuerai dans les prochains, alors n'hésitez pas à donner votre avis ^^
Sur-ce bonne lecture, et bonne chance, car ce chapitre est très très long, je me suis lâchée Razz

Sentiments entremêlés



La nuit commençait à tomber lorsque Elrohir se décida à bouger. Il se leva avec précaution, déplaçant avec douceur la tête d'Elewë de son épaule, la reposant sur l'oreiller du lit. Il se dirigea vers la sortie de la tente en essayant d'être le plus silencieux possible. Au moment de sortir, il se retourna une dernière fois, et observa dans un sourire le visage serein de la jeune elfe endormie. Elrohir s'imprégna de cette image un dernier instant, puis sortit. La fraîcheur de la nuit le surpris, la douce brise s'engouffrant dans ses longues mèches brunes le faisant frissonner. Il resserra autour de lui les pans de sa cape bleutée, et se dirigea d'un pas vif vers la tente que son frère et lui partageaient, située au centre du campement. Il devina au loin la silhouette des elfes de garde pour une partie de la nuit, et salua ceux dont il croisait le regard. Il ne croisa sur sa route que quelques groupes de soldats disséminés, assis autour d'un petit feu leur apportant une maigre chaleur. Malgré l'heure peu tardive, presque tous étaient déjà couchés, la fatigue accumulée les jours précédents étant encore présente

Elrohir finit par atteindre sa tente. Située à côté de celle de Glorfindel, elle était d'une taille plus modeste, bien que plus grande que celle d'un soldat lambda. Elrohir s'arrêta quelques instants, hésitant à rejoindre son frère et Glorfindel qui devaient être en train de débattre des derniers préparatifs du lendemain. Sa fatigue l'emporta, et il entra dans sa tente. Déposant sa cape sur une chaise, il s'empressa ensuite d'allumer les quelques bougies disséminées dans la pièce, déposa des bûches dans l'âtre situé au fond de la pièce, puis entreprit de démarrer un feu. Des flammes vives vinrent rapidement lécher les bûches, et le crépitement caractéristique se fit bientôt entendre. Il attendit que l'atmosphère humide de la tente soit chassée par la chaleur des flammes avant d'aller s'asseoir sur un des deux lits meublant la pièce, prélevant au passage au milieu des cartes et feuillets volants de la table centrale la pomme et la miche de pain déposés très probablement par Elladan quelques heures plus tôt. Il avait dû deviner que son frère ne viendrait pas dîner avec lui. Elrohir sourit de l'attention de son jumeau, et croqua à pleine dent dans la pomme. Il détacha le fourreau de son épée de sa ceinture, et s'allongea sur son matelas, les yeux fixés sur la toile constituant le plafond de la tente.

Elrohir dévora la moitié de la miche et la pomme avant de se relever et de se saisir de son épée. Il sourit lorsqu'elle sortit de son fourreau, dans un bruit huilé et métallique. Il observa la lame, magnifiquement forgée et finement ciselée en arabesques. Une lame faite par les elfes forgerons d'Imladris. Leur père avait fait cadeau à Elrohir et Elladan de deux de ces épées lors de leurs deux-cent ans. Nul besoin n'était de l'aiguiser, mais Elrohir en eut subitement envie. Il se leva pour chercher sa pierre et un chiffon, et entreprit de l’affûter et la nettoyer, faisant reluire l'acier de la lame.

Affairé à cette tâche apaisante qui occupait ses mains, Elrohir laissa son esprit dériver vers les pensées qu'il avait empêché de l'accaparer, préférant s'accorder un moment de réflexion lorsqu'il l'aurait jugé opportun. Elewë et lui avaient continué à discuter plusieurs heures durant après qu'elle ne lui ait demandé de rester. Ils avaient parlé de beaucoup de choses, et avaient notamment échangé sur leur enfance respective, Elrohir contant sa vie de Prince héritier avec Elladan, les bêtises qu'ils avaient pu faire, la naissance d'Arwen, le départ de leur mère. Un silence gêné s'était installé, et Elewë avait alors raconté son enfance, la mort de sa mère, sa décision de devenir comme un fils pour son père, son entraînement intensif pendant les centaines d'années qui avaient suivies, et la rencontre avec Lindir. A la mention de ce dernier Elrohir avait grimacé intérieurement, et ils avaient alors enchaîné sur des conversations plus banales, comme le mode de vie respectif des deux cités elfiques auxquelles ils étaient attachés. Au cours de la discussion Elrohir avait vu la tête d'Elewë dodeliner à plusieurs reprises, et elle sursautait parfois faiblement, se réveillant du demi-sommeil dans lequel elle était plongé. Elle avait cependant fini par sombrer dans un sommeil profond, tombant brusquement en avant. Elrohir l'avait rattrapé avant qu'elle ne chût, et avait déposé sa tête sur son épaule. Il était resté là, la soutenant presque une bonne demi-heure, plongé dans les pensées qui s'étaient mis à l'envahir.

La soirée qu'il venait de passer avec la jeune elfe avait été douce, tranquille, un agréable moment de quiétude dans le chaos de cette guerre. Mais Elrohir avait bien dû se rendre à l'évidence, il n'avait pas simplement apprécié cette conversation pour la sérénité qu'elle lui avait apporté. Il se souvint avoir ressenti une douce chaleur envahir ses membres lorsque Elewë lui avait demandé de rester auprès d'elle. Un sourire amusé avait fleuri sur son visage lorsqu'il avait vu sa gêne et sa propre surprise face à cette requête, aussi désemparée que lui face à cette relation qui commençait à se construire entre eux, bien au-delà d'un simple respect Capitaine-soldat.

Au plus loin qu'il se souvienne, Elrohir avait toujours été impressionné par la grâce féline et sauvage que dégageait Elewë, et ce même avant de savoir qui elle était. La première fois qu'il l'avait aperçue n'avait pas été marquante, il était pressé, et s'était excusé par réflexe avant de poursuivre sa route, sans remarquer la personne qu'il avait percuté. Mais il se souvenait avec précision de l'épreuve des courses où elle avait été révélée sous l'identité de l'elfe mystérieux. Elrohir avait été intrigué par la célérité de cette petite jument au physique si atypique, qui l'était tout autant que celui de son cavalier. Il se souvint avoir pensé que cet elfe serait un élément intéressant à suivre, et la suite ne l'avait pas démenti. L'intérêt avait fait place à l'incrédulité et un respect teinté d'amusement. Cette elfe avait réussi à berner tout le monde, les participants comme les organisateurs, y comprit son père et lui même. Elle avait osé braver un interdit fortement ancré, et avait réussi à le faire accepter de tous. Sa première rencontre officielle avec elle et Elladan l'avait surpris : il pensait que pour avoir réussi un tel exploit, cette elfe devait présenter un caractère d'acier, une certaine dureté, et, il faut l'avouer, une faible féminité. Au lieu de cela il avait certes découvert une elfe forte et déterminée, mais sous cette carapace laissait percer une timidité et une gêne inattendues, lui conférant une certaine fragilité. Et contrairement à ce qu'il attendait, elle était d'une beauté sauvage, farouche. Non pas une beauté fragile, comme toutes ces fleurs de la cour, subjuguantes et magnifiques en tout point, mais plutôt une lionne, un animal imprévisible. Il avait été attiré par cette carapace de détermination, et par la fragilité et la sensibilité qu'il décelait derrière, comme si tout ce qu'elle avait construit ne tenait qu'à un fil.

Par la suite, leur altercation l'avait à la fois amusé et énervé. Amusé, car il appréciait son fort caractère, et énervé car … et bien il n'arrivait pas trop à se l'expliquer. Aujourd'hui il savait. L'embuscade avait été révélatrice : le chaos de la bataille, l'instant où il avait vu la mort se présenter devant lui, instant brisé par la flèche d'Elewë qui était aller se ficher dans le corps de l'orc l'attaquant. Le soulagement d'être vivant, la suspicion quant aux capacités extraordinaires de l'elfe, et l'inquiétude face à l'état de Elewë s'étaient mêlés, le rendant assez instable. Le défi de Lindir avait fini par le faire exploser, mais une seule parole, un seul regard d'elle avait réduit sa colère en cendres. C'est à ce moment qu'il avait compris, qu'il avait réalisé que ce sentiment qu'il pensait ne plus jamais ressentir avait re jaillit contre toute attente. Elladan l'avait également compris, et son tact légendaire avait confirmé les pensées d'Elrohir. Son jumeau avait toujours mieux ses compris sentiments, avant même que celui-ci ne s'en rende compte.

Une fois qu'il l'avait réalisé, les événements s'étaient bousculés. L'attaque des wargs, le carnage de la bataille, la vision d'Elewë prête à se faire massacrer par une des bêtes. Son sang n'avait fait qu'un tour, et il s'était jeté à son secours. Le soulagement du sauvetage, la jalousie qui l'assaillait lorsqu'il voyait Lindir et elle discuter, la joie morbide lorsqu'ils s'étaient disputés, la déception lors de leur réconciliation, et enfin, l'Auberge. Il n'avait su pourquoi, mais un désir subit de lui faire comprendre ce qu'il ressentait, de lui prouver son attachement, s'était emparé de lui. Ce moment où son cœur s'était arrêté lorsqu'ils s'étaient tenus si prêts l'un de l'autre, et la joie le consumant lorsqu'elle avait de son plein gré réduit cette distance hiérarchique les séparant. Elle l'avait appelé par son nom, et non plus par ce titre si pompant, ce seul mot qui sous-entendait un gouffre entre eux-deux. Et enfin, il se remémora sa détresse devant l'état dans lequel elle avait sombré en quelques instants à la lecture de la lettre, la panique qu'il avait ressenti lorsqu'il l'avait vu souffrir de telle sorte, et le dégoût lorsqu'il avait dû s'en remettre à Lindir. Mais tout ceci avait été compensé par les quelques heures qu'ils avaient passé ensembles, qui avaient consolidé la flamme brûlant son âme et l'avait laissé espérer que ses sentiments puissent être réciproques.

Seulement, un problème se présentait à lui. En plus de ne pas être totalement certain des sentiments d'Elewë à son égard, il avait peur de se permettre d'aimer à nouveau. La perte il y a une centaine d'années de sa précédente compagne l'avait dévasté. La crainte d'être déchiré en deux une seconde fois si il arrivait malheur à Elewë était forte, et par-dessus tout, Elrohir se demandait s'il était encore capable de séduire, d'aimer et d'entretenir une relation. Seul depuis trop longtemps, il avait oublié en quoi cela consistait, et ne voulait pas faire d'erreur. Il se dit avec une certaine amertume que son sort était de toute façon déjà jeté, il était irrémédiablement épris de la jeune elfe, et trop tard pour faire marche arrière. Pour l'instant, le plus important était que Elewë se rétablisse rapidement. Le reste viendrait après.

Les bûches de l'âtre s'étaient déjà bien consumées lorsque Elladan passa sa tête par l'ouverture de la tente. Il avait les traits tirés mais un large sourire apparut sur son visage lorsqu'il aperçut son frère assis sur son lit à s'occuper de son épée.

« Tu ne peux t'empêcher d'aiguiser ton épée lorsque tu es préoccupé 'Rohir, c'est comme s'il y avait une pancarte au-dessus de ta tête avec écrit « Eh, j'ai un problème, aidez-moi ». lança Elladan.

« Je ne vois pas de quoi tu parles 'Lladan » répondit Elrohir en tentant de cacher son amusement. « Avec toutes ces batailles récentes elle a bien besoin d'être nettoyée et aiguisée, même si …

« … même si cette épée n'en a absolument pas besoin. A d'autres, je te connais. Ça la concerne, n'est-ce pas ? »

« La qui ? » demanda Elrohir dans un simulacre de désinvolture

« Très bien, continue à me prendre pour un idiot si ça t'amuses, moi, je vais me coucher. Tu ne peux pas imaginer à quel point Glorfindel peut être ennuyeux parfois ! » répondit son jumeau en simulant un bâillement.

« Elladan …
« Oui ?
« Je ne sais vraiment pas comment je fais pour te supporter au quotidien …
« C'est parce que tu m'aimes très cher frère » répliqua Elladan, goguenard, en venant s'asseoir à côté de son jumeau, comprenant que c'était sa façon à lui de l'inviter à le rejoindre. « Je t'en prie, dis-moi tout ce qui te passe par la tête la concernant ! En fait non, pas tout, enfin, tu m'as compris … » finit-il avec un regard entendu.

Elrohir lui jeta un regard mi-désespéré mi-amusé, et respira un grand coup.
« Par quoi dois-je commencer 'Lladan ?
« Mais par lui faire la cour voyons !

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« A ton avis, combien de temps nous reste-t-il avant d'atteindre un jour Fornost ? » demanda Elewë à Lindir.
« Je dirais moins d'une semaine, mais rien n'est moins sur, rien n'est dit que des accidents ou des attaques ne peuvent pas arriver d'ici là … » répondit sombrement son ami.
« J'espère que rien de tout cela n'arrivera, nous avons déjà beaucoup souffert alors que nous ne sommes pas encore arrivés à Fornost, je n'ose imaginer combien d'entre nous rentrerons quand tout sera fini …
« Ne t'inquiète pas princesse, te connaissant, tu rentreras en un seul morceau. Et si cela n'est pas suffisant je te sauverai, comme d'habitude !

La promesse de Lindir était faite sur le ton de la plaisanterie, mais elle eut comme l'effet d'une petite douche froide sur Elewë, lui rappelant une fois de plus les sentiments de son ami à son égard, et le problème conséquent qu'elle n'avait toujours pas réussi à résoudre. Elewë fit comme si elle n'avait pas compris cette promesse implicite et sourit en retour à son ami, avant de reporter son regard vers le paysage environnant.

Deux jours s'étaient écoulés depuis que Elewë avait discuté de longues heures avec Elrohir. L'Armée avait reprit sa route, essayant au maximum de rattraper le temps perdu lors des différentes embuscades. Ils chevauchaient à grande allure maintenant que les plus graves blessés était capables de tenir à cheval, et alternaient grandes périodes de trot que les montures étaient capables de tenir plusieurs heures durant, moments de marches, et parfois une pause, généralement le midi. Le paysage défilait donc à vive allure, monotone et régulier : des plaines et des roches à perte de vue. Où que se portait le regard d'Elewë, ses yeux rencontraient toujours la même chose. Ils n'avaient pas croisé un seul arbre depuis Bree, et bien que les nuits étaient fraîches, un peu d'ombre n'aurait pas été déprécié par les elfes lors de leurs haltes. Toutefois, plus ils remontaient vers le Nord, et plus le climat s'adoucissait, au départ de façon très faible, plus de plus en plus régulièrement. Au bout du deuxième jour, Elewë avait décidé de garder continuellement sa cape enroulée autour d'elle, pour offrir le moins de prises possible à la légère brise qui soufflait doucement dans la plaine.

Depuis l'attaque de la réserve de vivres, pas un seul méfait du traître n'avait été signalé, et cela commençait à inquiéter Elewë. Qu'il ne fasse rien n'inaugurait pas grand chose de bon. Même si les réserves avaient été refaites lors du passage à Bree, plusieurs chariots avaient brûlé lors de l'incendie, rendant la capacité de stockage maximale fortement diminuée, et le rationnement commençait à se faire sentir, surtout concernant l'eau. Un autre problème du même genre risquerait fortement de compromettre leurs chances d'arriver à Fornost dans les temps ou dans un état suffisamment bon pour engager les combats. Car Elewë se faisait peu d'illusions : sitôt arrivés, ils devraient courir se mêler à la bataille, peu importe l'état de fatigue dans lequel ils se trouveraient. Il était donc primordial de ne pas trop se fatiguer lors du trajet. Objectif qui semblait déjà quelque peu perdu suite aux différentes attaques auxquelles avait dû faire face l'Armée, bien que les soldats reprennent des forces de jour en jour. Serais-ce suffisant ? La jeune elfe l'espérait.

De son côté, rien ne semblait ébranler la volonté de Ninqueloté. La petite jument avançait d'un pas vif et énergique, nullement affectée par les problèmes ayant pu survenir jusqu'à présent. Rapidement guérie de la morsure d'un warg, Ninqueloté semblait même ne pas s'en souvenir du tout. Elle gambadait, allant parfois taquiner Nuruhuinë marchant à côté d'elle. Le dynamisme de sa jument faisait sourire Elewë, l'aidant à remonter la pente depuis quelques jours. La petite jument semblait avoir senti la détresse de sa cavalière, et donnait l'impression d'avoir de la gaieté à revendre pour deux. Elewë ressenti une bouffée d'affection pour sa monture, donc elle flatta gentiment l'encolure.

Tournant la tête pour scruter la colonne devant elle, Elewë sentit un regard posé sur elle, et se tourna dans la direction d'où lui provenait cette sensation. Elle capta furtivement le regard de Elrohir, qu'elle réussit à soutenir quelques secondes avant que la masse de cavaliers se plaçant entre eux ne rompe l'échange. Une coloration rouge atteignit rapidement ses joues, et elle se détourna pour ne pas que Lindir l'aperçoive. Elle avait déjà assez de problèmes comme ça, et ne ressentait nul besoin que son ami en soit au courant. Quoique, Lindir avait sûrement du s'en rendre un peu compte, au vu des agissements étranges de Elrohir ces deux derniers jours. Suite à leur longue conversation, ce dernier avait changé, comme s'il avait prit une mystérieuse résolution et était décidé à tout mettre en œuvre pour y arriver.

Leur route se croisait beaucoup plus que d'accoutumée, et à chaque fois le Prince prenait le temps de passer quelques minutes à discuter avec Elewë, faisant toujours mine de s'étonner de la chance de la rencontrer. Mais la jeune elfe n'était pas dupe, il semblait surgir de nulle part à chaque fois qu'elle passait dans un endroit et son visage ne trahissait aucune surprise de la voir. Cependant, ils discutaient toujours de tout et de rien, n'ayant aucune conversation importante, et aucun ne faisait mention de leur longue discussion ni de l'intimité qui s'était crée entre eux durant ces quelques heures. Lorsqu'ils s'arrêtaient de chevaucher pour faire une halte, étrangement Alcarnë semblait avoir envie de se rapprocher de Ninqueloté. Les deux elfes discutaient alors quelques temps sous le regard noir de Lindir posté non loin de là. La situation était extrêmement gênante pour Elewë, car Elrohir semblait avoir envie de mieux la connaître, mais à chaque fois leurs discussions contestaient cette impression. Comme s'il voulait plus, et en même temps non. Ou alors il ne savait pas comment s'y prendre, et dans les deux cas Elewë ne savait comment réagir. Au vue de son comportement, Elewë se surprenait à espérer que Elrohir ressente les mêmes sentiments qu'elle à son égard. Mais elle en doutait, se demandant s'il ne voulait pas tout simplement qu'ils soient de bons amis, ce qui en soi même avait de quoi être gênant de la part d'un membre de la famille royale.

Ce matin cependant, Elrohir avait manifesté le désir de l'inviter à prendre un repas ce soir dans sa tente. Extrêmement gênée, elle avait réussi à se défiler en prétextant devoir assister au grand feu de camp que Glorfindel avait prévu ce soir-même et où tous les soldats étaient conviés, afin d'honorer la mémoire des morts. S'il avait été déçu il ne l'avait pas réellement montré, mais avait négocié en disant qu'il viendrait se placer à côté d'elle, comme ça ils pourraient toutefois passer la soirée ensembles. Elewë avait accepté, soulagée de ce compromis un peu moins gênant. Elle redoutait toutefois la réaction de Lindir. En espérant qu'il ne réagisse pas avec la même véhémence qu'à son habitude.

S'extirpant de sa réflexion lorsque Ninqueloté s'arrêta, Elewë remarqua que la colonne s'était arrêtée, et que certains commençaient à mettre pied à terre, préparant le campement. Mécaniquement, elle descendit de sa monture et se dirigea vers la zone que certains soldats commençaient à délimiter pour placer les chevaux. Elle étrilla sa jument, et se dirigea vers les autres chevaux dont elle avait la charge, dont faisaient partie les étalons de Glorfindel et Elrohir. Ce dernier avait manifesté le désir qu'elle s'occupe elle-même d'Alcarnë, préférant la lui confier à elle plutôt qu'à un autre elfe. Elewë avait accepté avec joie, subjuguée par la beauté farouche de l'animal. Alors qu'elle le dé-harnachait et le pansait, Elladan vint la rejoindre, s'asseyant sur un rocher à côté d'elle. Au bout de quelques secondes, il se décida à lui parler.

« Vous avez réellement un don avec les chevaux » lui dit-elle, souriant lorsque l'étalon quémanda une caresse de plus de Elewë, « Je ne l'ai vu aussi détendu qu'auprès de Elrohir, il a l'air de vraiment vous apprécier » ajouta-t-il, avant de continuer, son petit air moqueur habituel se dessinant sur son visage « tout comme mon frère d'ailleurs.

A ces mots Elewë s'empourpra, et entreprit de le masquer en tournant le dos à Elladan pour panser l'étalon.
« C'est vraiment une créature magnifique, j'ai rarement eu l'occasion de contempler pareil étalon dans la Lórien, les plus beaux étaient logés dans les écuries royales, dont je n'avais malheureusement pas l'accès » répondit Elewë pour essayer de détourner la conversation.

Mais Elladan ne fut pas dupe.
« Ce genre de subterfuges ne prend pas avec moi Elewë, n'essayez pas de détourner la conversation. » répondit-il

Encore une fois Elewë fut frappée par la similitude des expressions de Lindir et Elladan. Le même air malicieux, la même facilité de se moquer plus ou moins gentiment des autres, avec ce même sourire en coin. Décidée à ne pas se laisser indéfiniment marcher sur les pieds, elle répliqua sur le même ton :
« Je crois en effet que j'ai trouvé le maître en la matière, permettez que je vous salue », fit-elle en esquissant une petite révérence.

Elewë s'étonnait parfois elle-même de la facilité qu'elle avait à communiquer avec Elladan, cela semblait si familier et naturel, et tout comme Elladan et Lindir semblaient partager le même humour, elle avait l'impression de partager le même genre de relation avec Elladan, la même connivence. Cette sensation semblait être réciproque car il se mit à rire d'un rire cristallin, qui vous donnait à votre tour envie de rire. Elewë se demanda fugacement si Elrohir possédait le même rire. Elle supposa que non, car bien qu'ils soient jumeaux et partagent donc les mêmes caractéristiques physiques, par leur caractère, leur voix se différenciaient. Elrohir avait une voix plus posée, plus grave, aux sonorités plus impressionnantes ; tandis que Elladan avait une voix enjouée, légère. Elewë sourit intérieurement ce toutes ces comparaisons qu'elle essayait de faire entre les deux jumeaux ; elle trouvait cela amusant de constater ce que la personnalité et l'environnement pouvait modifier chez deux êtres strictement identiques.

Passé le moment de rire, au grand damne de Elewë, Elladan reprit la conversation là où il l'avait laissée.
« Je disais donc que je trouvais mon frère étrange depuis deux jours. Plus étrange que d'habitude je veux dire » poursuivit-il avec son éternel sourire moqueur, « Il a comme soudainement changé depuis que vous avez … discuté dans votre tente ce soir là. » Il se délecta quelques instants du rouge montant subitement aux joues d'Elewë, avant de reprendre « Peut-être la discussion que nous avons eu tous les deux juste après y est aussi pour quelque chose …

« Quelle discussion ? » eut la bêtise de demander Elewë
« Vous le saurez bien assez tôt » lui répondit-il énigmatiquement en se levant de son rocher « toujours un plaisir de vous parler Elewë » finit-il dans un sourire avant de s'en aller, laissant sur place une Elewë se posant encore plus de questions que quelques minutes auparavant.


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Deux heures que le campement était monté, et Elewë s'ennuyait. Les autres soldats finissaient soit leurs tâches, soit vaquaient à leurs occupations personnelles, et le soleil commençait à peine à décliner. Le feu de camp devait commencer lorsque la nuit serait bien tombée, et en attendant, Elewë ne savait pas quoi faire pour s'occuper. Elle n'arrivait pas à mettre la main sur Lindir, et étrangement, pour une fois qu'elle cherchait à croiser Elrohir, celui-ci n'apparaissait pas subitement. Elewë décida donc de patienter en s’entraînant au combat. Elle fila dans sa tente revêtir une tenue plus légère et adaptée, enfilant au passage une brassière serrée pour avoir une plus grande liberté de mouvement, et attrapa son épée.

Elewë se dirigea vers un espace inoccupé assez large près de la zone où étaient gardés les chevaux, et entreprit de s'échauffer. Elle courut dix minutes avant d'échauffer ses membres un à un. Bras, tête, jambes, épaules, poignets, dos, tout fut étiré minutieusement. Au bout d'une demi-heure seulement après avoir commencé Elewë se saisit de son épée, et commença par des mouvements de base, enchaînant les coups de front, d'estoc, de taille, les parades, ripostes, esquives et les feintes. Elle ressentit bientôt une douce chaleur parcourir son corps, signifiant qu'elle pouvait commencer à travailler plus sérieusement. Elle se mit alors à enchaîner les différentes attaques, tourbillonnant autour d'un adversaire invisible, frappant coup sur coup, parfois reculant avec une roulade, s'imaginant dans une situation de duel. Elle savait qu'en combat réel la situation différente, que face à un orc elle ne réfléchirait pas de la même façon que lors d'un duel. Tout coup serait porté avec violence dans le seul but de tuer l'adversaire. Alors qu'elle était plongée dans son enchaînement, Elewë sentit une présence dans son dos, et, se retournant vivement, bloquant juste à temps une lame s’abattant sur son épée. Relevant les yeux, elle remarqua que son épée avait bloqué deux courtes lames, longues de deux mains chacune. Son propriétaire lui adressait un sourire narquois.

« Un peu lent pour quelqu'un censé avoir de bons réflexes » lui lança le propriétaire des longues dagues, qui s'avérait être Legolas.
« Si je ne m'étais pas retourné vous auriez pu me blesser, à quoi jouez-vous ? » lui répondit Elewë, quelque peu énervée sur le moment, avant de se ressaisir. « Excusez-moi, je ne voulais pas vous manquer de politesse.
« Ce n'est rien. » répondit-il en riant. « Je savais que vous vous retourneriez, et il semblerait que j'ai eu raison » finit-il dans un haussement d'épaules désinvolte « Vous avez réellement de bons réflexes, j'aimerais voir ce que vous donnez face à un adversaire un peu plus coriace que ceux que vous avez pu rencontrer jusqu'ici.
« Vous, par exemple ? » demanda Elewë, amusée
« Si vous le proposez si gentiment, j'accepte volontiers votre offre.

Elewë ne put retenir un sourire, qui s'effaça quelque peu lorsqu'elle vit le Prince retirer sa cape et sa tunique brune, ne gardant qu'une chemise et un pantalon légers. Il dégaina sa deuxième dague, et commença à rouler ses épaules pour s'échauffer. Il avait l'air sérieux et bien déterminé. Elewë eut soudain une certaine appréhension, ayant entendu dire qu'en plus d'exceller à l'arc, le Prince avait été formé par les meilleurs maîtres d'arme de la Forêt Noire, et qu'il était donc un combattant redoutable. Elewë n'était plus tout à fait enthousiaste à l'instant présent. Enfin, elle avait accepté, elle allait bien voir ce que cela allait donner.

Elewë releva son épée, prête à réceptionner le premier assaut. Les deux adversaires commencèrent à tourner autour d'un point imaginaire situé entre eux, le regard fixé sur celui de l'autre. Elewë trouvait assez inhabituel que son adversaire se serve de deux dagues, et non d'une épée longue comme tous les autres. Elle considéra cela comme un avantage, étant donné que la portée de ces dagues était relativement courte, le Prince serait forcé d'aller au corps-à-corps pour pouvoir la toucher, alors que la longueur de sa propre lame lui permettait de rester à distance plus raisonnable de son adversaire. Ils se tournèrent autour ainsi pendant une dizaine de minutes, chacun étudiant les déplacements de l'autre, essayant de capter dans ces quelques mouvements l'essence du jeu de son adversaire, de deviner la façon dont il allait se mouvoir par la suite. Du coin de l’œil, Elewë vit que quelques elfes les avaient remarqué, et commençaient à se masser pour observer la joute.

Au bout d'un moment Elewë se décida à lancer la première attaque, lassée de tourner en rond. Au lieu de tourner dans le même sens que Legolas, elle fit quelques longues enjambées dans l'autre sens et abattit d'un coup puissant sa lame en direction de l'adversaire, se jetant sur lui. Déconcerté, il para au dernier moment le coup, croisant ses deux dagues pour réceptionner la lame d'Elewë. Un petit sourire fleurit sur son visage, disparaissant immédiatement sous la concentration. Il rétablit une distance de sécurité entre eux deux puis lança la seconde attaque, se baissant et fendant d'un coup précis en direction du ventre d'Elewë. Celle-ci dut parer d'un mouvement inconfortable, reculant sous l'assaut, et n'eut pas le temps de voir le coup de coude arrivant en direction de son visage. Elle réceptionna le coup en baissant la tête au dernier moment, le prenant dans le crâne. Le choc résonna quelques instants, que Legolas mit à profit pour lancer une nouvelle attaque, un coup porté en direction des jambes, que Elewë para cette fois-ci aisément. Elle rompit l'échange quelques instants, reprenant son souffle. Un cri vers sa droite la déconcentra, et elle vit qu'à présent une centaine d'elfes s'étaient approchés pour regarder le combat.

Elewë se retourna brusquement en entendant un sifflement au niveau de sa tête, et se baissa vivement, la lame de la dague passant à quelques centimètres de son crâne. Elle profita d'être penchée pour rouler rapidement vers Legolas, passer sous sa garde, et balancer son poing gauche vers le diaphragme. Surpris par cette roulade inattendue, il ne réussit pas à parer le coup de Elewë, qui lui coupa le souffle. Il se plia en deux sous le choc, tentant de remplir ses poumons, expirant de grandes goulées d'air. Elewë attendit quelques secondes qu'il se redresse, lui adressant un petit sourire narquois, auquel il répondit par une grimace. Un grand nombre de soldats était massés, certains prenant les paris sur l'issue du combat. Elewë observa avec amusement que Lindir semblait être le centre de ces paris.

« Ne me déçoit pas princesse, j'ai misé sur toi ! » cria-t-il pour percer le brouhaha de la foule.

Elewë sourit puis se re-concentra immédiatement en voyant que Legolas se ressaisissait. D'un accord tacite, ils s'élancèrent en même temps dans la prochaine attaque. La situation dura ainsi une dizaine de minutes, chacun prenant le dessus sur l'autre à tour de rôle, sans qu'aucun ne mène réellement le combat. Elewë était épuisée, ses jambes étaient fourbues et ses bras étaient lourds à force de porter et brandir son épée. De son côté Legolas ne semblait pas mieux, ce qui la réconforta. La jeune elfe sentit que les prochaines minutes allaient être décisives, les deux adversaires étant épuisées la prochaine attaque serait sûrement la dernière. Dans un dernier effort, elle se précipita vers Legolas. Après quelques contre-attaques, d'échanges de coups, Legolas fit quelque chose à quoi elle ne s'attendait absolument pas. Alors qu'Elewë se fendait d'un coup vers le torse du Prince, celui-ci saisi la lame de l'épée entre ses deux dagues, les fit tourner sur elles-mêmes jusqu'à ce que Elewë lâche la poignée de son épée, l'envoyant voler plusieurs mètres plus loin. Un murmure provint de la masse d'elfes, chacun sentant que la fin du combat était proche. Désemparée par la perte de son épée, Elewë n'eut pas le temps de voir arriver le Prince dans son dos qui l'emprisonna d'un bras autour du cou, une dague pointée contre sa jugulaire.

« Il semblerait bien que le combat soit terminé » lui glissa-t-il dans l'oreille.

Elewë devinait facilement le petit sourire victorieux arborant son visage. Elle sentit que son adversaire avait relâché sa garde, certain d'avoir gagné le duel. Elle sourit intérieurement, et échafauda en une fraction de seconde une contre-attaque. Alors que les elfes se mirent à acclamer le vainqueur, Elewë se saisit du bras de Legolas, attrapa le second placé dans son dos, et fit brutalement basculer son adversaire par-dessus son dos, le faisant rouler jusqu'au sol, l'abattant violemment les deux épaules sur la terre. Dans la même seconde, Elewë s'était saisie d'une des dagues de son adversaire, s'agenouillant, et la lui plaqua sur la gorge, tout comme il l'avait fait quelques secondes auparavant. Le souffle coupé, Legolas réussit tout de même à esquisser un sourire.

« Maintenant il est terminé » répondit finalement Elewë, d'un ton volontairement condescendant.

Elle n'eut pas le temps de se redresser que le Prince envoya ses jambes balayer les siennes, et qu'elle se retrouva brusquement projetée au sol, allongée à quelques pas de Legolas. D'abord stupéfaite d'avoir été maîtrisée aussi facilement, elle se mit à rire, toujours allongée à même le sol. Elle se releva difficilement, et tendis une main à Legolas, qu'il accepta volontiers. Lorsqu'elle se retourna, Elewë vit que les trois-quarts du campement s'étaient rassemblés dans le champ pour les observer. Elle surprit l'échange de quelques bourses en direction de Lindir, qui lui lança un sourire étincellant. Elewë sourit et se retourna à nouveau vers Legolas qui s'époussetait, retirant de ses vêtements la terre à laquelle il venait de goûter.

« Très belle joute, j'espère que vous ne serez pas trop occupée pour m'en réserver une autre un de ces jours, je suis intriguée par vos capacités de corps-à-corps à main nue » lança Legolas.
« Avec plaisir Votre Altesse, j'ai moi-même envie d'apprendre comment mieux utiliser mes deux dagues, ce désarmement, c'était brillant comme idée » répondit-elle en récupérant son épée plantée dans le sol quelques pas plus loin.
« Et bien nous avons un accord il me semble, revenez me voir dans quelques jours, lorsque les contusions données par vos coups auront disparues » finit-il en riant avant de s'éloigner vers sa tente.

Elewë essuya la lame de son épée sur son pantalon, et se dirigea d'un pas fatigué vers Lindir. La nuit commençait à tomber, et les soldats se rendaient vers le centre du campement où le feu de camp avait été dressé. Son ami l'accueillit avec un grand sourire, et une bourse bien remplie dans la main.

« Même si au final aucun de vous deux n'a vraiment gagné, tu as impressionné les autres par ta contre-attaque, et tu es considérée par les parieurs comme la gagnante. Je savais que je pouvais te faire confiance, tu ne me décevras jamais » dit-il, faisant sauter la bourse dans sa paume.
« J'y compte bien mon ami, ne l'oublie jamais, surtout lorsque cela sert tes propres intérêts » lui répondit-elle en riant. « Maintenant si tu le veux bien je vais aller me changer, il n'est pas question que j'assiste au feu de camp dans cet état là ! » finit-elle en lui saisissant le bras et en l'entraînant vers sa tente.

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La nuit était à présent complètement tombée, et les étoiles scintillaient comme une magnifique parure dans le bleu marine du ciel. La lune était haute ce soir, et éclairait faiblement le campement. Cependant sa lumière n'était pas nécessaire, car un immense feu avait été dressé au centre du campement, éclairant les visages des centaines de personnes groupées tout autour. Un repas chaud composé de quelques pièces de viande grillée pour ceux mangeant de la viande et de grandes corbeilles de fruits avait été servi. Ce soir, Glorfindel ne posait quasi aucune restriction alimentaire, c'était un soir de fête, en commémoration pour tous les elfes morts depuis le début du voyage. Cela n'avait rien à voir avec la soirée ayant eu lieu au Poney Fringant, qui avait pour but de réconforter les soldats après le traumatisme des deux combats passés. Cette soirée était conviviale, les elfes discutaient avec entrain lors du repas, échangeant avec tous ceux placés à leurs côtés.

Avant le repas, Glorfindel avait pris la parole, et avait célébré avec des mots forts l'hommage aux elfes morts au combat, les louant pour leur courage. Il avait ensuite annoncé aux soldats qu'au rythme auquel ils avançaient, il ne leur restait que quelques jours de chevauchée, une semaine tout au plus, avant d'atteindre Fornost, confirmant l'hypothèse de Lindir. Il avait ensuite lancé les festivités, et les elfes avaient pu commencer à se restaurer.

Dès lors que les repas s'étaient terminés, quelques elfes étaient allés sortir leurs instruments de musique, et l'air avait rapidement retenti des chants traditionnels elfiques et des compositions personnelles des plus audacieux. Certains se levèrent même pour danser autour du feu, virevoltant, créant un jeu d'ombre tourbillonnantes. Elewë étant la seule femme de l'Armée, elle fut invitée par beaucoup lorsque certaines des danses étaient habituellement dansées par deux personnes de sexes différents, les hommes ne connaissant pas les pas des femmes, et ne pouvant ainsi pas les remplacer.

Lindir avait bien évidemment eu le droit à la première danse de Elewë, qui tout d'abord gênée, finit par se prendre au jeu et à passer de partenaires en partenaires, riant et dansant. Lindir se fit la remarque qu'elle semblait épanouie, son esprit bien loin des maux qui l'avaient assailli quelques jours plus tôt. Cela lui fait du bien. Qu'elle en profite du mieux qu'elle peut avant de se replonger dans le chaos de la guerre, pensa-t-il en la voyant danser aux bras d'un énième partenaire. Mais Lindir se renfrogna lorsqu'il vit qu'elle venait à nouveau de se retrouver avec Elrohir, qui ne semblait plus compter le nombre de fois où il avait intercepté la jeune elfe pour danser. S'étant déplacé de l'autre côté du feu lorsque sa danse avec Elewë s'était terminé, Lindir avait assisté en souriant à toutes les danses auxquelles avait pris part Elewë, observant avec curiosité cette part de la féminité de son amie qui se révélait à lui pour la première fois. Où celle-ci avait appris à danser, il l'ignorait, peut-être que son père avait tenu à ce qu'elle ait au moins quelques bases au cas où elle prendrait part à des événements.

Bien que ses courbes soient peu mis en valeur par les vêtements qu'elle portait, danser la rendait belle et désirable, et Lindir sentit l'amour qu'il lui portait s'enflammer encore un peu plus. Ainsi re-descendit-il très rapidement de son état de contemplation enjoué lorsqu'il vit que Elewë et Elrohir avaient cessé de danser pour aller s'asseoir l'un à côté de l'autre près du feu. Le Prince offrit un fruit à la jeune elfe qui l'accepta. Quelques secondes plus tard, alors que Elrohir lui contait quelques paroles, son teint se colora, et Lindir était sûr que cette soudaine rougeur n'était pas due à la proximité du feu. Son sang bouillit dans ses veines lorsqu'il vit les regards que jetait Elrohir vers son amie, devinant les mêmes pensées traversant son esprit que celles ayant occupé le sien quelques minutes plus tôt. Lindir crut recevoir comme un coup de poignard en plein cœur lorsqu'il vit le timide sourire que lui rendit Elewë. Oh il ne connaissait que trop bien ce genre de sourire, et cela le glaça d'autant plus que jamais Elewë ne l'avait regardé de cette façon.

La rage le consumait dès que son regard se portait sur le roitelet, qui semblait grandement apprécier la soirée. Lindir avait remarqué que depuis quelques jours Elrohir était plus entreprenant qu'à son habitude, il cherchait sans arrêt le contact avec Elewë, faisant preuves de beaucoup d'égard à son encontre. Il s'était retenu de le défier tant qu'il voyait que son amie semblait insensible aux charmes du Prince, mais la situation venait de changer en quelques secondes. Il était hors de question qu'elle se laisse avoir par cet elfe qui ne la connaissait pas, qui n'avait rien à lui apporter. Son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il vit à quel point ils étaient proches l'un de l'autre. Non il ne pouvait pas le laisser faire, il devait intervenir.

Lindir se leva alors brusquement, raide dans ses membres, et se dirigea à grandes enjambées vers l'autre côté du feu où étaient situés Elewë et Elrohir, se frayant un chemin à travers les soldats dansant au rythme de la musique. Une fois à quelques mètres des deux elfes, il se pencha et attrapa doucement mais fermement Elewë par le poignet, la forçant à le regarder. Avec toute la rage contenue dans ses muscles, il tremblait presque, et dut faire un effort pour ne pas sauter sur le champ sur Elrohir. Croisant le regard de Elewë, il haussa la voix pour couvrir le bruit de la musique et des chants.

« Elewë, viens, il faut qu'on parle.

Et voilà, chapitre 19 terminé !
Je dois dire que ça fait du bien de retrouver un p'tit combat, ça me manquait x) Moi, violente ? Non !! MR. Red
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D'arc et d'épée _
MessageSujet: Re: D'arc et d'épée   D'arc et d'épée I_icon_minitimeDim 8 Sep - 13:51:23

Voilà enfin mon nouveau chapitre, désolée pour le temps de publication ^^'





Lindir

A la lueur du feu, l'elfe observait les festivités. Attentif, ses yeux remarquaient tout : geste, échange, paroles, attitude ; tout était soigneusement noté et conservé dans un recoin de son esprit. Rien n'était laissé au hasard. Initié depuis plusieurs dizaines d'années à l'art de l'espionnage et de la tromperie, il était passé maître dans ces disciplines. Chacune des informations qu'il enregistrait à présent pouvait être utile pour la suite. Et la fin de sa mission approchait. Sa dernière implication. Le Faucon avait assez attendu. Il était temps.

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« Elewë, viens, il faut qu'on parle. »

Ces mots avaient secoué Elewë, des frissons parcourant son dos, tandis que Lindir la sommait de le suivre, comme si son corps anticipait la discussion qui se profilait. Son attitude ne présageait rien de bon. Elle se leva à contrecœur, abandonnant Elrohir, et suivit son ami à travers l'épaisseur de la nuit. La soirée avait pourtant si bien commencé ! Cet interlude avait été un moment de détente bienvenu, pendant lequel Elewë avait pu se sortir des tourments l'assaillant ces derniers jours. Elle avait mangé, parlé, ri et dansé au rythme de la musique entraînante qui emplissait l'air, se vidant l'esprit, ne réfléchissant plus à rien. Une douce quiétude l'avait envahie, l'apaisant au plus profond d'elle même, comme un baume passant sur ses blessures récentes, refermant petit à petit le gouffre creusé par la disparition de son père. Elrohir avait été à ses côtés durant une grande partie de la soirée ; doux, prévenant et gentil ; et Elewë s'était sentie gagnée par l'ivresse de ce moment de répit, n'ayant plus de pensées très claires. La rupture en fut d'autant plus brutale lorsque Lindir la sortit de cet état de béatitude. Pendant quelques heures elle avait réussi à oublier les tourments de la réalité, et les voilà qui revenaient au grand galop, comme pour mieux la punir d'avoir été heureuse et libre de ses sentiments l'espace d'une seule soirée.

Lindir marchait d'un bon pas devant elle, se frayant un chemin à travers la végétation du bosquet à côté duquel ils avaient installé le feu. Tiré en avant par la main de l'elfe étreignant son poignet, Elewë n'avait d'autre choix que de le suivre, se fiant à ses sens émoussés pour éviter une racine ou une branche trop basse. Cependant elle était soulagée de sentir la présence de Lindir, car la nuit était noire et la Lune n'arrivait pas à se frayer un chemin à travers l'épaisse canopée qui les surplombait. Ils marchèrent ainsi quelques instants, jusqu'à ce qu'ils débouchent dans un espace un peu moins couvert, où l'astre lunaire répandait faiblement sa lumière. Lindir lui lâcha le bras et lui tourna le dos quelques instants, qu'elle mit à profit pour reprendre ses esprits, présageant qu'elle en aurait besoin lors de la discussion qui allait suivre. Son ami lui fit alors face, et Elewë put voir à quel point il était crispé, les muscles de ses bras et de sa mâchoire contractés et prêts à rompre, la Lune réfléchissant dans ses yeux verts une lueur dure. Elewë frissonna à nouveau devant ce regard, le même qui l'avait saisi dans la tente lorsqu'il qu'il s'était penché au-dessus d'elle alors qu'elle était alitée. Elle eut soudain peur de ce dont son ami était capable, et recula d'un pas. Lindir du se rendre compte du sentiment qu'il inspirait, car il prit une longue inspiration, se forçant à se décrisper, et réduisit la distance les séparant. Bien qu'assez grande, Elewë du lever le visage pour rencontrer le regard de son ami, dans lequel elle découvrit, entre autre, de la souffrance. Elle se mordit les lèvres d'anxiété, devinant ce qui allait suivre et qu'elle avait vainement tenté de repousser ces derniers jours. Lindir prit une dernière inspiration, puis se lança.

« Elewë, il faut que nous parlions. »
« Il me semblait l'avoir compris la première fois que tu l'as dit » répondit-elle pour essayer de casser cette atmosphère si froide.
Un léger sourire parut sur le visage de Lindir, qui disparut tout aussi fugacement. Au temps pour la diversion.
« Tu dois me promettre de m'écouter jusqu'à la fin et de ne pas m'interrompre, Elewë, c'est vraiment très important pour moi. »
La jeune elfe acquiesça d'un hochement de tête, craignant la suite.
« Je … »
Il sembla chercher ses mots, butant sur la façon dont il voulait tourner la chose, jusqu'à ce qu'il sursaute presque, comme se rappelant d'un monologue trop longtemps répété et gardé secret, dont il était enfin l'heure d'être révélé.
« Te souviens-tu de notre première rencontre ? C'était il y a plus de mille ans, mais cet instant est gravé dans ma mémoire. Tu t'entraînais alors à l'épée contre un ennemi imaginaire, frappant et taillant dans le vide, virevoltant autour de ce fantôme hostile. Bien que tes pas fussent balbutiants et peu sûrs, tu dégageais une volonté, une férocité et une légèreté que je n'avais jamais vu chez personne d'autre auparavant. Je t'observa une demi-heure durant, et plongée dans ton combat, tu ne finis par me remarquer que lorsque tu arrêtas ton entraînement. Farouche comme une biche, je me souviens t'avoir vu t'arrêter net, m'observant et me jaugeant, tandis que j'étais assis, amusé de ton attitude. Lorsque je me leva et fit un pas en avant, tu t'envolas, fuyant la terre comme une volée de moineaux. Je me fit la promesse ce jour-là d'apprendre à te connaître, et au court des rencontres, la biche finit par se laisser apprivoiser, se découvrant peu à peu à moi. »

Il marqua une pause, le temps de rassembler ses idées, puis reprit.
« Au fil des siècles tu appris à me faire confiance, levant peu à peu cette carapace dans laquelle tu t'étais si longtemps isolée. Tu étais ce que j'avais de plus cher, et j'avais parfois le droit d'apercevoir un reflet tes pensées, réalisant avec joie que ce sentiment était réciproque. Pour moi, le reste de ma très longue existence n'aurait pu se faire sans toi à mes côtés. Je t'aimais comme une sœur, une amie, une confidente. Jamais je n'aurai pu me douter que, enfoui au fond de mon âme, cet amour puisse être autre. »

Un rapide silence s'installa alors, furtif. Nous y voilà enfin, pensa Elewë en retenant sa respiration ; tout allait se jouer à présent.
« Ce long voyage, cette terrible épreuve, m'a fait réaliser ce qui sommeillait en moi, et cette découverte s'est imposée comme une évidence, resserrant un peu plus fort ses liens autour de mon être. » Il se rapprocha encore plus, réduisant comme une peau de chagrin la distance les séparant. « Je suis prisonnier Elewë, otage de mes sentiments à l'intérieur de mon propre corps. Cela me consume, et je ne peux plus garder le silence plus longtemps, il faut que cela sorte … »

Il fixa ses yeux dans les siens, et enfin, la sentence tomba, aussi bruyante et percutante pour Elewë que si un orage avait éclaté en son sein.
« … Je t'aime Elewë. Du plus profond de mon être, je t'aime. Et c'est quelque chose que je ne peux plus renier à présent. »

Enfin, il l'avait dit. La jeune elfe se sentit comme soulagée d'un poids, l'attente et l'anxiété se dissipant sous le soulagement, pour mieux se reformer quelques instants plus tard. Fixant Lindir, la tête levée afin de rencontrer son regard, Elewë restait muette, comme paralysée, attendant la suite des événements.

« Elewë, je t'en prie, dis quelque chose » murmura au bout de quelques secondes son ami, dont elle pressentait l'angoisse suscitée par l'attente de sa réponse.

Le sang de Elewë se glaça alors qu'elle réalisait le sens de ses paroles. Il lui demandait de lui répondre, là, maintenant ; de répondre à ses avances, ce qui revenait pour Elewë à faire un choix. Et elle pressentait au fond d'elle-même que selon la réponse qu'elle donnerait à Lindir, les conséquences  pourraient être désastreuses. Son pouls s'accéléra, son cœur pulsant dans sa poitrine comme un tambour, manquant de rompre à chaque seconde l'équilibre instable de son corps. Elewë savait qu'au fond d'elle-même elle ne pouvait répondre aux sentiments de Lindir, qu'elle ne pouvait lui mentir. Son cœur se détournait de lui, battant en direction du feu de camp qu'ils avaient laissé derrière eux. Et cette réalisation, ce brusque éclair de lucidité, lui fit comprendre que la rupture était proche. Elle aimait Lindir, que les Valar en soient témoins, elle l'aimait ! Plus qu'elle même, plus que tout. Mais pas comme il l'aurait souhaité lui. Les yeux fixés dans ceux de son ami depuis plusieurs secondes, Elewë eut à travers eux accès à son âme, et vit, ancré au fond de lui, tout ce qu'il venait de lui dire. Elle ne put supporter cette vision si intime, et rompit le contact visuel, détournant son regard, abaissant son visage. Elewë sentit Lindir se raidir, et elle releva la tête lorsqu'il recula d'un pas, rompant cette proximité si dérangeante. Elle osa croiser à nouveau son visage, et le regretta immédiatement. Il n'était à présent que fureur, et elle pouvait voir la rage le consumer. Son poing serré le long de son corps, ses veines pulsant à exploser d'un instant à l'autre, il était terrible à voir. Elewë ne l'avait jamais vu dans cet état là, et redoutait ce dont il était capable. Un frisson la parcourut à nouveau, et elle recula également d'un pas, craignant sa fureur. Lindir sembla alors comme s'animer, et réduisit d'une foulée la distance qu'elle venait d'instaurer entre eux deux. Il lui saisit le poignet, la forçant à le regarder.

« C'est lui n'est-ce pas ?! C'est sa faute, hein ? Dis-moi ! » éructa-t-il.
Elewë n'eut pas la force de lui répondre, mais son silence sonnait comme un aveu aux oreilles de Lindir. La réaction fut fulgurante.
« Je vais le tuer. »
Il lâcha violemment Elewë, la contourna, dégaina brusquement son épée, et marcha à grandes enjambées en direction du feu de camp.
« LINDIR, ARRÊTE TOI ! » hurla la jeune elfe, désespérée de la tournure de la situation.
Mais Lindir l'ignora. Alors qu'il passait entre deux arbres, il entendit un sifflement brusque, et deux dagues vinrent se ficher sur les troncs, le faisant sursauter. L'elfe se retourna, et vit Elewë, les bras encore levés en l'air après le jet. Il la rejoignit en un éclair, se fixant devant elle, la dominant de sa carrure.

« Ne vois-tu pas à quel point il se fiche de toi ?! Crois-tu réellement qu'il éprouve quoi que ce soit à ton encontre ? Et même si c'était le cas, combien de temps penses-tu que cela durera, hein, combien de temps ?! La seule chose qui l'attire chez toi c'est que tu es bien plus sauvage, bien moins accessible que toutes ces fleurs de la cour. Tu crois qu'une fois qu'il t'aura domptée tu vaudras plus à ses yeux qu'une gourde amourachée ? Et le jour où tu décideras de poser les armes, de fonder une famille ; le jour où tu cesseras d'être intéressante, que crois-tu qu'il fera, qu'il restera à tes côtés ? C'est un Prince Elewë ! Il est habitué à l'obéissance et au désir des autres depuis son plus jeune âge, les jeunes elfes se précipitent à ses pieds pour avoir ses faveurs et tu crois que pour toi ça serait différent ? Il te jettera comme une vulgaire gamine dès qu'il aura eu ce qu'il voudra et tu te retrouveras seule, brisée. Est-ce vraiment ce que tu veux, Elewë ? » Il la força à le regarder, vrillant ses yeux dans les siens « Est-ce vraiment ce que tu souhaites ? »

A peine Lindir réalisa que ses mots avaient dépassé sa pensée, qu'il reçut un percutant coup au visage. La douleur l'assaillit et il serra les dents en se redressant, une main tenant la pommette que Elewë venait de frapper. Les yeux brillants de larmes, le poing de la jeune elfe était encore fermé sous la colère qui l'avait saisie. Les paroles de Lindir avaient été comme une dague glacée qu'il avait utilisée pour la transpercer. Dures, froides, elles lui avaient fait l'effet d'une énorme gifle. Elle avait mal de ces mots si durs que venait de lui lancer son ami, des mots que jamais elle ne l'aurait imaginé prononcer, surtout pas contre elle. Il était allé trop loin. Le retour en arrière n'était plus possible. La rupture que Elewë avait anticipée était là, mais bien plus douloureuse que ce à quoi elle s'était attendue. Tremblante de rage et de douleur, les larmes contenues dans ses yeux, elle prononça d'une voix tremblante une phrase qui marquerait la fin de cette lutte verbale.

« Ne m'adresse plus jamais la parole Lindir, plus jamais. »
« Tes désirs sont des ordres, princesse. »

Ce dernier mot, lâché d'un ton si froid, alors qu'il était habituellement synonyme de complicité, acheva Elewë. Dans un dernier regard, Lindir la contourna, rangea son épée dans son fourreau, et reprit la direction du feu, laissant la jeune elfe seule au milieu de la nuit.

« Mais qu'ais-je fait ? » murmura Elewë.

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L'Armée filait bon train, rattrapant du mieux qu'elle pouvait le retard pris ces derniers jours. Les montures tous comme les cavaliers étaient fourbus de cette marche forcée, rendue ardue par le refroidissement brutal du climat. La veille la température avait brusquement chuté, engourdissant les cavaliers et énervant les chevaux, sensibles au froid. Elewë avait du enfiler par-dessus ses vêtements habituels un habit chaud qui la dérangeait dans ses mouvements certes, mais qui lui permettait de rester au chaud. Le capuchon de sa cape rabattue sur sa tête, elle offrait le moins de prises possible au vent glacial qui soufflait à présent dans la plaine. Sans aucun arbre pour lui barrer le chemin, il frappait avec vivacité les troupes, plus dur encore pour les soldats ouvrant la marche. Glorfindel avait ainsi fait instaurer un roulement de placement des troupes dans la colonne, afin qu'aucun elfe ne subisse à répétition les attaques du vent. Ninqueloté avançait d'un bon pas, luttant contre les éléments qui se précipitaient à sa rencontre. Ses naseaux soufflaient des nuages de vapeur, son souffle se condensant sous la fraîcheur de l'atmosphère. De la même façon, des centaines de chevaux rejetaient par leur nez des volutes de fumées blanche qui partaient rejoindre dans une brise les blancs nuages recouvrant leur tête.

Elewë songea que la situation risquait de devenir critique lorsque la neige se mettrait à tomber. Le temps ne cessait de se dégrader au fur et à mesure que l'Armée traçait sa route en direction de Fornost, et en conséquence, des régions froides et reculées d'Arnor. L'automne commençait à se faire sentir, et dans les contrées du Nord, cela signifiait l'apparition des premières chutes. Elewë imagina avec horreur comment devait être un hiver chez eux, et pria pour que la bataille ne se transforme pas en escarmouches les obligeant à rester plusieurs mois, car le risque de rester coincé à Fornost après celle-ci à cause de la neige était fort. Il faudra d'abord que nous en sortions vivants pensa-t-elle sombrement.

Redressant la tête pour affronter du regard le paysage venant à sa rencontre, Elewë aperçut Lindir plusieurs dizaines de mètres devant elle. Juché sur son étalon noir, il semblait souffrir tout autant qu'elle des conditions climatiques, replié sur lui-même, le capuchon rabaissé, laissant Nuruhuinë suivre la marche. A la vision de son ami, le cœur d'Elewë se serra. Il lui manquait terriblement. Deux jours que l'altercation avait eu lieu, et aucun des deux n'avait esquissé le moindre geste de réconciliation. Depuis plusieurs siècles, jamais les deux amis n'étaient resté fâchés aussi longtemps. La jeune elfe ne lui avait toujours pas pardonné ses paroles, d'autant plus qu'elle l'avaient profondément perturbée, car les questions qu'avait soulevé Lindir étaient justes, et avaient touché un point sensible chez Elewë. Et si son ami avait raison, et si Elrohir se jouait d'elle, et s'il finissait par se lasser ? Toutes ces inquiétudes tournaient en boucle dans l'esprit de la jeune elfe. Un autre problème se posait également à elle : depuis la soirée du feu de camp où elle avait été particulièrement proche de Elrohir jusqu'à l'interruption de Lindir, beaucoup de soldats la regardaient de travers, murmurant dans son dos lorsqu'ils pensaient qu'elle ne les voyait pas. Elle avait ce matin-même saisi une bribe de conversation :

« … Je suis persuadé qu'elle l'a séduit dans le seul but d'en tirer profit.
« Vous pensez ?
« Bien sûr. A votre avis, quels avantages peut-on gagner à être l'amante d'un Prince ? Plus de nourriture, une meilleure tente, moins de travail journalier, et j'en passe …
« Je n'y avais pas pensé de cette façon, effectivement …
« J'avais bien dit qu'avoir une femme avec nous allait attirer des ennuis » ajouta un troisième elfe.
« Si cela ne tenait qu'à moi … »

Refusant d'en entendre plus, Elewë s'était détournée de cette discussion, rendue malade par ces propos infamants. Elle avait donc deux problèmes à résoudre, nommés Lindir et Elrohir. Et cela risquait d'être assez compliqué.


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La nuit n'était plus très loin, quelques heures tout au plus, et le vent froid qui avait soufflé toute la journée durant s'était transformé en une chape glaciale qui enserrait chacun, s'insinuant à travers la moindre interstice dans les vêtements, se répandant dans tout le corps et vous glaçant jusqu'aux os. Tandis que Lindir se hâtait de regagner un des petits feux dressé entre plusieurs tentes, il resserrait les pans de sa cape autour de son cou, offrant le moins possible de failles au froid. L'elfe marchait d'un pas vif. Il venait à peine de terminer ses tâches pour l'installation du campement, et était pressé de se réchauffer et de manger quelque chose. L'Armée s'était installée une heure plus tôt dans la dernière zone boisée de leur itinéraire, profitant de la protection qu'elle leur procurait face à l'attaque du vent : après cela, ils ne croiseraient plus beaucoup d'arbres, et les contreforts rocheux deviendraient leurs derniers abris.

Slalomant entre les tentes, le dos courbé pour ne pas exposer son visage, Lindir voyait à peine ce vers quoi il avançait. C'est pourquoi il n’aperçut qu'au dernier moment l'elfe marchant dans sa direction. Il s'arrêta in-extremis, et releva la tête, se retrouvant nez-à-nez avec Elewë. Surpris, il se figea net, plusieurs sensations remontant de concert à la surface, se succédant à toute vitesse : étonnement, confusion, colère, tristesse, tout cela se mêla en un instant. Il lut dans les yeux de la jeune elfe la même surprise, et devina que cette rencontre était tout à fait fortuite. Se ressaisissant au bout de quelques secondes, son amie fit un pas en avant.

« Lindir, je t'en prie, écou... »
Lindir coupa net sa requête, la contournant et continuant sa marche. Un instant il avait été tenté de s'excuser de ses propos, de lui demander d'oublier ce qu'il s'était passé il y a deux jours, de retrouver cette complicité qui lui manquait tant. Avec amertume, l'elfe avait réalisé qu'il n'y avait pas de retour possible en arrière, que Elewë et lui avaient franchi cette ligne. Il s'était alors détourné, refusant d'affronter le regard de son amie. Lindir s'éloigna à grandes enjambées, puis, mu par une envie soudaine, il se retourna. Il se raidit immédiatement. Elrohir venait tout juste de rejoindre Elewë, et l'entraînait déjà à part, profitant de la moindre faille dans la relation des deux amis pour s'y engouffrer. La bile et l'amertume montèrent à la gorge de Lindir, qui se retint de ne pas dégainer son épée et faire ravaler sa fierté au Prince. La seule peur d'une suspension l'en empêchait, car cela aurait signifié abandonner Elewë, la laisser seule dans des contrées hostiles, seule avec lui, et cela, il ne pouvait le permettre. Il s'était juré de la protéger au péril de sa vie, et il comptait bien tenir cette promesse, même si son amie l'en empêchait. L'elfe serrait donc les dents et ravalait son fiel, se jurant de trouver un moyen de faire ouvrir les yeux à celle qu'il aimait plus que tout. Attendre, il n'avait désormais plus que ce choix-là.


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Elewë fut rappelée à l'ordre par le plat d'une lame frappant son bras. Elle para par réflexe la seconde attaque, relevant ses deux dagues à la hauteur de son visage, cédant légèrement du terrain sous la puissance du coup qu'elle venait de contrer.

« Sur le champ de bataille, vous seriez déjà morte à l'heure qu'il est. Concentrez-vous Elewë. »

La jeune elfe soupira intérieurement, adoptant une attitude défensive, ses deux dagues fermement empoignées dans chaque main. Elle fléchit légèrement les genoux et redressa la tête, dévisageant son adversaire.

« Plus légère, la prise. Vos lames doivent être le prolongement de vos bras, de l'épaule jusqu'au poignet. Vous devez sentir qu'elles vous répondront à la moindre inflexion. »

Depuis une heure maintenant Elewë s'entraînait au perfectionnement du maniement de ses deux dagues sous la houlette du Prince Legolas. Suite à leur combat quelques jours auparavant, il s'étaient accordés à apprendre chacun différentes techniques de combat à l'autre. La veille la jeune elfe lui avaient enseigné quelques unes de ses parades au corps-à-corps, et aujourd'hui l'elfe de Mirkwood lui révélait enfin le désarmement à deux lames qui l'avait désemparée lors de leur combat. Cependant, Elewë avait les pensées tournées vers d'autres problèmes, et n'était donc absolument pas concentrée sur ce qui se passait devant elle, échouant assez lamentablement à tout ce que Legolas essayait de lui apprendre. Dans un sursaut mental elle se força à se ressaisir, et appliqua tant bien que mal les consignes que l'elfe blond tentait de lui inculquer, essayant de se vider l'esprit.

« C'est déjà mieux. Je vais maintenant faire une attaque simple, afin que vous puissiez saisir le geste. Levez légèrement vos mains, et préparez-vous à réceptionner mon épée, en essayant de la coincer entre vos deux dagues. Lorsque ce sera fait, serrez fort afin de bien capturer ma lame, et créez des rotations avec vos poignets jusqu'à ce que je n'ai plus d'autre choix que de lâcher mon pommeau. Êtes-vous prête ?

Elewë acquiesça d'un signe de tête, se remémorant les consignes qu'il venait de lui donner. Legolas esquissa une attaque assez lente, et elle réussit à s'emparer de son épée, l'envoyant voler quelques pas plus loin. Elle eut cependant beaucoup plus de mal lorsque le Prince augmenta la vitesse et la difficulté de son attaque, allant crescendo. Ils travaillèrent encore une bonne demi-heure sur cet exercice, jusqu'à ce que Legolas juge qu'elle en savait suffisamment pour pouvoir se dépêtrer d'une situation un peu plus complexe. Lorsqu'il abaissa son épée pour signifier la fin de l'entraînement, Elewë ne put retenir un soupir de soulagement. Elle était tendue d'avoir du rester concentrée de cette manière aussi longtemps, fourbue et les bras légèrement tremblants. Elle s'assit sur un tronc d'arbre, reprenant son souffle. Legolas l'y rejoignit après avoir rengainé son épée.

« Je vous ait connu plus attentive Elewë, vous sembliez perdue dans vos pensées. Quelque chose vous préoccupe ? » demanda-t-il.
« Rien qui ne puisse bien vous intéresser, Votre Altesse. »
Il sourit.
« Pourquoi tout le monde pense-t-il que le quotidien d'un soldat ne vaille pas la peine d'être écouté par une personne de mon rang ? Avant d'être un Prince je suis avant tout un elfe, avec en grande partie les mêmes préoccupations que vous, et en cela je suis parfaitement apte à vous comprendre Elewë, même si je peux parfois ne pas saisir toute les subtilités de la gente féminine. » finit-il en riant.

Il était vrai que Legolas, Elladan et Elrohir étaient bien loin de l'image que se faisait Elewë de la royauté elfique. Avant de les rencontrer, la jeune elfe s'était imaginé que les Princes seraient non pas hautains, mais moins enclins à se mêler au commun des immortels. Elle avait donc été surprise de voir avec quelle facilité ils établissaient un contact avec les soldats, faisant respecter leur hiérarchie militaire, certes, mais n'en jouant pas outre mesure, établissant ce qu'il fallait d'un respect soldat-capitaine. Tous avaient ainsi tendance à parfois oublier qu'ils ne parlaient pas juste à un soldat plus haut gradé, mais bien à un Prince. Elewë était persuadée que cette forme de respect particulière leur assurait la fidélité des troupes, plus favorables à suivre des elfes qu'ils respectaient et appréciaient plutôt que des Princes pompeux faisant valoir leurs droits par leur naissance.

Penser à Elrohir la ramena à la réalité, rappelant Lindir à son bon souvenir. Elle dut intuitivement s'assombrir, car Legolas ajouta :
« Puis-je vous être d'une aide quelconque ? »
« A moins que vous ne sachiez raisonner une tête brûlée, je crains que non. » répondit-elle, un sourire mi-amusé mi-désespéré sur le visage.
« Votre ami ? »
« C'est cela … »
« Ne vous en faites pas trop, quel que fut le sujet qui vous fâcha, je pense que cela ne durera pas éternellement. »
« J'espère » soupira Elewë, avant d'ajouter quelques instants plus tard « il me faut vous quitter, je suis de garde ce soir, et je dois aller manger quelque chose d'abord, sinon je ferai une bien piètre sentinelle. »
Elle accompagna ses paroles en se levant, rengainant ses dagues.
« Il ne me reste donc plus qu'à vous souhaiter une bonne soirée » répondit Legolas en l'imitant
Elewë le salua d'un hochement de tête, auquel il répondit, puis se dirigea en direction du garde-manger. Elle passerait ensuite par sa tente pour se couvrir plus chaudement et récupérer ses armes avant de rejoindre son poste. La nuit s'annonçait longue ce soir.

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La nuit était à présent entièrement tombée sur la forêt, englobant le camp d'une brume épaisse, moite, et glaciale. Enroulée dans sa cape jusqu'au cou, Elewë surveillait la zone qui lui avait été attribuée depuis quelques heures. Une petite lanterne posée à ses pieds lui permettait de ne pas être apeurée par cette lourde obscurité, l'apaisant par sa douce lumière qui perçait l'écran opaque de la nuit. Une lance dans sa main appuyée contre le sol, son épée sur les genoux, et ses dagues prêtent à sortir, la jeune elfe était à l'affût du moindre bruit ou mouvement suspect.

Seule depuis le début de sa garde, Elewë avait eu tout le temps nécessaire pour réfléchir, ayant enfin un moment pour elle afin de mettre ses pensées au clair. La mort de son père était encore présente dans l'esprit de la jeune elfe, qui, une fois le choc premier passé, commençait lentement à faire son deuil. Ce que lui avait dit Elrohir l'avait rassérénée, et depuis elle essayait de transformer sa tristesse en une force, un nouveau moyen d'avancer. Car la jeune fille de maître d'armes, bercée de glorieuses images de champs de bataille et de campagnes militaires, de rêves de grands combats et de gloire, réalisait à présent à quel point elle avait été naïve. Les récits ne parlaient pas des proches qui tombaient au combat, des elfes droits qui se sacrifiaient pour défendre un peuple qui ignorerait tout de qui ils étaient, ou encore de l'horreur que l'on pouvait  ressentir lors d'une bataille. Étrangement, tous ces détails qui font le quotidien des soldats étaient oubliés, au profit d'histoires épiques inspirant les jeunes générations. Tout cela, Elewë le voyait à présent. Et la mort de son père lui avait fait comprendre qu'elle ne voulait plus se battre pour son plaisir, sa quête de gloire et d'honneurs ; mais pour protéger des innocents, empêcher que des créatures monstrueuses n'attaquent les cités des peuples libres. Elle ne voulait plus que quelqu'un comme elle ait à subir la mort d'un proche dans ce genre de circonstances. De cette décision, elle en était ressortie plus forte, plus sûre d'elle-même. Sa quête avait désormais un but précis. Et cette volonté lui permettait de continuer d'aller de l'avant, de laisser ses troubles derrière elle pour mieux affronter le futur.

Mais un dernier obstacle venait barrer son chemin. Lindir lui manquait viscéralement. Elle ne s'était jamais rendu compte à quel point elle tenait à lui, combien il lui était devenu indispensable. Depuis plus d'un millénaire ils avaient tout partagé, vécu des moments forts ensembles. Et cette séparation était comme une déchirure. Autant pour elle que pour lui. Car elle avait vu dans les yeux de son ami, lorsqu'ils s'étaient interceptés quelques heures plus tôt, qu'ils partageaient cette même tristesse d'être séparés, ce manque de la présence de l'autre après tant d'années vécues de concert. Mais trop de choses avaient été dites, trop de paroles qui ne pouvaient être oubliées. Et de son côté, Elewë ne savait comment agir avec Elrohir. Ses sentiments pour lui était présents, et elle avait la sensation que cela était réciproque. Mais aucun n'esquissait la volonté d'approfondir leur relation, et la jeune elfe hésitait, se demandant comment cet engagement se transformerait à long terme. A la lueur de sa petite lampe, Elewë se promis d'avoir une conversation sincère et à cœur ouvert avec le Prince dès que possible, à l'occasion de laquelle elle déciderait si elle souhaitait poursuivre  ou au contraire arrêter tant qu'il en était encore temps.

Soulagée par cette décision et cette introspection bénéfique, Elewë se re focalisa sur sa surveillance, affermissant sa prise sur sa lance. Jetant un coup d’œil vers les étoiles, elle estima qu'il était minuit passé. La relève était vers deux heures. Il ne lui restait plus beaucoup à attendre, deux heures donc tout au plus. La jeune elfe se massa la yeux, essayant de chasser la fatigue accumulée ces dernières heures, bailla, et étira ses membres soigneusement. Balayant du regard la forêt, Elewë resta vigilante les deux dernières heures qui suivirent, résistant au sommeil qui prenait lentement possession de son corps. Elle estima que l'heure de la relève était passée depuis quelques temps à présent. Surprise, elle se leva, rengaina ses dagues, et marcha en direction du campement, supposant croiser la prochaine sentinelle sur le trajet. Au bout de quelques secondes elle dut se rendre à l'évidence, celle-ci n'était pas là. Elewë commença à s'inquiéter. Ce n'était pas normal. La relève arrivait toujours à l'heure. Revenant sur ses pas, elle marcha quelques instants avant de buter les pieds contre un obstacle. Éclairant ses pieds, elle découvrit avec horreur le corps d'un elfe se vidant de son sang entre deux plaques de mousse. Égorgé proprement, il n'avait très probablement pas eu le temps de se rendre compte de ce qu'il lui arrivait. Alors qu'Elewë se tenait immobile devant le cadavre, un sixième sens l'avertit d'un danger imminent, et elle se baissa en une fraction de seconde, sentant un souffle d'air passer au ras de sa tête, une lame sifflant au-dessus d'elle. Elle se retourna immédiatement, cherchant l'origine de l'attaque. Elle resta figée devant la vision qui s'offrait à elle.

« Orodreth ... » murmura-t-elle de stupeur.

Et voilà, fini ! :DQu'en avez-vous pensé ? Smile
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